Offensive Kerenski

L’offensive Kerenski (également connue sous le nom d’offensive de Juillet[1] ou offensive de Galicie) fut la dernière offensive militaire russe de la Première Guerre mondiale.

Offensive Kerenski
Opérations sur le Front Est (1917)
Informations générales
Date 1er juillet-19 juillet 1917
Lieu Galicie, Europe centrale
Issue Victoire décisive de la Triplice
Belligérants
Russie
Roumanie
Empire allemand
Autriche-Hongrie
Commandants
Alexeï Broussilov
Ivan Erdélyi
Vladimir Selivatchiov
Lavr Kornilov
Constantin Cristescu (en)
Felix von Bothmer
Max Hoffmann
Eduard von Böhm-Ermolli
Karl Tersztyánszky von Nádas
Hermann Kövess
Forces en présence
11e armée (Empire russe)
7e armée (Empire russe)
8e armée (Empire russe)
Légion tchécoslovaque
1re armée roumaine
Armée du Sud (Allemagne/Autriche-Hongrie)
2e armée (Autriche-Hongrie)
3e armée (Autriche-Hongrie)
7e armée (Autriche-Hongrie)
Pertes
60 000 hommesinconnues

Première Guerre mondiale

Batailles

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Bataille de l'Atlantique

Planification et contexte

Alexandre Kerenski en .

Cette offensive fut décidée par Alexandre Kerenski, le ministre de la Guerre du Gouvernement provisoire russe, et menée par le général Broussilov. Une telle décision n’était pas opportune : en effet, après la révolution de Février, il existait des forts espoirs de paix dans la population, et particulièrement au sein de l’armée, dont les capacités de combat se détérioraient rapidement.

Le général Lavr Kornilov passant en revue les cadets à Moscou, 1917.

La discipline au sein de l’armée russe avait énormément souffert depuis l’abdication de Nicolas II. L’Ordre numéro 1 du Gouvernement provisoire russe affaiblit considérablement le pouvoir des officiers, donnant une importance démesurée[non neutre] aux « comités de soldats ». L’abolition de la peine de mort fut un autre facteur décisif, ainsi que la présence en grand nombre d’agitateurs révolutionnaires sur le front, et en particulier d’agitateurs bolchéviques, qui propageaient l’idée défaitiste d’une guerre longue et que Kerenski tolérait beaucoup plus que les agitateurs conservateurs. Les soulèvements et les mutineries devinrent de plus en plus courantes sur le front, les officiers furent souvent les victimes du mécontentement des soldats et certains furent même assassinés. De plus, le nouveau gouvernement russe donnait l'impression de combattre davantage pour remplir les obligations contractées auprès des Alliés que pour la victoire de la Russie, ce qui diminua la motivation des soldats et leur combativité.

Cependant, Kerenski espérait qu’une importante victoire russe lui permettrait de regagner les faveurs du peuple et restaurerait le moral des troupes, renforçant ainsi le gouvernement provisoire et montrant l’efficacité de « l’armée la plus démocratique du monde », comme on la surnommait à l’époque.

Déroulement de l’offensive

Le front en  : attaque des 11e, 7e et 8e armées russes, contre-attaque des 2e et 3e armées austro-hongroises.

Le 18 juin 1917 ( dans le calendrier grégorien), les troupes russes attaquèrent les troupes austro-allemandes en Galicie. Disposant d'une nette supériorité numérique de trois contre un, elles parvinrent à progresser dans un premier temps[2]. Les opérations impliquaient les 7e, 8e et 11e Armées russes avec en face l’Armée du Sud allemande du général von Bothmer et les 2e, 3e et 7e armées autrichiennes. Dans le même temps, une force de 3 500 légionnaires tchécoslovaques attaquent avec succès les troupes allemandes et austro-hongroises à Zboriv en Ukraine et s'emparent de la ville. La bataille de Zboriv (en), premier succès notable des Tchécoslovaques, n'eut cependant pas d'effet majeur sur le déroulement de l'offensive. Le , la 8e armée du général Lavr Kornilov lança une offensive sur le front entre Galitch et Stanislav. En déployant des régiments d’assaut, les forces russes parvinrent à repousser les troupes autrichiennes et à prendre Kalouch, Galitch et Stanislav, mais sans opérer de percée décisive. L’offensive s'enlisa ensuite, les soldats russes se mutinant et refusant de combattre. Tout s’effondra le 16 juillet[3].

Le 18, les Austro-allemands contre-attaquèrent. Rencontrant peu de résistance[4], ils avancèrent à travers la Galicie et l’Ukraine jusqu’à la Zbroutch. Les lignes russes étaient complètement brisées le 20, et le , les Russes avaient reculé de 240 kilomètres.

Conséquences

Troupes allemandes passant la Daugava à Riga, 1917.

Le Gouvernement provisoire russe se trouva très affaibli par cette catastrophe militaire, et la possibilité d’un coup d'État bolchévique devint de plus en plus réelle. Loin de renforcer le moral de l’armée russe, cette offensive prouva que les troupes n'étaient plus en état de combattre. Aucun général ne pouvait compter sur ses soldats pour exécuter les ordres qu’il donnait.

La décision d'envoyer dans la bataille une partie des troupes cantonnées à Petrograd provoqua de graves émeutes révolutionnaires, les Journées de juillet 1917. Le gouvernement Kerenski parvint à les réprimer. Le coup d’État avorté du général Kornilov, le , ajouta à la confusion : Kerenski, pour combattre les putschistes, décida de légaliser les gardes rouges bolcheviks interdits en juillet.

Le dernier affrontement entre les Russes et les Allemands dans cette guerre, la bataille de Riga, eut lieu le . Les soldats russes de la 12e armée évacuèrent précipitamment Riga en abandonnant le combat et seuls les tirailleurs lettons se replièrent en bon ordre en couvrant la retraite du reste de l'armée.

Annexes

Notes et références

  1. En Russie, on parle d’offensive de juin, июньское наступление, selon la calendrier julien, qui compte 13 jours d'avance sur le calendrier grégorien au XXe siècle.
  2. Spencer Tucker et al, World War I
  3. Selon N. Golovine (Voennye usiliâ Rossii v mirovoj vojne, Paris, 1939) un bataillon d’assaut arrêta en une seule nuit 12 000 déserteurs au village de Volotchysk.
  4. Trois compagnies allemandes mirent en déroute deux divisions de tirailleurs (la 126e et la 2e de Finlande) russes.

Bibliographie

  • (de) Alexander Fjodorowitsch Kerenski, Die Kerenski-Memoiren. Russland und der Wendepunkt der Geschichte, 1967.
  • Pritt Buttar, The Splintered Empires: The Eastern Front 1917–21, Osprey, 2017
  • Vratislav Preclík. Masaryk a legie (Masaryk and legions), váz. kniha, 219 str., vydalo nakladatelství Paris Karviná, Žižkova 2379 (734 01 Karviná) ve spolupráci s Masarykovým demokratickým hnutím (in association with the Masaryk Democratic Movement, Prague), 2019, (ISBN 978-80-87173-47-3), pages 50 - 70, 72 - 100, 124 - 128,140 - 148,184 - 190
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