Marc-Antoine Jullien de Paris

Marc-Antoine Jullien, dit « Jullien fils » ou « Jullien de Paris », pour le distinguer de son père, dit « Jullien de la Drôme », né le à Paris où il est mort le ou le selon les sources, est un révolutionnaire, homme de lettres et pédagogue français.

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Marc-Antoine Jullien de Paris
Marc-Antoine Jullien de Paris en 1832.
Toile d'Aimée Brune, musée Carnavalet.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Marc-Antoine Jullien fils
Nationalité
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Membre de
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Sépulture au Père-Lachaise.

Biographie

Origines familiales et jeunesse

Fils de Marc-Antoine Jullien, député de la Drôme à la Convention et de Rosalie Ducrolay, fille d'un négociant de Pontoise, il entre au collège de Navarre en 1785, mais ses études sont bouleversées par le début de la Révolution.

La Révolution française

Encouragé par sa mère, patriote ardente, il s'essaye au journalisme, collaborant dès 1790 au Journal du soir. L'année suivante, il s'affilie au club des jacobins, où il s'oppose à la guerre.

Au printemps 1792, il est envoyé en mission à Londres par Condorcet, alors président du comité diplomatique de l'Assemblée législative. En tant qu'élève-diplomate, il devient l'intermédiaire officieux entre les libéraux anglais et les dirigeants du parti girondin, rencontrant Talleyrand et lord Stanhope, chef de l'opposition à Pitt.

De retour en France à l'automne, il est nommé aide-commissaire puis commissaire des guerres à l'armée des Pyrénées en . Par la suite, il est muté à Tarbes, avant d'être réformé « par défaut d'âge ». Réintégré le , il rejoint l'armée des Pyrénées, avant d'être rappelé à Paris le .

Devenu un proche de Robespierre, il est envoyé en mission par le Comité de salut public dans les ports du littoral atlantique le . Chargé d'assurer la surveillance de la situation militaire et la propagande jacobine, il envoie des rapports sur l'esprit public. À Nantes, il dénonce Carrier dans une lettre à Robespierre, le . Puis, à Bordeaux, il s'oppose à Tallien et à sa maîtresse, Thérésa Cabarrus. Rappelé à Paris, il est nommé adjoint à la Commission exécutive de l'instruction publique. De retour à Bordeaux, le , il épure la municipalité et le club, tout en assurant la chasse aux députés girondins cachés.

Marc-Antoine Jullien se voit déjà un grand personnage de la Révolution lorsque le Robespierre est guillotiné le . Destitué, il est arrêté le et envoyé à la maison de santé de Notre-Dame-des-Champs. Il témoigne lors du procès de Carrier[1], renie Robespierre dans des mémoires justificatifs et, avec l'appui de son père, recouvre la liberté le , dix jours après l'échec de l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV.

Membre fondateur du club du Panthéon, il crée l'Orateur plébéien avec Ève Demaillot et Jean-Jacques Leuliette, une feuille démocrate modérée. Le , Merlin de Douai le fait entrer au ministère de la Police, où il devient responsable des radiations de la liste des émigrés. Suspect de sympathies babouvistes, il doit se cacher après la découverte de la conjuration des Égaux en , attendant octobre pour réapparaître au grand jour. Malgré des relations cordiales avec les conjurés, il se désolidarisa très vite, du fait d'une antinomie idéologique avec ces derniers car il est fidèle au constitutionnalisme néojacobin[2].

Il rejoint alors l'armée d'Italie, où il devient le rédacteur du Courrier de l'armée d'Italie d’aout à . Il suit le général Bonaparte dans l'expédition d'Égypte en , avant de rentrer en France avec Louis Bonaparte, pour raisons de santé.

Après son rétablissement, il se met au service du général Championnet, dont il devient le conseiller le . Initiateur de la République parthénopéenne, il est nommé secrétaire général du gouvernement provisoire par Championnet le . Toutefois, le Directoire, indisposé par ses tendances jacobines, le rappelle. Il est arrêté le . Déféré au tribunal militaire le , il est libéré par le coup d'État du 30 prairial an VII ().

Le Consulat et l'Empire

Marc-Antoine Jullien de Paris vers 1803.

Accueillant avec satisfaction le coup d'État du 18 brumaire, il propose à Bonaparte un plan d'unification des États italiens en . Toutefois, comme il s'indigne des proscriptions antijacobines consécutives à l'attentat de la rue Saint-Nicaise, le , il est relégué dans des fonctions d'intendant militaire à Paris. Il obtient cependant la croix de la Légion d'honneur en 1803.

Devenu suspect aux yeux de l'Empereur après une visite à Germaine de Staël à Chaumont-sur-Loire, il est envoyé dans le royaume d'Italie en 1810 ; passant par Yverdon, il fait la connaissance du pédagogue suisse Johann Heinrich Pestalozzi.

En 1813, son opposition à l'Empire lui vaut d'être interné.

La Restauration et la monarchie de Juillet

Marc-Antoine Jullien de Paris en 1827.

Libéré lors de la Première Restauration, il publie plusieurs journaux d'opposition entre 1815 et 1817 et se fait une réputation de pédagogue.

Correspondant de Pestalozzi, auquel il enverra ses trois premiers fils, Auguste, Adolphe et Alfred, à éduquer[3], à Yverdon, il devient l'un des promoteurs du système de l'enseignement mutuel.

Après sa mort, il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise[4].

Famille

En 1801, il épouse Sophie-Juvence Nioche, avec laquelle il a six enfants dont Antoinette-Stéphanie, future épouse de l'acteur et dramaturge Lockroy, et mère du journaliste et homme politique Édouard Lockroy, Pierre-Adolphe, ingénieur en chef des ponts et chaussées, auquel on doit la construction du chemin de fer Paris-Lyon, et .

Notes et références

  1. Philippe Buchez et Prosper-Charles Roux, Histoire parlementaire de la révolution française : Journal des assemblées nationales depuis 1789 jusqu'en 1815, t. 33, Paris, Paulin, , 195-7 p. (lire en ligne).
  2. Michèle Benaiteau, « Marc‑Antoine Jullien de Paris (1789‑1848). Une biographie politique. », Annales historiques de la Révolution française, no 323, , p. 153-155 (ISSN 0003-4436, lire en ligne, consulté le )
  3. Auguste Jullien, Adolphe Jullien et Alfred Jullien, Lettres des enfants Jullien, 1812-1816, élèves chez Pestalozzi : onze lettres des enfants Jullien, alors âgés de sept à douze ans, adressées à leurs parents depuis l’Institut Pestalozzi d’Yverdon, Paris, Centre de documentation et de recherches Pestalozzi, , 111 p., 24 cm (OCLC 601459498, lire en ligne).
  4. 11e division Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 438.

Œuvres

Marc-Antoine Jullien de Paris, fondateur-directeur de la Revue encyclopédique, gravure (1841).
  • Opinion de Marc-Antoine Jullien sur le jugement de Louis XVI, 1792, 4 p.
  • Rapport des opérations faites à Vannes (avec Pierre-Louis Prieur), 1793
  • Marc-Antoine Jullien aux représentans du peuple composant le Comité de Salut public : rapport de ma mission à Bordeaux : Paris, ce 24 thermidor an 9 second de la République française, 1794
  • Essai sur l'emploi du tems; ou, Méthode qui a pour objet de bien régler sa vie, premier moyen d'être heureux; destinée spécialement à l'usage des jeunes gens de 15 à 25 ans, 1810
  • Esprit de la méthode d'éducation de Pestalozzi, suivie et pratiquée dans l'Institut d'Éducation d'Yverdun, en Suisse, 1812
  • Quelques fragmens extraits du porte-feuille politique de Buonaparte ou mémoires sur les intérêts politiques de l'Italie et sur ceux de la France, 1814, 52 p.
  • Quelques réflexions sur l'esprit qui doit inspirer les écrivains politiques, amis de la patrie et du roi, et diriger les membres des collèges électoraux dans le choix des nouveaux députés. (Douze ), 1815, 14 p.
  • Esquisse et vues préliminaires d'un ouvrage sur l'éducation comparée, et séries de questions sur l'éducation, 1817, 56 p.
  • Esquisse d'un essai sur la philosophie des sciences, contenant un nouveau projet d'une division générale des connoissances humaines : contenant un nouveau projet d'une division générale des connoissances humaines, 1819
  • Tableau synoptique des connoissances humaines, d'après une nouvelle méthode de classification, 1819
  • Coup d'œil sur les progrès des connaissances humaines, en 1824, 1824, 21 p.
  • La France en 1825 ou mes regrets et mes espérances : discours en vers, 1825, 151 p.
  • Épître à Mr. Vandernat, ancien ministre de la République Batave, retiré dans une solitude philosophique auprès d'Arnhem, 1826
  • Notice biographique sur Marc-Antoine Jullien : précédée d'un coup d'œil sur la situation politique et les besoins de la France et suivie de documents inédits, de lettres et de pièces jutificatives, 1831, 73 p.
  • Lettre a la nation Anglaise, sur l'union des peuples et la civilisation comparée, sur l'instrument économique du tems, appelé biomètre, ou montre morale suivie de quelques poésies, et d'un discours en vers sur les principaux savans, littérateurs, poëtes et artistes, qu'a produits la Grande-Bretagne, 1833, 50 p.
  • Essai général d'éducation physique, morale et intellectuelle. Suivi d'un plan d'éducation pratique pour l'enfance, l'adolescence et la jeunesse, ou recherches sur les principes d'une éducation perfectionnée…, 1835, 494 p.
  • Exposé de la méthode d'éducation de Pestalozzi, telle qu'elle a été pratiquée sous sa direction pendant dix années de 1806 à 1816 dans l'institut d'Yverdun, en Suisse, 1842
  • Le congrès scientifique d'Italie : réuni à Milan, le , 1844
  • À l'Angleterre savante et littéraire…, 1845
  • Une mission en Vendée, 1793, notes [by M. A. Jullien] recueillies par É. Lockroy, 1893

Voir aussi

Archives

Les papiers personnels des familles Jullien de la Drôme et Jullien de Paris sont conservés aux Archives nationales sous la cote 39AP.

Bibliographie

Les papiers personnels des familles Jullien de la Drôme et Jullien de Paris sont conservés aux Archives nationales sous la cote 39AP.

  • Edme-Bonaventure Courtois, Papiers inédits trouvés chez Robespierre, Saint-Just, Payan, etc., supprimés ou omis par Courtois, précédés du rapport de ce député à la Convention nationale, Baudoin, , 3 vols.
  • Notice biographique sur Marc-Antoine-Jullien de Paris : sous-intendant militaire, auteur de l’essai sur l’emploi du tems et de plusieurs autres ouvrages, fondateur-directeur de la revue encyclopédique, membre de plusieurs sociétés savantes, françaises et étrangères ; précédée d’un coup d’œil sur la situation politique et les besoins de la France, et sur les vues qui doivent présider au choix du députés, et suivie de documens inédits, de lettres et de pièces justificatives, Paris, Sédillot, , 77 p. (lire en ligne).
  • Philippe Le Bas, France, dictionnaire encyclopédique, Paris, Firmin Didot frères, 1843, tome 9, p. 757-758
  • Jules Michelet, Histoire de la Révolution française, 7 tomes, Paris, Chamerot, 1847-1853
  • Ferdinand Hoefer, Nouvelle biographie générale depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Paris, Firmin Didot frères, 1858, tome 27, p. 225-231
  • Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention nationale, Paris, Imprimerie nationale, 1891-1958, 7 tomes en 8 volumes, tome 4, p. 210-214
  • Lacape Henri, Notice sur Marc-Antoine Jullien (de Paris), Bordeaux, imprimerie Taffard, , 124 p..
  • Helmut Goetz (trad. Claude Cuénot), Marc-Antoine Jullien de Paris (1775-1848), l’évolution spirituelle d'un révolutionnaire : contribution à l'histoire de précurseurs des organisations internationales du XXe siècle Marc-Antoine Jullien de Paris, 1775-1848, der geistige Werdegangeines Revolutionärs, ein Beitrag zur Geschichte der Vorlaüfer internationaler Organisationen des 20. Jahrhunderts »], Publication de l'Institut pédagogique national, , 269 p. (présentation en ligne).
  • Pierre Gascar, L'Ombre de Robespierre, Paris, Gallimard, , 325 p. (ISBN 2-07-028620-7, présentation en ligne).
  • François Wartelle, « Jullien Marc-Antoine, dit Jullien de Paris », dans Albert Soboul (dir.), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses universitaires de France, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, p. 609-610)
  • Jacqueline Gautherin, « Marc-Antoine Jullien de Paris (1775-1848) », Perspectives : Revue trimestrielle d'éducation comparée, vol. XXIII, nos 3-4, , p. 783-798 (lire en ligne).
  • Pierre de Vargas, « L'héritage de Marc-Antoine Jullien, de Paris à Moscou », Annales historiques de la Révolution française, no 301, , p. 409-431 (lire en ligne).
  • Varoujean Pogossian, « Marc-Antoine Jullien et les Élections de l'an VI », Annales historiques de la Révolution française, no 308, , p. 305-320 (lire en ligne).
  • Eugenio di Rienzo, « Néo-jacobinisme et question italienne à travers les manuscrits de Marc-Antoine Jullien de Paris (1796-1801) », Annales historiques de la Révolution française, no 313, , p. 493-514 (lire en ligne).
  • (it) Eugenio Di Rienzo, Marc-Antoine Jullien de Paris (1789-1848) : una Biografia Politica, Naples, Guida, coll. « Storici e storia » (no 3), , 346 p. (ISBN 88-7188-399-3, présentation en ligne).
  • Marcel-Vincent Postic, Carrier et la Terreur à Nantes, Paris, L'Harmattan, , 302 p. (ISBN 2-7475-0171-X)
  • Marie-Claude Delieuvin (préf. Claude Lelièvre), Marc-Antoine Jullien de Paris (1775-1848) : théoriser et organiser l'éducation, Paris, L'Harmattan, , 380 p. (ISBN 2-7475-5033-8, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Pierre Serna, La République des girouettes (1789-1815 et au-delà) : une anomalie politique, la France de l'extrême centre, Seyssel, Champ Vallon, coll. « La chose publique », , 570 p. (ISBN 2-87673-413-3, présentation en ligne), p. 276-284, [présentation en ligne].
  • Annie Duprat (éd.), « Les affaires d'État sont mes affaires de cœur » : lettres de Rosalie Jullien, une femme dans la Révolution, Paris, Belin, , 555 p. (ISBN 978-2-7011-9893-4)

Liens externes

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