Offensive Dniepr-Carpates
L’offensive Dniepr-Carpates est une offensive stratégique menée du au par les 1er, 2e, 3e et 4e fronts d'Ukraine et le 1er front de Bielorussie contre le groupe d'armées Sud, dans le but de reprendre les territoires d'Ukraine et de Moldavie occupés par les forces de l'Axe. Cette opération amène l'Armée rouge aux portes de la Roumanie et de la Pologne, détruisant 18 divisions allemandes et roumaines et en réduisant 68 autres à moins de la moitié de leur effectif.
Date | du au |
---|---|
Lieu | Ukraine (URSS) |
Issue | Victoire soviétique décisive |
Union soviétique Royaume de Roumanie (divisions Alliées) | Reich allemand Royaume de Roumanie (armée du régime Antonescu) |
Nikolaï Vatoutine † Georgi Zhukov Ivan Konev Rodion Malinovsky Fiodor Tolboukhine Konstantin Rokossovsky Lev Vladimirsky Nicolae Cambrea Mihail Lascăr | Erich von Manstein Hans-Valentin Hube Walther Model Karl-Adolf Hollidt Maximilian de Angelis Erhard Raus Otto Wöhler Petre Dumitrescu Ioan Mihail Racoviţă |
2 406 100 hommes (initialement[1]) | inconnues |
270 198 tués ou disparus 839 330 blessés 7 532 canons et mortiers 4 666 chars perdus 676 avions abattus[1] | 41 907 tués 51 161 disparus 250 896 blessés[2] |
Batailles
Front de l’Est
Prémices :
Guerre germano-soviétique :
- 1941 : L'invasion de l'URSS
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1941-1942 : La contre-offensive soviétique
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie
Front central :
Front sud :
- 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne
Allemagne :
Front nord et Finlande :
Europe orientale :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Contexte historique
Dans le cadre de la bataille du Dniepr à l'automne 1943 qui permet de libérer la rive gauche et l'Est de l'Ukraine et de percer les positions de la 17e armée allemande en Crimée, plusieurs têtes de pont soviétiques sont établies à travers le Dniepr, qui seront le fer de lance de l'offensive.
La Wehrmacht se retrouve désavantagée par la directive no 51 de Hitler qui donne l'ordre de rester sur la défensive, les renforts allemands futurs étant déployés en Europe de l'Ouest occupée afin de contrer l'invasion anglo-américaine, attendue de pied ferme[3].
Ordre de bataille
Axe
Groupe d'armées Sud d'Erich von Manstein comprenant :
- 4e Panzer-Armee du général Erhard Raus, région de Jytomyr ;
- 1re Panzer-Armee de Hans-Valentin Hube, Sud de Tcherkassy ;
- 8e armée allemande d'Otto Wöhler, région de Kirovohrad ;
- 6e armée allemande de Maximilian de Angelis, reformée après la bataille de Stalingrad.
Groupe d'armées A d'Ewald von Kleist comprenant :
- 3e armée roumaine de Petre Dumitrescu, Nord de la Crimée ;
- 17e armée allemande en Crimée, non concernée par cet article.
S'ajoutait également la 1re armée hongroise d'István Náday (en) maintenue en réserve par von Manstein ainsi qu'un soutien aérien de la Luftflotte 4 de la Luftwaffe.
URSS
1er front ukrainien (Nikolaï Vatoutine) :
- 1re armée de la Garde ;
- 60e armée soviétique ;
- 40e armée soviétique ;
- 6e armée blindée de la Garde.
2e front ukrainien (Ivan Konev) :
- 27e armée soviétique ;
- 7e armée de la Garde ;
- 53e armée soviétique ;
- 5e armée de l'air.
Les 5e armée de la Garde, la 2e armée blindée de la Garde sont par ailleurs maintenues en réserve.
3e front ukrainien (Rodion Malinovski) :
- 46e armée soviétique ;
- 57e armée soviétique ;
- 8e armée blindée de la Garde ;
- 37e armée soviétique.
La 6e armée soviétique est par ailleurs maintenue en réserve.
4e front ukrainien (Fiodor Ivanovitch Tolboukhine) :
- 2e armée de la Garde ;
- 5e armée de la Garde ;
- divisions roumaines alliées « Tudor Vladimirescu » (Nicolae Cambrea et Iacob Teclu) et « Horia-Cloșca-Crișan » (Mihail Lascăr) ;
- Flotte de la mer Noire.
L'offensive
Première phase
Elle peut se diviser en cinq offensives.
Offensive Jytomyr-Berdytchiv
Lancée le par le 1er front ukrainien de Nikolaï Vatoutine, elle vise à percer les positions de la 4e Panzer-Armee au sud de Kiev. Manstein tente de contre-attaquer avec Raus mais échoue en raison de l'absence de renforts. Le , il demande à Hitler la permission de battre en retraite mais ce dernier refuse, lui demandant de tenir ses positions.
Le , les Soviétiques prennent Koziatyn après plusieurs heures de combat. Korosten tombe le 29 et Jytomyr le 31. Berdytchiv se retrouve alors encerclée par l'Armée rouge et les renforts allemands dans le secteur sont stoppés par l'offensive de Kirovohrad.
Selon les rapports soviétiques, 2 204 panzers furent détruits et 100 000 soldats allemands tués ainsi que 7 000 autres capturés[4].
Offensive Kirovohrad
Le 2e front ukrainien d'Ivan Konev lance une offensive en direction de Kirovograd le permettant de stopper le IIIe Panzer-Korps tentant de renforcer la 4e Panzer-Armee attaquée par Vatoutine. Manstein demande une nouvelle fois à Hitler la permission de battre en retraite, mais celle-ci lui est encore refusée.
Offensive Rovno-Loutsk
Les troupes de Vatoutine continuent d'attaquer sur l'aile gauche allemande, progressant en direction de Lviv et de Ternopil, coupant la liaison entre le groupe d'armées Centre et le groupe d'armées Sud allemands ; par ailleurs ce dernier, dont l'aile droite est encore sur le Dniepr, est dangereusement étiré, un saillant étant apparu autour de Korsun.
Offensive Korsoun-Chevtchenkivskyï
Les Soviétiques déplacent ainsi leur effort principal plus au sud en attaquant de part (à l'ouest : 1er front ukrainien contre 1re Panzer-Armee) et d'autre (à l'est : 2e front ukrainien contre 8e Armee) de la base de ce saillant le . Les troupes soviétiques font rapidement leur jonction, encerclant au moins 60 000 hommes.
Débute alors une féroce bataille, surnommée « Petit Stalingrad », qui prend fin le , jour où le saillant est évacué par une contre-offensive allemande venue du sud. Environ 30 000 hommes échappent ainsi à l'encerclement mais en abandonnant leur armement lourd, tandis que 18 000 autres ont été faits prisonniers par les Soviétiques.
Offensive Nikopol-Krivoi Rog
Lancée par le 3e front ukrainien contre le groupe d'armées A d'Ewald von Kleist, elle mène à la destruction du saillant autour de Nikopol et de Krivoi Rog, encerclant les défenseurs allemands et mettant un terme aux opérations minières de la Wehrmacht dans le secteur, nécessaires à son effort de guerre[5].
L'offensive est cependant ralentie à la fin , les Soviétiques préparant les plans de la seconde phase de l'offensive Dniepr-Carpates, à plus grande échelle que la première phase[6].
Seconde phase
Elle peut se diviser en 5 offensives, tout comme la première phase.
Offensive Proskurov-Tchernivtsi
Après le ralentissement de la progression soviétique à la fin février, l'Oberkommando des Heeres, commandement suprême de la Heer, armée de terre de la Wehrmacht, pensait que toute offensive soviétique supplémentaire dans ce secteur serait improbable. Cependant les Soviétiques planifient une offensive, avec six armées blindées stationnées en Ukraine[7]. Le , l'offensive est lancée par le 1er front ukrainien de Gueorgui Joukov avec un barrage d'artillerie intense, prenant les Allemands par surprise. En raison du terrain très boueux, les troupes allemandes ne peuvent rester mobiles et les Soviétiques disposent d'un grand nombre de blindés et de camions de transport, leur donnant un avantage certain qui aura raison de la défense allemande.
Selon les rapports soviétiques, les Allemands et les Roumains ont perdu 183 310 hommes, 24 950 capturés et 2 187 chars mis hors de combat[8]. Les pertes soviétiques étaient quant à elles estimées à 220 000 tués, 180 000 blessés et 71 000 disparus.
Offensive Ouman-Botoșani
Le , Ivan Koniev lance l'offensive, avançant rapidement et coupant les lignes de ravitaillement de la 1re Panzer-Armee après avoir capturé Tchortkiv le . Le , le 2e front ukrainien neutralise deux Panzer-Korps lors de la prise d'Ouman[9].
Offensive Bereznegovatoye-Snihourivka
Elle est lancée le , alors que le maréchal soviétique Fiodor Ivanovitch Tolboukhine avait été détaché afin de lancer les préparatifs de la libération de la Crimée qui aura lieu en avril-.
La 1re Panzer-Armee, à présent commandée par le général allemand Hans-Valentin Hube, se retrouve totalement encerclée le et établit des positions défensives de style « forteresses ». Les lignes de défense allemandes parviennent à tenir jusqu'à l'arrivée de renforts du IIe SS-Panzer-Korps, premier transfert de troupes sur le front de l'Est depuis la directive no 51 du Führer.
Les services de renseignement militaires soviétiques ignoraient totalement l'arrivée du IIe SS-Panzer-Korps. Les troupes allemandes se déploient alors plus à l'ouest, contrairement aux plans soviétiques qui prévoyaient que ces dernières se seraient avancées au sud, consolidant leurs positions avec la 4e Panzer-Armee. Malgré ce succès limité, Hitler blâme ses généraux pour le succès stratégique de l'offensive soviétique et limoge Manstein et von Kleist, commandants respectivement du groupe d'armées Sud et du groupe d'armées A, les remplaçant respectivement par Walter Model et Ferdinand Schörner et les renommant en Groupe d'armées Nord Ukraine et Groupe d'armées Sud Ukraine, indiquant son intention de reprendre les territoires perdus.
Selon les rapports soviétiques, entre les 6 et , l'Allemagne a perdu 36 800 soldats durant cette offensive ainsi que 13 859 capturés et 275 chars détruits[10].
Offensive Polésie
Au sud de l'Ukraine, le 3e front ukrainien progresse vers Odessa et la Transnistrie sous contrôle roumain. Après trois jours de combats acharnés, la 8e armée de la Garde avance de 8 kilomètres et perce les positions de la 6e armée allemande. Cette dernière, malgré l'ordre de Hitler interdisant toute retraite, se replie derrière le Boug méridional le , échappant de ce fait à l'encerclement soviétique. Le , des lignes défensives improvisées sont établies. Une semaine plus tard, le , sous les assauts incessants de l'Armée rouge, les Allemands abandonnent leurs positions.
Offensive Odessa
À partir du , le 3e front ukrainien est en mesure de lancer une offensive sur Odessa, opération finale de l'offensive[9]. Le 2 avril 1944, la 8e armée de la Garde de Vassili Tchouïkov et la 46e armée soviétique attaquent les défenseurs allemands malgré la tempête de neige. Le , les derniers soldats allemands sont isolés à Odessa et refoulés derrière le Dniestr. Les Allemands présents dans la ville se rendent aux Soviétiques le . L'Armée rouge pénètre alors à proprement parler en Roumanie.
Selon les rapports soviétiques, entre le 25 mars et le , les pertes du Reich et de la Roumanie s'élevaient à 26 800 soldats tués, 10 680 autres capturés et 443 chars détruits[11].
Conséquences
Les opérations ainsi que la libération de la Crimée infligent de lourdes pertes aux armées roumaine et allemande stationnées en Ukraine. Les lourdes pertes et la proximité des Soviétiques aux frontières roumaines poussent la Roumanie à engager des pourparlers de paix en secret à Moscou avec le gouvernement de l'URSS.
Reconquêtes soviétiques
Les oblasts de Vinnytsia, Volhynie, Jytomyr, Kiev, Kirovohrad, Rivne, Khmelnitski et une partie de celui de Poltova ainsi que la RSS moldave sont libérés, soit un territoire total de 204 000 km2.
Analyse moderne
Cette offensive n'est pas reconnue comme une grande victoire par les historiens occidentaux, qui portent plus d'intérêts aux petits succès de la 1re Panzer Armee, en particulier lors de la bataille de la poche de Kamianets-Podilskyï[7]. Après la fin de la guerre, certains des commandants soviétiques impliqués sont disgraciés et Staline fait supprimer la plupart des références à l'opération[7].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Dnieper–Carpathian Offensive » (voir la liste des auteurs).
- (en) David Glantz, When Titans Clashed: How the Red Army Stopped Hitler (ISBN 0-7006-0899-0), p. 298.
- (de) Karl-Heinz Frieser, Das deutsche Reich und der Zweite Weltkrieg Band 8 (ISBN 978-3-421-06235-2), p. 447.
- (en) John Keegan, Kursk and the Recapture of Western Russia. The Second World War, Harmondsworth, Middlesex, Penguin Books, Ltd, 1989 (ISBN 0-14-011341-X), p. 467.
- (ru) « 16 Января 1944 - От Советского Информбюр », 9may.ru, consulté le 19 mars 2013.
- (en) John Keegan, Kursk and the Recapture of Western Russia. The Second World War, Harmondsworth, Middlesex, Penguin Books, Ltd, 1989, p. 476.
- (en) H.P. Willmot, The Great Crusade: A New Complete History of the Second World War, New York, The Free Press (ISBN 0-02-934715-7), p. 372.
- (en) H.P. Willmott, The Great Crusade: A New Complete History of the Second World War, New York, The Free Press, p. 374.
- (ru) « 04 Апреля 1944 - От Советского Информбюро », 9may.ru, consulté le 20 mars 2013.
- (en) H.P. Willmott, The Great Crusade: A New Complete History of the Second World War, New York, The Free Press, p. 373.
- (ru) « 18 Марта 1944 - От Советского Информбюро », 9may.ru, consulté le 20 mars 2013.
- (ru) « 15 Апреля 1944 - От Советского Информбюро », 9may.ru, consulté le 20 mars 2013.
Articles connexes
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