Marc Dutroux

Marc Dutroux, né le à Ixelles en Belgique, est un criminel condamné à la prison à perpétuité, dans ce qui est appelé « l'affaire Dutroux ».

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Marc Dutroux
Information
Naissance
Ixelles (Belgique)
Condamnation
Sentence Prison à perpétuité
Actions criminelles Viols sur mineures suivis de meurtres
Affaires Affaire Dutroux
Victimes 7 dont 5 tuées
Période -
Pays Belgique
Régions Flandre et Wallonie
Ville Grâce-Hollogne, Ostende,
Tournai, Bertrix,
Marchienne-au-Pont
Charleroi,
Sars-la-Buissière
Arrestation

En 2004, il est reconnu coupable d'assassinats, de viols sur mineurs, de séquestrations, d'association de malfaiteurs et de trafic de drogue.

Biographie

Victor Dutroux et Jeanine Lauwens, un couple d'instituteurs, se rencontrent en 1956 à Bruxelles et en novembre de la même année, la mère donne naissance à Marc Dutroux. Elle affirme qu'il était un enfant non désiré[1] et son père n'est pas sûr qu'il soit son fils : « Quand on a décidé de se marier et qu'on a eu une relation, elle venait de quitter un autre copain. Donc, elle était peut-être enceinte de l'autre »[2]. Marc Dutroux est l'aîné avec trois frères et une sœur[3].

Le père, décrit par Marc Dutroux, est une personne « volage »[4] ayant de « nombreux troubles psychiatriques »[1], et la mère est « calculatrice, égoïste et sournoise »[5]. Marc Dutroux, évoquant des relations incestueuses mère-fils[5], la met en cause quand l'un de ses frères se suicide en 1992[3]. Ses parents se séparent en 1972.

Sa scolarité en primaire est qualifiée de « normale » par sa mère, même si certains de ses enseignants de l'époque le décrivent comme « indiscipliné et insupportable »[1]. Durant son enseignement secondaire, il se fait renvoyer des écoles de Morlanwelz, Fleurus et Charleroi pour des problèmes disciplinaires. Bien qu'il obtienne un diplôme d'électricien à Nivelles, Marc Dutroux n'est pas conservé par l'établissement car il « vendait des photos osées à un élève de l'internat »[1].

À sa majorité, il quitte la maison familiale pour un kot à Gosselies. Il s'essaie au métier d'ajusteur et se prostitue[4]. Sa mère déclare : « Je n'ai jamais pensé qu'il pouvait être effectivement homosexuel [même si] jusqu'à l'âge de 18 ans, il n'a jamais fait preuve d'une attirance particulière pour les femmes […] il donnait l'impression qu'il pensait qu'une femme était un objet que l'on couche sur un lit »[1].

Son loisir favori est le patinage sur glace et il est qualifié « d'excellent patineur »[6],[7]. En 1975, Marc Dutroux entame une relation avec Françoise Dubois, une orpheline[4] âgée de 17 ans connue à la patinoire de La Louvière[8],[1]. Ils se marient et donnent naissance à deux garçons, Dany en 1977 et Xavier en 1979[9].

Deux ans plus tard, en 1981[9], à la patinoire de Forest, Marc Dutroux rencontre Michelle Martin, une jeune institutrice de 21 ans[8]. Il devient son amant tout en lui dissimulant sa situation maritale[10],[11]. Françoise Dubois obtient le divorce en 1983 après s'être plainte d'infidélités et de coups reçus[4]. Marc Dutroux aurait expliqué à sa mère : « je l'ai refilée à un ami parce qu'elle ne me convenait plus »[1].

Libérée de Françoise Dubois, Michelle Martin rejoint Dutroux à Charleroi[11]. En 1984, ils donnent naissance à un garçon qu'ils nomment Frédéric[9].

C'est à partir de cette période que Marc Dutroux effectue de nombreux larcins, volant « tout ce qu'il trouve » et rackettant des personnes âgées, dont sa propre grand-mère[4]. Il se rend en Europe centrale d'où il ramène de « très jeunes filles », qu'il séquestre et viole, parfois en présence de Michelle Martin[4],[12].

Le , alors qu'il est incarcéré à la prison de Jamioulx, Marc Dutroux épouse Michelle Martin[11],[13]. Le couple a deux autres enfants – Andy et Céline – nés en et [14],[11].

Selon Le Parisien, Marc Dutroux ne s'est jamais occupé de ses garçons, il désire avant tout une fille dans le but de pratiquer l'inceste pour « l'initier à l'amour »[6]. Il est arrêté durant l'été 1996 et ne commet pas ce crime sur Céline[6]. En 2003, alors qu'ils sont tous les deux emprisonnés, Marc Dutroux et Michelle Martin divorcent après 15 ans de mariage[15].

Lors de son procès en 2004, mettant en avant le fait que « sa sexualité n'est pas uniquement orientée vers les enfants »[16], des experts le décrivent plus « vrai psychopathe » que pédophile.

En 2021, la ville de Charleroi annonce que sa maison laissera place à un mémorial baptisé « Entre terre et ciel »[17].

Affaires judiciaires

Premières condamnations

  • En 1979, Marc Dutroux est condamné à un mois d'emprisonnement pour vol.
  • Le , Marc Dutroux et Michelle Martin sont emprisonnés pour des faits de séquestrations, d'enlèvements et de viols de mineures de moins de 16 ans commis entre 1983 et 1985[18],[12]. Michelle Martin est libérée en , mais Marc Dutroux reste incarcéré[11].
  • En 1988, Dutroux est à nouveau condamné à quatre mois de prison pour recel[19].
  • En , ils sont condamnés à, respectivement, 13 ans et demi et 5 ans de prison[18] ; Michelle Martin retrouve la prison.
  • En , Michelle Martin est libérée. Bien que le procureur et les psychiatres s'y soient opposés, Marc Dutroux bénéficie, en avril de l'année suivante, d'une libération conditionnelle[18],[20].
  • En , il est accusé d'attouchements sexuels sur des jeunes filles à la patinoire de Charleroi. Interrogé par la Police communale, il est aussitôt relâché sans être inquiété[21],[20].
  • À la suite d'un différend sur le vol d'un camion, Marc Dutroux séquestre deux délinquants. Pour ces faits, Il est incarcéré à la prison de Jamioulx du au [22],[18],[23].

Affaire Dutroux

Le , Dutroux est arrêté avec Michelle Martin et deux complices dans ce qui devient "l'Affaire Dutroux". Par sa nature, l'affaire connaît un retentissement international, soulignant les dysfonctionnements de la justice et de la police belge.

En , Dutroux parvient à s'évader lors de son transfèrement au palais de justice de Neufchâteau ; il est rattrapé quelques heures plus tard dans les bois de Chiny. Ce nouvel incident provoque une vague d'indignation en Belgique et deux ministres sont contraints à démissionner[24]. La médiatisation de l'affaire incite également le législateur à engager une réforme du Code pénal avec la promulgation de la loi du [25].

Le , Marc Dutroux est condamné à l'emprisonnement à perpétuité , assortie d'une mise à disposition du tribunal d’application des peines de 10 ans, pour cinq assassinats, pour être le chef d'une association de malfaiteurs impliquée dans des enlèvements d'enfants, de séquestrations, de viols avec torture et de trafic de drogue[26]. Il a la possibilité de demander une libération conditionnelle après 15 ans derrière les barreaux[27].

Demandes de libérations conditionnelles

En , alors que Dutroux est incarcéré à la prison de Nivelles, une demande de semi-liberté sous bracelet électronique, finalement refusée, provoque l'émoi en Belgique. Selon les termes de la loi, il devient libérable le [28].

Le , dans un débat télévisé sur les ondes de la RTBF, le médecin de Dutroux, Michel Manage, déclare que ce dernier n'a pas changé en seize ans de détention, ce qui ne plaide pas en sa faveur[29].

Le tribunal d'application des peines doit statuer sur sa demande le à Bruxelles[30]. Plusieurs groupes ayant annoncé leur présence sur place, dont le groupe d'extrême-droite Mouvement Nation, cette comparution fera l'objet de mesures de sécurité exceptionnelles : Marc Dutroux sera escorté par dix membres des unités spécialisées dans les transferts de la police fédérale (Gotts), transporté à bord d'un véhicule blindé escorté par un convoi de véhicules policiers et survolé par un hélicoptère de la police fédérale, le palais de justice étant surveillé par quatre pelotons supplémentaires de la police locale[30].

Les victimes de Dutroux n'ayant pas le droit d'être entendues par le tribunal d'application des peines, Jean-Denis Lejeune et Laëtitia Delhez, représentés par l'avocat Georges-Henri Beauthier, décident d'attaquer l'État belge devant la Cour européenne des droits de l'homme[29].

La demande de libération conditionnelle de Dutroux est finalement rejetée le par le TAP de Bruxelles en raison du risque de récidive et de « l'absence de perspective de réinsertion »[31].

En , Marc Dutroux demande à subir une expertise psychiatrique en vue d'une libération conditionnelle[32]. La requête est acceptée par le TAP de Bruxelles le [33] et un collège de trois experts psychiatres devra remettre un rapport final « au plus tard le  », ont précisé les juges[34]. En septembre 2020, l'avocat de Marc Dutroux confirme l'existence d'un rapport des experts très défavorable ; il est toujours psychopathe et présente un danger certain pour la société[35].

Notes et références

  1. M. Ka., « Dutroux vu par sa mère » sur La Dernière Heure, 27 décembre 2003
  2. Céline Bayet, « Les étranges confidences du père de Marc Dutroux » sur 7sur7, 15 septembre 2009
  3. La sœur de Marc Dutroux se confie à la presse sur Bel RTL, 11 août 2007
  4. Pascale Nivelle, « Marc Dutroux, 47 ans, ferrailleur et récidiviste » sur Libération, 2 mars 2004
  5. « Marc Dutroux, un personnage extrêmement manipulateur » sur Le Soir, 24 avril 1998
  6. Valérie Brioux, « Un manipulateur assoiffé d'argent » sur Le Parisien, 24 février 2004
  7. Marc Metdepenningen et René Haquin, « Marc Dutroux patineur » sur Le Soir, 11 mai 2004
  8. Marc Metdepenningen, « Marc Dutoux : portraits de famille » sur Le Soir, 6 mai 2004
  9. Chronologie de Marc Dutroux sur Le Parisien, 24 février 2004
  10. Michelle Martin, 44 ans. L'épouse dévouée sur Libération, 1er mars 2004
  11. Annick Hovine, « Michelle Martin, d'une » sur La Libre Belgique, 26 février 2004
  12. Marc Dutroux, symbole du mal absolu pour des millions de Belges sur 20 minutes, 13 juin 2006
  13. Michelle Martin, studieuse et intelligente mais soumise sur La Libre Belgique, 10 mai 2004
  14. An.H., « Effarouchée, peureuse, Michelle Martin? Non, manipulatrice! » sur La Libre Belgique, 31 mars 2004
  15. Jean-Pierre Stroobants, « En Belgique, l'ancienne compagne de Marc Dutroux est libérable » sur Le Monde, 31 juillet 2012
  16. AFP, « Dutroux, un vrai psychopathe » sur le site de TF1, 5 mai 2004
  17. « La maison de Marc Dutroux à Marcinelle va être remplacée par un mémorial », sur Le Soir, (consulté le )
  18. Affaire Dutroux : Les grandes dates du dossier sur le site de la RTBF, 5 août 2011.
  19. Marc Dutroux, intelligent et manipulateur sur La Libre Belgique, 19 février 2004.
  20. Fabrice Aubert, « Affaire Dutroux : l'horreur qui révulsa la Belgique » sur le site de TF1, 29 février 2004.
  21. Rapport de la Commission Dutroux II sur Le Soir, 17 avril 1997.
  22. Marc Metdepenningen, « L'ex-inspecteur Georges Zicot sur le banc des prévenus » sur Le Soir, 10 janvier 2005.
  23. Élisabeth Fleury, « Dutroux nie le meurtre d'un complice » sur Le Parisien, 15 avril 2004.
  24. AFP et Reuters, « Sa cavale réveille les démons de la Belgique » sur Libération, 24 avril 1998
  25. Alexandre Baratta, « L'expertise post-sententielle et l'évaluation du risque », Revue française de criminologie et de droit pénal, vol. 1, (lire en ligne)
  26. Valérie Gas, « Marc Dutroux jugé coupable » sur RFI, 17 juin 2004
  27. « En justice, la perpétuité, ce n'est pas "pour toujours" », sur questions-justice.be,
  28. Dutroux demande sa libération conditionnelle sur L'Essentiel, 24 novembre 2012
  29. « Libération conditionnelle: une loi sur mesure pour Marc Dutroux? », RTBF Info,
  30. « Libération conditionnelle: mesures de sécurité renforcées pour la venue de Marc Dutroux à Bruxelles », RTL Info,
  31. « Belgique : Marc Dutroux reste en prison », sur leparisien.fr,
  32. DH.be, « L'avocat de Marc Dutroux se donne jusqu'en 2021 pour le libérer », sur www.dhnet.be, (consulté le )
  33. (en-US) Elian Peltier, « Notorious Killer’s Bid for Parole Reopens Old Wounds in Belgium », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  34. BFMTV, « Belgique: Marc Dutroux va subir une nouvelle expertise psychiatrique », sur BFMTV (consulté le )
  35. « Marc Dutroux présente un risque élevé de récidive selon les psychiatres », La Libre Belgique, (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • Collectif, L'affaire Dutroux : la Belgique malade de sa justice, éditions Complexe, , 285 p. (ISBN 978-2-87027-673-0).
  • Annemie Bulté, Douglas De Coninck et Marie-Jeanne Van Heeswyck, Les dossiers X : Ce que la Belgique ne devait pas savoir sur l'affaire Dutroux, éditions EPO, , 572 p. (ISBN 978-2-87262-153-8).
  • Paul Marchal, Ma fille a rencontré Dutroux et Lelièvre, éditions Labor, , 231 p. (ISBN 978-2-8040-1930-3).
  • Pierre Guelff, La saga Dutroux : Chronique d'un scandale politico-judiciaire, éditions Michel Rouchon, , 272 p. (ISBN 978-2-84741-017-4).
  • Herwig Lerouge, Le Dossier Nihoul : Les Enjeux du procès Dutroux, éditions EPO, , 220 p. (ISBN 978-2-87262-212-2, lire en ligne).
  • Michel Bouffioux et Marie-Jeanne Van Heeswyck, Dutroux et consorts : La face cachée de l'enquête, éditions Michel Lafon, , 348 p. (ISBN 978-2-7499-0131-2).
  • Sabine Dardenne et Marie-Thérèse Cuny, J'avais 12 ans, j'ai pris mon vélo et je suis partie à l'école... : 80 jours victime du monstre Marc Dutroux, Oh ! Éditions, , 232 p. (ISBN 978-2-7441-7856-6).
  • Xavier Magnée (préf. Jacques Vergès), Marc Dutroux, un pervers isolé ?, éditions Calmann-Lévy, , 292 p. (ISBN 978-2-7021-3563-1).
  • Xavier Rossey et Marc Toussaint (préf. Xavier Magnée), Tous Manipulés ? : Avant, pendant, après l'affaire Dutroux, éditions Bernard Gilson, , 288 p. (ISBN 978-2-87269-201-9).
  • Pierre Guelff, L'affaire Dutroux : L'affaire, les pistes, les erreurs, éditions Primento, , 389 p. (ISBN 978-2-39009-072-4, lire en ligne).
  • Carine Russo, Quatorze mois, La Renaissance du livre, , 234 p. (ISBN 978-2-507-05346-8).
  • Bruno Dayez, Pourquoi libérer Dutroux ? : Pour un humanisme pénal, éditions Samsa, , 116 p. (ISBN 978-2-87593-175-7).
  • Alessandra D'Angelo, Pourquoi il ne faut pas libérer Marc Dutroux : Un psychopathe n'est pas amendable, éditions Now Future, , 144 p. (ISBN 978-2-930940-24-3).

Documentaire

Documentaires télévisés


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