Rava-Rouska

Rava-Rouska (en ukrainien : Рава-Руська) ou Rawa Ruska (en polonais ; en allemand : Rawa-Ruska ; en yiddish : ראווע, Rave) est une ville de l'oblast de Lviv, en Ukraine. Sa population s'élevait à 8 647 habitants en 2017.

Rava-Rouska
(uk) Рава-Руська

Héraldique

Drapeau
Administration
Pays Ukraine
Oblast  Oblast de Lviv
Maire Ivan Ivanoussa
Code postal 80316
Indicatif tél. +380 3252
Démographie
Population 8 647 hab. (2017)
Densité 831 hab./km2
Géographie
Coordonnées 50° 13′ 16″ nord, 23° 37′ 54″ est
Altitude 241 m
Superficie 1 041 ha = 10,41 km2
Divers
Fondation 1455
Statut Ville depuis 1939
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
Rava-Rouska
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
Rava-Rouska
Géolocalisation sur la carte : oblast de Lviv
Rava-Rouska

    Rawa Ruska a successivement fait partie de la Pologne, puis de l'Union soviétique en 1939, occupée brièvement par les troupes allemandes durant la Seconde Guerre mondiale, avant de revenir dans l'Union soviétique, et finalement se trouve aujourd'hui en Ukraine.

    La ville est célèbre pour son camp de prisonniers de guerre, où périrent de nombreux prisonniers soviétiques, français et belges, pendant la Seconde Guerre mondiale.

    Géographie

    Rava-Rouska se trouve à la frontière polonaise, à 52 km au nord-ouest de Lviv.

    Histoire

    Rava-Rouska reçut des privilèges urbains (droit de Magdebourg) en 1622.

    De la première partition de la Pologne en 1772 jusqu'en 1918, Rava-Rouska appartient à l'Autriche puis à l'Autriche-Hongrie avec le statut de chef-lieu d'un arrondissement. En 1857, elle est reliée à Jarosław par le chemin de fer. La ville devient un important nœud ferroviaire où les lignes de Lviv, Cracovie et Lublin se rencontrent.

    En 1880, Rava-Rouska compte environ 10 500 habitants dont 37,3 % de Juifs, 34,6 % de Polonais, 20,8 % d'Allemands et 7,0 % de Ruthènes.

    Pendant la Première Guerre mondiale, la première campagne de Galicie aboutit à un désastre pour l'armée austro-hongroise. La 5e armée russe réussit à percer une brèche entre la 1re et la 4e armées austro-hongroises lors de la bataille de Rava-Rouska (6-), entraînant l'occupation de la Galicie orientale par les troupes russes.

    Après la Première Guerre mondiale, la ville fait partie du nouvel État polonais. Elle est rattachée à la voïvodie de Lwów. Jusqu'en 1928, elle abrite une école de garde-frontières polonais (en) transférée ensuite à Góra Kalwaria.

    Seconde Guerre mondiale

    En , lorsque l'Allemagne nazie envahit la Pologne, l'Union soviétique, conformément aux dispositions secrètes du pacte signé le 23 août 1939, annexa la partie orientale de la Pologne. Au début de la Seconde Guerre mondiale, Rava-Rouska fut envahie par l'Armée rouge en , puis annexée par l'Union soviétique au sein de la république socialiste soviétique d'Ukraine. La ligne de démarcation avec la partie occidentale de la Pologne, occupée par l'Allemagne, passait à la limite nord-ouest de la ville. De nombreux Juifs polonais et d'autres personnes cherchant à fuir les persécutions du régime nazi gagnèrent Rava-Rouska. Certains d'entre eux, de même que d'anciens habitants de la ville, furent déportés en Sibérie par le régime stalinien en 1940 et au début de 1941. Toutefois, la population juive de la ville augmenta entre 1939 et 1941. Les autorités soviétiques édifièrent à Rava-Rouska une caserne, quatre logis et quatre écuries. Celles ci furent transformées en prison pour les soldats soviétiques faits prisonniers après que l'Allemagne eut lancé son offensive contre l'URSS en et la caserne devint un camp d'internement de trente six hectares.

    Le , dès le début de l'invasion de l'Union soviétique, la ville fut conquise par l'armée allemande et rattachée le au Gouvernement général. Dès le premier jour de l'occupation allemande, la ville fut le théâtre d'assassinats de masse commis par les nazis. Dix-huit mille soldats soviétiques trouvèrent la mort dans un camp de prisonniers de guerre, au cours des années 1941 et 1942. En , un camp de représailles, le Stalag 325, y fut créé pour des prisonniers de guerre français et belges. Une grande partie des détenus y périrent en raison des mauvaises conditions de vie.

    Camp de représailles

    Monument commémoratif de Rawa Ruska (Lwow) créé par le sculpteur français Marcel Mayer durant sa détention à la Forteresse de Lemberg.
    Médaille A CEUX DE RAWA RUSKA 1942-1962 (recto).
    Médaille A CEUX DE RAWA RUSKA 1942-1962 (verso).

    En , un millier de Juifs, principalement des personnes âgées, furent rassemblés au siège de la police, puis conduits au camp d'extermination de Belzec, situé à seulement 15 km au nord-ouest de la ville.

    À la même date, les autorités allemandes décidèrent de déporter à Rawa Ruska, transformé en camp de représailles (stalag 325), les prisonniers de guerre français internés en Allemagne qui avaient tenté de s'évader ou refusaient de travailler. Le premier convoi arriva à Rawa-Ruska le . En , les prisonniers français et belges étaient environ 10 000, et l'on commença à les répartir dans des « sous-camps » créés dans la région.

    Le , deux mille Juifs furent déportés à Belzec. Au cours des mois suivants, un grand nombre de convois de Juifs de Galicie orientale à destination de Belzec passèrent par la gare de Rava-Rouska. En , les Allemands enfermèrent dans un ghetto, non seulement les Juifs restants de Rava-Rouska, mais aussi les Juifs des villages voisins, de sorte que bientôt 15 000 personnes s'y entassèrent. En , les détenus dans les différents camps étaient au nombre de 24 000, dont près de la moitié à Rawa Ruska même. Au cours de plusieurs « Aktionen », entre et , les Allemands et leurs auxiliaires ukrainiens vidèrent le ghetto. Une partie des Juifs furent assassinés sur place et les autres furent déportés à Belzec ou dans le camp de concentration de Janowska, près de Lviv.

    Les conditions de vie étaient particulièrement pénibles, en raison du climat d'abord, les températures de −20° à −30 °C étaient fréquentes pendant les cinq mois d'hiver, et la chaleur torride en été, d'une nourriture insuffisante et du travail forcé auquel étaient contraints les prisonniers. À Rawa Ruska, les robinets d'eau étaient rares et bien insuffisants pour quelque 10 000 hommes, ce qui devait amener ultérieurement Winston Churchill à décrire dans un discours le camp de Rawa Ruska comme celui « de la goutte d'eau et de la mort lente ».

    Dans une lettre édifiante au procureur général du procès de Nuremberg, le chef du camp, le lieutenant-colonel Borck, écrivait peu avant son exécution : « Rawa-Ruska restera mon œuvre, j'en revendique hautement la création, et si j'avais eu le temps de la parachever, aucun Français n'en serait sorti vivant. Car je peux bien le dire maintenant, puisque je vais mourir, j'avais reçu des ordres secrets de Himmler d'anéantir tous les terroristes français »[1].

    En raison de l'avancée de l'Armée rouge, le camp de Rawa Ruska fut en grande partie évacué par les Allemands le et la plupart de ses occupants transférés dans divers camps, dont la citadelle de Lvov. Le , la ville et le camp furent libérés par l'Armée rouge. Les prisonniers qui y étaient encore internés furent retenus par les Soviétiques jusqu'à ce qu'ils puissent être rapatriés en France ou en Belgique, à savoir près d'un an plus tard le .

    Une commission d'enquête, qui œuvra du 24 au , estima que 18 000 soldats soviétiques furent fusillés ou périrent de mauvais traitements ou de maladie à Rawa Ruska et aux alentours en 1941-1942, tandis qu'une dizaine de milliers de Juifs, au moins, résidant dans la région, à Lwow[2] notamment, étaient eux aussi exécutés.

    Époque contemporaine

    En mémoire des combattants qui sont passés par le camp de Rawa-Ruska durant la Seconde Guerre mondiale, l'association « Ceux de Rawa-Ruska » a vu le jour. Cette association regroupe l'ensemble des anciens combattants, qui se sont retrouvés déportés dans ce camp et leurs descendants. En 2007, seuls deux pour cent des anciens déportés vivaient encore, soit environ 500 personnes sur 25 000 initialement.

    Après la guerre, Rava-Rouska fut à nouveau soviétique. Depuis 1991, elle appartient à l'Ukraine indépendante. Un point de passage frontalier avec la Pologne se trouve au nord-ouest de la ville.

    Population

    Recensements (*) ou estimations de la population[3] :

    Évolution démographique
    1880 1931 1959* 1970* 1979* 1989* 2001*
    10 50011 0006 5447 1958 1778 7778 070
    2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
    8 3288 3558 4268 4878 5788 6378 647

    Transports

    Rava-Rouska se trouve à 53 km de Lviv par le chemin de fer et à 60 km par la route européenne 372.

    Personnalités

    • Emil-Edwin Reinert (1903-1953), réalisateur, scénariste et ingénieur du son français, né dans la ville.

    Notes et références

    1. « Lettre adressée au Procureur Général chargé du procès de Nuremberg par l'ancien responsable du camp de Rawa Ruska », sur memoiredeguerre.pagesperso-orange.fr (consulté le )
    2. Lwów en polonais, Lviv en ukrainien, naguère Lemberg en allemand.
    3. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua« Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua

    Bibliographie

    Liens externes

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