Mur d'Aurélien
Le mur d'Aurélien est une enceinte fortifiée antique protégeant la ville de Rome, en Italie, construite entre 271 et 282, sous le règne des empereurs Aurélien et Probus.
Mur d'Aurélien | |
Une section du mur d'Aurélien entre la Porta Ardeatina et la Porta San Sebastiano. | |
Lieu de construction | Rome |
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Date de construction | 271 à 282 |
Ordonné par | Aurélien |
Type de bâtiment | Enceinte fortifiée |
Hauteur | Jusqu'à 10 m |
Longueur | 19 km |
Le plan ci-dessous est intemporel. Tracé du mur d'Aurélien (en rouge) |
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Coordonnées | 41° 52′ 24″ nord, 12° 29′ 56″ est |
Liste des monuments de la Rome antique | |
Cette protection n'empêcha pas plusieurs sacs de Rome au cours du Ve siècle et fut mise à contribution lors des affrontements entre les Ostrogoths et le général Bélisaire au cours de la reconquête de l'Italie par Constantinople au VIe siècle. En revanche, elle protégea efficacement Rome contre les raids sarrasins du haut Moyen Âge.
La plus grande partie du mur d'Aurélien subsiste encore actuellement. Il constitue la limite administrative du Municipio I, baptisé « Centro Storico », dans lequel 20 des 22 rioni (quartiers historiques) se trouvent.
Caractéristiques
À sa construction, le mur s'étend sur 19 km et entoure une superficie de 13,7 km2. Il est construit en béton recouvert de briques, est épais de 3,5 m et haut de 8 m, atteignant par endroits 10 m. Une tour quadrangulaire fait saillie tous les 100 pieds romains (29,6 m). Au Ve siècle, la hauteur du mur est doublée à 16 m. Vers 500, il possède 383 tours, 7 020 créneaux, 18 portes principales, 5 poternes, 116 latrines et 2 066 grandes fenêtres[1].
Il s'appuie sur le cours du Tibre et les collines à l'est du fleuve. Un bastion avancé sur le mont Janicule protège le quartier du Trastevere (Transtiberim en latin) et les principaux ponts sur le Tibre. En revanche le mont Vatican demeure sans protection. Le tracé s'appuie également sur un certain nombre de monuments existants, tels que la caserne de la garde prétorienne, un petit amphithéâtre, des tombeaux dont la pyramide de Cestius, les arches des aqueducs sur l'Esquilin, les substructions des jardins en terrasses sur le Pincio.
Le mur comporte un soubassement en blocage (opus caementicium), haut d'environ 8 mètres, surmonté de chambres voûtées appuyées contre un mur extérieur d'un mètre d'épaisseur. Un chemin de ronde couronne l'édifice. Les chambres servent de salle d'armes et de magasins, et diminuent le volume à construire.
Historique
Au IIIe siècle, les limites de Rome se sont étendues bien au-delà de l'ancienne muraille Servienne, construite pendant la période républicaine à la fin du IVe siècle av. J.-C.. Rome reste non-fortifiée pendant les siècles suivants. Le besoin de défenses plus adaptées devient critique pendant la crise du troisième siècle, lorsque des tribus barbares passent les limes de Germanie et que l'armée romaine les arrête avec difficulté. L'incursion des barbares jusqu'en Italie du Nord sous Gallien (260-268), Claude le Gothique (268-270) et au début du règne d'Aurélien (270-275) laisse craindre une attaque de Rome.
En 270, les Juthunges et les Vandales envahissent le nord de l'Italie, infligeant une sévère défaite à l'armée romaine à la bataille de Placentia en 271 avant d'être finalement repoussés. Des troubles éclatent à Rome à l'été 271, lors de la rébellion des ouvriers de la monnaie ; plusieurs milliers de personnes meurent dans les combats qui en résultent[2]. Aurélien réorganise militairement les frontières danubiennes de l'Empire et prend la décision de construire une nouvelle enceinte fortifiée autour de la capitale, la défense par le mur servien étant devenue insuffisante.
La construction du mur d'Aurélien est une mesure d'urgence face aux invasions barbares. L'historien Aurelius Victor déclare explicitement que le projet vise à soulager la vulnérabilité de la ville[3]. Il pourrait s'agir également d'envoyer un signal politique, Aurélien indiquant qu'il fait confiance au peuple de Rome pour rester loyal, ainsi qu'une déclaration publique du pouvoir de l'empereur. La construction du mur est, de loin, le plus grand projet de construction à s'être tenu à Rome depuis plusieurs décennies, une déclaration concrète de la force toujours présente de Rome[2].
Les murs sont construits en seulement cinq ans, bien qu'Aurélien lui-même meure avant la fin du projet. La construction est accélérée — et son coût diminué — en incorporant des bâtiments existant dans la structure : l'amphithéâtre Castrense, la caserne de la Garde prétorienne, la pyramide de Cestius et une section de l'aqueduc de l'Aqua Claudia près de la porta Maggiore. Des calculs indiquent que les murs sont composés à un dixième de structures préexistantes[4]. Une zone derrière les murs est vidée et des passages pour sentinelles y sont construits afin de pouvoir le renforcer en cas d'urgence.
L'efficacité réelle des murs est discutable, du fait de la faible taille de la garnison de la ville. Les forces combinées de la garde prétorienne, des cohortes urbaines et des vigiles n'atteignent que 25 000 hommes, trop peu pour défendre l'enceinte efficacement. Le but militaire du mur n'est toutefois pas de supporter un siège prolongé : les armées barbares n'ont pas l'habitude d'assiéger des villes, étant insuffisamment équipées et fournies pour cette tâche. À la place, elles effectuent des raids contre des cibles mal défendues. Le mur d'Aurélien est une dissuasion contre de telles tactiques[5].
Le mur fait l'objet de restaurations — reconnaissables au type de maçonnerie, généralement en opus listatum (alternance de bandes de briques et de moellons) —, sous Maxence, qui améliore également les tours de garde. En 401, sous Honorius, la hauteur des murs est doublée[4]. À cette époque, le château Saint-Ange de l'autre côté du Tibre est incorporé comme forteresse dans les défenses de la ville. Totila, roi des Ostrogoths, décide de détruire les murs en 545, afin d'enlever aux Byzantins la possibilité de défendre Rome lors de la Guerre des Goths. Selon Procope de Césarée, un tiers des murs sont détruits.
Usage ultérieur
Le mur d'Aurélien continue d'être une défense militaire significative des États pontificaux jusqu'au lorsque les bersagliers du Royaume d'Italie le percent près de la porta Pia et capturent Rome. Il sert également à définir les limites de Rome jusqu'au XIXe siècle, les zones construites étant confinées à l'intérieur des murs.
Le mur d'Aurélien est remarquablement bien préservé actuellement, principalement grâce à son usage constant jusqu'au XIXe siècle. Les sections les mieux conservées s'élèvent du muro Torto (villa Borghèse) au corso d'Italia et au Castro Pretorio, de la porta San Giovanni à la porta Ardeatina, de la porta Ostiensis au Tibre et autour de la porta San Pancrazio[1].
Portes d'accès intra muros
Le mur d'Aurélien est percé de 17 à 18 portes distinctes construites selon trois styles différents en fonction de leur importance et de leur époque d'édification. Les plus importantes sont constituées de deux arcs jumeaux, flanqués de deux tours cylindriques et pavées en travertin. Les portes de seconde importance ne sont constituées que d'un seul arc flanqué de deux tours cylindriques et pavées d'opus latericium. Enfin les portes mineures sont faites d'un seul arc encadré par des tours quadrangulaires communes. La porta Maggiore, avec son aqueduc, échappe cependant à cette règle.
Au cours des siècles, quelques portes changent de noms, voire sont déplacées, comme la porta Pia qui est reconstruite entre 1561 et 1565 par Michel-Ange à une centaine de mètres de distance sur ordre du pape Pie IV.
Le tableau suivant récapitule les portes en partant de la plus au nord et en tournant dans le sens horaire :
Porte | Via | Notes | Coordonnées | Illus. |
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Porta del Popolo (Porta Flaminia) | Via Flaminia | 41° 54′ 42″ nord, 12° 28′ 34″ est | ||
Porta Pinciana | 41° 54′ 34″ nord, 12° 29′ 18″ est | |||
Porta Salaria | Via Salaria | 41° 54′ 39″ nord, 12° 29′ 53″ est | ||
Porta Pia | Nouvelle via Nomentana | 41° 54′ 33″ nord, 12° 30′ 04″ est | ||
Porta Nomentana | Ancienne via Nomentana | 41° 54′ 31″ nord, 12° 30′ 08″ est | ||
Porta Praetoriana | Ancienne entrée de la Castra Praetoria, le camp de la Garde prétorienne |
41° 54′ 30″ nord, 12° 30′ 21″ est | ||
Porta Tiburtina | Via Tiburtina | 41° 53′ 51″ nord, 12° 30′ 37″ est | ||
Porta Maggiore (Porta Praenaestina) | Via Praenaestina | Point de rencontre des trois aqueducs de la ville | 41° 53′ 29″ nord, 12° 30′ 54″ est | |
Porta San Giovanni | À côté de la basilique Saint-Jean-de-Latran | 41° 53′ 09″ nord, 12° 30′ 33″ est | ||
Porta Asinaria | Ancienne via Tuscolana | 41° 53′ 09″ nord, 12° 30′ 31″ est | ||
Porta Metronia | 41° 52′ 57″ nord, 12° 29′ 55″ est | |||
Porta Latina | Via Latina | 41° 52′ 35″ nord, 12° 30′ 09″ est | ||
Porta San Sebastiano (Porta Appia) | Via Appia | 41° 52′ 25″ nord, 12° 30′ 05″ est | ||
Porta Ardeatina | 41° 52′ 24″ nord, 12° 29′ 50″ est | |||
Porta San Paolo (ancienne Porta Ostiensis) | Via Ostiense | À côté de la pyramide de Cestius conduisant à la basilique Saint-Paul-hors-les-Murs |
41° 52′ 36″ nord, 12° 28′ 53″ est | |
Porta Portuensis | Dans le Trastevere | 41° 52′ 50″ nord, 12° 28′ 12″ est | ||
Porta San Pancrazio (ancienne Porta Aurelia) | Dans le Trastevere | 41° 53′ 18″ nord, 12° 27′ 41″ est | ||
Porta Settimiana | Dans le Trastevere | 41° 53′ 32″ nord, 12° 28′ 03″ est | ||
Porta Cornelia | Dans le Trastevere ; démolie |
Notes et références
- (en) Amanda Claridge, Rome : An Oxford Archaeological Guide, Oxford, Royaume-Uni, Oxford University Press, , 455 p. (ISBN 0-19-288003-9), p. 59, 332-335
- (en) Gregory S. Aldrete, Daily Life In The Roman City : Rome, Pompeii, and Ostia, Greenwood Press, , 278 p. (ISBN 0-313-33174-X, lire en ligne), p. 41-42
- (la) Aurelius Victor, De Caesaribus, p. 35, 7
- Coarelli 1994, p. 16
- (en) Pat Southern, The Roman Empire from Severus to Constantine, Routledge, , 401 p. (ISBN 0-415-23943-5), p. 115
Annexes
Bibliographie
- Filippo Coarelli, Guide archéologique de Rome, éditions Hachette,
Liens externes
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