Revue du clergé français

La Revue du clergé français (sigle : RCF) est une revue catholique française bimensuelle qui paraît de 1895 à 1920. Destinée aux prêtres, considérée comme l’une des revues les plus prestigieuses de la culture catholique française, elle s'attachait à la vulgarisation des travaux de sciences religieuses.

Revue du clergé français
Titre abrégé RCF
Discipline Études catholiques
Langue français
Rédacteur en chef Lucien Lacroix (1894-1898)
Joseph Bricout (1898-1920)
Publication
Maison d’édition Letouzey & Ané (France)
Période de publication 1894-1920
Fréquence Bimensuelle
Indexation
ISSN 2018-1086
OCLC 472694381

Histoire

Origines

La Revue du clergé français est fondée en [1] par l'abbé réformateur Lucien Lacroix - futur évêque de Tarbes - qui en garde la direction jusqu'en [2] avant de la transmettre à Joseph Bricout[3] qui la conserve jusqu'à la fin de parution de la revue en 1920[2].

Ses rédacteurs se recrutent essentiellement parmi les prêtres, auxquels elle s'adresse en priorité dans l'objectif de les accompagner dans les différentes tâches du sacerdoce[4] et de les tenir au courant de la vie intellectuelle[5]. Paraissant de manière bimensuelle[2], elle a également pour objet la vulgarisation des travaux de sciences religieuses, dans une perspective progressiste[4] voire « libérale »[5], à une époque où le catholicisme est traversé par la crise moderniste.

Crise moderniste

La Revue a pu être considérée comme une revue « amie du modernisme »[6] en publiant notamment des auteurs comme Loisy — dont les articles sont parfois signés sous les pseudonymes « Firmin » ou « de Després »[7] et y jettent les bases d'une réforme de la pensée chrétienne[8] — ou encore Albert Houtin, Maurice d'Hulst, Eudoxe Mignot… L'abbé Bricout, bien que tenant du loyalisme ecclésiastique[9], s'attache néanmoins à ouvrir les colonnes de la publication aux opinions les plus diverses[10], comme celles du successeur de Loisy à l'Institut catholique de Paris, l'abbé et exégète Louis-Claude Fillion.

La revue semble d'ailleurs s'incliner devant le décret Lamentabili du pape Pie X, promulgué en , qui condamne le courant « moderniste » au sein de l'Église catholique, mais — tout en soulignant qu'il ne s'agit pas d'un acte personnel du pape mais de celui d'une congrégation — s'attache à montrer que les recherches menées par les chercheurs et savants catholiques ne sont pas nécessairement concernées par les condamnations portées par l'encyclique à l'encontre du modernisme[11].

Ainsi, les nombreux collaborateurs de la revue rassemblent les élites du catholicisme français et la publication est bientôt considérée comme l’une des revues les plus prestigieuses de la culture catholique française[12], relayant par exemple les travaux des préhistoriens Amédée et Jean Bouyssonie[13]. Si son lectorat compte 3 000 abonnés en 1903[14], il a pu atteindre le nombre de 15 000 prêtres[15].

Témoignage de la complexité des enjeux qui ont traversé le catholicisme à cette époque, l'abbé Bricout - qui a pu défendre certaines des approches de Loisy [16]- , dans une forme « d'autocritique »[9], explique, en 1926[17], qu'après la publication de l'encyclique Pascendi, « des revues qui étaient ou qu'on croyait modernistes, la Revue du clergé français par exemple, menaient désormais le bon combat contre l'erreur démasquée »[9].

Quelques contributeurs

L'essentiel des rédacteurs de la revue se recrute parmi le clergé catholique :

Notes et références

  1. Émile Poulat, Yvon Tranvouez et François Trémolières, Le désir de voir Dieu : et sa signification pour la théologie française contemporaine, Desclée De Brouwer, , 360 p. (ISBN 978-2-220-07683-6, lire en ligne), p. 203
  2. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 42
  3. Joseph Bricout (1867-1930), prêtre, ancien élève de Loisy, secrétaire de Mgr d'Hulst. Demeuré vicaire à Paris toute sa vie, Bricout publie notamment L'histoire des religions et de l'Église catholique qui reçoit le prix de l'Académie française en 1910.
  4. Yves Palau, « Le modernisme comme controverse, Abstract », Mil neuf cent. Revue d'histoire intellectuelle, no 25, , p. 75–90 (ISSN 1146-1225, lire en ligne, consulté le )
  5. Georges Weill, Histoire du catholicisme libéral en France, 1828-1908, Slatkine, coll. « Ressources », , 312 p. (ISBN 978-2-05-000102-2, lire en ligne), p. 232
  6. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 19
  7. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 125
  8. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 334
  9. Emile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 196
  10. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 158
  11. François Laplanche, La Crise de l'origine, Albin Michel, , 720 p. (ISBN 978-2-226-21648-9, lire en ligne), p. 61-62
  12. Maurilio Guasco, « Christian Sorrel, Libéralisme et modernisme Mgr Lacroix (1855-1922). Enquête sur un suspect, Paris, Cerf, 2003, 541 p. », Chrétiens et sociétés. XVIe – XXIe siècles, no 11, (ISSN 1257-127X, lire en ligne, consulté le )
  13. Jean-Michel Maldamé, Prêtres et scientifiques, Desclée De Brouwer, (ISBN 978-2-220-08079-6, lire en ligne), p. 103
  14. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 206
  15. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 135
  16. Emile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , 742 p. (ISBN 978-2-226-19878-5, lire en ligne), p. 195
  17. J. Bricout, Dictionnaire pratique des connaissances religieuse, Librairie Letouzey et Ané, , col. 1051-1068

Voir aussi

Bibliographie

  • Christian Sorrel, Libéralisme et modernisme : Mgr Lacroix (1855-1922). Enquête sur un suspect, Paris, Les Éditions du Cerf, , 541 p. (ISBN 978-2-204-07118-5)

Articles connexes

Liens externes

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