Mouvement autonomiste jurassien

Le Mouvement autonomiste jurassien (MAJ) (anciennement Mouvement séparatiste jurassien (MSJ) ainsi que Rassemblement jurassien (RJ) et Unité jurassienne (UJ)) est un mouvement autonomiste et séparatiste jurassien. Le MAJ lutte pour l'indépendance de l'ensemble du territoire historique de la région jurassienne envers le canton de Berne et la réunification du Jura bernois à la République et Canton du Jura. Il est l'un des acteurs majeurs de la Question jurassienne.

Mouvement autonomiste jurassien (MAJ)
Le canton du Jura, le Jura bernois (Jura sud) ainsi que Moutier qui est aujourd'hui au centre de la Question jurassienne.

Devise : « Une terre, un peuple, un Jura »

Situation
Région Suisse :
Jura
Berne
Création 30 novembre 1947
Ancien nom Mouvement séparatiste jurassien (1947-1951)
Rassemblement jurassien (1951-1994)
Unité jurassienne (1975-1994)
Changement de nom 9 septembre 1951
20 mars 1994
Type Organisation patriotique, autonomiste et séparatiste
Domaine Question jurassienne
Siège Delémont (1947-1951)
Moutier (1951-1994)
Coordonnées 47° 16′ 52″ N, 7° 22′ 51″ E
Langue français
Organisation
Membres 3500
Président Laurent Coste
Secrétaire Général Pierre-André Comte
Personnes clés Daniel Charpilloz
Roger Schaffter
Roland Béguelin

Site web www.maj.ch

But

Entre 1947 et 1975, son but visait à une séparation du peuple jurassien et de son territoire historique vis-à-vis du canton de Berne ainsi que la création d'un canton indépendant au sein de la Confédération.

Depuis 1975, son but est de réunifier le Jura bernois avec les trois districts composant l'actuel canton du Jura[1].

Historique

Premier Mouvement séparatiste jurassien (MSJ)

Un premier Mouvement séparatiste jurassien est créé en 1917. Alfred Ribeaud en est l'animateur principal[2]. Mais celui-ci reste un acteur mineur au problème jurassien.

Deuxième Mouvement séparatiste jurassien (MSJ)

Le , à la suite de l'affaire Moeckli, Norbert Clémence, Roger Schaffter, Daniel Charpilloz, Georges Membrez, Victor Beuchat, Roland Béguelin et Jean Chappuis se rencontrent à Porrentruy dans le but de créer un grand mouvement de protestation à l'encontre du Gouvernement bernois[3].

Le drapeau de l'actuel canton du Jura était le symbole de ralliement du Rassemblement jurassien.

Le « Mouvement séparatiste jurassien (MSJ)» est finalement fondé par Daniel Charpilloz, Roland Béguelin et Roger Schaffter le à l'hôtel de la gare de Moutier. Le groupe souhaite une séparation avec le canton de Berne et le , les autonomistes organisent leur première Fête du peuple jurassien. Ce rassemblement deviendra alors annuel. La même année, le MSJ lance son organe de propagande Le Jura libre. Le , la première manifestation publique du MSJ a lieu à Sonceboz[2].

Plusieurs amendements sont présentés au peuple, le , afin de renforcer le Jura bernois, dont une modification de la Constitution bernoise qui fait du français l'unique langue officielle dans les districts francophones. Le corps électoral bernois reconnaît également l'existence d'un « peuple jurassien ». Mais les réformes paraissent insuffisantes au MSJ.

Le , le MSJ se rebaptise « Rassemblement jurassien (RJ) »[4].

Rassemblement jurassien (RJ)

Dans les années 1950, le RJ agit de manière ferme mais sans aller dans l'agressivité. Le RJ souhaite la création d'une République et Canton du Jura dans le respect du fédéralisme suisse[5].

Carte du résultat de la votation du .

Le , le RJ annonce lancer une initiative cantonale «en vue d'organiser dans le Jura une consultation populaire sur le problème de l'autonomie». Le , le RJ dépose son initiative, ayant récoltée 23 336 signatures, à la Chancellerie bernoise, qui passe en votation le . Le RJ essuie alors un échec[6] : La majorité du canton de Berne refuse l'initiative (mais le oui est présent dans les sept districts jurassiens). Le RJ insiste alors sur l'immigration massive d'Alémaniques au cours du XIXe siècle qui aurait influencé les votes. Le RJ dit alors vouloir continuer sa lutte.

En , le RJ lance quatre initiatives cantonales, à savoir : Pour la création d'un Office de la circulation routière à Tavannes, Pour la création d'une ferme-pilote aux Franches-Montagnes, Pour l'allégements fiscaux en faveur de la famille et Pour l'abolition du système des procurations dans l'exercice du droit de vote. Ces quatre initiatives seront rejeté par le peuple le [2].

Au début des années 1960, le RJ se relance, sous l'impulsion principale de Roland Béguelin. Ce dernier « redéfinit l'appartenance au peuple jurassien selon des critères ethno-linguistiques, et vise à créer un état de nécessité politique en internationalisant le conflit »[5]. Le RJ va alors créer plusieurs structures militantes : les jeunes groupés dans Groupe Bélier, les universitaires dans Mouvement universitaire jurassien (MUJ), les femmes dans Association féminine pour la défense du Jura (AFDJ) et les Jurassiens de l'extérieur dans l'Association des Jurassiens de l'extérieur (AJE).

Au cours des «années de braises», allant de 1962 à 1974, le RJ, et ses mouvements, se produisent dans plusieurs manifestations, protestations, actions chocs, etc.

Le , le Conseil-exécutif bernois crée la « Commission des bons offices » chargée d'amener une solution à la Question jurassienne. En 1969, la « Commission des bons offices » publie son rapport stipulant deux choix : l’indépendance et a création d'un canton du Jura ou le statut spécial d’autonomie au sein du canton de Berne[5]. À la suite de cela, un additif constitutionnel passe en votation populaire et est accepté le [N 1]. Il détermine les modalités d'une procédure d'autodétermination dans le Jura bernois en trois étapes de votation, appelées : plébiscites[2].

  • Premier plébiscite : Décision des 7 districts concernés de créer un nouveau canton;
  • Deuxième plébiscite (sur initiative) :
    1. En cas de non majoritaire dans l'ensemble du Jura, les districts ayant voté oui peuvent revoter pour se séparer de l'ancien canton;
    2. En cas de oui majoritaire dans l'ensemble du Jura, les districts ayant voté non peuvent revoter pour choisir de rester dans l'ancien canton;
  • Troisième plébiscite : à la suite de ces deux votes, les communes limitrophes avec la nouvelle frontière peuvent choisir, sur référendum, de rester dans le canton de Berne ou dans le canton du Jura.

Lors du premier plébiscite, le , une majorité se dégage en faveur de la création d'un nouveau canton[7]. Le RJ se félicite alors de cette nouvelle. Cependant, les milieux antiséparatistes engagent les procédures afin d'organiser, par le biais d'initiatives, le deuxième plébiscite dans les districts méridionaux où le non fut majoritaire (Moutier, Courtelary, La Neuveville et Laufon)[2]. Lors de ce deuxième plébiscite, les et , ces quatre districts votent en faveur de leur maintient dans le canton de Berne. Le RJ dénonce alors un «éclatement» du Jura causé par les antiséparatistes et dépose des recours contre le deuxième plébiscite, qui seront rejetés par le Conseil Fédéral[8]. C'est à ce moment que son but change : le RJ recherche la réunification sous le canton du Jura. Les séparatistes se trouvant dans le Jura bernois vont alors se regrouper, dès 1976, dans l'Unité jurassienne (UJ). Son but est le même que le RJ[9].

Le futur canton du Jura est accepté, en votation, par le peuple suisse, le , et entre en souveraineté le .

En 1984, lors de la révélation de «l'Affaire des caisses noires bernoises» (découverte que des fonds secrets ont été versé aux organisations antiséparatistes par le gouvernement bernois), le RJ veut alors se saisir de la justice et demande réparation. Le RJ propose donc que c'est le gouvernement de la République et Canton du Jura qui doit déposer plainte au Tribunal fédéral et non les mouvements séparatistes[N 2]. La plainte demande au Tribunal Fédéral « l'annulation du résultat des votes entachés d'irrégularités qui ont permis le retour des districts de Courtelary, Moutier, La Neuveville, ainsi que des communes de Moutier Grandval, Perrefitte, Rebévelier, La Scheulte et Roggenbourg dans le canton de Berne » et ordonne « des mesures pour permettre aux populations de se prononcer librement sur leur appartenance cantonale »[10]. Le Tribunal Fédéral rejet la plainte car la République et Canton du Jura n'existait pas à l'époque des faits.

Unité jurassienne (UJ)

Fondé le 11 avril 1975 à Tavannes, par Georges Droz, l'Unité jurassienne (UJ) est le mouvement autonomiste des districts resté bernois (à savoir (Moutier, Courtelary et La Neuveville) après le deuxième plébiscite du 16 mars 1975. Ce mouvement est né dans l'idée de réunir tous les séparatistes du Jura méridional.

Mouvement autonomiste jurassien (MAJ)

Le , le Rassemblement jurassien fusionne avec l'Unité jurassienne. L'organisation change de nom pour Mouvement Autonomiste Jurassien (MAJ)[5].

Le , le MAJ réorganise sa ligne politique pour sauvegarder les intérêts du peuple jurassien. Le MAJ renonce à l'objectif réunification tout en confirmant son ambition de libérer les districts méridionaux du canton de Berne.

Le , le MAJ organise un vote consultatif à Moutier. Les citoyens rejettent de justesse le rattachement de leur commune au canton du Jura (1 891 oui (pour le Jura) et 1 932 non (pour le canton de Berne) (50,5 %)).

Le , le MAJ lance l'initiative cantonale "Un seul Jura" qui impose l'étude d'un nouvel État à six districts par l'Assemblée Interjurassienne.

Le , le MAJ change son slogan à la suite du vote sur l’appartenance cantonale de Moutier. Pour le président du MAJ, il est nécessaire de se tourner vers l’avenir avec un nouveau cri de ralliement : « Une terre, un peuple, un Jura ».

Organisation

MSJ et RJ

Présidents[5]
  • 1947-1954 : Daniel Charpilloz
  • 1954-1965 : André Francillon
  • 1965-1980 : Germain Donzé
  • 1980-1991 : Bernard Mertenat
  • 1991-1994 : Christian Vaquin
Secrétaires généraux[5]

UJ

Présidents[9]
  • 1976-1978 : Alain Charpilloz
  • 1979-1980 : Ivan Vecchi
  • 1980-1982 : Jean-Marie Mauron
  • 1982-1987 : Jean-Claude Crevoisier
  • 1988-1994 : Pierre-André Comte

MAJ

Laurent Coste, président du MAJ depuis 2012.
Présidents[5]
  • 1994-2012 : Christian Vaquin
  • Depuis 2012 : Laurent Coste
Secrétaires généraux[5]

Logos

Personnalités

Liste, non exhaustive, de membres connus :

Mouvements associés

Pour donner du poids retentissement à sa cause, Roland Béguelin s'appuyait sur d'autres combat séparatistes à travers le monde, à savoir les séparatismes Québécois, Wallon et Valdôtain[11] En 1983, la canton du Jura signe le premier accord de coopération d'un canton avec une région étrangère (en l'occurrence, avec le Québec)[11]. Le canton du Jura et le RJ (actuellement MAJ) conservent, encore aujourd'hui des liens avec ceux qu'ils appellent «les peuples frères» minoritaires, de Wallonie, de la Vallée d'Aoste ou du Québec[11]. De plus, à chaque fête du peuple jurassien, les drapeaux de ces régions sont présents à côté du drapeau jurassien.

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. Berne : 90'358 oui et 14'133 non; Jura : 20'421 oui et 2'259 non
  2. En présentant la République et Canton du Jura comme lésée, le Gouvernement jurassien a pensé que le poids en serait plus grand.

Références

  1. Mouvement autonomiste jurassien (MAJ), « Statuts » , sur www.maj.ch (consulté le )
  2. Chronologie-jurassienne, « chronologie : Problème jurassien » , sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  3. Chronologie jurassienne, « Chronologie : Béguelin, Roland » , sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  4. Chronologie jurassienne, « Rassemblement jurassien » , sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  5. Claude Hauser (Dictionnaire du Jura), « Rassemblement jurassien (RJ) » , sur www.diju.ch, (consulté le )
  6. 15 163 oui et 16 354 non, soit respectivement 48,1 et 51,9 %, source Adolf Gasser, Berne et le Jura, Berne, Imprimerie fédérative SA, , « IV. La question du Jura nord », p. 58
  7. Chronologie jurassienne, « Plébiscite » , sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  8. Chronologie jurassienne, « Plébiscite JU-Sud 1975 » , sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  9. Emma Chatelain (Dictionnaire du Jura), « Unité jurassienne » , sur www.diju.ch, (consulté le )
  10. Chronologie jurassienne, « Caisses noires BE » , sur www.chronologie-jurassienne.ch (consulté le )
  11. Serge Jubin, « Le Jura célèbre le temps de ses amitiés québécoises », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne , consulté le )
  12. Stéphanie Lachat (Dictionnaire du Jura), « Association féminine pour la défense du Jura (AFDJ) » , sur www.diju.ch, (consulté le )
  13. Emma Chatelain et Pierre-Yves Donzé (Dictionnaire du Jura), « Association des Jurassiens de l'extérieur » , sur www.diju.ch, (consulté le )
  14. Emma Chatelain (Dictionnaire du Jura), « Groupe Bélier » , sur www.diju.ch, (consulté le )
  15. « Conférence des peuples de langue française » , sur web.archive.org, (consulté le )
  16. Henri-Dominique Paratte, Entre tradition et modernité, nationalisme et ouverture : Jura-Acadi, réflexions 1997, Les Presses de l'Université d'Ottawa Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF), (lire en ligne [PDF])
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