Roland Freisler
Roland Freisler est un juriste allemand, né le à Celle et mort le à Berlin.
Juge du Volksgerichtshof | |
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Harry Haffner (en) | |
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Député |
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Décès |
(à 51 ans) Berlin |
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Oswald Freisler (en) |
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Marion Freisler (depuis ) |
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Distinction |
Il commence sa carrière sous la république de Weimar, puis la continue sous le Troisième Reich. Il accède en à la présidence du Volksgerichtshof, la plus haute cour de l'État national-socialiste pour les affaires pénales politiques. Il occupe cette fonction jusqu'à sa mort lors d'une attaque aérienne sur Berlin, trois mois avant la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Il est considéré comme étant le juge responsable de milliers de condamnations à mort prononcées dans les procès des trois dernières années du régime national-socialiste — des procès généralement publics dont les jugements étaient souvent établis d'avance et qu'il présidait ; c'est au XXIe siècle le juge pénal du Troisième Reich le plus connu. Sûr de lui, irascible et aimant humilier les accusés, il était un exemple caractéristique des violations juridiques au temps du nazisme dans le cadre de la terreur organisée par le régime. En effet, Freisler était le représentant de la terreur judiciaire nazie. Il s'est notamment illustré en présidant au procès des participants au complot contre Adolf Hitler, après l'attentat du .
Biographie
Juriste, Freisler servit au cours de la Première Guerre mondiale en tant que lieutenant. Il fut fait prisonnier en 1915 par les Russes en Sibérie et devint commissaire bolcheviste après la dissolution du camp où il était prisonnier (Hitler l'a aussi appelé de ce fait « le vieux bolchevik »)[1].
En 1920, il rentra en Allemagne. Il présenta en 1922 à l'université d'Iéna une thèse de doctorat en droit intitulée Du principe de l'organisation de l'entreprise, puis ouvrit en 1924 une étude d'avocat à Cassel. Il adhéra en 1925 au NSDAP[1]. On lui donna des responsabilités législatives à Cassel et il devint plus tard membre du Landtag de Hesse-Nassau. En tant qu'avocat de la défense, il représenta les nationaux-socialistes inculpés. Parallèlement, il revêtit l'uniforme d'officier des SA, mais prit ses distances avec cette organisation après la nuit des Longs Couteaux, en 1934.
En 1927, le Gauleiter (chef de région) du NSDAP Karl Weinrich caractérisait ainsi le camarade de parti Roland Freisler dans un rapport à la direction du parti à Munich :
« Sur le plan rhétorique, il est notre meilleur orateur [...]. C'est surtout sur les foules qu'il exerce une influence, alors qu'il est généralement rejeté par les hommes doués de raison. Le camarade de parti Freisler n'est utilisable qu'en tant qu'orateur. Comme chef, il n'est pas à sa place, car peu fiable et trop sujet à des sautes d'humeur. »
Le , il épousa Marion Russegger, ils eurent deux fils, Harald et Roland.
En 1932-1933, il fut membre du Landtag de Prusse. Dans la même période, il devint alors aussi conseiller d'État et directeur ministériel prussien. En 1934, il fut secrétaire d'État au ministère de la Justice prussien. De 1934 à 1942, il fut secrétaire d'État au ministère de la Justice du Reich, qu'il représenta lors de la Conférence de Wannsee[2].
Le , Freisler fut nommé président du Volksgerichtshof par Adolf Hitler,[2],[3] succédant ainsi à Otto Thierack, lui-même nommé ministre de la Justice du Reich. Le Volksgerichtshof avait été fondé en 1934 pour traiter des cas de haute trahison. Son champ de compétence fut ensuite élargi à d'autres crimes visant la sûreté de l'État.
Sous la présidence de Freisler, le nombre de condamnations à mort grimpa en flèche ; environ 90 % des procès se terminaient par une condamnation à mort ou une peine de prison à vie, souvent décidées avant même le commencement de l'audience[3]. Entre 1942 et 1945, plus de 5 000 peines capitales furent prononcées par le Volksgerichtshof, dont environ 2 600 sous la présidence de Freisler. Freisler seul, en trois ans d'activité au Volksgerichtshof, prononça autant de condamnations à mort que toutes les autres chambres du Volksgerichtshof réunies pendant la durée de vie totale de ce tribunal d'exception, de 1934 à 1945[3].
Ses actes les plus connus sont la condamnation de Hans et Sophie Scholl, d'Alexander Schmorell et d'autres membres de la Rose blanche, Kurt Huber et Willi Graf , à la peine capitale[4], ainsi que celle des conjurés de l'attentat du 20 juillet 1944 contre Hitler[1],[3].
La cause exacte de la mort de Freisler reste inconnue. Probablement est-il mort, le , sous les ruines du tribunal de Berlin lors d'un bombardement américain. Selon d'autres sources, il aurait été blessé par un éclat de bombe et aurait perdu son sang, soit parce qu'il n'aurait pas rejoint l'abri à temps, soit parce qu'il aurait ignoré l'alarme alors qu'il cherchait des documents aux archives. Le procès de Fabian von Schlabrendorff, qui se déroulait alors, fut interrompu et l'accusé envoyé en déportation.
Roland Freisler dans la fiction
Freisler est dépeint en tant que « juge Feisler » dans le roman de Hans Fallada Jeder stirbt für sich allein (1947), qui raconte le procès et la condamnation à mort d'Otto et Elise Hampel, dont l'histoire authentique inspira le roman de Fallada.
Il apparait dans Les fils d'Odin de Harald Gilbers, roman bien documenté sur la vie à Berlin pendant la guerre.
Freisler fut personnifié dans plusieurs films et téléfilms au moins par cinq comédiens. Il est incarné par Rainer Steffen dans le téléfilm allemand la Conférence de Wannsee de Heinz Schirk (de) (1984), et par Owen Teale dans le remake anglo-américain Conspiracy réalisé pour HBO (2001). Il est joué par Roland Schäfer dans L'Ami retrouvé (1989) de Jerry Schatzberg[5]. Il est joué par Brian Cox dans le téléfilm Witness Against Hitler (1996). Il apparait aussi à la fin du film Walkyrie joué par Helmut Stauss (de). André Hennicke en fait une composition remarquée dans le film Sophie Scholl - les derniers jours (2005)[6].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Roland Freisler » (voir la liste des auteurs).
- Boris Egorov, « Comment un Allemand «converti» au bolchevisme en Russie est devenu un nazi haut placé », sur fr.rbth.com, (consulté le )
- (en) John Simkin, « Roland Freisler », sur Spartacus Educational (consulté le )
- (de) mdr.de, « Roland Freisler: Vom Rechtsanwalt zum Blutrichter | MDR.DE », sur www.mdr.de (consulté le )
- (en) Gestapo Interrogation Transcripts: Willi Graf, Alexander Schmorell, Hans Scholl, and Sophie Scholl : NJ 1704 - Volumes 1-33 [i.e. 21], Exclamation! Publishers, (ISBN 978-0-9710541-3-4, lire en ligne)
- critique du film par Julien Welter sur arte.tv
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie et sources
- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Roland Freisler » (voir la liste des auteurs).
- (de) Gert Buchheit : Richter in roter Robe. Freisler, Präsident des Volksgerichtshofes. Munich, 1968.
- (de) Beatrice und Helmut Heiber (Hrg.): Die Rückseite des Hakenkreuzes. Absonderliches aus den Akten des Dritten Reiches. Munich: dtv dokumente, 1993. (ISBN 3-423-02967-6)
- (de) Ingo Müller: Furchtbare Juristen. Die unbewältigte Vergangenheit unserer Justiz. Munich: Kindler, 1987. (ISBN 3-463-40038-3)
- (de) Helmut Ortner: Der Hinrichter. Roland Freisler, Mörder im Dienste Hitlers; Steidl- Verlag, Göttingen, 1995, 380 pages, (ISBN 3-88243-355-8)
- (de) Arnim Ramm, Der 20. Juli vor dem Volksgerichtshof, Wissenschaftlicher Verlag Berlin, Berlin 2007, (ISBN 978-3-86573-264-4)
Liens externes
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