Mont Granier
Le mont Granier est un sommet situé dans les Alpes françaises, entre la commune de Chapareillan (département de l'Isère) et celle d'Entremont-le-Vieux (département de la Savoie), limitant au nord-est le massif de la Chartreuse. Il domine la vallée du Grésivaudan et la combe de Savoie de sa face est d'une part, et la cluse de Chambéry de sa face nord d'autre part.
Pour les articles homonymes, voir Granier.
Mont Granier | |
Le Granier, photographié au niveau des Ravines en 2016, montrant le résultat de l'écroulement de janvier 2016. | |
Géographie | |
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Altitude | 1 933 m[1] |
Massif | Massif de la Chartreuse (Alpes) |
Coordonnées | 45° 27′ 53″ nord, 5° 55′ 31″ est[1] |
Administration | |
Pays | France |
Région | Auvergne-Rhône-Alpes |
Départements | Isère, Savoie |
Ascension | |
Voie la plus facile | par le sud |
Géologie | |
Roches | Calcaire |
Cette face nord est constituée d'une falaise de près de 900 m de hauteur, apparue dans la nuit du 24 au à la suite d'un gigantesque glissement de terrain ayant fait disparaître une partie de la montagne. C'est probablement le plus grand éboulement connu de l'histoire de l'Europe[2]. Le nombre de victimes est estimé à près de 1 000[2], et cette catastrophe a donné naissance à l'une des plus grandes falaises calcaires de France avec 700 mètres d'à-pic.
Le mont Granier domine le col du Granier, qui relie la vallée des Entremonts à la cluse de Chambéry.
Toponymie
Le toponyme Granier dérive de l'ancien français « granier, grenier » ou de « grange » (du latin granea)[3],[4]. Il s'agit du nom d'une commune de la petite région des Marches, où se trouvait un monastère — monachi Graneriis (Granarium, Granerium) — mentionné au XIe siècle dans le Cartulaires de l'église cathédrale de Grenoble dits Cartulaires de Saint-Hugues[5], et qui fut détruite par l'éboulement de 1248[3],[4]. Le nom est ensuite passé à la montagne[3],[4].
Sur une gravure de 1691 figure la mention « Mont Garnier » au lieu de « Granier », avec la représentation du fort de Mont-Mélian (qui a donné son nom à la commune de Montmélian) et de la montagne surplombant l'ancienne commune de Francin.
- Gravure de 1691 représentant le fort de Mont-Mélian, avec la mention « Mont Garnier » à droite.
- Le mont Granier, orthographié « Garnier » sur cette gravure de 1691.
Histoire
Causes de l'écroulement
Le Granier est une montagne calcaire. Il est karstique, c’est-à-dire qu'il possède un réseau de grottes et de galeries creusées par l'eau (jusqu'à 500 milligrammes de calcaire par litre d'eau de pluie). Il a ainsi été recensé 341 gouffres de 10 à 560 m de profondeur, correspondant à 66 km de galeries. Certaines sont de grandes dimensions. Le Granier est également entaillé par de nombreuses failles. Ces réseaux constituent le point de faiblesse de la montagne qui, combiné avec des pluies abondantes, conduira à la catastrophe.
Les causes physiques exactes de l'écroulement font encore débat, bien que la thèse de Jean Goguel et Albert Pachoud, parue en 1972, semble gagner les faveurs des spécialistes[6]. Une partie de la corniche, calcaire, cède, et tombe sur un terrain composé de strates de marnes valanginiennes, gorgées d'eau des pluies abondantes de l'automne. Cette chute déclenche un glissement du terrain marneux. Le frottement des strates l'une contre l'autre, pendant ce glissement, crée une élévation de la température qui provoque la vaporisation de l'eau présente dans les interstices. Cette vaporisation de l'eau accélère le glissement et génère des coulées de boue. Celles-ci entraînent dans leur chute non seulement les fragments de la corniche, mais également tout un pan de la montagne, qui vient de perdre ainsi une partie de la base sur laquelle elle était posée. La largeur de la falaise ainsi créée est de 700 à 800 m, sa hauteur est d'environ 900 m.
Une explication légendaire à l'effondrement était une punition divine infligée à Jacques Bonivard, qui avait chassé les moines du prieuré de Saint-Benoit à Granier et s'était installé chez eux[7]. Une autre version indique que sa réussite rapide au sein de la cour de Savoie, ainsi que sa prétendue « cupidité », auraient provoqué « la colère divine » et donc l'écroulement[8]. Ces moines s'étaient réfugiés dans le sanctuaire de Notre-Dame de Myans.
Dommages et destructions
Au pied de la montagne se trouvait la ville de Saint-André, siège du décanat de Savoie. Les comptes d'une dîme ecclésiastique pour 1011 indiquent une population de 3 000 habitants[7].
Le nombre de victimes a souvent été estimé à plus ou moins 5 000 personnes, reprenant les estimations des textes médiévaux. Amédée Guillomin, dans un article, « Les Abîmes de Myans » paru dans la Revue de géographie alpine en 1937, interroge les différents documents relatifs à la catastrophe et démontre que même avec des estimations basses d'une population de 3 600 habitants sur le territoire, on se trouverait avec une densité de plus 240 hab./km2. En 1937, la densité locale de la cluse chambérienne, sans la ville, est estimée à 85 hab./km2[9]. Ainsi, il estime que le nombre de victimes envisagées peut être tout au plus de 2 000 personnes. Estimation que l'on retrouve dans des ouvrages plus récents[10].
Cinq paroisses ont été entièrement détruites par ensevelissement[11],[12] : Cognin[13], Vourey, Saint-André, Granier, Saint-Pérange (également appelé Saint-Péran). Deux autres paroisses ont été partiellement détruites (Myans et Les Murs).
Le mont Granier s'appelait auparavant le mont Apremont, et a été rebaptisé à la suite de cette catastrophe avec le nom d'un des villages engloutis. Réciproquement, le village d'Apremont, construit sur les éboulis, a pris l'ancien nom de la montagne[14].
Formation des abymes de Myans
Le volume des éboulis est estimé à 500 millions de m³, les roches de la corniche ayant déclenché l'éboulement ne composant que 1 % du total.
Les éboulis ont suivi la pente naturelle vers le nord-est et ont été stoppés par les moraines des Marches, de Murs et de Seloge (soit un peu plus loin que le tracé de l'autoroute actuelle). Les chercheurs du laboratoire de géologie de l'Université de Savoie ont ainsi calculé que le déficit de terrain se montait à 180 m sous le col du Granier, et qu'il y avait une accumulation sur certaines zones de plus de 40 m d'éboulis. Située à Myans, la Pierre Hachée, de plus d'un millier de mètres cubes, a roulé sur 5 km[7].
La zone d'épandage fait environ 23 km2, avec une longueur et une largeur maximales de, respectivement, 7,5 km et 6,5 km. Cette zone, appelée les abymes de Myans à cause de la forme bosselée qu'a pris le terrain, est utilisée depuis le début du XIVe siècle pour la culture des vignes : Apremont (AOC) et Abymes (AOC). Des dépressions sont apparues, dont certaines font naître de nouveaux lacs, tel le lac de Saint-André, proche de l'emplacement occupé par le village enseveli du même nom, ou le lac Noir.
Récits
Même sans témoin visuel connu, il y eut plusieurs textes relatifs à cette catastrophe, rédigés entre 1250 et 1283. À savoir :
- Annales Ordinis Carthusiensis ab initio ad annum 1283[15]
- du moine bénédictin anglais Matthieu Paris, dans La grande chronique, Histoire des Anglais, Abrégé des chroniques, Les fleurs des histoires,
- du moine dominicain français Étienne de Bourbon, dans le Traité des diverses matières à prêcher,
- du moine franciscain Fra Salimbene, de son vrai nom Ognibene, dans Chronique,
- du moine dominicain Martin d'Opava, dit « le Polonais », dans Chronique des souverains pontifes et des empereurs,
- de la congrégation de moines dominicains « Les Frères Prêcheurs », dans Les Annales d'Erfurt des Frères Prêcheurs,
- du prieur dominicain français Géraud de Frachet, dans Chronique universelle.
Les textes complets, en versions originale (latin) et traduite, sont présentés et commentés dans le livre de Jacques Berlioz.
Même si Matthieu Paris identifie des causes physiques possibles (tremblement de terre, tempête concomitante sur les côtes anglaises), il considère qu'il s'agit d'une punition divine et rejette la faute sur les Savoyards, qu'il accuse de trois péchés : ce sont des usuriers hypocrites, ils pratiquent la simonie et ils abusent les voyageurs de passage[16]. Son jugement est sans doute influencé par la haine qu'il porte aux Savoyards, à la suite des épousailles en 1236 du roi Henri III Plantagenêt avec Éléonore de Provence, petite-fille du comte de Savoie Thomas Ier, dont l'entourage savoyard prend trop d'importance, selon lui, dans les affaires du royaume d'Angleterre. D'autres contemporains ont pu considérer qu'il s'agissait d'une punition divine voyant l'alliance du comte de Savoie avec l'empereur contre le pape[17].
Étienne de Bourbon considère lui aussi qu'il s'agit d'une punition divine, mais sur la faute d'un seul homme : Jacques Benevais (ou Bonivard). Conseiller du comte de Savoie Amédée IV, il intrigua auprès du pape Innocent IV pour obtenir la jouissance d'un prieuré sous la promesse de détourner son maître de l'empereur Frédéric II et le ramener sous l'influence papale. L'éboulement eut lieu la nuit même du jour où il expulsa sans ménagement les moines du prieuré.
Fra Salimbene y voit plutôt l'accomplissement de la parole divine et fait référence au livre de Job : « Hélas ! Comme une montagne finit par s'écrouler, le rocher par changer de place, l'eau par user les pierres, l'averse par emporter les terres, ainsi, l'espoir de l'homme, tu l'anéantis » (Job, 14, 18-19). Ainsi que « Il déplace les montagnes à leur insu, et les renverse dans sa colère » (Job, 9, 5).
Légende de Notre-Dame de Myans
Chacun de ces récits eut une diffusion plus ou moins importante. Celle d'Étienne de Bourbon eut un retentissement local important et fut la base d'une légende apparue probablement au XVIe siècle et dont plusieurs variantes furent créées les siècles suivants.
La légende est la suivante : « Les moines expulsés du prieuré se réfugièrent dans l'église Notre-Dame de Myans, et prièrent la Vierge, qui arrêta les diables et leur œuvre destructrice au pied de l'édifice religieux. » Cette légende transforme une punition divine en lutte du Bien contre le Mal, plus en rapport avec le mode de pensée de l'époque.
Le point de départ de cette légende semble être tiré d'une copie du récit d'Étienne de Bourbon appartenant à Pierre de Tarentaise, à laquelle un épilogue rajouté fait référence pour la première fois. Par la suite, cette légende se retrouve dans le Récit du placard de Myans ; dans le texte du pèlerin Greffin Affagart, en 1533, revenant de Terre sainte ; dans les textes du Père Picquet en 1610 et du Père Jacques Fodéré en 1619 ; dans le spicilegium de Dom Luc d'Achery rapportant une chronique de Nicolas de Treveth ; du Père Gonon dans le Cronicon S. Deiparae Virginis en 1637 ; du Père Ménestrier en 1696.
Écroulement du 9 janvier 2016
Dans la nuit du 8 au , une partie du pilier nord-ouest s'éboule en direction d'Entremont-le-Vieux, où les habitants sont réveillés à 5 heures du matin[18],[19]. Cet événement gravitaire est le plus important observé sur cette montagne instable depuis 1953[20], même s'il demeure bien moins important que ce précédent.
L'éboulement, visible depuis Chambéry, fait 85 mètres de large sur 185 mètres de haut et part du pied de la croix installée en 1938. L'effondrement représente 55 000 m3[21] de roche, sur une hauteur de 187 mètres et une largeur de 72 mètres[22],[23]. Les derniers éboulis sont arrêtés par des arbres à 300 m des maisons les plus proches[2], aux hameaux de Tencovaz et des Brancaz[24].
La Direction des applications militaires du Commissariat à l'énergie atomique a enregistré l'écroulement à 2,4 sur l'échelle de Richter, à 4 h 57[25], ressenti jusqu'à la station de mesure du Valgaudemar[26]. Selon Fabien Hobléa, enseignant-chercheur au CNRS et à l'Université Savoie-Mont-Blanc, l'éboulement aurait été causé par l'infiltration des pluies continues dans les fractures de la roche calcaire[27]. Des fissuromètres installés depuis 1995[28] n'ont pas mesuré d'évolution des fractures de décompression au sein de la montagne. Compte tenu du pendage des strates urgoniennes de la partie sommitale (orienté de 10° vers l'est), l'écroulement de ce pilier n'avait pas été envisagé par les spécialistes[29].
Série d'éboulements d'avril et mai 2016
Dans la nuit du 29 au , puis le à 7 h 45, de nouveaux éboulements ont lieu, mais cette fois sur la face Est, au-dessus du village de Chapareillan[23]. Ces éboulements sont consécutifs aux fortes variations journalières de température observées pendant quelques jours (un scénario météorologique globalement similaire à celui de ), le pilier Est du mont Granier est lui aussi sujet à une série d'éboulements[30]. Le maire de Chapareillan a interdit par arrêté l'accès au tablier d'éboulis[31] et aux sentiers passant en contrebas. D'autres éboulements avaient eu lieu depuis celui de 1248, comme une coulée de boue dans les années 1950 au-dessus de la Palud (Chapareillan)[32].
Dans la nuit du 5 au , respectivement à 2 h 17 et 2 h 19 du matin, des riverains ont été témoins de gros fracas de rochers à deux reprises ; mais sur le terrain, les volumes mis en mouvement ne semblaient pas très importants. Le , peu après 8 h 30 du matin, le ravin du Diable (pilier Est) est à nouveau ébranlé[33]. Cette fois, ce sont 50 000 m3[34] de roches qui ont été précipités dans l'abîme - le service de Restauration des terrains en montagne (RTM) a réévalué à la baisse l'évaluation de 100 000 m3 initialement annoncée par certains médias[35]. Le au matin, de fortes précipitations s'abattent sur le secteur nord du massif de la Chartreuse. Se mêlant aux éboulis, l'eau crée une lave torrentielle qui vient, à 12 h 5, couper en quatre endroits la route départementale 285a reliant Chapareillan au col du Granier[36], ensevelir à deux endroits et arracher en un point la route D12c et dévier le torrent des Glaciers[32]. Des arrêtés de fermeture de ces routes sont pris par le préfet[37] ainsi que par les maires des communes de Chapareillan et des Marches[38]. Le matin du , un éboulement de faible ampleur est constaté[39].
Cette série d'écoulements a notamment eu pour conséquence d'ensevelir l'entrée de certaines galeries souterraines (par exemple la Cuvée des Ours) ; à l'heure actuelle, l'exploration spéléologique de ce secteur est suspendue[29].
Le , la route D285a est rouverte à la circulation après plusieurs semaines de travaux. Un système de barrières (similaire à celui existant dans les gorges de l'Arly) est mis en place, afin de couper la circulation en cas d'éventuelle survenue de nouvelle coulée de lave torrentielle[40].
Tandis que la randonnée, la spéléologie et pratiques sportives, ainsi que les travaux forestiers sont interdits sur l’ensemble du massif par arrêtés municipal et préfectoral[41], une mission scientifique incluant le service de RTM est chargée d'établir le risque de formation d'un barrage sur le torrent des Glaciers et d'éboulement de trois zones instables, en installant des instruments de mesure. Le recueil des films réalisés sur les téléphones portables des riverains contribue à l'analyse scientifique[37]. En , les volumes instables sont estimés, après une modélisation par drone, à 780 000 m3 en trois masses différentes, mais proches[42].
Activités touristiques
Randonnée et escalade
La partie haute de la face nord du Granier fut gravie pour la première fois en 1967 par le guide chamoniard Yannick Seigneur en compagnie de Claude Jager, Jacques Martin, André Parat, Jean-Paul Paris et Gérard Rubaud[43]. L'intégralité de la falaise ne fut vaincue, en hivernale, que par le guide chambérien Benoît Robert, 30 ans, et son équipier Jérémie Ponson, 23 ans, du 12 au . Les deux hommes ont profité de la formation d'une langue de glace sur les 350 mètres de la partie inférieure de la falaise, la piètre qualité de la paroi n'autorisant pas son escalade en condition normale.
Pour atteindre le sommet, il existe quatre principaux itinéraires pédestres :
- Le départ de randonnée par la voie facile se situe au village de La Plagne. De La Plagne, allez au Col de l'Alpette, puis à gauche en longeant la paroi jusqu'au Pas des Barres (équipé) pour se retrouver sur le plateau. En serpentant entre les barres rocheuses, il est possible d'arriver jusqu'au sommet sud (1 933 m) puis jusqu'à la croix (1 890 m).
- Toujours en partant de La Plagne, le deuxième itinéraire part sur la gauche, à travers les prés, en direction de la grotte aux ours de la Balme à Colon (également orthographiée Balme à Collomb). Peu après la grotte, le sentier mène jusqu'au plateau, puis jusqu'au sommet.
- Le troisième itinéraire gravit quant à lui la face est. De la cabane des forestiers, située sur la route qui monte de Chapareillan au Col du Granier, suivre quelques centaines de mètres la route forestière, puis prendre un sentier sur la droite qui évite les larges serpentins de la piste, jusqu'au Pas de la porte. De là, le sentier de droite mène directement au sommet en longeant le sommet de la falaise.
- Toujours en face est, le quatrième itinéraire, le plus long, part de Bellecombe et rejoint la Porte de l'Alpette. Prendre le passage équipé du Pas des Barres, peu après sur la gauche, qui mène sur le plateau.
En 1938, une croix est installée par des membres de la Jeunesse agricole chrétienne (JAC) originaire d'Entremont-le-Vieux[44].
- La croix du Granier en .
- Vue depuis le sommet du Granier sur l'intersection entre les combes de Chambéry et de Savoie avec le mont Blanc en arrière-plan.
- Vue du plateau du Granier avec la chaîne de Belledonne en arrière-plan.
- Vue du Granier depuis le sommet du Pinet au sud.
- Vue depuis le col du Granier, au nord-ouest, départ d'un des sentiers pour le sommet.
- Vue du Granier depuis les hauteurs de Chambéry, au nord.
Spéléologie
Les spéléologues ont exploré près de 74 kilomètres de galeries sous cette montagne[45]. Sur une superficie de 2,8 km2, 454 cavités ont été recensées. Deux réseaux existent sous cette petite surface. Au nord l'ensemble trou des Auges, ressaut de 108 m, trou des Filous, grotte Arva, Cuvée des Ours[N 1],[N 2], qui relié avec le système du Granier, situé au centre du plateau, forment un réseau de 55 725 m pour une profondeur de 635 mètres[46]. Ce dernier est constitué du Gros trou Bib,trou des Panaches, gouffre des Myriades[N 3], Étoile du Berger, trou Lilou[N 4] et trou Mathieu pour les principales cavités. Au sud le système Balme à Collomb[N 5]-grotte des Pincherins de 8 336 mètres pour 283 m de dénivelé, bien connu pour son gisement d'ours des cavernes[47] est non rattaché au système du Granier. Des datations dans le trou Lilou font remonter le creusement des plus anciennes galeries à environ 4,3 Ma, au minimum au Pliocène[48]. Les réseaux plus profonds ont été formés lors des différentes glaciations du Quaternaire. Le massif du Granier actuel n'est plus qu'une partie d'un plus vaste plateau réduit par l'érosion[49]. Le drainage actuel se fait vers la source captée des Éparres, située sur la commune de Chapareillan à 970 mètres d'altitude[50].
Les ours des cavernes de la balme à Collomb
Le , les spéléologues savoyards Pierre Guichebaron et Marc Papet ont découvert dans cette cavité située à flanc de falaise (face ouest) à environ 1 700 m d'altitude, un des plus importants gisements d'ossements d'ours des cavernes au monde (plus de 1 000 individus). La disposition des squelettes a montré qu'il ne s'agissait pas d'ossements apportés ici par des prédateurs, mais d'animaux morts pendant leur hibernation il y a entre 24 000 ans et 45 000 ans, lors de la dernière période glaciaire. La fouille scientifique a débuté en 1989, sous la responsabilité de Michel Philippe, paléontologue au Muséum d'histoire naturelle de Lyon.
L'accès au fond de la grotte est réglementé et protégé par une barrière à la suite de nombreux pillages. La visite de la grotte est néanmoins autorisée au public tous les quatre ans lors de la fête de la Préhistoire[29]. Un musée à Entremont-le-Vieux retrace l'histoire des ours et de la découverte du gisement[51].
- Entrée de la grotte.
- Porche de la grotte.
- Intérieur de la balme à Collomb.
- Chantier de fouilles paléontologiques.
- Ossements d'ours.
- Carroyage des fouilles paléontologiques.
Protection environnementale
Le mont Granier est situé dans la réserve naturelle nationale des Hauts de Chartreuse.
Notes et références
Notes
- La Cuvée des Ours a pour coordonnées 45° 28′ 04″ N, 5° 55′ 55″ E.
- Suite à l'éboulement d'avril et mai 2016 certaines cavités sont inaccessibles.
- Le gouffre des Myriades a pour coordonnées 45° 27′ 34″ N, 5° 55′ 39″ E.
- Le trou Lilou a pour coordonnées 45° 27′ 24″ N, 5° 56′ 12″ E.
- La Balme à Collomb a pour coordonnées 45° 26′ 59″ N, 5° 55′ 04″ E.
Références
- « Carte IGN classique » sur Géoportail.
- « Un pan de la montagne s'effondre dans le Mont Granier, au-dessus d'Entremont-le-Vieux », France 3 Alpes, (lire en ligne, consulté le ).
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- Amédée Guillomin, « Les Abîmes de Myans (Savoie) » (p. 582-617), paru dans Revue de géographie alpine, volume 25, no 25-4.
- Christian Sorrel, Histoire de la Savoie en images : images & récits, La Fontaine de Siloé, collection « Les Savoisiennes », , 461 p. (ISBN 2-84206-347-3 et 978-2-8420-6347-4, lire en ligne), p.30-31.
- Ghislain Garlatti, L'Histoire des Marches, La Fontaine de Siloé, Collection « Les Savoisiennes », , p. 21 et suivantes.
- A. Guillomin, « Les Abîmes de Myans (Savoie) », Revue de géographie alpine, tome 25, no 4, 1937. p. 582-617 [lire en ligne].
- Cette paroisse est l'homonyme de la commune voisine de Cognin et ne doit pas être confondue avec celle-ci.
- Jean-Philippe Buord, Origine des noms des montagnes de Savoie, Color Verba, , 363 p., p. 189-190.
- Passage cité intégralement dans Notre-Dame de Myans (Diocèse de Chambery), Chez Puthod, 1856 pp. 109-110 - ouvrage publié sans nom d'auteur.
- Labbé, Les catastrophes naturelles au Moyen âge : XIIe – XVe siècle, CNRS Éditions, dl 2017, cop. 2017, 350 p. (ISBN 978-2-271-08947-2 et 2271089476, OCLC 973925486, lire en ligne), p. 61-64.
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- Jean-Jacques Delannoy, Christophe Gauchon, Fabien Hobléa, Stéphane Jaillet, Richard Maire, Yves Perrette, Anne-Sophie Perroux, Estelle Ployon et Nathalie Vanara, « Le karst : des archives paléogéographiques aux indicateurs de l’environnement », Géomorphologie : relief, processus, environnement, Paris, vol. 15, no 2, , p. 90-91 (ISSN 1266-5304, lire en ligne, consulté le ).
- Philippe Audra-Responsable d'édition, Fabien Hobléa, Jacques Nant, Robert Durand, Eric Sibert et Denis Bourgeois, Association française de karstologie, « Grottes et karts de France - Le karst du Granier, Chartreuse, et son méga-réseau souterrain », Karstologia Mémoires, Paris, Association française de karstologie, no 19, , p. 210-211 (ISBN 978-2-95-042225-5).
- Fabien Hobléa, « Méthode de réalisation d'un traçage, application au massif du Granier », sur fabien.darne.free.fr, (consulté le ).
- « Musée de l'Ours des Cavernes en Charteuse », sur musée de l'ours des cavernes.com (consulté le ).
Voir aussi
Articles connexes
- L'éboulement du Tauredunum, en Suisse, en 563.
- L'inondation catastrophique due au lac naturel de l'Oisans (créé à la suite d'un éboulement), dans la nuit du 14 au , causant le décès de la moitié de la population de Grenoble.
- Éboulements des Diablerets, en Suisse, en 1714 et 1749.
- Le risque d'éboulement des Ruines de Séchilienne, dans la vallée de la Romanche en Isère, qui créerait alors un lac naturel dont la rupture pourrait inonder les zones urbanisées et industrialisées des environs de Grenoble.
Bibliographie
- Jacques Berlioz, L'effondrement du mont Granier en Savoie (1248), Histoire et légendes., Centre alpin et rhodanien d'ethnologie, 1998 (ISBN 2-85924-008-X)
- Jean Bertolino, Et je te donnerai les trésors des ténèbres, roman, éditeur Calman-Lévy, 2014 (ISBN 978-2-7021-5527-1).
- (en) Fabien Hobléa, Philipp Häuselmann et Peter Kubik, « Cosmogenic nuclide dating of cave deposits of Mount Granier (Hauts de Chartreuse Nature Reserve, France): morphogenic and palaeogeographical implications Datation par la méthode des isotopes cosmogéniques de sédiments endokarstiques du mont Granier (Réserve Naturelle des Hauts de Chartreuse, France) : implications morphogéniques et paléogéographiques », Géomorphologie relief processus environnement, Groupe français de géomorphologie, no 4, , p. 395-406 (lire en ligne, consulté le ).
- Albert Pachoud, Notre-Dame de Myans, Trésors de la Savoie en 1983 (n° éditeur AFNIL 9034 88)
- Parc Naturel Régional de Chartreuse, Guides Gallimard - Éditions Nouveaux Loisirs, 1999 (ISBN 2-74-240539-9)
- Spéléo club de Savoie et CDS 73, Fédération française de spéléologie, « Atlas du Granier souterrain », Grottes de Savoie : bulletin du CDS 73, Péronnas, Comité départemental de spéléologie de Savoie, no 17, , 30 cm (présentation en ligne).
Filmographie
- Claude-Pierre Chavanon, Le secret du Granier, 52 minutes, Octogone-Productions : documentaire in situ dans lequel archéologues, géologues, spéléologues, ethnologues et historiens expliquent pourquoi et comment le Granier s'est effondré en partie et pourrait récidiver ; images de synthèse reconstituant la catastrophe médiévale.
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