Mohamed Ayachi Ajroudi

Mohamed Ayachi Ajroudi, né le à Gabès (Tunisie), est un ingénieur, homme d'affaires et homme politique franco-tunisien.

Ne doit pas être confondu avec Mohamed Ayachi.

Pour les articles homonymes, voir Ayachi.

Mohamed Ayachi Ajroudi
Portrait de Mohamed Ayachi Ajroudi.
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
محمد العياشي العجرودي
Nationalités
Formation
Activités

Ingénieur et industriel concerné par la politique tunisienne, il préside le Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité et fonde le parti Tous pour la France en 2022.

Jeunesse et formation

Mohamed Ayachi Ajroudi naît à Gabès, dans le Sud tunisien, au sein d'une famille de militaires dans l'armée française en Tunisie puis de l'armée tunisienne après l'indépendance en 1956.

Encouragé par son père avant que celui-ci ne décède, il poursuit ses études en France, d'abord à Lille, où il obtient son baccalauréat[1].

Carrière professionnelle

En 1980, il la rachète et fonde sa propre entreprise d'ingénierie mécanique qui construit des tunneliers pour les métros de Caracas et Lille[1] mais aussi pour un tunnel ferroviaire à Cosenza (Italie)[2].

Au cours de sa carrière professionnelle, Mohamed Ayachi Ajroudi fonde diverses entreprises internationales, dont SADEG[3], Aquatraitements Énergies Services, Objectif Pertinence, Razin Contracting, SNCFIME, FERRARA Ltd. et SOGETRAM, basées en Arabie saoudite, en France ou en Tunisie[4]. Il est également partenaire de plusieurs grands groupes, dont Suez et CNIM[5].

Il multiplie les contrats en France, en Arabie saoudite et dans le monde, conciliant ses collaborations avec d'autres sociétés internationales telles que Thermo Solar pour développer les panneaux photovoltaïques en Allemagne et en Tunisie[6].

Ses activités industrielles et technologiques s'élargissent aux pays du Golfe, principalement en Arabie saoudite, où son savoir-faire et son sens du contact l'introduisent dans le cercle restreint des décideurs économiques et politiques[1]. Selon Challenges, c'est lui qui « négocie la vente à l'Arabie saoudite de quatre usines de valorisation énergétique de déchets du groupe français CNIM, un contrat potentiel de plus de 1 milliard d'euros »[7].

Dans le cadre de la privatisation des années 1990 en Tunisie, il investit plusieurs millions de dinars dans le rachat, en 1995, de la SOGETRAM[8], une société de transport de fret, ainsi que dans l'acquisition de deux hôtels. Ce n'est que le qu'il signe un accord de partenariat avec l'Office national de l'assainissement en vue de constituer une société mixte, ONAS International, visant à exporter des services consultatifs, mais aussi gérer et exécuter des projets dans le domaine environnemental et les services d'assainissement[9],[10].

Affaire Veolia

Le , Mohamed Ayachi Ajroudi rencontre à l'hôtel George-V diverses personnalités afin d'évoquer la création d'une filiale du groupe Veolia visant à s'implanter en Arabie saoudite et à lancer la conquête du Moyen-Orient : Henri Proglio, président de Veolia environnement, Alain Marsaud, ancien magistrat et député UMP, Emmanuel Petit, haut cadre chez Veolia, et l'homme d'affaires Alexandre Djouhri. Dès le début des négociations, raconte Pierre Péan dans son livre La République des mallettes paru en 2011, Ajroudi « propose de constituer Veolia Middle East sur la base de 49 % du capital détenu par lui et 51 % par le groupe Veolia »[11]. Djouhri lui demande alors de lui rétrocéder gratuitement 20 % des actions parce qu'il est « incontournable, que rien ne peut se faire sans lui chez Veolia »[11].

Scandalisé, Ajroudi refuse catégoriquement ce qu'il considère comme un racket. Dans l'autre camp, on dénonce des accusations mensongères pour « se venger du fait qu'on ne l'a pas pris au sérieux »[12]. Il ne renonce pas pour autant à la création de Veolia Middle East, en souhaitant se porter acquéreur des actions que Vivendi détient encore dans le capital de Veolia[13], ce qui suffit pour déclencher la colère de Djouhri et de ses réseaux. Selon Péan, « outre diverses actions clandestines d'amis d'Alexandre Djouhri pour intimider Ajroudi, celui-ci reçoit la visite d'Alain Juillet, qui a quitté la DGSE pour s'occuper d'intelligence économique au sein du Secrétariat général de la Défense nationale [et qui] lui suggère de ne prendre que 10 % du capital de Veolia, car l'Élysée [...] voit d'un mauvais œil son intérêt pour cette société »[13].

Cette histoire se termine en agression physique contre Ajroudi dans sa suite du George-V[12],[14]. Les agresseurs présumés sont Laurent Obadia, un ancien de Vivendi reconverti dans le conseil, et Djouhri[12]. À la suite de l'incident, Veolia dépose plainte contre Ajroudi pour escroquerie et abus de confiance, obtenant que les actions de Vivendi ne lui soient pas vendues[15]. Le , la plainte est classée sans suite mais Mohamed Ayachi Ajroudi n'entend pas en rester là et porte plainte contre Veolia pour dénonciation calomnieuse[16]. Le , près de quatre ans après les faits, la justice lui donne raison en condamnant les sociétés du groupe Veolia pour s'être appuyées sur des faits inexacts[16].

Carrière politique

En 2013, lors de la révolution tunisienne, Mohamed Ayachi Ajroudi intervient lors d'une séance du dialogue national[17].

Président du Mouvement du Tunisien pour la liberté et la dignité, il fonde le parti Tous pour la France en 2022[18].

Carrière médiatique

En , Mohamed Ayachi Ajroudi rachète la télévision privée Al Janoubiya TV[19].

Le , le siège de la chaîne est fermé et ses équipements saisis à la suite d'un différend financier entre le propriétaire du local et Ayachi Ajroudi[20]. Ce dernier dénonce une falsification des documents comptables de la société dont la propriété lui a été transférée, et dépose plainte pour faire annuler le jugement et la décision de saisie[21].

À la suite de la décision de la Haute Autorité indépendante de la communication audiovisuelle de suspendre la diffusion des chaînes de télévision n'ayant pas obtenu une licence et de leur infliger une amende de 50 000 dinars, Al Janoubiya TV arrête sa diffusion à partir de la Tunisie et la reprend depuis son local de Paris à partir du [22].

Sport

Le , Mohamed Ayachi Ajroudi déclare son intention d'acheter le club de football de l'Olympique de Marseille, avec la participation d'entreprises de tout le bassin méditerranéen et d'investisseurs saoudiens et émiratis[23]. En juillet, il mandate la banque Wingate pour la négociation de l'achat, même si la direction du club rappelle qu'une vente n'est pas envisagée[24].

Récompenses

En 2009, il reçoit un doctorat d'honneur de l'université du canal de Suez. En février 2012, Il est honoré par la ville de Huntington Beach (Californie) pour ses investissements et futurs projets[4].

Fortune personnelle

D'après Marc Deschenaux, l'un des juristes suisses de Mohamed Ayachi Ajroudi, son client possèderait une fortune personnelle dépassant les 30 milliards d'euros[25],[26].

Vie privée

Résidant à Djeddah en Arabie saoudite[4], Mohamed Ayachi Ajroudi est marié à une Française, Josette, et père de deux enfants, Mehdi et Zakaria[1].

Références

  1. Taïeb Chadi, « Un grand seigneur »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), sur maroc-hebdo.press.ma, .
  2. « Un tunnelier pour le creusement d'un tunnel en Calabre », Nord Matin, 16 mai 1986.
  3. « Tunisie : entre Cannes et Hammamet, l'intermédiaire Ayachi Ajroudi raccroche son chapeau de cow-boy », sur africaintelligence.fr, (consulté le ).
  4. Imen Zine, « Mohamed Ayachi Ajroudi, homme d'affaires, lancera son Mouvement tunisien de la liberté et de la dignité », sur leconomistemaghrebin.com, (consulté le ).
  5. Mohamed Ayachi Ajroudi est président du conseil d'administration de CNIM Saudi, filiale de Constructions industrielles de la Méditerranée en Arabie saoudite.
  6. « Mohamed Ayachi Ajroudi, ingénieur sans frontière », sur business-and-co.com, (consulté le ).
  7. Vincent Lamigeon, « La vérité sur... les déboires de la France en Arabie », sur challenges.fr, (consulté le ).
  8. « SOGETRAM (Gabès), une société au service du développement régional », La Tunisie économique, supplément spécial « Transport », n°59, novembre 1995, p. 10-13.
  9. « Mohamed Ayachi Ajroudi, ce Tunisien qui exportera les services de l'ONAS à l'étranger », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  10. « Le Tunisien Mohamed Ayachi Ajroudi exportera l'expertise de l'ONAS à l'international », sur espacemanager.com, (consulté le ).
  11. Pierre Péan, La République des mallettes : enquête sur la principauté française de non-droit, Paris, Fayard, , 481 p. (ISBN 978-2-213-66606-8), p. 254.
  12. Nicolas Cori et Renaud Lecadre, « Le marché de l'eau en Arabie finit en baston au George-V », sur liberation.fr, (consulté le ).
  13. Péan 2011, p. 264.
  14. Péan 2011, p. 267.
  15. Péan 2011, p. 268.
  16. Péan 2011, p. 269.
  17. « Tunisie - L'anecdote de Mohamed Ayachi Ajroudi au dialogue national », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  18. « Déclaration du candidat à la présidentielle française, Mohamed Ayachi Ajroudi : Tous pour la France!! », sur fr.majalla.com, (consulté le ).
  19. « Ajroudi achète Al Janoubia », sur espacemanager.com, (consulté le ).
  20. « Médias : le siège de la chaîne Al-Janoubia fermé et mis sous scellés », sur kapitalis.com, (consulté le ).
  21. « Tunisie - Décision de saisie contre la chaîne Al Janoubia », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  22. « Tunisie - Al Janoubiya refuse le diktat de la HAICA et décide d'émettre de Paris ! », sur businessnews.com.tn, (consulté le ).
  23. Ronan Tésorière, « Rachat de l'OM : « Je ne suis l'intermédiaire de personne », assure Mohamed Ayachi Ajroudi », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  24. « La banque française Wingate mandatée pour négocier le rachat de l'OM », sur 20minutes.fr, (consulté le ).
  25. Fabien Borne, « Vente OM : Ajroudi pèse 30 milliards d'euros selon son avocat », sur dailymercato.com (consulté le ).
  26. « Foot - L1 - OM : Marc Deschenaux : « L'OM a beaucoup de dettes » », sur live.lequipe.fr (consulté le ).
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