Traquet motteux

Oenanthe oenanthe

Oenanthe oenanthe
Traquet motteux (Oenanthe oenanthe),
mâle en plumage nuptial
Classification (COI)
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Aves
Ordre Passeriformes
Famille Muscicapidae
Genre Oenanthe

Espèce

Oenanthe oenanthe
(Linnaeus, 1758)

Statut de conservation UICN


LC  : Préoccupation mineure

Juvenile.

Le Traquet motteux (Oenanthe oenanthe) est une espèce de passereaux insectivores migrateurs de la famille des Muscicapidae. C'est l'espèce de traquets la plus répandue.

Morphologie

Le Traquet motteux mesure de 14,5 à 16 centimètres de long et est donc plus grand que le Rouge-gorge familier. Chez les deux sexes la queue et le croupion sont blancs avec une tache noire en forme de T inversé au bout de la queue. Ce dernier trait est présent chez plusieurs espèces de traquets appartenant au genre Oenanthe.

Les deux sexes présentent des sourcils blancs. En été, le mâle a les parties supérieures gris pâle, la gorge beige et les ailes noires. Le masque facial est noir également. La femelle est brun pâle sur le dessus, les parties inférieures sont beiges à roux pâle et les ailes sont brun foncé. En automne, le mâle ressemble à la femelle sauf pour les ailes qui sont noires.

Comportement

Cette espèce hoche et ouvre fréquemment la queue. Le mâle possède un chant sifflé et crépitant. Le cri est un typique « tchak ».

Migration

Le traquet motteux effectue l'un des plus longs voyages de tous les petits oiseaux, traversant l'océan, la glace et le désert[1]. Il migre de l'Afrique subsaharienne au printemps vers une vaste zone de l'hémisphère Nord qui comprend l'Asie du Nord et centrale, l'Europe, le Groenland, l'Alaska et certaines parties du Canada[1]. On pourrait soutenir que certains des oiseaux qui se reproduisent en Asie du Nord pourraient emprunter un chemin plus court et passer l'hiver en Asie du Sud ; cependant, leur tendance héréditaire à migrer les ramène en Afrique[1], accomplissant ainsi l'une des plus longues migrations du règne animal pour sa taille[2].

Les oiseaux de la grande et brillante race du Groenland, leucorhoa, effectuent l'une des plus longues traversées transocéaniques de tous les passereaux. Au printemps, la plupart d'entre eux migrent le long d'une route (communément utilisée par les échassiers et les oiseaux aquatiques) de l'Afrique au Groenland en passant par l'Europe continentale, les îles britanniques et l'Islande. Cependant, des observations faites en automne à partir de navires suggèrent que certains oiseaux traversent l'Atlantique Nord directement du Canada et du Groenland jusqu'au sud-ouest de l'Europe, une distance pouvant atteindre 2 500 kilomètres (1 600 mi)[3]. On pense que les oiseaux qui se reproduisent dans l'est du Canada volent de l'île de Baffin et de Terre-Neuve aux Açores en passant par le Groenland, l'Irlande et le Portugal, traversant ainsi 3 500 kilomètres (2 200 mi) d'Atlantique Nord avant de poursuivre leur route vers l'Afrique[4].

Des dispositifs de repérage miniatures ont récemment montré que le traquet motteux effectue l'un des plus longs vols migratoires connus - 30 000 km (18 640 miles), de l'Afrique sub-saharienne à ses zones de reproduction arctiques[5].

Traquet motteux (Catalogne, Espagne)

   "Les oiseaux d'Alaska ont parcouru près de 15 000 km à l'aller et au retour, traversant la Sibérie et le désert d'Arabie, et parcourant en moyenne 290 km par jour. "C'est la plus longue migration enregistrée pour un oiseau chanteur, pour autant que nous le sachions", a déclaré le Dr Schmaljohann[5].

Répartition et habitat

Répartition

Le Traquet motteux se reproduit dans les milieux ouverts rocailleux en Europe et en Asie. Il est également présent à l'est du Canada et au Groenland. Tous les traquets motteux passent l'hiver en Afrique, ce qui fait des individus de la sous-espèce leucorhea des migrateurs longue distance remarquables.

Cet oiseau est erratique aux Antilles : il a été signalé aux Bahamas, à Cuba, à Porto Rico et à la Barbade.

Carte de répartition
  • Aire de nidification
  • Aire d'hivernage

Habitat

Il niche dans les crevasses des rochers et dans les terriers de lapins.

Alimentation

Le Traquet motteux se nourrit principalement d'insectes, de larves, d'araignées, de limaces et de petits mollusques.

Systématique

Cette espèce a été décrite par Linné au XVIIIe siècle dans Systema Naturae en tant que Motacilla oenanthe[6].

Le Traquet motteux et l'homme

Étymologie

Le nom du genre Oenanthe est également celui d'un genre de plante et est dérivé du grec ainos vin ») et anthos fleur »), ce qui réfère à l'odeur de vin des fleurs de la plante[7]. Dans le cas du Traquet, ce nom fait référence au fait que les individus retournent en Grèce au printemps en même temps que les vignes fleurissent[8].

Statut

Le Traquet motteux possède une vaste aire de répartition, estimée à 2.3 millions de kilomètres carrés, et une population estimée à 2.9 millions d'individus. Ainsi cette espèce est loin d'avoir atteint le seuil pour être placée sur la liste des espèces vulnérables (c'est-à-dire une diminution de plus de 30 % en 10 ans ou trois générations) et est considérée de préoccupation mineure par l’UICN[9].

Image culturelle

Le Traquet motteux est cité dans les idées noires de Franquin, essentiellement à cause de son nom assez pittoresque dont l'emploi semble impliquer une forte culture ornithologique. Dans la planche concernée, un ouvrier du BTP affecté toute la semaine au marteau-piqueur et souffrant en conséquence d'une sorte de maladie de Parkinson, qui est également un passionné d'ornithologie fait découvrir la nature à son tout jeune neveu un dimanche ; il lui montre en particulier le traquet motteux ; malheureusement il devient fou furieux en entendant un pic épeiche qui lui rappelle son travail, il l’attrape et le piétine sauvagement en poussant des jurons affreux[10].

Annexes

Références taxinomiques

Liens externes

Bibliographie

  • del Hoyo J., Elliott A. & Christie D. (2005) Handbook of the Birds of the World, Volume 10, Cuckoo-shrikes to Thrushes. BirdLife International, Lynx Edicions, Barcelona, 895 p.

Notes et références

  1. (en) Jonathan Elphick, Atlas of Bird Migration, New York: Random House, (ISBN 0-679-43827-0, lire en ligne).
  2. (en) « Featherweight songbird is a long-distance champ », sur phys.org,
  3. (en) David Snow, The migration of the Greenland Wheatear, , 376–378 p. (lire en ligne)
  4. (en) Bairlein, F.; Norris, D.R.; Nagel, R.; Bulte, M.; Voigt, C.C.; Fox, J.W.; Hussell, D.J.T.; Schmaljohann, H., Cross-hemisphere migration of a 25 g songbird, Biology Letters (lire en ligne)
  5. (en) Gill Victoria, Tiny songbird northern wheatear traverses the world, BBC Nature, .
  6. (la) Carolus Linnaeus, Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tomus I. Editio decima, reformata., Holmiae. (Laurentii Salvii)., , 186 p.
    « M. dorso cano, fronte alba, oculorum fascia nigra »
  7. « Dropwort, Hemlock Water », A Modern herbal, Botanical.com (consulté le )
  8. « Northern Wheatear », eNature (consulté le )
  9. « Species factsheet: Oenanthe oenanthe », BirdLife International (consulté le )
  10. « Franquin - Idées Noires - 1 », sur franquin.com (consulté le ).
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