Ottoline Morrell

Lady Ottoline Violet Anne Morrell () était une peintre, une aristocrate anglaise et une femme du monde qui recevait beaucoup. Elle eut une grande influence dans les cercles intellectuels et artistiques, où elle avait lié amitié avec des écrivains comme Aldous Huxley, Siegfried Sassoon, T. S. Eliot et D. H. Lawrence. Elle eut des liaisons amoureuses avec des hommes et des femmes qui ont compté dans l'histoire, comme le philosophe Bertrand Russell, la romancière Dorothy Bussy et la peintre Dora Carrington.

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Ottoline Morrell
Lady Ottoline Morrell, 1902
Biographie
Naissance
Décès
(à 64 ans)
Londres
Sépulture
St. Winifred's Churchyard (d)
Nom de naissance
Ottoline Violet Anne Cavendish-Bentinck
Nationalité
Formation
Activité
Père
Arthur Cavendish-Bentinck (d)
Mère
Augusta Mary Elizabeth Browne, 1st Baroness Bolsover (d)
Conjoint
Philip Morrell (en) (depuis )
Enfant
Julian Vinogradoff (d)
Autres informations
Mouvement
Archives conservées par
Bibliothèques de l'université du Maryland (en) (0044-LIT)[1]
Harry Ransom Center (en) (MS-02926)[2]
Lady Ottoline Morrell à Ham Spray, chez Lytton Strachey

Jeunesse

Née Ottoline Violet Anne Cavendish-Bentinck, elle obtint le rang de fille de duc avec le titre de courtoisie de « Lady » quand son demi-frère William reçut en héritage le titre de duc de Portland en 1879, date à laquelle la famille s'installa à Welbeck Abbey, dans le Nottinghamshire.

Lady Ottoline était une descendante de Bess of Hardwick et avait donc des liens de parenté avec de nombreux membres de l'aristocratie. Une de ses cousine était Cecilia Nina Cavendish-Bentinck, mère de Lady Elizabeth Bowes-Lyon, laquelle épousa en 1923 le duc d'York (futur George VI), devint reine à l'abdication d'Édouard VIII, en 1936, et a été connue pendant la plus grande partie du XXe siècle sous le nom de « reine mère ».

Elle était étudiante de Somerville College (Oxford).

Liaisons amoureuses importantes

Tout au long de sa vie, Ottoline fut une incurable romantique. Sa première histoire d'amour se passa avec un homme plus âgé qu'elle, le médecin et écrivain suédois Axel Munthe, mais elle rejeta sa proposition impulsive de mariage parce que ses convictions spirituelles étaient incompatibles avec l'athéisme de ce dernier – elle finit d'ailleurs par constater que de toute façon il ne s'intéressait déjà absolument plus à elle.

Elle épousa en 1902 Philip Morrell, avocat et plus tard député au Parlement (Parti libéral) ; avec lui elle partageait bien des vues et bien des intérêts. Ce fut ce qu'on appelle maintenant un mariage ouvert et ce le fut pendant le reste de leur vie : chacun avait des relations amoureuses avec d'autres personnes, et pourtant ils s'épaulaient et tenaient fort l'un à l'autre. Ils eurent une fille nommée Julian.

Ottoline eut ainsi des aventures avec le philosophe Bertrand Russell, le peintre Augustus John, l'artiste Dora Carrington, la romancière Dorothy Bussy, et l'artiste Roger Fry. L'écrivain Virginia Woolf et elle étaient également de grandes amies. Beaucoup parmi eux étaient également bisexuels et partageaient ses conceptions sur la société.

La liaison avec Augustus John a été évoquée en France au moment de l'achat de l'anneau présumé de Jeanne d'Arc par le Puy du Fou le . En effet, d'après le catalogue de vente[3], Ottoline Morrell lui aurait fait présent de la bague que le peintre aurait revendu en 1914 à Frederick Oates, collectionneur et par ailleurs Keeper of the King's Armouries (c'est-à-dire conservateur dans les Armureries du Roi, et non « Gardien des Armoiries royales » comme traduit erronément dans le communiqué du Puy du Fou). Il n'est pas question d'anneau de Jeanne d'Arc dans ses mémoires, ni dans les biographies qui ont été consacrées à Ottoline Morrell.

Hospitalité

Les proches du Bloomsbury Group à Garsington Manor : Lady Ottoline Morrell, Mme Aldous Huxley, Lytton Strachey, Duncan Grant, Vanessa Bell

Les Morrell disposaient d'une maison à Bloomsbury, au centre de Londres, et d'une gentilhommière à Garsington Manor, près d'Oxford. Ottoline aimait à y recevoir des amis qui partageaient ses opinions. La maison de ville était son salon, et Garsington Manor une retraite, assez proche de Londres pour que beaucoup de leurs amis pussent rejoindre le couple pour le week-end.

Pendant la Première Guerre mondiale, les Morrell étaient des pacifistes connus, ce qui n'était pas alors bien vu. Ils invitaient des objecteurs de conscience, comme Duncan Grant et David Garnett à trouver refuge à Garsington. Siegfried Sassoon, qui s'y remettait d'une blessure, fut encouragé à s'absenter sans autorisation pour protester contre la guerre.

L'hospitalité offerte par les Morrell était si large que la plupart de leurs hôtes ne se doutaient pas que financièrement ils étaient en difficulté.

Vers la fin de vie

Plus tard, Lady Ottoline reçut régulièrement des membres du Bloomsbury Group, et de nombreux autres artistes et savants. On peut certainement considérer qu'elle était une inspiratrice pour beaucoup, tout en n'étant pas dépourvue elle-même d'aspirations artistiques.

Son héritage dans la littérature

Lady Ottoline laisse des représentations d'elle dans la littérature du XXe siècle. Elle inspire le personnage de Mme Bidlake à Aldous Huxley pour Contrepoint (Point Counter Point), d'Hermione Roddice à D. H. Lawrence pour Women in Love (Femmes amoureuses), de Lady Caroline Bury à Graham Greene pour It's a Battlefield (C'est un champ de bataille), et de Lady Sybilline Quarrell à Alan Bennett pour Forty Years On. The Coming Back (1933), un autre roman qui la représente, est l'œuvre de Constance Malleson, une des nombreuses rivales d'Ottoline dans le cœur de Bertrand Russell. Certains critiques estiment qu'elle inspire Lady Chatterley de Lawrence. Le roman à clef de Huxley, Crome Yellow (Jaune de Crome), décrit de façon à peine voilée la vie à Garsington.

Des portraits non littéraires font également partie de cet héritage, comme on le voit par exemple dans les photographies artistiques que Cecil Beaton et d'autres ont faites d'elle. Pour sa part, Augustus John a peint un portrait de Lady Ottoline qui se trouve aujourd'hui à la National Portrait Gallery de Londres.

Notes et références

Bibliographie

  • Miranda Seymour, Ottoline Morrell : Life on a Grand Scale, New York: Farrar Straus Giroux, 1993, (ISBN 0374228183) and London : Hodder & Stoughton, 1998, (ISBN 0340518200).
  • (en) Maria Morris Hambourg, The Waking dream : photography's first century : selections from the Gilman Paper Company collection, , 384 p. (ISBN 978-0-87099-662-7, lire en ligne), p. 341
  • (en) Miranda Seymour, Oxford Dictionary of National Biography (ISBN 978-0-19-861412-8, lire en ligne)
  • (en) Margaret Drabble, Jenny Stringer et Daniel Hahn, The Concise Oxford Companion to English Literature (ISBN 978-0-19-172709-2, lire en ligne)
  • (en) Jenny Stringer, The Oxford Companion to Twentieth-Century Literature in English (ISBN 978-0-19-172757-3, lire en ligne)
  • Sandra Jobson Darroch, Ottoline: The life of Lady Ottoline Morrell, 1975

Liens externes

Source


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