Roger Pannequin
Roger Pannequin, alias « commandant Marc », né le et mort le à Verberie, est un instituteur de la région Nord et un résistant des Francs-tireurs et partisans (FTP) de la première heure qui combattit l’occupation allemande.
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(à 81 ans) Compiègne |
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Biographie
Engagement dans la résistance
Fils d'un ouvrier ajusteur dans l'industrie minière, il étudie à l’École Normale d’instituteurs d’Arras à partir de . Il adhère aux jeunesses socialistes, liées à la SFIO, alors que le Front populaire vient d'arriver au gouvernement. Il est proche de l'aile gauche du parti emmenée par Marceau Pivert[1],[2].
Mobilisé au début de la Seconde Guerre mondiale, il est capturé par l'armée allemande après l'effondrement des lignes françaises mais réussit à s’évader avec un camarade. Début 1941, instituteur depuis peu, il entre en contact avec des militants communistes, parmi lesquels Julien Hapiot, qui commençaient à organiser la résistance dans le Nord-Pas-de-Calais. Il participe au tirage et à la distribution de tracts, à la collecte de matériel et d'argent, et à des sabotages. Il adhère au Parti communiste français (clandestin) au et rejoint le groupe de Charles Debarge avec lequel il participe à l’action armée contre l'occupant[2].
Il est arrêté le , soumis à la torture et condamné à cinq ans de travaux forcés. Il s'évade le et se réfugie brièvement en Belgique avant de revenir en France et de reprendre part à la résistance. Il est l'un des rédacteurs du Patriote du Pas-de-Calais et mène des attaques armées avec les FTP. Il est arrêté une nouvelle fois le à Lens mais s'évade à nouveau le au cours d’un transfert. sous le pseudonyme de “Marc”, Il a la responsabilité des liaisons entre le Front national et les FTP dans les départements de l’Aisne, des Ardennes et de la Meuse. Ses multiples évasions font de lui l'un des résistants les plus recherchés[2].
Ses tortionnaires étaient en premier lieu le commissaire de police de Lens, André Dobbelaere[3], condamné à mort puis gracié à la Libération[4] et son adjoint, lieutenant de gendarmerie Roger Fleurose, œuvrant tour à tour au commissariat de Lens ou dans les locaux de la gendarmerie. Les mêmes s’illustreront dans les tortures infligées à bien d’autres résistants du bassin minier, le plus notable étant l’instituteur d’Harnes, Henri Gouillard avant de les remettre à la Gestapo[5],[6] Beaucoup de gendarmes impliqués dans la traque des résistants seront mutés dans la Sarre pendant les premières années de l'occupation française. Ils reviendront dans le bassin minier lors des grèves de 1947 et 1948.
Parcours au PCF
À la libération de la France, il est vice-président du Comité départemental de libération (CDL) du Pas-de-Calais et dirige le Comité de libération de Liévin. Il devient par la suite l'un des responsables de la Fédération du Pas-de-Calais du Parti communiste français, membre du Comité central[7] et permanent de la Fédération du Nord.
En 1945, il est élu sur la liste d'Auguste Lecœur dont il devient le premier adjoint à la mairie de Lens (Pas-de-Calais) et premier adjoint de la Fédération du Parti communiste français du Pas-de-Calais. En 1947, la liste d'Auguste Lecœur perd les élections municipales.
Il est très impliqué dans les grèves de 1947-1948 dans le Pas-de-Calais.
La mise à l'écart
Roger Pannequin a subi ensuite la vague de mises à l'écart dont ont été victimes des leaders de la Résistance française au sein du PCF, comme celles en 1952 du député André Marty, de Charles Tillon, fondateur et commandant en chef des Francs-tireurs et partisans et de Georges Guingouin, chef des maquis du Limousin, puis celles en 1954 des deux leaders de la résistance dans le Nord-Pas-de-Calais, Auguste Lecoeur et René Camphin. L'historienne française Annie Kriegel, éditorialiste au Figaro, y verra un désaccord entre dirigeants communistes à l'époque de la fin de vie puis de la mort de Staline en , et Auguste Lecoeur[8] et Philippe Robrieux un réflexe de défense de l'entourage de Maurice Thorez[9], qui n'avait pas la même légitimité historique, n'ayant jamais participé à la Résistance française[8].
L'Affaire Pronnier
Roger Pannequin et son ami René Camphin ont reçu un "blâme" dès 1951, après l'Affaire Pronnier sur la base du témoignage très controversé d'un criminel condamné à mort, auquel la Justice n'a pas donné crédit, dans le cadre d'une enquête interne au PCF à laquelle Auguste Lecoeur avait été contraint par la direction du PCF de coopérer.
La rupture de l'amitié entre Auguste Lecoeur, causée par ce blâme injustifié, sera ensuite utilisée par la direction du PCF pour les mettre tous les deux à l'écart en 1953-1954.
Auguste Lecoeur avait lui-même, entre-temps, été instrumentalisé pour éliminer en 1952 deux autres grands résistants qui pouvaient faire de l'ombre à Maurice Thorez, André Marty et Charles Tillon.
Le rapport Lecoeur d'octobre 1953
L'éviction de Roger Pannequin est brutalement décidée par Auguste Lecoeur, qui l'avait fait entrer au comité central en 1950, juste après que Pannequin ait été menacé d'un révolver par un mari soupçonneux en pleine Fête de l'Humanité de . Auguste Lecoeur est lui-même mis en difficulté au même moment, ainsi que ses autres proches, car il revient d'Union soviétique avec un rapport sur la destalinisation, quelques mois après la mort de Staline, dont le secrétaire général du PCF Maurice Thorez ne veut pas entendre parler.
Roger Pannequin reprend un poste d’instituteur en 1953 à Sallaumines. Tout en restant membre du PCF jusqu'en 1968, il sympathise avec les groupes oppositionnels Débat communiste et Unir. Il quitte le parti communiste en 1968 et participe à la création et aux activités du Secours Rouge en 1970[2].
Les livres d'histoire
Roger Pannequin ensuite écrit des livres d'histoire racontant ses expériences dans la Résistance, dont trois entre 1976 et 1979, et contribué à de nombreuses recherches historiques, écrites ou cinématographiques, mélant analyse, souvenirs, anecdote et humour[10]. On y trouve de nombreuses précisions sur les actes de résistance dans le Pas-de-Calais entre 1942 et 1944[11].
Publications
Voir aussi
Bibliographie
- 2002 : Gilles Deregnaucourt, Roger Pannequin dit commandant Marc, Gauheria, p. 41-52
- 2001 : Gérard Guégan, Ascendant Sagittaire : une histoire subjective des années soixante-dix, éd. Parenthèses
Liens externes
- Ressource relative à la recherche :
Notes et références
- Fiche de lecture de la biographe d'Achille Blondeau, par Laurence Mauriaucourt, dans L'Humanité, 2014
- Biographie Le Maitron d'Achille Blondeau
- "Les grèves de 1947 et 1948 dans le Pas-de-Calais, déroulement, violence et maintien de l'ordre" par Philippe Roger, dans la Revue du Nord en 2011
- "L’épuration à Lens" par Philippe Roger
- Roger Pannequin, Adieu Camarade, Paris, Le Sagittaire,
- Jacques Estager, Ami entends-tu ? La Résistance populaire dans le Nord-Pas-de-Calais, Paris, Messidor, Editions sociales,
- Il en est exclu en 1953
- Croix de guerre pour une grève. 100 000 mineurs contre l'occupant 27 mai-10 juin 1941, Plon, Paris, 1971.
- "Histoire intérieure du Parti communiste, tome 2. De la libération à l'avènement de Georges Marchais", par Philippe Robrieux
- "Ascendant Sagittaire: une histoire subjective des années soixante-dix" par Gérard Guégan, Editions Parenthèses, 2001
- Brève histoire de la Résistance dans le Pas-de-Calais
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