Petrus (vin)
Petrus est un vin français d’appellation d’origine contrôlée (AOC) de la région viticole de Pomerol près de Bordeaux, dont il a l'appellation.
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Petrus | |
Entrée et bâtiments du domaine. | |
Ancien nom | Domaine Pétrus, Château Pétrus |
---|---|
Fondation | XVIIIe siècle |
Siège social | Pomerol (Gironde) |
Pays | France |
Production | |
Appellations | pomerol |
Région viticole | Libournais, Bordelais |
Superficie plantée | 11,4 ha |
Sols et terroirs | mélange de graves et d'argile bleue avec un pourcentage élevé de fer |
Cépages | merlot |
Volume produit | 30 000 bouteilles/an |
Société | |
Propriétaire | Famille Moueix (80 %), Alejandro Santo Domingo (20 %) |
Personnes clés | Jean-Pierre Moueix, Jean-François Moueix, Christian Moueix, Jean Moueix |
Divers | |
Site web | www.petrus.com |
Bien que les vins de la commune de Pomerol ne fassent pas partie de la classification officielle des vins de Bordeaux de 1855, Petrus est considéré comme un des plus grands bordeaux au même titre que des grands crus classés du Médoc tels que Château Latour, Château Lafite Rothschild, Château Mouton Rothschild, Château Margaux, ou un pessac-léognan du Château Haut-Brion et des vins de saint-émilion comme Château Angélus, Château Ausone, Château Cheval Blanc.
Histoire
Le domaine Petrus (qui ne possède pas de château) tire son nom du lieu-dit sur lequel sont installées ses terres. Ce lieu aurait été nommé après saint Pierre (Petrus en latin), qui est représenté tenant les clés du paradis sur l'étiquette des vins Petrus.
Accoler la dénomination « Château » devant le nom « Petrus », à l'instar de nombreux grands crus, est en quelque sorte inexact puisqu'il n'y a pas de château érigé dans le domaine. Un chai, reconstitué récemment, marque simplement la présence du cru de Petrus.
Tout d'abord propriété de la famille Arnaud, le domaine est en partie acheté en 1925 par Edmonde Loubat, une hôtelière de Libourne[1], puis acquis par celle-ci dans sa totalité en 1945. Pour concurrencer les grands vins de Médoc, Mme Loubat œuvre pour tirer le meilleur parti de son terroir.
Elle s’associe en 1947 avec Jean-Pierre Moueix, un négociant en vin libournais. Tous les deux vont parcourir le monde pour faire reconnaître leur Petrus : en 1947, Edmonde Loubat présente ses bouteilles aux grands d’Angleterre lors du banquet du mariage d’Élisabeth II[2]. Jean-Pierre Moueix fait connaître Petrus à la famille Kennedy qui en font leur vin favori.
En 1970 le rachat de 4,5 hectares au voisin château Gazin fait passer la surface de Petrus de 7 à 11,5 hectares.
Depuis 2001, le domaine appartient à Jean-François Moueix, fils de Jean-Pierre Moueix, et c'est Christian Moueix, son autre fils, qui en assure la gestion jusqu'en 2008. Le vin est élaboré par l'œnologue Jean-Claude Berrouet. Ce dernier cède sa place fin 2008 à son fils Olivier Berrouet[3]. La direction générale est assurée par le fils de Jean-François Moueix, Jean Moueix, depuis 2014.
En , l'entourage de Jean-François Moueix confirme que 20 pour cent du capital ont été vendus à un milliardaire américain d’origine colombienne Alejandro Santo Domingo (en)[4],[5].
Terroir
Situé sur la commune de Pomerol, le vignoble se trouve sur le point culminant d'un plateau qui s’étend au nord-est de Libourne et jusqu’à la limite ouest de Saint-Émilion, en haut d'une butte appelée la Boutonnière[6]. La surface du vignoble est de 11,4 ha avec une densité de 6 000 pieds/ha.
La composition du sol est unique : un mélange de graves et d'argile bleue qui possède un pourcentage élevé de fer, beaucoup plus que dans les propriétés environnantes. Cette argile permet de retenir un volume d’eau plus important et d’assurer à la vigne une alimentation régulière même en cas de sécheresse prolongée.
Encépagement
Depuis la fin de 2010, l'encépagement est constitué de 100 % de merlot avec des vignes ayant une moyenne d'âge élevée, de plus de 40 ans. Ce cépage est constitué de baies noires, moyennes et rondes[7]. L'administration du domaine apporte un soin tout particulier pour maximiser la qualité de la récolte.
Vins
Petrus produit en moyenne 30 000 bouteilles par an. Les raisins sont vendangés à la main et vinifiés dans des cuves en ciment. Le vin est élevé entre 12 et 16 mois en barriques de chêne dont la moitié de neuves, avant la mise en bouteilles.
Description
Le vin est caractérisé par une grande élégance, un nez complexe et puissant et un fruit particulièrement opulent. Le guide des vins Bettane et Desseauve (2016) décrit Petrus de la façon suivante :
« Avec sa tension raffinée et profonde et ce qu’il faut de densité, sa texture de taffetas et ses retours floraux, Petrus est un vin qui rayonne et qui s’impose progressivement à vous[8]. »
Millésimes
Les grandes années unanimement reconnues sont 1929, 1945, 1947, 1961, 1964, 1982, 1989, 1990, 2000, 2005, 2009 et 2010. En 1956, 1965 et de 1991, les récoltes ne permirent pas de faire un vin d’une qualité suffisante et ces millésimes n’existent donc pas. Les années 1963, 1968, 1977 ou 1984 n’existent qu’en très petite quantité pour la même raison.
Les millésimes 1921, 1929, 1947, 1961, 1989, 1990, 2000, 2009 et 2010 ont tous reçu la note de 100/100 de la part du critique Robert Parker[9].
2013 | 2012 | 2011 | 2010 | 2009 | 2008 | 2007 | 2006 | 2005 | 2004 | 2003 | 2002 | 2001 | 2000 | 1999 | 1998 | 1997 | 1996 | 1995 |
90/93 | 95-98+ | 95 | 100 | 96/100 | 98/100 | 92 | 93+ | 96 | 93 | 95 | 90 | 95 | 100 | 94 | 100 | 91 | 92 | 95+ |
Économie
Le prix d'une bouteille varie de 1 000 euros pour un « petit » millésime à plus de 2 500 euros pour un grand millésime, voire 6 000 euros pour un millésime exceptionnel comme 1947 ou 1961[10]. D'après le site Wine-searcher, Petrus est le sixième vin le plus cher du monde, après cinq crus de Bourgogne, et un prix moyen tous millésimes et pays confondus de 625 000 US$ (2013)[11].
Culture populaire
Littérature
- Le Petrus est le vin qu'Hercule Poirot boit dans Mort sur le Nil.
- Un personnage du roman Rue des Boutiques obscures de Patrick Modiano propose ce vin au début du livre.
Cinéma, télévision
- On voit un Petrus au début du film À la dérive avec Madonna, présenté comme un des produits de la jet set.
- Le Petrus est le vin préféré de Cheon Song Yi dans le drame coréen Mon amour venu des étoiles. Elle le commande au restaurant de la Tour Namsan, et il lui est servi empoisonné.
- Dans le film Un traître idéal , Ewan McGregor se délecte d'un verre de ce vin.
- Dans le film En mai, fais ce qu’il te plaît, Laurent Gerra propose au soldat écossais Percy de boire un Petrus de 1908.
- Dans la série télévisée H, le personnage Sabri se rend dans un grand restaurant et demande un renseignement au serveur concernant le Petrus 1962[note 1].
Notes et références
Références
- Jacques Dupont, « Vin : Pétrus, comment naît un mythe », Le Point, (lire en ligne, consulté le ).
- « La saga Petrus - rencontre avec Olivier Berrouet. Rencontres producteurs », sur Hachette-vins.com, Le Guide Hachette des Vins (consulté le ).
- Dans La Revue du vin de France, n° 521 de mai 2008, p. 140.
- « Bordeaux : 20 % du célèbre château Petrus racheté par un milliardaire colombien », 20 minutes, le 7 septembre 2018.
- Classement Forbes de Alejandro Santo Domingo.
- (en-US) « Behind the Legend - Decanter », Decanter, (lire en ligne, consulté le ).
- « Merlot », sur lefigaro.fr (consulté le ).
- « Pleins feux sur Petrus, le mythe de Pomerol », sur idealwine.net (consulté le ).
- Robert M. Parker, Guide Parker des vins de France, Solar, , 7e éd. (ISBN 978-2-263-05052-7, lire en ligne), p. 509-511.
- Prix / Millésime Pétrus sur Wine-Searcher.com.
- « Les vins les plus chers du monde, leur prix » selon Wine-Searcher.com, consulté le 11 juillet 2013.
Voir aussi
Bibliographie
- Jean-Luc Pouteau, Le savoir-boire, Éditions Jean-Claude Lattès, (ISBN 979-10-376-1395-0, lire en ligne).
- Jancis Robinson, Encyclopédie Hachette des vins, Hachette Pratique, (ISBN 978-2-01-946114-0, lire en ligne), p. 243.
- Sébastien Durand-Viel et David Cobbold, 101 Vins cultes, Hachette Pratique, (ISBN 978-2-01-710460-5, lire en ligne), p. 106-107.
- Collectif, Le Petit Larousse des Vins : Découvrir. Reconnaître. Déguster, Larousse, (ISBN 978-2-03-600632-4, lire en ligne), p. 349.
- Oz Clarke, Guide du Bordeaux, Paris, Gallimard, (ISBN 978-2-7424-2315-6, lire en ligne), p. 238-241.
- Bernard Ginestet, Pomerol, Bassillac, J. Legrand, (ISBN 978-2-905969-14-9, lire en ligne), p. 146-147.
- Sylvie Girard-Lagorce, 100 vins de légende, Paris, Solar, (ISBN 978-2-263-02896-0, lire en ligne), p. 104-105.
- David Cobbold, Les plus grands crus du monde, Paris/Montréal, Hatier/Hurtubise HMH., (ISBN 978-2-89428-166-6, lire en ligne), p. 32-33.
- James Turnbull, Les plus grands vins de France, Paris, Succès du livre, (ISBN 978-2-7382-2340-1, lire en ligne), p. 28-29.
- (en) Clive Coates, Grands Vins: The Finest Châteaux of Bordeaux and Their Wines, University of California Press, (ISBN 978-0-520-20220-7, lire en ligne), p. 448-453.
- (en) Clive Coates, The Wines of Bordeaux: Vintages and Tasting Notes, 1952-2003, University of California Press, (ISBN 978-0-520-23573-1, lire en ligne), p. 362.
- (en) James Lawther, The finest wines of Bordeaux, London, Aurum, (ISBN 978-1-84513-607-9, lire en ligne), p. 232-235.
- (en) Tom Stevenson, The New Sotheby's Wine Encyclopedia, DK Pub., (ISBN 978-0-7894-8039-2, lire en ligne), p. 114.