Nationalisme kanak
Le nationalisme kanak caractérise un mouvement qui, depuis la fin des années 1960, vise à revendiquer la reconnaissance identitaire de la population mélanésienne de Nouvelle-Calédonie (dite Kanak) et de sa culture en une nation souveraine. Il est ainsi lié aux actions indépendantistes ainsi qu'à la doctrine du socialisme mélanésien.
Ne doit pas être confondu avec Nationalisme calédonien.
Ce mouvement a pu être porté par des membres d'autres communautés que mélanésiennes (les Européens Pierre Declercq, Maurice Lenormand, Jean-Pierre Déteix[1], Gérard Reignier ou Gérard Jodar, les Métis François Burck, Jean-Louis d'Anglebermes ou Marie-Pierre Goyetche, le Vietnamien d'origine André Dang Van Nha, les Wallisiens et Futuniens du Rassemblement démocratique océanien), et a pu être combattu par certains Kanaks (Doui Matayo Wetta, Michel Kauma, Henri Naisseline, Dick Ukeiwé, Auguste Parawi-Reybas, Delin Wema, Simon Loueckhote, Hilarion Vendégou, Auguste puis Gérard Poadja, Maurice et Léontine Ponga, Léonard Sam, Hélène Iekawé).
Chronologie
Événements culturels et identitaires
Le nationalisme kanak est d'abord apparu comme un mouvement visant à faire ressortir l'unité de la culture et de l'identité kanak, et de faire reconnaître les Mélanésiens comme un peuple à part entière.
- 3- : organisation à Nouméa du festival des arts Mélanésia 2000, à l'instigation de Jean-Marie Tjibaou, aidé notamment par son beau-père Doui Matayo Wetta, figure politique importante en Nouvelle-Calédonie depuis les années 1950 et opposant historique à toute idée d'indépendance. Lorsqu'il lance l'idée de cette manifestation en 1974, Jean-Marie Tjibaou définit ainsi son but : « Nous avons voulu ce festival parce que nous croyons en la possibilité d'échanges plus profonds et plus suivis entre la culture européenne et la culture kanak [...]. L'espoir qui sous-tend ce projet est grand. Nous devons ensemble le réaliser pour l'avenir culturel de notre jeunesse et la santé de notre pays ». Le Festival est généralement considéré comme le marqueur principal d'une prise de conscience de former un peuple homogène de la part des Kanak.
- : première diffusion de Radio Djiido, fondée par Octave Togna (militant de l'UC et du FLNKS, neveu du député Rock Pidjot), afin de porter « fièrement la voix des anti-colonialistes et des progressistes face à la propagande de l'État français [représentée selon elle par la radio publique RFO] et de la droite réactionnaire locale [représentée par Radio Rythme Bleu fondée quelques mois plus tôt] »[2].
- 1989 : création de l'Agence de développement de la culture kanak (ADCK), présidée par Marie-Claude Tjibaou, veuve du dirigeant historique de la cause nationaliste kanak, et longtemps dirigée (jusqu'en 2006) par Octave Togna.
- 4- : inauguration du Centre culturel Tjibaou, qui doit servir de pôle de développement de la création artistique kanake et un centre de diffusion de la culture contemporaine kanake affirmant la culture kanake dans son patrimoine, dans son actualité et ses créations, de lieu privilégié de rencontre et de création culturelle en Nouvelle-Calédonie suscitant l’émergence de pratiques et de références culturelles nouvelles et communes à l'ensemble de l'archipel avec la culture kanake comme « culture de référence », il[3], et de pôle de rayonnement et d’échanges culturels internationaux.
- : création de l'Académie des langues kanak (ALK).
Origines et développement du mouvement politique nationaliste kanak
- 1969 : fondation des «Foulards rouges» par Nidoïsh Naisseline, groupe d'étudiants kanaks indépendantistes influencés par les idées de gauche et contestataires liées au mouvement de Mai 68. Parmi eux, Youyoune Sipa, Henri Bailly. Surtout composé de Mélanésiens originaires des Îles Loyauté, où la présence européenne a toujours été réduite, il se concentre essentiellement sur des considérations identitaires, clamant que : « L'identité kanak est une question de vie ou de mort ». Le foulard rouge serait une référence au foulard rouge (supposé) donné par Louise Michel aux insurgés de 1878.
- 1971 : fondation du «Groupe 1878», en référence à la révolte du grand-chef Ataï, par Élie Poigoune (1945-), avec Edmond Koataiba, Madeleine et Bernadette Ayawa, Déwé Gorodey, Edmond Koataida, Gabriel Montéapo, et d'autres. Du même type que les « Foulards rouges », il est plus présent sur la Grande Terre et plus orienté vers la revendication foncière. Le journal est Andi mâ Dhö.
- : l'Union multiraciale (UMNC) du président de l'Assemblée territoriale Yann Céléné Uregeï, parti créé par des dissidents mélanésiens de l'aile gauche de l'Union calédonienne (UC, parti pluriethnique et autonomiste qui a dominé la scène politique néo-calédonienne de sa création en 1953 à 1972), prend officiellement position pour l'indépendance, et déclare : « La Nouvelle-Calédonie appartient aux Kanaks, véritables propriétaires du pays ». Il change son nom en Front uni de libération kanak (FULK).
- : à la tribu de La Conception au Mont-Dore, et dont le chef est le député et président de l'UC Rock Pidjot, une quarantaine de membres de l'UC, de l'UMNC, des Jeunesses ouvrières calédoniennes (JOC) et du « Groupe 1878 » décident de coordonner leur action au sein d'un « Comité de coordination pour l'indépendance » et à l'aide d'un manifeste commun.
- : fondation du Parti de libération kanak (Palika), par fusion des « Foulards rouges » et du « Groupe 1878 ».
- : l'UC, qui reste encore à l'époque le premier parti du Territoire même s'il n'est plus majoritaire, se prononce officiellement « pour l'autonomie, première étape sur la voie de l'indépendance » lors de son Congrès de Bourail. Lors de celui-ci, une nouvelle génération de dirigeants nationalistes ayant émergé depuis le début des années 1970 (les Kanak Jean-Marie Tjibaou, Éloi Machoro et Yeiwéné Yeiwéné, mais aussi le métis François Burck et l'européen Pierre Declercq) prend le contrôle du parti, avec le soutien de Rock Pidjot. Ce virage est confirmé au congrès de Maré de 1978, affirmant que « l'Union calédonienne s'engage résolument vers l'indépendance ».
- : Jean-Marie Tjibaou crée un Front indépendantiste (FI), alliance politique et électorale réunissant l'UC, le Palika, le FULK, le Parti socialiste calédonien (PSC) et l'Union progressiste en Mélanésie (UPM).
- : fondation du mouvement Libération kanak socialiste (LKS) par des dissidents du Palika emmenés par Nidoïsh Naisseline. Le LKS reste membre du Front indépendantiste, alors que le Palika en sort.
- : création de l'Union syndicale des travailleurs kanaks et des exploités (USTKE) par Louis Kotra Uregei, qui vise à prolonger l'action nationaliste et indépendantiste kanak au sein du mouvement ouvrier néo-calédonien.
- : à Nainville-les-Roches[4],[5], reconnaissance du droit à l'autodétermination.
- 22- : Congrès de l'Océanic à Ducos (Nouméa) pour la dissolution du Front indépendantiste et la création du Front de libération nationale kanak et socialiste, dirigé par Jean-Marie Tjibaou. Il se dote d'une charte fixant notamment l'objectif de ce nouveau mouvement : l'« indépendance kanak socialiste » (IKS) par la lutte, décidant le boycott actif des élections territoriales à venir et des institutions. Il réunit l'UC, de nouveau le Palika, le FULK, l'UPM, le PSC et l'USTKE. Le LKS refuse cette stratégie et continue à militer par une indépendance obtenue par les urnes : il ne participe donc pas à la formation du FLNKS. C'est le début des « Évènements », qui voient s'affronter violemment partisans et opposants de l'indépendance jusqu'en 1988.
- : un Gouvernement provisoire de Kanaky (GPK) est créé, présidé par Jean-Marie Tjibaou.
- : l'Assemblée générale des Nations unies (à la majorité des 3/5e de ses membres) vote la résolution 41/41 A affirmant « le droit inaliénable du peuple de la Nouvelle-Calédonie à l’autodétermination et à l’indépendance » et inscrivant l'archipel sur la liste des territoires non autonomes selon l'ONU.
- : signature de l'accord de Matignon entre le FLNKS, emmené par Jean-Marie Tjibaou, et le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR) du député Jacques Lafleur, rétablissant la paix civile et mettant fin aux « Évènements ». Un référendum d'autodétermination est prévu pour 1998.
- : l'USTKE se détache totalement du Front au nom de la séparation entre politique et syndicalisme.
- 1989-1990 : le FULK, qui a refusé les accords de Matignon-Oudinot de 1988, se retire progressivement du FLNKS.
- : lors de son XIIIe Congrès, le FLNKS opte officiellement pour une « indépendance négociée », abandonnant définitivement l'option de la lutte armée.
- : création par des Wallisiens et Futuniens de Nouvelle-Calédonie indépendantistes du Rassemblement démocratique océanien (RDO), qui tend à faire évoluer le concept d'« indépendance kanak » vers une acception plus pluriethnique.
- : le RDO devient la quatrième composante du FLNKS, aux côtés de l'UC, du Palika et de l'UPM.
- : signature de l'accord de Nouméa par le FLNKS de Rock Wamytan et le RPCR de Jacques Lafleur : l'autodétermination est repoussée entre 2014 et 2018, laissant place entre-temps à une période de transferts progressifs de pratiquement toutes les compétences de l'État à la Nouvelle-Calédonie, à l'exception des régaliennes.
- : création de la Fédération des comités de coordination indépendantistes (FCCI) par des dissidents du FLNKS partisans de négociations permanentes avec les anti-indépendantistes du RPCR, dont ils deviennent une force d'appoint dans les institutions jusqu'en 2004.
- 17- : l'USTKE (qui s'est opposé à l'accord de Nouméa) se dote d'un bras politique, le Parti travailliste, se voulant plus à gauche que le FLNKS avec une plateforme nettement anticapitaliste et altermondialiste et appelant à une « indépendance dès 2014 ».
Drames importants dans la culture nationaliste kanak
- : assassinat de Pierre Declercq, secrétaire général de l'UC. Un Collectif Pierre-Declercq est créé au sein du Front indépendantiste puis du FLNKS pour entretenir sa mémoire et revendiquer que la lumière soit faite sur les circonstances de sa mort. Un mois de manifestations et de barrages routiers s'ensuit. (Assassinat d'Émile Kutu, à Gomen).
- : dix militants indépendantistes, dont deux frères du dirigeant du FLNKS Jean-Marie Tjibaou, sont tués dans une embuscade montés par des anti-indépendantistes près de la tribu de Tiendanite à Hienghène en représailles aux incendies et aux pillages répétés de maisons de Caldoches par les militants du FLNKS dans les environs. Malgré ce drame, le FLNKS et Jean-Marie Tjibaou confirment leur mot d'ordre de lever les barrages. Les auteurs de l'embuscade sont acquittés par la Cour d'Assise le , ce que Jean-Marie Tjibaou commente en ces termes : « La chasse au Kanak est ouverte ».
- : Éloi Machoro, successeur de Pierre Declercq au secrétariat général de l'UC et « ministre de la Sécurité » du Gouvernement provisoire de Kanaky, est tué avec un autre militant indépendantiste, Marcel Nonnaro, durant un assaut de la gendarmerie pour libérer la maison d'un Européen qu'ils occupaient près de Canala. Éloi Machoro est considéré par les indépendantistes kanak comme un « martyr ».
- : « opération Victor », assaut mené sur la grotte de Gossanah à Ouvéa pour libérer des gendarmes pris en otages par des militants indépendantistes le . 19 des preneurs d'otages et 2 militaires sont tués. Les indépendantistes accusent alors les forces de l'ordre d'avoir « laissé mourir volontairement » ou « exécuté sommairement » certains preneurs d’otages après l’assaut. Ceci marque l'apogée de la violence des « Évènements », et pousse les dirigeants des deux camps à négocier un retour à la paix qui va aboutir aux accords de Matignon. La question de la prise d'otages d'Ouvéa et de son issue font toujours partie des sujets les plus sensibles au sein de l'opinion publique néo-calédonienne.
- : assassinat à Ouvéa, par Djubelly Wéa, un militant indépendantiste extrémiste issu du FULK opposé aux accords de Matignon qu'il voit comme une trahison de la part des dirigeants du FLNKS, de Jean-Marie Tjibaou et de Yeiwéné Yeiwéné, lors des cérémonies de levé de deuil des militants indépendantistes morts dans l'affaire de la grotte de Gossanah l'année précédente.
Partis politiques nationalistes actuels
- Au sein du FLNKS, de plus en plus éclaté depuis les années 1990 :
- l'Union nationale pour l'indépendance (UNI), coalition dominée par Paul Néaoutyine et généralement composée :
- du Palika (porte-parole : Paul Néaoutyine),
- de l'UPM (président : Victor Tutugoro),
- l'UC (président : Daniel Goa),
- le RDO (président : Aloïsio Sako), allié tour à tour à l'UNI ou à l'UC.
- l'Union nationale pour l'indépendance (UNI), coalition dominée par Paul Néaoutyine et généralement composée :
- Parti travailliste (président : Louis Kotra Uregei).
- Unir et Construire dans le Renouveau (UC Renouveau, président : Jacques Lalié).
- le LKS (dirigeant : Nidoïsh Naisseline).
- FCCI (président : François Burck).
Revendications
Le nationalisme kanak, partagé par une gamme importante de partis politiques qui se sont de plus en plus différenciés idéologiquement au cours du temps, est attaché à un certain nombre de revendications récurrentes :
- l'indépendantisme avec la création d'un État nation souverain centré sur un peuple Kanak généralement comparé au « poteau central de la case » (même si l'objectif d'indépendance ethnique a été abandonné par la plupart des formations indépendantistes). Cet État indépendant souhaité est le plus souvent appelé Kanaky.
- la reconnaissance de l'identité et de la culture kanak, passant par la défense et la promotion des langues kanak (dans l'enseignement, dans les médias, notamment), de la « coutume » et des traditions kanak et de la réflexion sur le rapport entre modernité, apports de l'Occident et de l'organisation sociale traditionnelle. Jean-Marie Tjibaou rejette une définition trop traditionaliste de la notion d'identité kanak, déclarant en 1985 : « le retour à la tradition, c'est un mythe. Aucun peuple ne l'a jamais vécu. La recherche, le modèle pour moi, il est devant soi, jamais en arrière ». Ce propos est repris depuis la signature des accords de 1988 et de 1998 et du concept de destin commun autant par les tenants du nationalisme que par des anti-indépendantistes à travers la phrase : « Notre identité, elle est devant nous ».
- la réforme foncière visant à gommer les effets de la colonisation, qui a créé les réserves, tandis que la terre est l'un des fondements de l'identité et donc du nationalisme kanak, comme le définit Jean-Marie Tjibaou en 1981 : « Elles [les terres] sont l'unité de notre peuple,/ Elles sont l'univers que nous partageons avec nos dieux,/ Elles sont l'élément spatial de nos alliances avec les clans frères,/ Elles font partie de notre existence ».
- le rééquilibrage, tant géographique (entre le Sud urbanisé, industrialisé et qui concentre l'essentiel des emplois et des richesses, et le reste de la Grande Terre et les Îles, d'où notamment le soutien au projet d'usine du Nord et de développement de la conurbation Voh-Koné-Pouembout) qu'économique et social.
- la limite du corps électoral, avec une condition de durée de résidence figée, la défense de l'emploi local, une définition restreinte de la citoyenneté néo-calédonienne et le contrôle strict de l'immigration.
- le nationalisme kanak a longtemps été associé au socialisme, pouvant aller du « socialisme scientifique » du Palika au socialisme mélanésien, réformiste et teinté d'inspirations chrétiennes, de l'UC.
- un lien international traditionnel fort avec le mouvement des non-alignés, le Groupe mélanésien Fer de lance et tout particulièrement le Vanuatu.
Symboles
Personnalités emblématiques
De nombreuses figures sont citées en exemple du mouvement nationaliste, qu'elles l'aient précédé ou accompagné :
- Ataï, « grand-chef » de Komalé qui a mené l'insurrection de 1878 contre les colons-éleveurs de la côte ouest de la Grande Terre et les autorités coloniales. L'un des tout premiers mouvements indépendantistes, le « Groupe 1878 », y faisait référence, tandis que la question de la recherche de la tête du grand-chef (qui a abouti le , le mensuel de Nouvelle-Calédonie Le Pays annonçant alors que son crâne avait été retrouvé au Jardin des plantes de Paris dans les réserves entreposées là pendant les travaux de restauration du Musée de l'Homme[6]) puis de son retour en Nouvelle-Calédonie devient une revendication importante pour les indépendantistes.
- Jean-Marie Tjibaou, considéré comme le dirigeant historique indépendantiste et le « père du nationalisme kanak » dont il a théorisé les principales notions et qu'il a structuré politiquement en le dotant de symboles, d'une fédération de partis (le FLNKS) et d'ébauches d'institutions pour un État indépendant.
- Pierre Declercq (bien que non kanak), Éloi Machoro ou Yeiwéné Yeiwéné, considérés comme des « martyrs » de la cause nationaliste kanak en raison des circonstances de leurs morts.
Emblèmes culturels et identitaires
- Téâ Kanaké, premier homme légendaire d'un mythe en langue paicî popularisé par Jean-Marie Tjibaou lors du festival Mélanésia 2000.
- La flèche faîtière, élément important de l'architecture traditionnelle kanak (ornant le sommet des cases), représentant le « frère aîné », à savoir le chef de clan, ou, aux Îles Loyauté, le grand chef du district. Elle se retrouve sur le logo du festival Mélanésia 2000, sur le drapeau Kanaky et sur les pavillons des Provinces Nord et des Îles Loyauté (les deux seules à majorité indépendantistes) depuis 1989. Il s'agit de l'un des trois éléments composant (avec le pin colonaire et le nautile) l'emblème de la Nouvelle-Calédonie et le logo du gouvernement local.
- Le Mwâ kâ, un grand totem symbolique réalisé en 2003 pour marquer le 150e anniversaire du rattachement à la France (le ) et pour représenter les huit aires coutumières de Nouvelle-Calédonie et le destin commun partagé avec les autres communautés de l'archipel. Initialement placé dans la cour de l'Hôtel de la Province Sud, il est déplacé le en face du musée de Nouvelle-Calédonie et du marché de Port Moselle à Nouméa. Ce lieu est devenu un lieu de rassemblement à chaque 24 septembre, s'y retrouvant généralement des dirigeants et militants indépendantistes mais aussi des officiels locaux de toutes orientations politiques.
Drapeau
Le même jour que l'installation du GPK le est hissé pour la première fois à la tribu de La Conception au Mont-Dore le drapeau dit « de Kanaky »[7], « Kanaky »[8] ou « indépendantiste »[9]. Celui-ci est toujours utilisé comme emblème par tous les partisans de l'indépendance : il flotte généralement aux côtés du drapeau français et du pavillon municipal dans les communes dont le maire est indépendantiste[10] et est devenu un motif fréquent sur tissus et vêtements. Il est toutefois rejeté par beaucoup des non-indépendantistes et plus particulièrement par ceux issus de communautés non mélanésiennes.
Le , le Congrès de la Nouvelle-Calédonie a émis le « vœu que soient arborés, ensemble, en Nouvelle-Calédonie, le drapeau dont la description est annexée et le drapeau national »[11]. Ce vœu n'ayant pas de force juridique contraignante, chaque collectivité est laissée libre de l'appliquer ou non[12]. Cette décision a depuis fortement clivé la classe politique néo-calédonienne, tant au sein des indépendantistes (le Palika et le LKS se montrant critique à l'égard de la méthode utilisée) que des non-indépendantistes (les partis Calédonie ensemble, Union pour un destin calédonien UDC, Rassemblement pour la Calédonie RPC et Mouvement de la diversité LMD, qui représentent 15 des 31 élus anti-indépendantistes au Congrès depuis 2011, s'y opposent, de même que la section locale du FN).
Influences étrangères
Le nationalisme kanak (et plus précisément l'indépendantisme calédonien) est largement soutenu par le gouvernement chinois, déjà principal sponsor du Groupe Fer de lance mélanésien[13]. Ainsi, d'après un rapport de l'Institut de recherche stratégique de l'École militaire, la Chine considère la Nouvelle-Calédonie comme une « cible prioritaire » pour ses ressources minières et ses eaux territoriales, sur laquelle elle a notamment lancé une campagne de propagande intense visant à l'intégrer dans son réseau d'influence[14]. Certains analystes redoutent donc que les discours de « décolonisation » française ne dissimulent un projet de colonisation chinoise, comme cela est déjà à l’œuvre dans plusieurs autres pays du Pacifique[13].
Références
- Claudine Wéry, Une figure politique assassinée en Nouvelle-Calédonie, Le Monde, 6 juin 2016
- Présentation de la ligne éditoriale de la radio sur son site officiel
- Selim Lander : "Le Centre culturel Tjibaou - La culture au service de la paix en Nouvelle-Calédonie", Mondesfrancophones.com
- Lenormand, Maurice-H., « Décolonisation ratée, indépendance avortée », Journal de la Société des Océanistes, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 92, no 1, , p. 141–155 (DOI 10.3406/jso.1991.2906, lire en ligne , consulté le ).
- GRAFF, Stéphanie, « Quand combat et revendication kanak ou politique de l'État français... », sur revues.org, Journal de la Société des Océanistes, Société des Océanistes, (ISBN 978-2-85430-032-1, ISSN 0300-953x, consulté le ), p. 61–83.
- « Didier Daenickx : "La tête a toujours été là" », Les Nouvelles Calédoniennes, 07/07/2011
- « Données démolinguistiques », Université de Laval
- « « 6 novembre 2007, Saint-Louis, il y a 20 ans Leopold Dawano tombait sous les balles des forces de l'ordre », Forum de Radio Djiido, 04/11/2007 »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- F. ANGLEVIEL, Histoire de la Nouvelle-Calédonie: nouvelles approches, nouveaux objets, éd. L'Harmattan, 2006, p. 79
- Nico, « Week-end à Hienghène », Blog 10 mois à Nouméa, 07/11/2007
- Le dossier La question des drapeaux en Nouvelle-Calédonie, dans la Revue juridique, politique et économique de Nouvelle-Calédonie, 16, 2010/2 reproduit ce vœu p. 41 (reproduction de la page 6341 du Journal Officiel de la Nouvelle-Calédonie, du 22 juillet 2010, p. 6341). Un reproduction en est également disponible en ligne « Vœu n°1 du 13 juillet 2010 », emblemes.free.fr,
- P. FRÉDIÈRE, P. CHATEL, « Où le drapeau FLNKS flottera-t-il vraiment ? », Les Nouvelles Calédoniennes, 20/07/2010
- Emmanuel Véron & Emmanuel Lincot, « Polynésie française et Océanie : quelles stratégies chinoises ? », sur The Conversation, .
- Paul Charon et Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, « Les opérations d'influence chinoises », sur irsem.fr, .
Bibliographie
- R. BERTRAM, « Le foncier et le culturel, vecteurs de la formation d'une conscience indépendantiste en Nouvelle-Calédonie », in J.-Y. FABERON, A. HAGE et alii, Mondes océaniens: études en l'honneur de Paul de Dekker, éd. L'Harmattan, coll. « Mondes océaniens », 2010, p. 121-130.
- [PDF] C. DEMMER, « Nationalisme kanak et génération : une approche du changement social en Nouvelle-Calédonie », texte non publié, 2003, 24 p.
- C. DEMMER, « Nouveaux enjeux fonciers et évolution du nationalisme kanak après l’accord de Nouméa, Nouvelle-Calédonie : Un éclairage sur des projets de société successifs », in J.-P. JACOB, P.-Y. LE MEUR et alii, Politique de la terre et appartenance, droit foncier et citoyenneté locale dans les pays du Sud, éd. Karthala, Paris, 2010, p. 375-402.
- D. DOMMEL, La crise calédonienne : rémission ou guérison, éd. L'Harmattan, 1993, 255 p.
- Ismet KURTOVICH, Aux origines du FLNKS, L'UNIALCO et l'AICLF (1946-1953), Nouméa, 1997, Île de Lumière éd.
- Waya Görödé, Discours contre les Blancs qui volent les terres des Noirs, Mon école du silence, Journal
Articles connexes
- Histoire de la Nouvelle-Calédonie
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- Jean-Marie Tjibaou
- Front de libération nationale kanak et socialiste
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- Socialisme mélanésien
- Kanaky
- Front uni de libération kanak
- Parti de libération kanak
- Libération kanak socialiste
- Union calédonienne
- Union progressiste en Mélanésie
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