Offensive Leningrad-Novgorod

L'offensive Leningrad-Novgorod est une opération stratégique soviétique lancée par l’Armée rouge le 14 janvier 1944. Cette opération doit refouler le Groupe d'armées Nord allemand par une attaque menées par les fronts de Volkhov et de Leningrad, ainsi que par une partie du 2e front balte[5], afin de mettre un terme au siège de Leningrad. En l'espace de deux semaines, l’Armée Rouge reprend le contrôle de la ligne Moscou–Leningrad, et le Joseph Staline proclame la fin du siège de Leningrad, et l'expulsion des armées allemandes de tout l’oblast de Léningrad[6]. La fin du blocus de 900 jours est célébrée à Leningrad le jour même par une salve tirée par 324 canons[5]. Au terme d'un mois de combat, les unités soviétiques atteignent leurs objectifs, le 1er mars. L’état-major soviétique ordonne ensuite à l'armée de Leningrad de poursuivre l'ennemi en traversant la Narva. Le deuxième front balte est chargé de tenir les territoires reconquis sur le 16e corps d'armée allemand[7].

Offensive Léningrad-Novgorod
Mitrailleurs soviétiques défendant la gare de Detskoye Selo in Pouchkine (21 janvier 1944).
Informations générales
Date au 1er mars 1944
Lieu Sud de la région de Leningrad, Novgorod, Pskov[1] et Narva
Issue victoire stratégique soviétique, fin du siège de Léningrad
Belligérants
Troisième Reich Union soviétique
Commandants
Georg von Küchler (jusqu'au 1er février)
puis Walter Model
Kirill Meretskov, Leonid Govorov
Forces en présence
500 000 hommes, 2 389 canons, 146 chars, 140 avions[2]822 000 hommes, 4 600 canons, 550 chars, 653 avions[2]
Pertes
24 739 hommes tués ou portés disparus, 46 912 hors de combat[3]76 686 hommes tués ou portés disparus, 237 267 hors de combat[4]

Seconde Guerre mondiale

Batailles

Front de l’Est
Prémices :

Guerre germano-soviétique :

  • 1941 : L'invasion de l'URSS

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1941-1942 : La contre-offensive soviétique

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov

Front nord :

Front central :

Front sud :

  • 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie

Front central :

Front sud :

  • 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne

Allemagne :

Front nord et Finlande :

Europe orientale :


Front d’Europe de l’Ouest


Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée


Bataille de l’Atlantique


Guerre du Pacifique


Guerre sino-japonaise


Théâtre américain

Gains territoriaux des Soviétiques de la mi-1943 à fin 1944.

Les Allemands déplorent la perte de 72 000 hommes, abandonnent 85 pièces d’artillerie d'un calibre variant de 150 mm à 400 mm. La Wehrmacht, repoussée à plus de 60 km de Leningrad, doit décrocher sur la Louga[8].

Ordre de bataille

L’opération s'est menée sur trois fronts : celui de Leningrad, le second front balte et le Front du Volkhov. Les forces soviétiques comptaient 1 241 000 hommes, 10 070 canons, 385 blindés et 370 avions, auxquels s'ajoutait la Flotte de la Baltique[9].

Contexte

Au terme de l’opération Barbarossa, les armées allemandes étaient parvenues à encercler Leningrad. Depuis, l’État-major soviétique (la Stavka) avait imaginé plusieurs opérations pour libérer les faubourgs de l’ancienne capitale des tsars. À l'automne 1943, compte tenu des succès partiels de l'année précédente, l’opération Iskra en janvier et l’offensive Siniavino à la fin de l'année 1942, les premiers préparatifs pour reprendre les faubourgs de Leningrad sont accélérés. Le premier conseil de guerre se tint le 9 septembre 1943, exactement deux ans après le début du siège[10]. On avait retenu deux plans : Neva I et Neva II ; Neva I était prévue pour le cas où les Allemands, pressés sur différents fronts, abandonnaient délibérément Leningrad pour renforcer les points les plus menacés de leur tenaille. La Stavka et les commandants soviétiques de Leningrad optaient pour cette hypothèse[10]. Neva II était prévue dans le cas où les Allemands parviendraient sous quelques mois à occuper Leningrad[10]. Ce devait être une offensive en trident, menée depuis :

L’offensive devait être lancée cet hiver-là, dès qu’on aurait massé suffisamment d’hommes et d’artillerie pour traverser la banquise sans risque[10].

Préparatifs

Côté soviétique

La Flotte de la Baltique était chargée de transporter la 2e armée de choc commandée par Ivan Fediouninski de l'autre côté du lac Ladoga, à Oranienbaum.

À partir du , cette flotte achemina 30 000 hommes, 47 blindés, 400 pièces d’artillerie, 1 400 camions et 10 000 tonnes de munitions et de ravitaillement vers les quais des usines de Leningrad, de Kanat et de la base navale de Lissi Nos vers Oranienbaum[11].

Une fois que le lac Ladoga fut pris par les glaces, 22 000 hommes, 800 camions, 140 blindés et 380 canons supplémentaires gagnèrent ce point de ralliement[11]. Lorsque l'acheminement fut terminé, on déploya l'artillerie tout autour de Leningrad, du second front balte et du front de Volkhov à raison de 200 batteries par kilomètre ; cela représentait 21 600 pièces d'artillerie classique, 1 500 lance-roquettes Katioucha et 600 canons antiaériens[11].

La Flotte de la Baltique et les aérodromes autour de Leningrad permirent de concentrer 1 500 avions supplémentaires[11],[12]. Les forces soviétiques se montaient à présent à 1 241 000, contre les 741 000 soldats allemands[13].

Le dernier conseil avant l'assaut eut lieu le à Smolny[14]. Le général Govorov, généralissime du Front de Leningrad, y fixa la liste des objectifs prioritaires. Afin de dégager les liaisons ferroviaires vers le sud-est et l'est, l'armée soviétique devait s’emparer de Gatchina, d'où l'on pourrait ensuite reprendre le contrôle de Mga, la petite gare dont la perte avait, en 1941, permis aux Allemands de couper les ravitaillements vers Leningrad. Govorov posta ses troupes conformément à ce plan[14].

Côté allemand

Vers la fin de l'année 1943, la situation du Groupe d'Armées Nord devint critique. La Division bleue et trois divisions allemandes avaient été évacuées en octobre, et simultanément le Groupe d'Armées Nord était chargé de reprendre en charge 100 km de front supplémentaires pour soulager le Groupe d'armées Centre. Pour ce qui est de la relève, le maréchal Georg von Küchler recevait la Légion bleue des volontaires croates avec trois divisions SS. Du fait de cet affaiblissement, l'Etat-major proposa une manœuvre de repli propre à réduire la ligne de front de 25%, et à écarter la menace des concentrations ennemies autour des nombreux saillants. L’opération bleue supposait un repli coordonné de plus de 240 km en janvier, pour décrocher sur la ligne formée par la barrière naturelle que constituent la Narva, la Velikaïa et les lacs Peïpous et de Pskov. Cette position, dite « ligne Panther-Wotan », s'appuyait contre des fortifications construites depuis le mois de Septembre. La retraite devait s'effectuer en plusieurs étapes, en prenant appui sur des positions défensives intermédiaires, dont la principale était la ligne Rollbahn, le long de voie ferrée October, desservant Tosno, Liouban et Tchoudovo. Là, les deux corps d'armée les plus exposés, le XXVIe et le XXVIIIe corps d'armée, devaient faire leur jonction et bivouaquer avant de reprendre leur marche vers la ligne Panther[15].

Mais au commencement de l'année, Hitler avait rejeté toutes les propositions de repli anticipé vers la « ligne Panther », et le destin du Groupe d'Armées Nord était scellé. Hitler intima l'ordre de tenir les forces soviétiques le plus loin possible de l'Allemagne, chaque mètre perdu devant être chèrement payé par les Soviétiques. Finalement, Hitler fit détacher trois divisions d’infanterie d'élite supplémentaires du groupe d'armées nord pour renforcer le Groupe d'armées Sud d’Erich von Manstein, qui abandonnait le Dniepr sous d'incessants assauts. Le maréchal von Küchler se trouvait à présent dans une position extrêmement précaire, et il pouvait s'attendre au pire sur les fronts Leningrad et Volkhov[15].

Les combats

Offensive Krasnoïe Selo–Ropcha

À la fin du , des bombardiers à longue portée de l'escadrille Balte attaquèrent les principaux postes de commandement allemands. Le , une armée formée de fantassins d'Oranienbaum et du Front Volkhov partirent à l'assaut, suivis le lendemain de la 42e armée sous les ordres d'Ivan Maslennikov depuis les hauteurs de Poulkovo[14]. Un tir de barrage exécuté le long de la ligne de front largua 220 000 obus contre les lignes allemandes[16]. Les premiers jours, une brume épaisse limita à km la progression de la 2e armée de choc et de la 42e armée, aux prises sur un front de 7 km avec les 9e et 10e division de campagne de la Luftwaffe[14], tandis que le Front du Volkhov repoussait les Allemands de km[16]. Mais le , le dégel s'amorça et la 2e armée de choc enfonça les lignes allemandes sur 23 km[8],[17] ; puis le , elle reprit Ropcha et la 63e division des Fusiliers de la Garde, une unité d'élite de la 42e armée, chassa les Allemands de Krasnoïe Selo. Le , l'armée allemande avait reculé de 100 km, et la ligne Moscou–Leningrad était remise en service[18]. Le lendemain, Staline proclama la fin du siège, et Leningrad fêta cet événement par une salve tricolore de 324 Katiouchas et autres pièces d'artillerie à 20h00[18] ce qui, compte tenu du black-out, aurait été impossible durant le siège.

Conséquences

La rupture du front de Leningrad est effective le . Écrasés par l'artillerie lourde et les 800 000 Soviétiques qui se jettent sur eux, les Allemands battent en retraite vers la frontière estonienne dans le désordre. Devant le risque d’effondrement complet du front, Hitler accepte ce repli mais relève von Küchler de son commandement : le maréchal est remplacé par Walter Model. Celui-ci donne l'ordre de se replier sur la ligne Panther située le long du lac Peïpous : le front Nord a reculé de 150 km ce qui est un véritable triomphe pour la Stavka.

Le nouvel objectif des Soviétiques est de poursuivre le groupe d'armées Nord et d'envahir au passage les Pays baltes, qui se sont soulevés trois ans plus tôt...

Notes et références

  1. Most of modern Oblast de Novgorod and parts of Oblast de Pskov dépendaient de l'Oblast de Leningrad à l'époque.
  2. D'après David M. Glantz et Jonathan House, When Titans Clashed. How the Red Army Stopped Hitler, Lawrence, University of Kansas Press, , p. 329
  3. 1944 « Copie archivée » (version du 29 octobre 2012 sur l'Internet Archive)
  4. D'après David M. Glantz et Jonathan House, When Titans Clashed. How the Red Army Stopped Hitler, Lawrence, University of Kansas Press, , p. 298.
  5. D'après « Siege of Leningrad », sur Second World War History Online (consulté le )
  6. Grigori Krivocheev et al., p. 315
  7. Krivosheev, Grigori et al., p. 317
  8. A.A. Grechko, Geschichte des Zweiten Weltkrieges
  9. Chris Bellamy, Absolute War : Soviet Russia in the Second World War, Macmillan, , 813 p. (ISBN 978-0-333-78022-0, lire en ligne)
  10. Salisbury, p. 560
  11. Salisbury, p. 561
  12. Gretchianouk, Dmitriev et Кornienko 1990
  13. Salisbury, p. 561–562
  14. Salisbury, p. 562
  15. D'après Kenneth W. Estes, A European Anabasis : Western European Volunteers in the German Army and SS, 1940-1945, Columbia University Press (lire en ligne), « 5. "Despair and Fanaticism, 1944-45" »
  16. Salisbury, p. 564
  17. Salisbury, p. 565
  18. Salisbury, p. 566

Voir aussi

Bibliographie

  • Harrison Evans Salisbury, The 900 Days : The Siege of Leningrad, Da Capo Press, (ISBN 0-306-81298-3)
  • Н. М. Gretchianouk, В. И. Dmitriev et А.И. Кornienko, Дважды, Краснознаменный Балтийский Флот (Baltic Fleet), Voënizdat,
  • Grigorii Krivotcheva et Vladimir Andronikov (Pietr Bourikov), Россия и СССР в войнах XX века : Книга Потерь, Moscou, Vétché,
  • David M. Glantz, The Battle for Leningrad 1941–1944, Kansas University Press, , 660 p. (ISBN 0-7006-1208-4)

Article connexe

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