Rosso Fiorentino

Giovanni Battista di Jacopo dit Rosso Fiorentino (soit « [Le Maître] roux de Florence » en français à cause de la couleur de ses cheveux), est un peintre, graveur et décorateur italien né à Florence le , selon le comput grégorien (1493 selon le style florentin qui débutait l'année le jour de la Fête de l'Annonciation, le 25 mars), et mort à Paris le [1]. Il appartient selon les historiens d'art à l'école maniériste ou à la Renaissance tardive qui marquent l'école de Fontainebleau.

Rosso Fiorentino
Giovanni Battista di Jacopo di Gaspare
Naissance
Décès
Nom de naissance
Giovanni Battista di Jacopo
Activité
Formation
Maître
Mouvement
Mécènes
en France : François Ier

Les théoriciens allemands du maniérisme ont pris les lieux de la carrière du Rosso Fiorentino, à savoir Florence, Rome, Arezzo, Venise, Fontainebleau comme emblématiques des premières périodes de ce vaste mouvement artistique européen englobant peinture, gravure, sculpture ainsi que de nombreux arts décoratifs.

Par son influence, Le Rosso est le fondateur de la première école de Fontainebleau qui lance la Renaissance française dans l'art de la peinture[2]. Ce décorateur érudit, attiré par le bizarre et le spectaculaire, tout en racontant une histoire à plusieurs niveaux de lecture ou d'émotion, bouscule les genres établis et demeure une source d'évolution durable de l'art d'ornementation des cours princières du Nord de l'Europe.

Biographie

Rosso Fiorentino se forme dans divers ateliers en étudiant Michel-Ange et Le Parmesan ou Parmigianino, même s'il est d'abord connu comme élève du maître maniériste Andrea del Sarto, à l'instar du Pontormo, son alter-ego dans la peinture pendant de longues années. Il entre en 1516 dans la corporation des peintres florentins, entité qui deviendra sous la férule de Giorgio Vasari la somptueuse et élitiste Académie du dessin de Florence.

Ce jeune artiste florentin est l'un des initiateurs du courant maniériste européen qui révèle un tournant décisif dans l'art de la Renaissance italienne en voie d'exportation transalpine. En Toscane, ce "maître sans maître", ainsi qu'il se revendique par un art émancipé, prend les voies déroutantes de la modernité : inspiration étrange, dessin sous l'influence de Dürer et de Baccio Bandinelli, utilisation de couleurs aiguës ou stridentes.

Il exécute plusieurs œuvres importantes :

  • l’Assomption de la Vierge (1517) que son maître Andrea del Sarto avait commencé et qu'il est chargé de finir, au cloître de l’Annunziata, porte son nom à la notoriété,
  • la Madone entre quatre saints (1518) aujourd'hui au musée des Offices de Florence dévoile sa palette provocante de couleurs, la finesse de ses grands drapés, la « fougue diabolique » émanant de sa composition,
  • la Déposition de Croix à la Pinacothèque de Volterra (1521) révèle ses recherches de formes synthétiques,
  • le Mariage de la Vierge est une commande faite pour l'église San Lorenzo à Florence (1523) qui atteste le succès du maître roux.

Un bref séjour à Rome en 1524 lui fait découvrir les fresques de la chapelle Sixtine. C'est aussi l'émerveillement devant l'autre pilier fondateur, avec Michel-Ange, de la première maniera européenne, Raphaël et son école qui compte Perin del Vaga et Le Parmesan. Il travaille ensuite beaucoup pour les graveurs, en particulier pour Caraglio. Il s'épuise aussi à égaler les fresques à la mode Michel-Ange, comme le montre Moïse défend les filles de Jéthro.

La période de doute et de mélancolie dépressive qui accablent ensuite le maître, période caractérisée par ses "Christ mort" dont un exemplaire est exposé à Boston, est mal connue. Il s'installe à Rome.

En 1527, au moment du sac de la ville sainte par l'armée de Charles Quint, il est capturé par la soldatesque allemande et dépouillé de ses biens. Il réussit à se faire libérer la même année, et se réfugie à Borgo san Sepolcro. Mais il mène trois années de vie errante et difficile entre Pérouse, Borgo San Sepolcro, Città di Castello, Arezzo. Le maître se fait toutefois remarquer par une peinture de manière affirmée, assimilant la leçon romaine à son inspiration pathétique : couleur brillante, art du clair-obscur, hardiesse et variété dans le plan d'ensemble, notamment la peinture de groupes représentés. L'étonnante déposition marque l'histoire de la peinture maniériste. Il réside en Italie jusqu’en 1530.

Alors qu'il se trouve à Venise, hôte de Pierre l'Arétin en 1530, il saisit une commande de François Ier qui célèbre le mariage du roi avec Éléonore d'Autriche. Rosso choisit de peindre une allégorie Mars et Vénus. Il s'agit d'une allusion à la récente Paix des Dames : Le roi, comme Mars, abandonnait les armes pour Vénus. Avec la recommandation de Pierre l'Arétin, premier conseiller artistique du souverain à Venise et en Italie, le souverain Très Chrétien charmé remercie et appelle l'artiste à la cour de France. Le Rosso choisit l'exil et arrive à Paris en [3].

En pleine Renaissance française, le roi Valois est un admirateur de l'art italien. Sa Majesté est conquise par cet artiste cultivé et musicien. Elle le comble de largesses et lui confie la décoration du château de Fontainebleau. Pendant près d'une décennie, Le Rosso tout en créant des œuvres indépendantes dirige la décoration de Fontainebleau. Il décore le pavillon de Pomone, le pavillon des Poesles et la galerie basse (tous détruits). Mais c'est surtout la décoration de la grande galerie François-Ier (1533-1539) qui demeure son chef-d’œuvre : Le Rosso et ses nombreux collaborateurs exécutent à la gloire du roi un programme iconographique complexe composé de douze fresques principales (1536-39) enchâssées dans un ensemble inédit de stucs déclinés en bas-reliefs, demi-reliefs, haut-reliefs, quasi ronde-bosses (1533-36). Le Rosso est récompensé par sa nomination de premier peintre du roi et de chanoine de la Sainte-Chapelle.

De la dernière période de sa vie, mis à part les dessins préparatoires à l'attention de ses collaborateurs ou graveurs Fantuzzi, Boyvin ou l'inconnu maître L.D, il ne reste que de rares peintures, à l'exemple de la Pietà visible au musée du Louvre[4].

La fin de l'artiste est obscure. L'artiste avare aurait accusé son ami fidèle, Pellegrino, d'avoir volé ses économies. Ce dernier, soumis à la torture, sauve son innocence. Le Rosso, désespéré d'avoir perdu son ami, se serait supprimé par empoisonnement à la fin de l'année 1540. La biographie rédigée par Giorgio Vasari qui s'appesantit sur cette fin tragique est aujourd'hui mise en doute.

Le Primatice, son adjoint bellifontain depuis 1532 et de plus en plus son rival autoritaire et affiché, supprime après 1540 sous prétexte d'agrandissement ou de sa prédilection pour la sculpture en piédestal nombre d'œuvres décoratives du maître roux.


Œuvres

Peintures

Dessins

Notes et références

  1. Nombre de dictionnaires antérieurs à 1950 ou ouvrages des XVIIIe et XIXe siècles le dénomme Le Rosso ou le maître roux florentin, et propose 1541 comme année de décès, ainsi le dictionnaire Larousse qui le nomme même Rosso del Rosso. Il semble que cet artiste à la réputation excentrique soit mort de maladie ou se soit suicidé au cours de l'hiver 1540-1541.
  2. Beauseigneur E, Rosso Fiorentino au château de Fontainebleau, Dossier de l'art de l'art no 184, avril 2011, p. 92-95
  3. Jean-François Solnon, La Cour de France, Fayard, 1987, 734 pages. Lire page 90
  4. Fiche de la Pietà sur le site du musée du Louvre.
  5. Portrait de Jeune fille, Offices
  6. National Gallery
  7. Vincent Pomarède, 1001 peintures au Louvre : De l’Antiquité au XIXe siècle, Paris/Milan, Musée du Louvre Editions, , 589 p. (ISBN 2-35031-032-9), p.310-311

Annexes

Bibliographie

  • Giorgio Vasari, Le Vite, 1568
  • (en) Caroline Karpinski, « Rosso Fiorentino », Print Quarterly, vol. V, no 2, 1988
  • (en) Sylvie Béguin, « Rosso Fiorentino's St Peter and St Paul », Print Quarterly, vol. VII, no 2, 1990
  • (it) Pascale Climent-Delteil, Il Rosso Fiorentino pittore della Maniera, Presses Universitaires de la Méditerranée, Montpellier, 2007 (ISBN 978-2-84269-797-6)
  • Xavier Salmon, « Rosso Fiorentino et la galerie de Fontainebleau », dans Xavier Salmon, Fontainebleau, le temps des italiens, Snoeck, , p. 37-104

Articles connexes

Liens externes

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