Charles Pichegru

Jean-Charles Pichegru, né aux Planches-près-Arbois, dans la province de Franche-Comté (aujourd'hui département du Jura) le et mort à Paris le , est un général de division de la Révolution française.

Jean-Charles Pichegru

Naissance
Les Planches-près-Arbois (province de Franche-Comté)
Décès  43 ans)
Paris
Origine Français
Allégeance Royaume de France
 Royaume de France
 République française
Arme Artillerie
Grade Général de division
Années de service 17801797
Commandement Armée du Rhin
Armée du Nord
Armée de Sambre-et-Meuse
Conflits Guerre d'indépendance des États-Unis
Guerres de la Révolution française
Hommages Nom gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile, 3e colonne.
Autres fonctions Député du Jura
Président du Conseil des Cinq-Cents

Il conspire avec Cadoudal contre le Consulat et Bonaparte, est arrêté puis retrouvé mort dans sa cellule. Il fait partie des très rares généraux de la révolution française (avec Dumouriez et Moreau) à avoir changé de camp.

Origine

Né au sein d’une famille de paysans[1], il fait ses premières études au collège d’Arbois, et sa philosophie à l’École militaire de Brienne, tenue par les Minimes. Il reçoit une solide éducation puis devient répétiteur de mathématiques au Collège militaire de Brienne, où il donne des leçons à Napoléon Bonaparte[2]. Il s’engage ensuite au 1er régiment d’artillerie où il devient sergent. Il prend part à la guerre d'indépendance des États-Unis et en revient adjudant.

La Révolution française

Portrait du général Pichegru vers 1796. Gravure de Pierre-Charles Coqueret, d'après Jean-Baptiste Hilaire Le Dru.

Adjudant sous-officier en 1789, il va offrir ses services aux émigrés de Coblence et en est dédaigné[réf. nécessaire]. Alors il se fait républicain et président du club révolutionnaire de Besançon. En 1791 il se fait élire commandant du 3e bataillon de volontaires du Gard qui rejoignait l’armée du Rhin. Dès les premières batailles, son habileté manœuvrière et son esprit de décision se révèlent.

Employé dans les états-majors en 1792, l’appui de Saint-Just et de Robespierre l’aide également à gravir les échelons : général de brigade le , général de division le , puis commandant en chef de l'armée du Rhin la même année.

En il remplace Jourdan à la tête de l’armée du Nord. Il la réorganise et mène une très belle campagne en Flandre, entre le à Anvers, à Amsterdam le  : il bat l’ennemi à Cassel, à Courtrai, à Menin, et s’empare de Bois-le-Duc, de Venlo, de Nimègue et passe la Waal sur la glace. Il conclut la campagne deux jours après par la capture de la flotte hollandaise au Helder lorsqu'il envoie sur le Zuyderzée un escadron de hussards charger la flotte hollandaise prise par les glaces. Le , il entre à Groningue, dans le nord des Pays-Bas : l’ensemble du pays est occupé.

Il réprime l’insurrection du 12 Germinal an III (). Il reçoit alors le titre de Sauveur de la Patrie[3] et est nommé général en chef des armées du Rhin, du Nord et de Sambre-et-Meuse.

Là encore il se couvre de gloire ; le Rhin est audacieusement franchi en même temps que Jourdan et la place de Mannheim tombe entre ses mains en septembre 1795, mais c'est le terme de ses succès et de sa gloire.

La trahison

Jean-Charles Pichegru.

Général en chef des armées de Sambre-et-Meuse (dirigée par Jourdan) et du Rhin en 1795, c’est à cette époque que Pichegru entretient des relations amicales avec les monarchistes[4]. Il est contacté par un agent royaliste, le comte de Bourmont, et trahit. Il accueille les propositions qui lui sont faites au nom du prince de Condé, chef de l’émigration.

Le parti blanc lui promet un million au comptant, une rente de 200 000 francs, le maréchalat, le gouvernement d’Alsace et le château de Chambord[5]. Son inertie contraint Jourdan qui marchait sur Düsseldorf à repasser sur la rive gauche du Rhin[6] en novembre 1795. Rappelé par le Directoire, soupçonné de trahison, il doit démissionner en ventôse an IV () et transférer son commandement à Moreau. Restant populaire, il obtient l’ambassade de Suède.

Député des Cinq-Cents en 1797 et président de ce corps, Pichegru, convaincu de collusion avec le prince de Condé (trahison prouvée par la correspondance secrète découverte par son ancien camarade Moreau dans le fourgon de Klinglin en avril 1797) est arrêté par la garde même du corps législatif après le coup d'État du 18 fructidor an V (). Condamné le lendemain à être déporté à Cayenne, en Guyane, il est conduit dans les déserts de Sinnamary. Au bout de quelque temps il s’évade au Surinam et gagne Londres en prairial an VI () où il reçoit l’accueil le plus distingué, et passe de là en Allemagne.

Le complot et la mort

La Mort de Pichegru. Gravure de Fortuné Méaulle d'après un dessin d'Henri Meyer reproduisant la toile de Georges Moreau de Tours.

Il participe à la conspiration de Cadoudal, débarque en Normandie en , mais est livré par un de ses anciens officiers, Le Blanc[7]. Il est arrêté dans la nuit du et incarcéré à la prison du Temple.

Charles Pichegru meurt cinq semaines plus tard dans la cellule où il est enfermé. Le matin du [8], on trouve son corps sans vie, une cravate noire serrée autour du cou en tourniquet à l'aide d'une cheville de bois. La thèse officielle parle de suicide[9].

Transféré au greffe du tribunal, son corps est inhumé le même jour hors de Paris, au cimetière de Sainte-Catherine[10] du faubourg Saint-Marcel, près du lieu-dit de la Croix de Clamart.

Notes et références

  1. Pichegru est de la Franche-Comté et d’une famille de cultivateurs.
  2. « Pichegru, répétiteur à Brienne, m’apprit les mathématiques lorsque je n’avais que dix ans. Je possédais cette science au plus haut degré. Comme général, Pichegru était un homme d’un talent peu ordinaire, infiniment supérieur à Moreau, bien qu’il n’eût rien fait de véritablement remarquable, le succès des campagnes de Hollande étant, en grande partie, la conséquence de la bataille de Fleurus. » (O’Meara.)
  3. Lors des journées du 31 mai et du 2 juin 1793, François Hanriot cerne la Convention avec 80 000 hommes. Son rôle décisif lui vaut d'être appelé « sauveur de la patrie » par Marat.
  4. « Quand Pichegru se fut livré au parti royaliste, consulté pour savoir si on ne pourrait pas aller jusqu’au général en chef de l’armée d'Italie : « N’y perdez pas votre temps, dit-il, je l’ai connu dans son enfance, ce doit être un caractère inflexible : s’il a pris un parti, il n’en changera pas. » (Las Cases.)
  5. « Pichegru s’était engagé à réunir son armée à celle des émigrés, à proclamer Louis XVIII et à marcher sur Paris. De son côté, le prince de Condé prenait l’engagement, au nom du prétendant, et par l’intermédiaire de Franche-Boul, Roque de Montgaillard, etc., à donner à Pichegru le gouvernement de l’Alsace, le château de Chambord, 1 million en argent, 200 000 livres de rentes, la terre d’Arbois, qui prendrait le nom de Pichegru ; enfin douze pièces de canon, le grand cordon rouge de Saint-Louis, celui du Saint-Esprit et la dignité de maréchal. En attendant la réalisation de ces promesses on lui envoyait jusqu’à 900 louis à la fois, qui lui étaient fournis par le ministre britannique en Suisse
  6. . « Pichegru, disait Napoléon, auquel on parle d’élever une statue, fut pourtant coupable des plus grands crimes que l’on connaisse ; un général qui s’est fait battre exprès, qui a fait tuer ses soldats de connivence avec l’ennemi ! »
  7. « En 1803, à l’époque de la fameuse conspiration, Pichegru fut victime de la plus infâme trahison : c’est vraiment la dégradation de l’humanité. Il fut vendu par un ami intime, qui vint offrir de le livrer pour cent mille écus. La nuit venue, l’infidèle ami conduisit les agents de la police à la porte de Pichegru, leur détailla la forme de sa chambre, ses moyens de défense. Pichegru avait des pistolets sur sa table de nuit ; la lumière était allumée, il dormait. On ouvrit doucement la porte à l’aide de fausses clefs que l’ami avait fait faire exprès. On renversa la table de nuit, la lumière s’éteignit, et l’on se colleta avec Pichegru, réveillé en sursaut. Il était très-fort, et il fallut le lier et le transporter nu ; il rugissait comme un taureau. » (Las Cases.)
  8. Henri Lambert, Accusé Pichegru, levez-vous : gloire et misère d'un grand soldat : Jean-Charles Pichegru, 1761-1804, Les Dossiers d'Aquitaine, , 414 p. (ISBN 978-2-84622-099-6, lire en ligne)
  9. « Quant à l’inculpation relative à la mort de Pichegru, qu’on assurait avoir été étranglé par les ordres du premier Consul, Napoléon disait qu’il serait honteux de s’en défendre, que c’était par trop absurde. Que pouvais-je y gagner ? faisait-il observer. Un homme de mon caractère n’agit pas sans de grands motifs. M’a-t-on jamais vu verser le sang par caprice ?… Ceux qui me connaissent savent que mon organisation est étrangère au crime. Tout bonnement, Pichegru se vit dans une situation sans ressources ; son âme forte ne put envisager l’infamie du supplice ; il désespéra de ma clémence ou la dédaigna, et il se donna la mort. » (Las Cases.)
  10. Le cimetière Sainte-Catherine à Paris sur tombes-sepultures.com

Voir aussi

Source partielle

« Charles Pichegru », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition]

Sources

Bibliographie

  • Philippe de Ladebat, Seuls les morts ne reviennent jamais : les pionniers de la guillotine sèche en Guyane française sous le Directoire, Nantes, Amalthée, , 411 p. (ISBN 978-2-35027-894-0, lire en ligne)
  • Henri Lambert, Accusé Pichegru, levez-vous !, Bordeaux, Les Dossiers d'Aquitaine, coll. « Littérature », , 414 p. (ISBN 2-84622-099-9, lire en ligne)
  • Bernard Saugier, Pichegru. De la gloire de la Hollande à la prison du Temple, Strasbourg, édition Coprur, 1995 (ISBN 2-903297-96-7)
  • Quelques papiers personnels du général Pichegru sont conservés aux Archives nationales sous la cote 207AP [lire en ligne].
  • Albert Maurin, Galerie historique de la Révolution française (1787-1789), vol.III, chapitre consacré à Pichegru enrichi de son portrait en pied gravé par Jacques Étienne Pannier d'après Jules Gaildrau, Bureau de la Société des travailleurs réunis, Paris, 1848-1849

Liens externes

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