Place des États-Unis

La place des États-Unis est une voie située dans le quartier de Chaillot à Paris dans le 16e arrondissement.

16e arrt
Place des États-Unis

Le haut de la place des États-Unis avec au centre le monument à La Fayette et George Washington.
Situation
Arrondissement 16e
Quartier Chaillot
Début Avenue d'Iéna et 2, rue de Lubeck
Fin 13, rue Galilée et 1, rue Dumont-d'Urville
Morphologie
Longueur 200 m
Largeur 60 m
Historique
Dénomination
Ancien nom Place de Bitche
Géocodification
Ville de Paris 3406
DGI 3381
Géolocalisation sur la carte : Paris
Géolocalisation sur la carte : 16e arrondissement de Paris
Images sur Wikimedia Commons

Situation et accès

Plaque, non réglementaire, photographiée sur la place en 2021.

La place se trouve au débouché de l’avenue d'Iéna, de la rue de Lubeck, de la rue de l'Amiral-d'Estaing, de la rue Galilée et de la rue Dumont-d'Urville. De forme rectangulaire, elle couvre une superficie d’environ 10 000 m2, occupée en grande partie par un jardin public : le square Thomas-Jefferson.

Elle est desservie par la ligne 6 à la station Boissière et par les lignes de bus 22, 30 et N53.

Origine du nom

Elle porte ce nom car elle est située dans un quartier habité par la colonie américaine et qui est proche de l'ancienne ambassade américaine.

Historique

Cette place est ouverte en 1866-1867 par la Ville de Paris sur l'emplacement des anciens réservoirs de Chaillot, alimentés par l'eau de la Seine montée par des pompes à vapeur. Elle a absorbé la rue de Juigné et une partie de la rue de Belloy. Elle prend sa dénomination actuelle par un arrêté du . L'établissement des jardins situés au milieu de la place a fait l'objet d'un arrêté du .

La place de Bitche

Créée par la destruction des anciens réservoirs de Passy[1] (reconstruits en 1866 plus haut, entre les rues Lauriston, Paul-Valéry et Copernic), la place s'appelait originellement « place de Bitche », du nom de la ville de Bitche en Moselle, qui avait vaillamment résisté à l'invasion prussienne pendant la guerre de 1870.

La place des États-Unis

Mais elle changea de nom très rapidement, lorsque Levi Morton, ambassadeur des États-Unis à Paris, y établit en 1881 sa résidence, ainsi que le siège de la légation qui avait dû quitter ses bureaux inadaptés du 5, rue de Chaillot. En effet, le jeu de mot auquel prêtait, en anglais, la dénomination originale[2] émut jusqu'au département d'État de sorte que, sur l'insistance du chargé d'affaires, le préfet de la Seine accepta de rebaptiser la place[3], tandis qu'une place du 19e arrondissement prenait le nom de « place de Bitche ».

La statue de la Liberté

Le fut inauguré le modèle en bronze de la statue de la Liberté de Bartholdi, offerte à la Ville de Paris par le Comité des Américains de Paris.

La statue était placée au centre de la place, en face de la légation des États-Unis[4]. Elle resta à cet emplacement jusqu'en 1888.

Le Monument à La Fayette et Washington

Le monument à La Fayette et Washington.

À l'est du square, en haut de la place, se trouve le monument à La Fayette et George Washington (1890), un groupe de bronze par Auguste Bartholdi, offert par les États-Unis.

Le Monument aux Volontaires américains

Le , sur la place des États-Unis, le président du Conseil Raymond Poincaré inaugura le Monument aux Volontaires américains de la Première Guerre mondiale, érigé par souscription publique[5].

La statue de bronze est l'œuvre du sculpteur Jean Boucher qui a travaillé d'après une photographie du poète Alan Seeger. Le nom de l'écrivain se trouve à l'arrière du monument sur lequel sont gravés ceux des 23 autres Américains tombés dans les rangs de la Légion étrangère.

Le Monument aux Volontaires américains.

Sur le socle, de chaque côté, sont gravées deux citations du poète traduites par Alain Rivoire, extraites de Ode à la mémoire des volontaires américains tombés pour la France, « pour être lue devant les statues de La Fayette et de Washington à Paris au Decoration Day, le  ». Cette ode fut écrite par le poète peu avant sa mort :

« Ils ne poursuivaient pas de récompenses vaines, ils ne désiraient rien que d'être sans remords, frères des soldats bleus, à l'honneur à la peine et de vivre leur vie et de mourir leur mort. »

« Salut frères, adieu grands morts, deux fois merci. Double à jamais est votre gloire d'être morts pour la France et d'être morts aussi pour l'honneur de notre mémoire. »

En 1978, la partie orientale de la place, vers l'avenue d'Iéna, est renommée « place de l'Amiral-de-Grasse » en hommage à son action durant la guerre d'indépendance des États-Unis.

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Square Thomas-Jefferson

Le square Thomas-Jefferson, au centre de la place des États-Unis.

Le centre de la place forme un square, le square Thomas-Jefferson, où se trouvent[6] :

Bâtiments remarquables

Plaque au no 3.
Hôtel Deutsch de la Meurthe.
6, place des États-Unis.
No 8.
  • No 10 : hôtel de Brantes. Il abrite aujourd'hui les bureaux d'un cabinet d'avocats.
Hôtel de Brantes.
12, place des États-Unis.
  • No 14 : immeuble construit à l'emplacement de l'hôtel de la duchesse d'Isly (en 1910).
  • No 16 : hôtel de Yturbe.
    • Après avoir abrité le siège de l'ambassade des États-Unis, il est devenu la propriété de Francisco-María de Yturbe y Anciola, ancien ministre des Finances du Mexique, qui y passa la fin de sa vie et lui a donné son nom ; il passa ensuite à son fils aîné, Francisco-Tirso de Yturbe, diplomate mexicain en poste à Paris, puis au deuxième fils de celui-ci, Miguel de Yturbe, également diplomate, époux de María Teresa Limantour, fille de José Yves Limantour, qui fut ministre des Finances du Mexique pendant dix-huit ans au temps de Porfirio Díaz ; la famille de Yturbe possède par héritage depuis 1944 le château d'Anet (Eure-et-Loir).
    • Propriété de la SCI MA Meunier dirigée par le Groupe Mabrouk, dont les propriétaires sont des proches de l'ancien président tunisien Zine el-Abidine Ben Ali[14].
Hôtel de Yturbe.
17-19, place des États-Unis.
  • No 18 : immeuble construit par l'architecte Pierre Humbert pour Mlle de Montesquiou-Fezensac.
18, place des États-Unis.

Au cinéma

Références

  1. Jacques-Constantin et Auguste-Charles Périer avaient installé deux machines à vapeur (la Constantine et l'Augustine) près de la place de l'Alma pour pomper l'eau de la Seine et la refouler dans les réservoirs de Passy. Cette pompe à feu de Chaillot fonctionna du 8 août 1781 jusqu'en 1900.
  2. Bitch : femme de mauvaise vie.
  3. « Lieux de mémoire américains à Paris », sur usembassy.gov (consulté le ).
  4. Selon le Petit Journal du 10 mai 1885 : « La Ville de Paris a accepté ce don y voyant une preuve de la fraternité entre les deux pays. Le Conseil municipal assistera en corps à l'inauguration officielle de la statue mercredi 13 mai, à 2 heures, place des États-Unis. Depuis quelques jours, une charpente est dressée au milieu de la place, en face de l'hôtel de la légation des États-Unis, les ouvriers s'occupent activement de mettre en place le piédestal provisoire qui supporte une réduction au cinquième de la statue destinée à l'Amérique. L'opération de la fonte a eu lieu jeudi, à 3 heures, dans les ateliers de M. Thiébault, rue de Villiers […] Le choix de l'emplacement adopté a été dicté par des raisons de haute convenance que chacun peut apprécier : mais il nous parait devoir être modifié dans l'avenir. Une statue de cette importance, 16 mètres de haut piédestal compris, réclame un développement d'espace très considérable pour se présenter dans de bonnes conditions à la vue et la place des États-Unis ne nous parait pas réunir ces conditions. »
  5. Le 21 janvier 1917, treize jours avant la rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et l'Allemagne, avait été organisée à Paris à la Comédie-Française, une soirée d'hommage aux volontaires américains engagés dans les troupes françaises. Présidée par le sous-secrétaire d'État à l'Administration militaire, René Besnard, cette cérémonie avait été marquée par le lancement d'une souscription publique dans le but d'ériger un monument aux volontaires américains.
  6. « Square Thomas-Jefferson », sur paris.fr (consulté le ).
  7. Institut de stratégie comparée, Commission française d'histoire militaire, Institut d'histoire des conflits contemporains, www.stratisc.org.
  8. André de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. Les quartiers de l'Étoile, Paris, Éditions Pierre Horay, 1953, p. 176.
  9. Serge Garde, Valérie Mauro et Rémi Gardebled, Guide du Paris des faits divers. Du Moyen Âge à nos jours, Le Cherche Midi, 2004, p. 258-259.
  10. SOE in France: An Account of the Work of the British Spécial Opérations.
  11. Armelle Héliot, « Les grands bals de l'après-guerre : munificence et charité bien ordonnée », Le Figaro, 29-30 juillet 2017, p. 19.
  12. Ariane Chemin, « Les dîners de madame Ojjeh », Le Monde, 2 octobre 2006.
  13. Julien Nenault, « Les folles nuits des Noailles », Vanity Fair, no 9, mars 2014, p. 200-209.
  14. « Les belles adresses des Ben Ali », Le Monde, 1er février 2011.
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