Max Blumenthal

Max Blumenthal (né le ) est un blogueur, auteur, journaliste et militant américain. Après avoir contribué à divers médias anglophones, il travaille au Liban et écrit plusieurs ouvrages sur la situation de la Palestine.

Pour les articles homonymes, voir Blumenthal.

Max Blumenthal
Max Blumenthal en 2011.
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Goliath: Life and Loathing in Greater Israel (d)

Après 2015, il change son positionnement concernant le conflit syrien, crée un blog et intervient essentiellement sur les médias russes. Il est accusé de défendre la Russie et le régime syrien et de diffuser la propagande de ces États.

Famille

Max est le fils de Sidney Blumenthal, ancien journaliste puis conseiller de Bill Clinton.

Carrière

Max Blumenthal est diplômé de l'Université de Pennsylvanie[1].

Il est tout d'abord rédacteur pour The Daily Beast et contributeur de médias tels que The Nation, Al Jazeera English, le Huffington Post et le Washington Monthly. En 2014, il rejoint Alternet pour qui il collabore depuis 2004. Il écrit sur des sujets tels que les droits des Chrétiens, les brutalités policières ou les relations des États-Unis avec Israël[2].

Il publie en 2009 Republican Gomorrah: Inside The Movement That Shattered The Party, où il critique la droite évangéliste américaine, représentée notamment par James Dobson[3]. En 2013, il publie Goliath: Life and Loathing in Greater Israel, dans lequel il donne son point de vue sur la vie dans l'Israël gouvernée par Benyamin Netanyahou et dans les territoires occupés. Il déclare lors d'une interview avoir été surpris par la « banalité du racisme et de la violence » lors de ses quatre années de reportages en Israël, et estime que le public américain est mal informé à ce sujet[4],[5]. Il reçoit pour ce livre le Cultural Freedom Award (Prix de la liberté culturelle) 2014 de la fondation Lannan (en) pour un « Livre particulièrement remarquable »[6],[7].

Max Blumenthal se montre critique envers la politique d'Israël à l'égard de la Palestine et recueille des témoignages faisant état de crimes de guerre commis envers des Palestiniens[8] et fait un parallèle entre la politique d'Israël avec celle de l'État islamique[9].

Max Blumenthal travaille pour le journal libanais pro-Hezbollah Al-Akhbar jusqu'en 2012. Il y écrit sur la Palestine et les réfugiés palestiniens, avant de démissionner parce qu'il est en désaccord avec la couverture du soulèvement syrien, trop favorable à Bachar el-Assad selon lui[10],[11].

Lauréat du Prix de journalisme en ligne Annenberg de l'USC pour ses articles d'investigation, il produit de nombreux reportages vidéo qui recueillent des centaines de milliers de visites sur Youtube[12].

Il reçoit le prix « intégrité sans compromis dans le journalisme », récompense et fonds attribués, selon Bellingcat, par un lobby pro-Assad, qui a également récompensé Vanessa Beeley et Rania Khalek, blogueuse et journaliste, toutes deux propagandistes du régime syrien[13] ,[14].

Voyage en Russie et prise de position

Selon Janine di Giovanni (en), après son voyage à Moscou à l’occasion du dixième anniversaire de RT en , « le point de vue de Max Blumenthal a complètement basculé », et il est devenu alors une « personnalité assadiste de premier plan ». Elle écrit : « l'homme qui avait écrit un essai intitulé Le droit de résister est universel (...), accuse maintenant les Syriens anti-Assad d'appartenir à Al-Qaïda et a affirmé que les Casques blancs étaient affiliés à ce groupe islamiste » ; Max Blumenthal avait pourtant démissionné en 2012 du journal Al-Akhbar en accusant ce dernier d'être « pro-Assad » et lors d'une visite d'un camp de réfugiés en Jordanie en septembre 2013 avait rapporté que « 100 % des dizaines de personnes qu'il avait interviewé souhaitaient une intervention américaine en Syrie », alors que lui-même s'y opposait[10].

À son retour de Russie, il fonde le « Projet Grayzone », qui, selon les journalistes Sam Charles Hamad et Oz Katerji, regroupe des articles « des parias de la blogosphère de gauche amicaux envers Assad et le Kremlin »[15].

Le livre qu'il publie en 2015, The Management of Savagery, est critiqué par Lydia Wilson pour être empli d'erreurs factuelles « ce que beaucoup verront comme de la propagande ». Il bascule, selon Wilson, « suffisamment et avec assez de régularité dans une conspiration à grande échelle pour permettre à un lecteur attentif de la rejeter »[16].

Gilbert Achcar décrit Max Blumenthal comme une personnalité très versatile, défendant aujourd'hui des idées qu'il combattait autrefois, après avoir « vu la lumière »[17].

Charles Davis écrit qu'il « défend presque chaque semaine la politique étrangère russe sur des plateformes telles que RT et Spoutnik » et qu'il est « prolifique lorsqu'il s'agit d'inverser victimes et responsables de crimes de guerre »[18].

Blog The Grayzone

Max Blumenthal est le fondateur[15] et l'un des contributeurs du blog The Grayzone[17], qu'il fonde en décembre 2015[19]. Le blog se fait connaître mais est également l'objet de vives critiques pour ce qui est considéré comme du négationnisme : sa remise en question et sa négation de la campagne chinoise de génocide culturel et démographique du peuple Ouïghour en Chine[20],[21].

Déni du génocide Ouïghour

The Grayzone affirme avoir examiné les données source sur les revendications des Ouïghours dans les « soi-disant » camps de concentration, et Max Blumenthal déclare: « Je n'ai aucune raison de douter qu'il se passe quelque chose au Xinjiang, qu'il pourrait même y avoir une répression, mais nous n'avons pas vu les preuves de ces affirmations. »[20],[21]. Cependant, pour New Statesman, la répression peut être décrite comme un « génocide culturel » prouvé par des « montagnes de documents en provenance d'organisations indépendantes défendant les droits humains »[22].

Entre 2018 et juillet 2020, The Grayzone publie au moins quatre articles mettant en question les informations concernant les Ouïghours, déclarant dans l'un d'entre eux : « Les informations sur les camps contenant 1 million de prisonniers proviennent presque exclusivement de médias et d'organisations financées et armées par le gouvernement américain pour faire monter la pression sur Pékin ». La journaliste Caitlin Thompson, qui classe The Grayzone à l'extrême-gauche, affirme qu'un soutien de la gauche américaine aux régimes autoritaires n'est pas un phénomène nouveau, estimant par exemple que Noam Chomsky et Alexander Cockburn « ont remis en question l'ampleur des atrocités commises par les Khmers rouges et Staline ». La journaliste analyse ce type de positionnement comme découlant d'un anti-impérialisme et une « profonde suspicion de la domination de l'Amérique dans les affaires mondiales »[21].

Voyage au Vénézuela et prise de position

En janvier 2019, il se rend au Vénézuela, en compagnie notamment d'Aaron Maté, puis écrit un article dans lequel il affirme que Juan Guaidó est le « produit » d'une volonté américaine de changer le régime vénézuélien. En mai 2019, il cherche à apporter un soutien matériel aux militants américains pro-Maduro qui occupent l'ambassade vénézuélienne à Washington. Cinq mois plus tard, en octobre 2019, un mandat d'arrêt contre Blumenthal est lancé contre lui, un supporter de Juan Guaidó l'accusant de « simple agression », une infraction mineure. Il reste deux jours en prison, mains et chevilles enchaînées, sans pouvoir passer de coup de téléphone[23],[24],[25]. Il déclare : « Cela fait clairement partie d'une campagne de persécution politique conçue pour me faire taire ainsi que The Grayzone pour notre journalisme factuel, exposant les tromperies, la corruption et la violence de l'opposition d'extrême droite vénézuélienne »[26]. Les poursuites contre lui sont abandonnées en décembre 2019[27],[25].

Controverses et critiques

Max Blumenthal est taxé d'« idiot utile de Poutine » par le journaliste Sławomir Sierakowski pour sa défense de la Russie ainsi que ses attaques contre les militants pro-démocratie en Ukraine[28].

Le site de fact-checking ukrainien StopFake décrit Blumenthal comme un « journaliste américain pro-russe » sur lequel compte la Russie pour « diffuser son message de propagande » et remarque qu'il fait partie des « amis ou sympathisants » identifiés dans plusieurs messages publiés sur Twitter par Russia’s UN Mission[29].

Max Blumenthal participe à la campagne de propagande concertée qui cherche à discréditer les Casques blancs de la Défense civile syrienne, campagne qui « sert les intérêts de ceux qui les bombardent  »[18]. Vanessa Beeley, propagandiste pro-Assad, accuse Max Blumenthal, avec l'aide de Rania Khalek, d'avoir utilisé son propre travail pour ses publications, notamment à propos des théories conspirationnistes sur les secouristes syriens surnommés Casques blancs[15].

Max Blumenthal affirme montrer un point de vue sur la Syrie ignoré par les médias occidentaux, qui, selon lui, fournissent une « musique d'ambiance pour une guerre par procuration impitoyable ». Et il a, notamment, relayé une affiche au sujet de laquelle il a déclaré qu'elle « rendait hommage aux soldats de l'armée syrienne tués dans la guerre contre les extrémistes soutenus par l'étranger »[30]. Selon les témoignages de Syriens exilés et de journalistes spécialistes du conflit, il propage des théories du complot et de la propagande. Max Blumenthal s'en prend également à des enfants et jeunes syriens qui partagent leur vécu quotidien sur les réseaux sociaux, ce que Charles Davis qualifie de calomnie conspirationniste[18].

Il lui est également reproché sa proximité avec le régime syrien, des voyages de complaisance à Damas, une promotion et une défense du gouvernement de Bachar el-Assad. Il est accusé d'oublier les Syriens, qui seraient absents de ses articles, de propager un narratif de désinformation et de chercher à blanchir les crimes du régime[30],[31],[32],[33],[34],[35]. Il conteste régulièrement les informations sur les atrocités commises par le régime syrien[21].

Selon le journaliste Oz Katerji, Max Blumenthal et ses collègues, contributeurs réguliers de Russia Today, Gareth Porter, Benjamin Norton et Rania Khalek, passent beaucoup de temps à publier des attaques de dénigrement contre des ONG, médecins, journalistes, secouristes et groupes de la société civile syrienne. Il affirme que pratiquement tous les groupes qui s’expriment sur les crimes systématiques du régime d’Assad ont été visés par ce petit groupe, « avec l’intention expresse de défendre un régime coupable d’extermination humaine »[35].

Selon Brian Whitaker, il est repris par un groupe de « propagandistes anti-propagande », groupe d'universitaires britanniques qui, « sous couvert de lutte contre la propagande, partage en réalité propagande et théories conspirationnistes, contestant l'utilisation d'armes chimiques, critiquant les gouvernements occidentaux, les médias occidentaux et divers groupes humanitaires, sans se soucier d'appliquer leur jugement critique au rôle de la Russie dans le conflit ou aux écrits controversés de journalistes qui partagent leurs points de vue »[36].

Le militant et écrivain Sam Hamad écrit que, bien qu'il soit de gauche alternative, il n'est pas surprenant que Max Blumenthal prenne part à des voyages de propagande en Syrie comme le fait l'extrême-droite, car « en ce qui concerne la Syrie, Blumenthal et sa collègue propagandiste Rania Khalek sont sur la même ligne que les néo-nazis et les fascistes européens »[37].

Selon Élie Guckert, journaliste publié par Conspiracy Watch, Max Blumenthal est également au cœur d'une campagne de désinformation complotiste, sur les réseaux sociaux, visant à mettre en doute les résultats présentés par l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) sur l'attaque chimique de Douma[11].

Bibliographie

  • Republican Gomorrah: Inside the Movement that Shattered the Party, 2009, New York, Nation Books.
  • Goliath: Life and Loathing in Greater Israel, 2013. New York, Nation Books[5] ,[6].
  • The 51 Day War: Ruin and Resistance in Gaza, 2015. New York, Nation Books.
  • The Management of Savagery, How America's National Security State Fueled the Rise of Al Qaeda, ISIS, and Donald Trump. London/New York, 2019[16]

Notes et références

  1. (en-US) « Dershowitz warns Democrats to drop Media Matters », sur Fox News, (consulté le )
  2. (en-US) « Editorial: Max Blumenthal Joins AlterNet as a Senior Writer », sur Alternet.org, (consulté le )
  3. (en-US) Chris Barsanti, « Republican Gomorrah by Max Blumenthal, PopMatters », sur PopMatters, (consulté le )
  4. (en) « Max Blumenthal on “Goliath: Life and Loathing in Greater Israel” », sur Democracy Now!, (consulté le )
  5. (en) « Clinton Adviser Sid Blumenthal's New Cause: His Son's Anti-Israel Book », sur BuzzFeed News (consulté le )
  6. (en) « Lannan Foundation », sur Lannan Foundation (consulté le )
  7. « Max Blumenthal », sur Los Angeles Review of Books (consulté le )
  8. « La face cachée d'Israël », sur La Presse, (consulté le )
  9. « #JSIL : le hashtag d'activistes pro-palestiniens pour comparer Israël à Daech », sur Franceinfo, (consulté le )
  10. (en) Janine di Giovanni, « Why Assad and Russia Target the White Helmets », sur The New York Review of Books, (consulté le )
  11. « Syrie : la théorie du complot aura-t-elle la peau de l’OIAC ? », sur Conspiracy Watch | L'Observatoire du conspirationnisme, (consulté le )
  12. « Max Blumenthal | HuffPost », sur www.huffpost.com (consulté le )
  13. « Des blogueurs de gauche et de droite récompensés par un lobby pro-Assad », sur Bellingcat, (consulté le )
  14. (en-US) Jasmin Mujanović, « The West Owns Syria’s Disaster », sur Foreign Policy (consulté le )
  15. (en) « Did a Kremlin Pilgrimage cause Alternet blogger’s Damascene conversion? », sur P U L S E, (consulté le )
  16. (en-GB) « Max Blumenthal and the dangers of writing about Assad », sur TheTLS (consulté le )
  17. (en-US) « On Gutter Journalism and Purported “Anti-Imperialism” », sur New Politics, (consulté le )
  18. (en-US) « An Inside Look at How Pro-Russia Trolls Got the SPLC to Censor a Commie », sur New Politics, (consulté le )
  19. (en-US) « Useful Idiot », sur Commentary Magazine, (consulté le )
  20. (en) Bethany Allen-Ebrahimian, « The American blog pushing Xinjiang denialism », sur Axios (consulté le ).
  21. (en-US) « Enter the Grayzone: fringe leftists deny the scale of China’s Uyghur oppression », sur Coda Story, (consulté le )
  22. (en) « Why are progressives still defending China’s brutal dictatorship? », sur New Statesman, (consulté le )
  23. (en-US) « The Arrest of Max Blumenthal », sur CounterPunch.org, (consulté le )
  24. (en-US) « Journalist Max Blumenthal Arrested And Charged In Political Prosecution », sur Shadowproof, (consulté le )
  25. (en-GB) « Collapse of US charges against journalist raises serious questions about politically motivated prosecutions », sur The Canary, (consulté le )
  26. (en-US) « Max Blumenthal Arrested: Accused by Venezuelan Opposition », sur TeleSUR (consulté le )
  27. « Brexit Reactions, Protests in Chile, Max Blumenthal charges dropped », sur WBAI News, (consulté le )
  28. (en-US) Slawomir Sierakowski, « Opinion | Putin’s Useful Idiots », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  29. « Russia’s UN Mission tags friends on Twitter to spread message », StopFake, (lire en ligne)
  30. « Max Blumenthal, anti-Israel activist, tours Syrian regime’s Damascus - Diaspora - Jerusalem Post », sur www.jpost.com (consulté le )
  31. (en) « Exiled Syrians Respond to Blumenthal’s Promotion of ‘Assad’s Syria’ With Distaste », sur Al Bawaba (consulté le )
  32. (en) Scott Lucas, « Who are Syria's White Helmets, and why are they so controversial? », sur The Conversation (consulté le )
  33. « Where are the Syrians in Max Blumenthal’s Article? An Open Letter from Syrian Activist Marcell Shehwaro », sur Pulse Media,
  34. Muhammad Idrees Ahmad, « Junket journalism in the shadow of genocide », sur www.aljazeera.com (consulté le )
  35. (en) « As Trump shores up Assad's genocidal regime, America's hard left is cheering him on », sur Haaretz.com (consulté le )
  36. (en) « The Syrian conflict's anti-propaganda propagandists », sur al-bab.com (consulté le )
  37. (en) Sam Hamad, « How propaganda trips to Syria are helping Assad get away with murder », sur alaraby (consulté le )

Liens externes

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