Micheline Ostermeyer
Micheline Ostermeyer, épouse Ghazarian, née le à Rang-du-Fliers (Pas-de-Calais) et morte le à Bois-Guillaume (Seine-Maritime), est une athlète et une pianiste française.
Micheline Ostermeyer | |||||||||||||
Informations | |||||||||||||
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Disciplines | Lancer du disque, Lancer du poids et saut en hauteur | ||||||||||||
Période d'activité | 1945-1951 | ||||||||||||
Nationalité | Française | ||||||||||||
Naissance | |||||||||||||
Lieu de naissance | Rang-du-Fliers | ||||||||||||
Décès | (à 78 ans) | ||||||||||||
Lieu de décès | Bois-Guillaume | ||||||||||||
Taille | 1.79 m | ||||||||||||
Poids | 73 kg | ||||||||||||
Distinctions | |||||||||||||
Chevalier de la Légion d'honneur | |||||||||||||
Palmarès | |||||||||||||
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Lors des Jeux olympiques de 1948, à Londres, elle remporte deux médailles d'or et une de bronze. Elle a aussi été médaillée à trois reprises lors des championnats d'Europe d'athlétisme et a remporté douze titres de championne de France dans six disciplines différentes.
Biographie
Enfance et formation
Micheline Ostermeyer, née le à Rang-du-Fliers, est la fille de Henri qui occupe plusieurs fonctions, directeur d'un centre d'Orphelins au Touquet, professeur puis ingénieur à la Société des Potasses d'Alsace. Sa mère, Odette, est professeur de piano et son grand-père maternel, Lucien Laroche, est le fondateur du conservatoire de Vannes[1].
Micheline Ostermeyer hérite de son côté paternel, adepte de gymnastique suédoise, son goût du sport, avec notamment l'opposition avec les garçons de son âge[1]. De son côté maternel, elle hérite de la passion du piano, que sa mère commence à faire pratiquer dès l'âge de quatre ans, et que son grand-père la fait se produire en public à l'âge de huit ans[2].
Elle passe sa jeunesse en Tunisie où sa famille s'installe en 1929, alors protectorat français[2], où elle apprend le piano. Vu ses capacités, elle revient en France et entre au Conservatoire avec l'aide de Lazare-Lévy.
Durant la Seconde Guerre mondiale, elle retourne en Tunisie où, grâce à son père, elle découvre le sport, pratiquant le basket-ball et l'athlétisme. Dès la fin de la guerre, elle revient à Paris, obtenant le premier prix de piano au Conservatoire le [3] (« Je consacre cinq heures par jour au piano et cinq heures par… semaine au sport ! »)[4] et devient concertiste.
Carrière sportive
Ostermeyer, vivant alors à Tunis, qui vient d'obtenir son baccalauréat en , dispute les championnats du Tunisie où elle remporte le 60 m, les concours de saut en longueur et saut en hauteur, les lancers du disque et du poids[5]. À son retour de Tunis elle se rend à la Fédération française d'athlétisme où, malgré les sourires devant ses récits de ses performances, notamment de sa pratique combinée du lancer du poids et du saut en longueur[3], elle obtient la possibilité d'intégrer un groupe d'entraînement au stade des vallées. En 1946, elle dispute les championnats de France à Bordeaux où elle remporte les titres du saut en hauteur et du poids, établissant un record de France dans cette discipline[3]. Elle participe aux championnats d'Europe d'Oslo où les concours du poids et du saut en longueur se déroulent en même temps. Cinquième avec 1,57 m du saut en hauteur remporté par sa compatriote Anne-Marie Colchen avec 1,60 m, elle remporte la médaille d'argent du poids avec 12,84 m, derrière la Soviétique Tatyana Sevryukova.
Elle participe aux Championnats du monde universitaires de 1947 (médaille d'or en saut en hauteur et en lancer du poids) et aux Jeux de Londres en 1948 où elle remporte deux titres olympiques au lancer du poids et au lancer du disque, et une médaille de bronze au saut en hauteur, tout en donnant un concert le soir de sa victoire au lancer du poids[6]. Elle est la première athlète française championne olympique, mais a été dépassée par la suite par les quatre titres de Fanny Blankers-Koen.
Au disque, discipline qu'elle découvre seulement trois semaines avant les Jeux, elle progresse d'un mètre à chaque essai, pour terminer avec un lancer à 41,92 m pour devancer au dernier essai l'Italienne Edera Cordiale qui menait le concours et la Française Jacqueline Mazéas[7]. Cinq jours plus tard, elle dispute le lancer du poids, discipline où elle détient la deuxième performance mondiale de l'année derrière Tatyana Sevryukova, absente du fait de la non affiliation de son pays au CIO. Dès son premier essai, elle lance le poids à 13,75 m[8]. Elle devance l'Italienne Amelia Piccinini qui réalise 13,09 m. Malgré plusieurs essais autour de 13,60 m, Ostermeyer ne bat pas sa performance initiale mais remporte son deuxième titre olympique. Le saut en hauteur est la dernière épreuve d'athlétisme des Jeux. En franchissant 1,61 m, un nouveau record de France, elle figure parmi les trois dernières concurrentes du concours. Elle échoue à 1,65 m et remporte la médaille de bronze, derrière l'Américaine Alice Coachman, championne olympique, et la Britannique Dorothy Tyler, toutes deux franchissant 1,68 m[9],[10].
Athlète complète, elle remporte douze titres de championne de France dans six disciplines différentes, que ce soit dans des courses, lancers ou sauts (60 m, 80 m, haies, 4 × 100 m, hauteur, poids, disque et pentathlon) et elle bat dix-neuf records de France (un au 80 m haies, un en hauteur, dix au poids, quatre au disque et trois au pentathlon).
Elle remporte deux nouvelles médailles de bronze aux championnats d'Europe de Bruxelles (80 mètres haies et lancer du poids) en 1950, après ses médailles d'argent sur 100 m et au poids gagnées en 1946.
Des blessures perturbent sa carrière. D'abord au plateau tibial, blessure occasionnée lors des championnats de France de pentathlon, en , blessure qui l'a conduite à déclarer forfait lors des épreuves du pentathlon et du saut en hauteur des championnats d'Europe de Bruxelles[11]. En , elle se fait un claquage à la cuisse gauche dans une compétition à Paris[12]. Elle participe toutefois au concours de poids le mois suivant au Mans. En juillet, lors des championnats de France à Colombes, elle est devancée par Paulette Veste. Elle dispute encore un France-Italie à Gênes. Un médecin découvre une déformation de la colonne vertébrale[13]. Elle doit alors arrêter la compétition sportive. Elle ne compte seulement neuf sélections en équipe de France A de 1946 à 1951 (elle sera également licenciée au Stade français en fin de carrière).
Alors qu'elle vit au Liban où elle s'est mariée à Beyrouth en , elle remporte avec le club de la Société sportive arménienne le titre de championne d'Afrique du Nord et du Liban en basket-ball en 1953. Elle évolue au poste de pivot[14].
Carrière musicale
Ostermeyer effectue son premier concert à Tunis le , à l'âge de douze ans[8]. Après l'obtention du premier prix de piano au Conservatoire le [3], elle prépare en 1947 le concours international de piano de Genève, où elle se classe quatrième parmi 900 concurrentes[15]. Elle mène alors la musique et l'athlétisme en parallèle. Son problème de colonne vertébrale, qui la contraint à porter de nombreux mois un corset, ne l'empêche pas de continuer son « métier de concertiste, sa vraie vie »[13]. Au retour du Liban, en 1954, dans l'attente de la naturalisation de son mari, ce qui retarde ses études et ses possibilités de carrière, elle doit subvenir aux ressources de sa famille en enchainant les concerts[14]. Pour avoir un salaire fixe, elle prend un rôle de professeur de solfège au conservatoire de Lorient, poste qu'elle occupe pendant huit ans[16]. Après la mort de son mari en 1965, par cancer du pancréas, elle part enseigner au conservatoire de Saint-Germain-en-Laye où elle enseigne pendant douze ans[16].
Elle passe les dernières années de sa vie à Grémonville (Seine-Maritime).
André Halphen l'a décrit au printemps 2003 : « Douce, paisible, effacée, à l'opposé de toutes celles qui jouent les stars après avoir gagné un titre ou deux »[17].
Elle était la petite cousine de la journaliste québécoise Jocelyne Cazin, née à Vire dans le Calvados en 1950.
Palmarès
International
Date | Compétition | Lieu | Résultat | Épreuve | Performance |
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1946 | Championnats d'Europe | Oslo | 2e | Lancer du poids | 12,84 m |
5e | Saut en hauteur | 1,57 m | |||
1948 | Jeux olympiques | Londres | 1re | Lancer du poids | 13,75 m |
1re | Lancer du disque | 41,92 m | |||
3e | Saut en hauteur | 1,61 m | |||
1950 | Championnats d'Europe | Bruxelles | 3e | 80 m haies | 11 s 7 |
3e | Lancer du poids | 13,37 m | |||
4e | Lancer du disque | 41,22 m |
National
- Championnats de France d'athlétisme[18] (12) :
- 60 m : 1re en 1948
- 80 m haies : 1re en 1950
- Saut en hauteur : 1re en 1947
- Lancer du poids : 1re en 1945, 1946, 1947, 1948, 1950 et 1951
- Lancer du disque : 1re en 1950
- pentathlon : 1re en 1948 et 1950
Records de France
- Record de France du saut en hauteur à une reprise
- Record de France du lancer du poids à dix reprises
- Record de France du lancer du disque à quatre reprises
Distinctions
Micheline Ostermeyer est nommée chevalière de la Légion d'honneur, tardivement en 1992, grâce à l'intervention de Nelson Paillou (alors président du Comité national olympique français) pour réparer cet oubli[19]. Elle fait ensuite partie de la promotion 1994 des gloires du sport.
En 1948, elle reçoit le prix Guy Wildenstein de l'Académie des sports.
Hommages
Elle est immortalisée dans le geste du lancer du disque dans une statue de bronze de Jacques Gestalder érigée à l'INSEP.
- Une rue ou une place porte son nom à côté du stade de France à Saint-Denis, à Yvetot (Seine-Maritime), à Grémonville (Seine-Maritime), à Buxerolles (Vienne), dans la banlieue de Poitiers ainsi qu'à Lorient (Morbihan) où elle fut durant de nombreuses années enseignante de piano à l’École nationale de musique de Lorient[20].
- Le complexe sportif de la ville de Rang-du-Fliers (sa ville de naissance) porte son nom
- Le complexe sportif de la ville de Pierrelaye porte son nom.
- Le complexe sportif de la ville de Petit-Couronne dans la Seine-Maritime porte son nom.
- Le complexe sportif de la ville de Cléon dans la Seine-Maritime porte son nom.
- Le Gymnase du lycée Jules-Guesde de Montpellier porte son nom.
- Le nouveau gymnase de la ZAC Pajol- 22 ter rue Pajol, à Paris (18e) et le gymnase du lycée Paul-Robert de la ville des Lilas en Seine-Saint-Denis portent son nom. Inauguré en 1996, il est l’œuvre de l'architecte français Roger Taillibert qui a également bâti le lycée.
- Le stade d'athlétisme de l'ACPO, à Ocquerre, porte son nom depuis .
- La salle polyvalente de Saint-Léger-du-Bourg-Denis (Seine-Maritime) porte son nom.
- Un mail paysager porte son nom entre le quartier République et le quai de Rohan à Lorient.
Plusieurs villes honorent le nom de cette sportive musicienne notamment en lui consacrant leur gymnase : Villeneuve-Tolosane, Houilles, Mitry-Mory, Vénissieux, les Lilas.
Trophée Micheline Ostermeyer
Trois ans après sa mort, en 2004, est créé le trophée Micheline Ostermeyer[21]. Il est attribué chaque année par l'association Club INSEP Alumni à un sportif ou une sportive de haut niveau dont le parcours, comme celui de Micheline, s'inscrit dans une double réussite sportive et autre. Le trophée est une petite réplique de la statue de bronze sculptée par Jacques Gestalder, représentant Micheline lançant le disque, et érigée en bordure du stade d'athlétisme Gilbert-Omnès de l'INSEP.
Liste des lauréats
- 2004 : Michel Jazy (athlète)
- 2005 : Yannick Noah (tennisman)
- 2006 : Isabelle Autissier (navigatrice)
- 2007 : Annie Famose (skieuse)
- 2008 : Alain Calmat (patineur artistique)
- 2009 : Stéphan Caron (nageur)
- 2010 : Jean-Claude Brondani (judoka)
- 2011 : Jean-Christophe Rolland (rameur)
- 2012 : Christine Janin (alpiniste)
- 2013 : Serge Blanco (rugbyman)
- 2014 : Brice Guyart (escrimeur)
- 2015 : Marie-Claire Restoux (judoka)
- 2016 : Stéphane Houdet (tennisman en fauteuil roulant)
- 2017 : Nicolas Hénard (navigateur)
- 2018 : Frédérique Jossinet (judoka)
- 2019 : Bruno Marie-Rose (athlète)
Notes et références
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 73.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 74.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 78.
- « L’athlète musicienne », sur olympic.org, (consulté le ).
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 81.
- 88 notes pour piano solo, Jean-Pierre Thiollet, Neva Editions, 2015, p. 90. (ISBN 978 2 3505 5192 0).
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 84-85.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 88.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 90-91.
- « Hymne à la concertiste », L'Équipe, .
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 94.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 95.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 96-97.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 98-99.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 82.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 99.
- « Micheline Ostermeyer - Une très grande dame », sur cdm.athle.com.
- DocAthlé2003, Fédération française d'athlétisme, p. 424.
- Margot 2017, Micheline Ostermeyer : L'incomparable, p. 102.
- « Ostermeyer (allée Micheline) », sur Patrimoine de Lorient (consulté le ).
- « Trophée Micheline Ostermeyer », sur achacunsoneverest-femmes.com.
Voir aussi
Bibliographie
- Michel Bloit (préf. Robert Parienté), Micheline Ostermeyer ou La vie partagée, Paris, L'Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », , 253 p. (ISBN 2-7384-3892-X, OCLC 34842571, lire en ligne)
- Pierre Simonet (préf. Madeleine Chapsal), Micheline Ostermeyer entre ombre et lumière, 2018.
- Olivier Margot, Le temps des légendes, Lattès, , 473 p. (ISBN 9782709656184), « Micheline Ostermeyer entre ombre et lumière »
Liens externes
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