Paul Janvier

Paul Janvier, né le à Bais, mort en 1984, est un résistant et médecin français décoré de la médaille de la Résistance[1].

Pour les articles homonymes, voir Janvier (homonymie).

Paul Janvier
Biographie
Naissance
Décès
(à 71 ans)
Laval
Nationalité
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Distinctions

Biographie

Origine

Le docteur Paul Janvier est médecin à Bais. Son père Auguste Janvier (1865-1932) est maire et conseiller général de Bais, chevalier de la Légion d’honneur en 1923, il est propriétaire éleveur, fondateur et secrétaire général du Hand Book du cheval de trait mayennais[2].

Bataille de France

Médecin auxiliaire, il est blessé le , au cours des derniers combats de la bataille de France près de Nancy par un éclat d’obus. Il est prisonnier pendant quelques semaines au stalag de Burthecourt[pas clair], puis s’évade.

Dès 1942, le docteur fait de Bais un centre de réseau d’évasion pour le transfert de volontaires pour l’Algérie à travers l’Espagne[3]. Il travaille pour ceci avec Robert Le Balle. Le frère de Janvier, Pierre prépare l'école de Saint-Cyr et souhaite rejoindre la France Libre, il est mis en contact par La Balle vers un de ces anciens élèves : Jean-Baptiste Biaggi qui l'expédia en juillet vers les Pyrénées[N 1]. Par son frère Pierre, Biaggi sait qu'il peut compter sur Janvier pour mettre à l'abri ses clients en danger.

Le réseau Navarre

À partir d', il crée une branche du réseau de résistance intérieure Navarre[4] durant la Seconde Guerre mondiale à la suite de contacts avec le professeur Robert Le Balle, fils d'un ancien inspecteur d'académie de la Mayenne[N 2]. Lui-même, professeur de droit civil à Paris, est connu sous le nom d’Oncle Bob[5]. Ce dernier, ami de la famille[N 3], vient le voir à Bais et lui demande de faire partie de l’Organisation civile et militaire (OCM), tout en devenant agent de renseignement dans le réseau Navarre, qui prit ensuite le nom d'Alliance.

Janvier accepte à condition de rester un agent strictement militaire des Forces françaises libres (FFL)[N 4], et s’accordent sur le code à observer pour la réception des résistants envoyés par Robert Le Balle. L’objet du réseau est renseignement, préparation des parachutages[6], organisation de la résistance. Il recrute ainsi l'abbé Lorier[N 5], M. Baguenard[N 6], Camille Hyvard, père[N 7].

Janvier, alias Capitaine Hyvert est le responsable de l'Organisation civile et militaire (OCM) pour la Mayenne.

Résistance intérieure

Janvier prépare les parachutages, en structurant son réseau avec des amis sûrs[N 8], et peu bavards. Le , Radio-Londres émet un message Les écrevisses à la mayonnaise sont excellentes[7] indiquant l’établissement du contact avec Londres. L'équipe accueille des résistants recherchés par la Gestapo, et qui sont obligés de fuir Paris.

Le un résistant spécialiste de la lutte clandestine, et recherché par la Gestapo, André Deguin, connu sous le nom d’Alex, est caché par le réseau.

Le maquis

Début , le réseau voit l'arrivée de Jean Renaud-Dandicolle[8],[N 9] du sous-réseau VERGER, et de Maurice Larcher[N 10]. Renaud-Dandicolle est responsable SOE dans la région de Saint-Clair dans le Calvados.

Le , Jean Renaud-Dandicolle revient de Paris accompagné du major Claude de Baissac, agent du SOE. À la suite d'un ordre de la France libre, ils doivent s’établir dans le nord-Mayenne. Ils sont installés dans une ferme abandonnée à la Roisière à Champgenéteux, et sont en contact avec M. Baguenard. Ce dernier cherche à imposer à Janvier l’autorité anglaise[N 11], et Janvier refuse toute autorité du SOE. Mis en contact par Janvier avec Jean Séailles, De Baissac rejoint son groupe FTP à Saint-Mars-du-Désert.

La zone de parachutage utilisée sera la vallée du Mont du Saule. Le , un message est transmis de Londres pour annoncer au réseau Navarre qu’un parachutage aura lieu dans la nuit au Mont du Saule : « Le vin rouge est le meilleur ». Sont présents à ce premier parachutage : le major de Baissac, le docteur Janvier, Alex, Jean Renaud-Dandicolle ainsi qu’une équipe d’Hambers et une de Bais. À une heure du matin, l’appareil lâche deux tonnes d’armes contenues dans treize conteneurs et huit paquets. Une femme est parachutée, Phyllis Latour[N 12]. Le matériel sera amené dans les hangars de Marches à l'aide de deux vachères, les chevaux auront parcouru 30 kilomètres dans la nuit et à vive allure. Le lendemain, , nouveau message et deux autres tonnes de matériel sont de nouveau parachutées et transportées dans la vachère de M. Hyvard et la Simca 5 du docteur Janvier.

Le , l'abbé Lorier installe Jean Daniel, un autre résistant pompier en fuite comme commis de ferme à la Douanière. Le 12, deux autres pompiers Edmond Duval (Mickey) et Médéric Lepoivre (Médoche) arrivent par le dernier train régulier circulant sur la ligne, et rejoignent Alex à la Valette où le fermier commence à s’inquiéter.

Le terrain du Mont du Saule est signalé aux Allemands à la suite de la découverte de parachutes. Les deux nouveaux sont finalement logés au bois du Tay en attendant de rejoindre un véritable maquis en forêt de Pail avec l’arrivée de nouveaux sapeurs-pompiers de Paris. Le Petit-Bouillan, ferme abandonnée en bordure de forêt entre Gesvres et de Saint-Paul-le-Gaultier sert de premier maquis au réseau. C’est là que se forme le premier maquis avec Jacques et Gérard Badin, cousins de Janvier, Edmond Duval, Médéric Lepoivre, Jean Daniel et Alex[9].

Dès le début de , Jean Renaud-Dandicolle et Maurice Larcher partent pour se diriger vers Pont-d’Ouilly, ayant reçu de nouvelles missions à remplir de ce côté. Ils ne reviendront pas. Le nouveau lieu du maquis est La Monnerie ou La Meunerie à Saint-Pierre-des-Nids. Le , Étienne de Raulin et Claude de Baissac se réunissent chez Janvier pour préparer des parachutages dans la région du sud-Mayenne. Le , Janvier reçoit la visite de Besnier (Hunault), de Craon et de son ami Camus[N 13], de Meslay-du-Maine, qui viennent organiser avec Claude de Baissac les parachutages dans la région de Meslay-du-Maine et de Château-Gontier.

Le , un camion saute sur la route d'Assé-le-Béranger à Evron. Deux agents spéciaux anglais du BOA, placés à Saint-Léonard-des-Bois, viennent rejoindre le maquis à Saint-Pierre-des-Nids. Le , une réunion est organisée chez Janvier avec le général Marcel Allard, Étienne de Raulin, Claude de Baissac et Jean II, un B.O.A. Le , un camion saute sur la route de Sillé à Villaines, un camion de munitions explose sur la route de Sillé à Saint-Martin-de-Connée.

Le , Maurice Mallet et Jacques Hochin, du Maquis de Courtemiche, sont fusillés par Bernard Jardin, chef des auxiliaires français de la Gestapo à Champfrémont. Bernard Dufrou, grièvement blessé, parvient à s'enfuir. Les neuf rescapés du groupe VII sont recueillis au maquis ainsi que quatre nouveaux parachutistes américains évadés de la prison d'Alençon.

Ayant pris en charge un maquisard blessé, il rencontre le Docteur Paul Mer qui lui apprend qu'il fait partie du Comité de Libération et que Robert Dupérier, futur préfet est arrivé. Mer lui conseille de se méfier d'Étienne de Raulin (Laboureur), qui veut se faire passer comme commandant civil de la Mayenne. Janvier lui explique alors l'organisation de son groupe, et se met à disposition pour la fourniture d'armes à Laval.

Le , Paul Janvier se porte à la rencontre des unités américaines qui flanquaient l'aile gauche de la 2e division blindée. Il a pu éviter les tirs préparatoires sur Évron avant la progression des unités : il n'y avait plus de résistance allemande. Il a ainsi protégé des hommes et des biens d'une destruction inutile.

Le , des groupes du réseau Navarre libèrent Saint-Pierre-des-Nids[N 14] et Gesvres et ramassent quatorze prisonniers.

Hommages

À Bais, une rue porte le nom de « rue Docteur-Paul-Janvier »[N 15], depuis .

Le , Paul Janvier est décoré de la Médaille militaire[10],[11].

Membres

L'équipe solide du docteur Janvier a toujours recherché l'efficacité tactique : embuscade puis décrochage en évitant les combats rangés. À son bilan, on peut compter : 7 parachutages, 78 coups de main et 42 missions de renseignements.

Ouvrage

  • Paul Janvier, Souvenirs de résistance d'un groupe du nord de la Mayenne : Réseau Navarre, Laval, , 40 p.

Notes et références

Notes

  1. Muni d'une fausse carte d'identité, des mots de passe et adresses utiles.
  2. Il s'agit de Léopold-Jean Le Balle.
  3. Sa sœur Jeanne Le Balle est l'épouse d'Eugène Motin, docteur à Bais, né en 1870.
  4. Sans allégeance politique d'aucune sorte.
  5. Curé d'Hambers.
  6. de Champgenéteux.
  7. de Bais.
  8. Le 26 août 1943, il reçoit d’un fermier un pigeon voyageur parachuté par les Anglais dans la nuit, ce dernier est renvoyé avec un message portant comme : 77 Ecrevisses Mayennais. Un autre pigeon est renvoyé fin septembre.
  9. Jean Demiremont, agent du SOE, il doit rechercher des terrains de parachutage dans la région.
  10. Il amène un poste émetteur caché dans un hangar à Marches sur la route de Bais à Hambers qui permet de contacter Londres.
  11. Dans son livre, Paul Janvier indique une interview au Daily Telegraph du 6 juin 1969, où Claude de Baissac se souvient très bien être débarqué, un jour, chez un docteur Janvier, de Bais, mais ne semble plus connaître que Jean Séailles et le groupe FTP. de Saint-Mars-du-Désert.
  12. Paulette, Geneviève, Lampooner, elle sera l'opératrice radio du major de Baissac jusqu'à la Libération.
  13. Membre du mouvement Libération Nord de Counord et Elisée Mautaint.
  14. Jules Sagot est tué par des motards isolés.
  15. En remplacement de la rue des Résidences
  16. Né le 25 septembre 1921, ancien élève de Le Balle, étudiant en droit engagé dans la Défense passive à Paris. Membre des sapeurs-pompiers de Paris, et chargé de lancer un réseau de renseignements, il est traqué par la Gestapo. Il réussit à s'échapper lors de l'arrestation de Jean-Baptiste Biaggi, second de Le Balle, et de Georges Deleurs au dépôt du journal L'Essor. Fin mars 1944, il est présenté par l'abbé Lorier comme un réfugié et le fait embaucher comme commis de ferme à la Valette. Après la guerre, il reste à l'armée comme lieutenant-colonel. C'est à la suite de l’arrestation, le 14 janvier 1944, des officiers Gaunay et Gros à l’Etat-Major, place Jules-Renard, qu’il est obligé de fuir définitivement Paris.
  17. Il est né le 4 novembre 1921 à Vitry-sur-Seine.
  18. Il est né le 3 mai 1918 à Saint-Désir-de-Lisieux, il rejoint les sapeurs-pompiers de Paris le 29 août 1938 et devient sous-lieutenant F.F.C. du réseau Navarre et F.F.I., qui était sous les ordres de Deguin.
  19. Né le 12 octobre 1911 à Vay. Gardien de la paix en 1938, il rejoint le groupe Libération-Nord de Drancy en mai 1941, puis, recherché en janvier 1944, il se réfugie à Nantes. Avec son collègue Auguste Jaouen, ils créent le groupe de Résistance d'Assé-le-Béranger. Il devient inspecteur dans la Police Nationale en juin 1945.
  20. Né le 15 mai 1912 à Ploudaniel. Gardien de la paix en 1938, membre de Turma-Vengeance, il est révoqué de la Police en janvier 1944. Menacé d'être interné à Jargeau, il rejoint le groupement de Paul Janvier. Avec son collègue Jean-Auguste Gérard, ils créent le groupe de Résistance d'Assé-le-Béranger. Il est réformé de la Police en décembre 1953.
  21. né le 24-8-20 à Saint-Germain-de-Coulamer.
  22. né le 11-9-21 à Izé.
  23. Né en 1912 à Acoui (Côte-d'Ivoire).
  24. Né le 29 juillet 1925 à Paris
  25. Né le 3 février 1924 à Paris
  26. Né le 5 décembre 1916 à Paris
  27. Né le 6 janvier 1923 à Stotzheim

Références

  1. Journal officiel de la République Française, :Annexe p. 44, art. 13, 1946
  2. Il est l'auteur de Stud-Book ou Livre généalogique du cheval de trait de la Mayenne. Société du Cheval de Trait Mayennais. A la Librairie Goupil. Laval. Imprimerie de Charles Colin. Mayenne. Vers 1910.
  3. Francis Robin, La Mayenne de 1940 à 1944 : Occupation, Résistance, Libération, p. 60, éd. Archives départementales de la Mayenne, 1997, (ISBN 2-86053-029-0)
  4. Société Ornaise d'histoire et d'archeologie,Le Pays Bas-normand,n° 1 à 4, p. 140, éd. Société d'art et d'histoire, 2005
  5. Ouvrage de Jean-Claude Demory Pompiers dans Paris en guerre, p. 258
  6. Michel Desrues, Magali Eve, Mémorial de la Mayenne, 1940-1945 : fusillés, massacrés, morts aux combats de la libération, p. 24-56, éd. Direction départementale de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre de la Mayenne, 2001, (ISBN 2-9512245-4-0)
  7. Michel Augeard Melpomène se parfume à l’héliotrope Essais et documents, éd. JC Lattès, 2012, (ISBN 2-7096-4007-4)
  8. André Debon, La mission Helmsman : une contribution décisive de la Résistance au succès de l'opération Overlord (juin-juillet 1944), p.27, éd. du Pavillon, 1997
  9. Ouvrage de Jean-Claude Demory Pompiers dans Paris en guerre, p. 265 et 365
  10. Gazette des Anciens, mars 2003
  11. Journal Officiel de la République française
  12. A l'âge de 14 ans, elle commence à travailler chez Paul Janvier pour garder ses enfants. Elle est chargée de faire passer des messages de la Résistance, assister le médecin lorsqu’il soignait des combattants. Elle reçoit la Légion d'Honneur en 2016. .

Voir aussi

Sources et bibliographie

  • « Le réseau Navarre - Les parachutages », Gazette des Anciens, (consulté le )
  • Jean-Claude Demory, Pompiers dans Paris en guerre : 1939-1945, éd. Altipresse, coll. « L'Histoire en histoires », , 370 p. (ISBN 978-2-911218-23-1), p. 257-258, 265 et 365
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