Othon (empereur romain)

Othon  ou Marcus Salvius Otho  (latin : Imperator Marcus Otho Cæsar Augustus), né en 32 et mort à Bedriacum le , est un empereur romain qui régna de à . Il est l'un des trois empereurs qui se succédèrent rapidement à la tête de l'Empire en 68-69 avant que Vespasien ne parvienne au pouvoir et n'impose la nouvelle dynastie des Flaviens.

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Othon
Empereur romain

Aureus à l'effigie d'Othon, Département des Monnaies, médailles et antiques de la Bibliothèque nationale de France.
Règne
D’abord usurpateur puis légitime

(3 mois et 1 jour)
Période Année des quatre empereurs
Précédé par Galba
Usurpé par Vitellius
Suivi de Vitellius
Biographie
Nom de naissance Marcus Salvius Otho
Naissance - Ferentium(Italie)
Décès (36 ans) - Brescello
Père Lucius Otho
Mère Terentia Albia
Fratrie Lucius Salvius Otho Titianus
Épouse Poppée (52 - 58)
Statue antique en marbre d'Othon, trouvée dans les marais pontins, saisie révolutionnaire 1792, musée du Louvre.

Biographie

La vie d'Othon est connue par les biographies de Suétone[1] et de Plutarque[2], complétées par les annales de Tacite et celles de Dion Cassius.

Origine et débuts

Ses ancêtres étaient originaires du bourg de Ferentium. Né en 32 apr. J.-C. à Ferentium en Étrurie[3],[4], Marcus Salvius Otho est issu d'une famille de notables de la gens Saluia. Sa famille a depuis longtemps des liens étroits avec la Domus Augusta, la famille impériale. Son grand-père qui a été sénateur jouissait des bonnes grâces de Livie[5]. Son père, Lucius Othon, est proconsul d'Afrique sous Tibère, et est élevé au rang de patricien par l'empereur Claude[6]. Il s'est attiré l'amitié de ce dernier en dénonçant une tentative d'assissinat organisée par un chevalier romain[7]. Son frère aîné, Lucius Salvius Otho Titianus, fut consul en 52.

Selon Suétone, Othon était un personnage assez peu recommandable et disposé à tout pour parvenir à ses fins. Il séduisit ainsi une vieille courtisane dans le seul but d'entrer en contact avec Néron dont il devient l'un des favoris et partage les frasques de jeunesse. Les auteurs soulignent sa coquetterie comme efféminée[8] et lui prêtent une complicité homosexuelle avec l'empereur[9] ou avec ses mignons[10].

Suétone prétend que, mis au courant de l'intention de Néron d'assassiner sa mère Agrippine, il lui aurait prêté une assistance concrète en organisant un repas le soir du meurtre pour donner le change[9].

Il tombe cependant en disgrâce en refusant de restituer Poppée qu'il avait épousée pour plaire à Néron, mais dont il tomba réellement amoureux[11]. En conséquence, il est envoyé comme gouverneur en Lusitanie, poste habituellement occupé par un ancien préteur alors qu'il n'est qu'ancien questeur. Selon Suétone, il y officie « avec une modération et un désintéressement exceptionnels ». Ce séjour forcé de dix ans doit l'assagir, car les auteurs anciens ne rapportent plus aucun scandale à son propos pour cette période, ni durant son bref règne[12].

Usurpation et règne

Buste d'Othon, Palais Medici-Riccardi, Florence

Il devient un politicien respectable et apprenant les événements qui accompagnent les derniers mois du règne de Néron et cherchant à se venger, Othon prend le parti de Galba en avril 68 afin de renverser l'empereur. En raison de l'âge de Galba, il espère lui succéder[13]. Mais quand ce dernier adopte Pison en janvier 69, il voit ses rêves d'accession au pouvoir suprême s'écrouler. Criblé de dettes, il n'a d'autre solution que de se débarrasser par le meurtre du nouvel empereur et de Pison, avec l'aide de prétoriens qu'il soudoie. La conjuration est passablement improvisée, mais elle réussit : Galba est tué en plein forum le [14]. Othon se présente aussitôt au Sénat.

Il se veut continuateur de Néron, et le venge en obligeant au suicide le préfet du prétoire Tigellin, qui avait trahi et abandonné Néron. Il poursuit la construction de la Domus aurea, avant que Vespasien, Titus et Trajan ne la réaménagent en espaces publics et la délaissent. Il continue la politique de Claude d'extension aux provinciaux du droit de cité, et l'accorde à la tribu des Lingons. Il entretient également des relations avec Sporus, favori de Néron.

Si Othon est reconnu par les armées du Danube, d'Orient et d'Afrique, l'armée du Rhin est en état de rébellion depuis le . Son chef Vitellius se fait proclamer en Germanie inférieure. Il reçoit le soutien des légions de Belgique, d'Espagne, de Bretagne et de Rhétie. Othon répugne à la guerre civile. Aussi, avec l'accord du sénat, il envoie une délégation prévenir le gouverneur de Germanie qu'il a été acclamé. Il lui propose également sa fille en mariage et de l'associer au pouvoir afin de maintenir la concorde. Mais, Vitellius, portés par les légions les plus valeureuses, marche sur l'Italie[15].

Othon quitte Rome le 14 mars pour l'affronter sans attendre le renfort de l'armée du Danube. Après deux petites victoires dans le Nord de l'Italie, il est vaincu le 14 avril à Bedriacum près de Vérone. Après trois mois de règne, Othon décide alors de se donner la mort le 16 avril avec une dignité qui surprend Suétone. Tous les auteurs classiques, Suétone, Tacite, Dion Cassius rendent hommage au courage et au désintéressement d'Othon.

Noms et titres

Noms successifs

  • 32, naît MARCVS•SALVIVS•OTHO
  • 69, accède à l'Empire : IMPERATOR•MARCVS•OTHO•CÆSAR•AVGVSTVS

Titres et magistratures

Titulature à sa mort

Lors de son suicide en 69 la titulature de Othon était :

IMPERATOR•MARCVS•OTHO•CÆSAR•AVGVSTVS, TRIBVNICIÆ•POTESTATE•I, IMPERATOR•I, CONSVL•I

Notes et références

  1. Suétone, Vie des douze Césars : « Othon ».
  2. Plutarque, Vies parallèles, XVII.
  3. Suétone, Vie des douze Césars : « Othon », 1.
  4. Aurelius Victor, Épitomé de Cæsaribus : « Othon ».
  5. Girod 2019, p. 272.
  6. Zosso et Zingg 1995, p. 29-31.
  7. Girod 2019, p. 272-273.
  8. Plutarque, Vie de Galba, 25 ; Suétone, Othon, 12.
  9. Suétone, Othon, 2, 3.
  10. Dion Cassius, LXIV, 8.
  11. Suétone, Othon, 3, 2.
  12. Régis Martin 1991, p. 158.
  13. Girod 2019, p. 276-277.
  14. Zosso et Zingg 1995, p. 29 et 30.
  15. Girod 2019, p. 280.

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Cosme, L'Année des quatre empereurs, Paris, Fayard, , 371 p. (ISBN 978-2-213-65518-5).
  • Virginie Girod, La véritable histoire des douze Césars, Paris, Perrin, , 412 p. (ISBN 978-2-262-07438-8)
  • Régis Martin, Les douze Césars, du mythe à la réalité, Paris, Les Belles Lettres, , 478 p. (ISBN 978-2-262-02637-0).
  • François Zosso et Christian Zingg, Les Empereurs romains : 27 av. J.-C. - 476 ap. J.-C., Errance, , 253 p. (ISBN 2-87772-226-0).
  • Christian Settipani, Continuité gentilice et Continuité familiale dans les familles sénatoriales romaines à l'époque impériale, Linacre College, Oxford University, coll. « Prosopographica & Genealogica », , 597 p. (ISBN 1-900934-02-7)

Liens externes

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