Robe de mariée

Une robe de mariée est un vêtement traditionnel que porte la mariée le jour de ses noces. Fréquemment plusieurs accessoires tels que de longs gants blancs, le chapeau, le voile ou le bouquet fleuri viennent compléter la composition, participant ainsi à rendre la mariée belle et porteuse de valeurs symboliques.

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Une robe de mariée en 1929.

Histoire de la robe de mariée

Le port de la robe de mariée constitue une coutume dont l'histoire s'imbrique étroitement avec celle du mariage dans un contexte de forte influence culturelle de l'Église catholique romaine.[réf. nécessaire]

Dans la Grèce antique, la femme porte un chiton fermé par une ceinture appelée zonè. Celle-ci est fermée sur le devant et signifie la chasteté ; la dénouer renvoie à l'accomplissement de l'acte sexuel. La mariée porte un voile[1].

Dans le mariage de la Rome antique, la promise est vêtue de la tunica recta, tunique blanche tissée de façon traditionnelle qui descend jusqu'aux pieds. La taille est ceinte par un Nœud d'Héraclès que seul le marié a le droit de dénouer. Elle porte également un manteau et des sandales de couleur safran, et sur la tête un voile de couleur orange ainsi qu'une couronne de fleurs à partir du IIe siècle[réf. nécessaire].

Au Moyen Âge, il n'est pas d'usage de porter une robe spécifique pour le mariage mais plus simplement sa plus jolie robe quelle que soit la couleur (y compris le noir, notamment si le futur marié est veuf), même dans les milieux favorisés. Les rapports détaillés des mariages princiers en France montrent l'usage de robes en tissus de couleurs, le blanc étant souvent présent par des bordures de fourrure en hermine alors que chez les paysans, la robe est majoritairement rouge jusqu'au XIXe siècle car la garance avec laquelle elle est teinte est alors le colorant le plus résistant à l'eau, à l'air et à la lumière[2]. Au XIVe siècle, la mode est à la « cotardie » (ou « cotte hardie »), un genre de « surcot » avec manches, traîne[3] et ceinture. Les tableaux de l'époque témoignent d'ailleurs que c'est seulement à la Renaissance que les épouses des familles aristocratiques commencent à revêtir une robe de couleur blanche : la tradition rapporte que cette mode s'est propagée grâce à Marie Stuart qui a porté une robe blanche lors de son mariage avec Francois II, le blanc étant la couleur de sa famille d'origine les Guise[4], à moins qu'il ne s'agisse de la couleur du deuil (blanche à cette époque) de son père qu'elle portait le jour de son mariage[5].

Les siècles suivants, les robes de mariée retrouvent des couleurs, le noir étant le plus prisé car elles peuvent être portées plusieurs fois notamment dans les couches paysannes (par exemple pour la messe de relevailles)[6]. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, sous l'impulsion de l'Église et en réaction à l'ancrage des valeurs républicaines dans la société française (et sous l'influence des grands magasins[7]), les femmes pratiquantes affirment leur virginité en revenant au blanc originel, symbole de pureté, même si certaines coutumes locales, telles celles du Morvan, préconisent un mariage en costume noir[réf. nécessaire].

Le mariage de la reine Victoria en robe de mariée blanche en 1840 réintroduit cette couleur. Celle-ci est choisie à la fois pour ne pas faire de l'ombre à son mari le prince Albert, sanglé dans un uniforme écarlate, et pour relancer l'industrie du satin du quartier londonien de Spitalfields et la dentelle de Honiton (en)[8]. Par cette inspiration, les robes de mariée deviennent blanches chez les classes aisées puis dans les classes populaires au XXe siècle[6]. Avant la reine Victoria, les robes de mariées étaient de couleurs diverses, même si le rouge était le plus populaire. Les femmes mettaient leur plus belle robe, qui était portée à d'autres occasion. Le blanc devient symbole de pureté, de richesse (les robes blanches coûtaient plus cher) et d'innocence. De plus, il rend mieux sur photographies de l'époque. C'est avec la prospérité suivant la Seconde Guerre mondiale que la robe de mariée blanche et portée une seule fois se répand dans toutes les classes sociales[9].

On perçoit la dimension sémiotique que peuvent endosser les vêtements : être message et porteur de message à la fois. La robe de mariée suit le goût du jour et raccourcit en même temps que les ourlets. Après la pénurie de tissu de la Seconde Guerre mondiale, les couturiers comme Christian Dior reviennent aux longueurs et les années 1950 voient l'âge d'or de la robe ample évasée jusqu'aux pieds. La robe de Grace Kelly inspirera la mode nuptiale pendant longtemps alors que les minijupes apparaissent. Mais une minijupe adaptée au mariage ne convient pas dans les églises et le modèle Grace Kelly perdure. Dans l'effervescence qui suit mai 68, un certain anti-conformisme apparaît et des mariées (surtout lors des mariages civils) se présentent à la mairie en costume de tous les jours, en pantalon. Mais ce n'est pas un phénomène général et les mariages des vedettes lancent un changement dans la mode pour quelque temps. Dans cette hésitation des styles, le mariage de Lady Di et Charles d'Angleterre provoque l'apparition d'un modèle ressemblant quelque peu à celui des années 1950 : jupe évasée, broderies et perles. Ce modèle va faire les beaux jours des grands distributeurs.

Certains modèles, lourdement chargés, donnent parfois aux jeunes femmes, souvent issues de milieux populaires, l'impression qu'elles sont les princesses d'un jour (Cendrillon a aussi quelque peu contribué au mythe)[pertinence contestée].

Au début des années 1990, la mode revient à un peu plus de sobriété et la couleur fait son grand retour : d'abord quelques touches florales pastels puis les créateurs osent un tissu entièrement coloré (rouge, parme, etc.). La couleur dans la robe de mariée était il y a quelques décennies réservée (voire imposée) aux femmes ayant « fauté » avant le mariage.

Il est intéressant de noter[style à revoir] que depuis quelques années, la mode a vu l'émergence d'un type nouveau de robes blanches, plus sobres, destinées aux mariages civils[10].

De nos jours

Robe bustier

De nos jours, un bouquet de fleurs complète presque toujours la tenue du grand jour. La tradition du bouquet de mariée est, comme celle de la robe de mariée, intimement liée à l'histoire du catholicisme. La première trace des bouquets de mariée remonte ainsi à l'époque des croisades, lorsque les combattants de retour d'Orient importèrent la tradition selon laquelle la future mariée devait confectionner un bouquet de fleurs d'oranger (symbole de pureté) pour signifier l'événement à venir. La tradition a ensuite évolué au fil des siècles, et de 1850 à 1914, le bouquet traditionnel devait par exemple être conservé pendant toute la durée du mariage dans un « globe de marié » (en fait un globe de verre recouvrant un coussinet). Depuis près d'un siècle, le bouquet de marié est toujours utilisé, mais selon des aspects moins formels et cadrés. Les formes, couleurs et compositions des bouquets peuvent être très variées et de nouvelles coutumes comme le lancer de bouquet ont vu le jour[11].

Au début du XXIe siècle, environ 75 % des robes de mariée sur le marché sont sans manches et sans bretelles[12],[13]. D'autres mariées préfèrent des styles plus modestes avec des manches, des décolletés plus hauts et des dos couverts. La plupart des robes de mariée d'aujourd'hui ont des dos à lacets ou des fermetures à glissière. Les robes de mariée peuvent également être longues ou courtes, selon le type de mariage. De nombreuses robes de cérémonie occidentales sont dérivées de costumes rituels chrétiens. Il était donc nécessaire de réduire l'exposition cutanée. En réponse à cette tendance, les robes sans manches ou sans bretelles portent souvent de longs gants blancs.

La robe de mariée est également le symbole de clôture de défilé pour la haute couture[14], ce rituel étant introduit par Christian Dior dans les années 1950[15]. Dans la mode, c'est un honneur pour un mannequin d'apparaitre finalement avec celle-ci, comme par ailleurs le fait d'ouvrir le défilé, preuve d'une notoriété ou influence, à l'image de Laetitia Casta plusieurs fois en mariée pour Yves Saint Laurent[16].

Les robes de mariées dans le monde

Mariage au Japon.
Robe de mariée à la Nouvelle Orléans.

Au Maghreb, la tradition veut que la mariée change sept fois de tenue, parfois moins en pratique, lors des noces qui durent souvent plusieurs jours[17],[18]. Pour la changer, la mariée est aidée par une Negafa au Maroc et Machta en Algérie.

Traditionnellement en Espagne et plus particulièrement en Andalousie, la mariée porte une robe en soie, un châle et une mantille en dentelle de couleur noire[19].

En Inde, la mariée porte traditionnellement un sari rouge vermillon comportant des dorures. Des dessins au henné sont faits sur la paume de ses mains et elle porte de nombreux bijoux[19].

Au Kenya, la mariée porte une tenue brodée de perles de verre. Elle a le crâne presque rasé et porte une coiffe avec des perles. Elle porte des bijoux, notamment des boucles d'oreilles volumineuses[19].

On assiste toujours plus fréquemment à une occidentalisation de la robe de mariée à travers le monde. La diffusion des photos de mariage de célébrités joue fortement sur la mode des robes de mariage. Pour autant, certaines traditions demeurent. En Chine, le hanfu, vêtement traditionnel de la mariée est rouge, de même que beaucoup d'autres décorations du mariage[20]. Au Sénégal, le boubou très décoré et assorti à celui du marié est de mise. En Roumanie, la tradition voulait que la mariée tricote elle-même sa jupe de mariée en laine. Chez les Amish aux États-Unis, la tenue de mariage des femmes est traditionnellement bleue ou noire et la future mariée doit la tricoter elle-même[21]. Aux Antilles, le tissu madras continue de parer de nombreuses robes de mariée[22].

Dans la cérémonie du mariage shinto au Japon, la mariée porte un Shiromuku.

Notes et références

  1. Gaëlle Deschodt, La pudeur, une clé de lecture du mariage grec ancien ?, Hypothèses, (lire en ligne).
  2. Le rouge : c'est le feu et le sang, l'amour et l'enfer - Interview de Michel Pastoureau par Dominique Simonnet, BNF
  3. Prolongeant autrefois la houppelande portée à la Cour, elle était caractéristique des tournures.
  4. La robe de mariée : histoire et traditions - Gralon.net
  5. Marie Stuart, en deuil blanc - BNF
  6. Robes de mariées de reines : de Marie-Antoinette à Elizabeth II - Lovapourrier.com
  7. Antoine Prost, Douze leçons sur l'histoire, Points Seuil, 2014 (ISBN 978-2-7578-4438-0), p. 71
  8. Philippe Delorme, Mariages de légende à la cour d'Angleterre, Jourdan Editeur, , p. 87.
  9. Maude Bass-Krueger, « Voici la vraie histoire de la robe de mariée blanche », sur vogue.fr, .
  10. « Robes de mariage civil », sur puretrend.fr,
  11. Histoire et tradition du bouquet de mariée - Bouquets-de-mariee.com (site commercial, voir archive)
  12. (en) « As strapless weddings gowns dominate market, one bride just says no », sur tampabay.com (consulté le )
  13. (en) Katherine Goldstein, « Say Yes to a Different Dress: Down with the strapless wedding gown », sur Slate, (consulté le )
  14. Sasha Pieszecky, « Les plus belles robes de mariée Haute Couture printemps-été 2017 », Marie Claire,
  15. Hommage à Christian Dior, Union des arts décoratifs, , p. 180
  16. Musée Galliera, Morgan Jan, Didier Grumbach et al. (préf. Catherine Join-Diéterle), Showtime : le défilé de mode, Paris, Paris Musées, , 285 p. (ISBN 2-87900-941-3), « Le mannequin : du portemanteau au top model », p. 216
  17. Rawia Arroum, « Top 5 des traditions observées lors d'un mariage oriental », sur zankyou.fr, .
  18. « Le mariage musulman », sur marieclaire.fr.
  19. « Les vêtements des mariées à travers le monde », sur femmeactuelle.fr, .
  20. « TRADITION – 10 choses à savoir sur le mariage en Chine », sur lepetitjournal.com, .
  21. « Le mariage Amish », sur mariage.be, .
  22. Tour du monde des robes de mariée - Instant Précieux (site commercial)

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Harriet Worsley (trad. de l'anglais), 100 idées qui ont transformé la mode 100 ideas that changed fashion »], Paris, Seuil, , 215 p. (ISBN 978-2-02-104413-3), « La robe de mariée », p. 20 à 21
  • Marie Bariller, La Mariée, rêve de créateurs, La Martinière, 2015 (ISBN 978-2-7324-6466-4), 224 pages

Liens externes

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