Rubén Blades

Rubén Blades est un chanteur de salsa, acteur et homme politique panaméen né le à Panama. Il est connu de façon internationale, notamment pour son single Pedro Navaja (1978). Son style a été qualifié de "salsa intellectuelle" et dans de nombreux pays[1], il est connu comme le "poète de la salsa". Ses chansons ont atteint une grande popularité et il est considéré comme l'un des auteurs-compositeurs-interprètes les plus réussis et les plus prolifiques d'Amérique latine[2].

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Rubén Blades
Au Comic-Con de San Diego, en juillet 2015.
Informations générales
Nom de naissance Rubén Blades Bellido
Naissance
Panama (Panama)
Activité principale Chanteur
Acteur
Homme politique
Genre musical Salsa
latin jazz
Années actives depuis 1968
Labels Elektra Records
Sony Music
Site officiel rubenblades.com

Biographie

Jeunesse

Rubén Blades est né le à Panama[3]. Ses parents sont des musiciens : son père, Rubén Blades Bosques, né en Colombie, était joueur de percussions (bongos) et policier ; sa mère, Anoland Bellido de Luna, née à Cuba, était chanteuse, pianiste et actrice à la radio. Roberto Blades, l'un de ses frères, est également musicien de salsa. Du côté de sa mère, ses grands-parents étaient espagnols (originaires de Galice), son grand-père paternel était originaire de Sainte-Lucie et sa grand-mère de Colombie.

Durant son adolescence, sa famille était relativement pauvre et il y avait aussi des troubles politiques au Panama, particulièrement au sujet du canal de Panama et des relations avec les États-Unis. Il avait grandi avec la culture américaine et le rock 'n' roll. Mais en 1964, 21 civils ont été tués et des centaines blessés dans des émeutes étudiantes, par des soldats américains, quand les étudiants ont essayé de hisser le drapeau du Panama à côté de celui des États-Unis au lycée Balboa. Cet événement traumatisant pour la nation a profondément influencé Rubén Blades et lui a ouvert les yeux.

Comme plusieurs panaméens qui étaient précédemment pro-américains, il a commencé à se poser des questions politiques et sociales.

Après ce « réveil politique », il a continué ses études et est finalement entré à la faculté de droit et de sciences politiques à l'Université de Panama.

Ses inclinations musicales l'ont incité à chanter avec quelques groupes musicaux comme El Conjunto Latino de Papi Arosemena, Los Salvajes del Ritmo[4] et Bush y sus Magnificos. Mais les pressions des professeurs d'université l'ont forcé d'abandonner le chant pendant un moment.

Malgré des problèmes politiques et économiques toujours présents au Panama, Rubén Blades y est retourné pour terminer ses études quand l'université a rouvert.

En 1968, l'université a fermé en raison d'émeutes ; il a alors voyagé à New York et est entré en contact avec Pancho Crystal, le producteur de Cheo Feliciano, Richie Ray, Bobby Cruz, et Joe Cuba. Pancho Cristal avait entendu Rubén Blades chanter au Panama et lui proposa d'enregistrer un disque avec l'orchestre de Pete Rodríguez. From Panama To New York, sorti en 1970, et qui n'a pas beaucoup attiré l'attention à ce moment-là.

Carrière musicale

Immédiatement après l'obtention de son diplôme, il rejoint sa famille à Miami puis se rend de nouveau à New York, pour développer sa musique. Recommandé par Roberto Roena pour travailler à la Fania, il accepte le seul poste qui est à pourvoir : distribuer le courrier.

Cet emploi lui a permis de rentrer en contact avec des personnalités importantes de la scène musicale latine de New York.

Des interprètes comme Richie Ray et Bobby Cruz et Ismael Miranda ont enregistré ses compositions. Ray Barretto cherchait quelqu'un pour remplacer le chanteur de son orchestre. Roberto Roena lui a dit que Rubén Blades pourrait être son homme et il lui a fait passer une audition. Rubén Blades a alors démissionné de la Fania pour rejoindre le groupe de Ray Barretto. Il a été, avec Tito Gómez, le chanteur principal sur l'album Barretto (1975) et invité au chant pour des enregistrements de la Fania All Stars.

En parallèle, dès 1974, Rubén Blades commence à remplacer le chanteur Héctor Lavoe dans l'orchestre de Willie Colón, en tant que chanteur principal, sur la chanson El Cazanguero qu'il avait lui-même écrite, et qu'ils enregistrent ensemble sur l'album The Good, The Bad And The Ugly (publié en 1975)[5],[6].

Sur leur premier album entier en commun, sans Lavoe, Metiendo Mano (1977), les deux chansons Plantación Adentro et Pablo Pueblo ont eu un impact énorme sur les fans de salsa aussi bien que chez les musiciens, pour sa vision sur les questions sociales[7].

Le disque suivant, Siembra (1978), s'étend sur la vision musicale et sociale du précédent. Le disque s'est vendu à plus d'un million de copies (disque d'or et de platine) et a été un hit dans la plupart des pays hispaniques, ainsi qu'aux États-Unis. Le succès de la chanson Pedro Navaja fait prendre conscience que la salsa peut véhiculer un message social.

Cet album révolutionnaire a été suivi par un autre, Maestra Vida (1980), un drame musical utilisant des personnages pour explorer des questions sociales d'une façon très personnelle.

Après six ans passés avec Willie Colón, Rubén Blades a décidé qu'il était temps de former son propre orchestre pour développer ses propres idées musicales. Mécontent de la manière dont la Fania était gérée, il signe chez Elektra Records. Il a fondé le groupe Seis del Solar, expérimentant avec des nouveaux formats de salsa. Il a éliminé la section de cuivres et s'est rapproché du son rock. Il a enregistré Buscando America (1984) avec son groupe, obtenant ainsi un album de salsa à thème social et politique, notamment les titres Buscando América, El padre Antonio y su monaguillo Andrés, Desapariciones ou même Desiciones, devenu un classique de la salsa.

Après son succès, il a pris pour un temps congé de la musique pour intégrer la faculté de droit de Harvard, avec le but à long terme de rendre crédible le Panama, doté d'une lourde dette. Il a obtenu sa maîtrise en Droit International en 1985.

Son album suivant Escenas (1985) lui fournit son premier Grammy Award.

Puis il sort Agua de Luna (1987) un thème inspiré par une série de nouvelles du célèbre auteur colombien, Gabriel García Márquez.

En vue d'étoffer sa palette, il se tourne vers le rock avec la complicité des rock stars Lou Reed et Elvis Costello pour un album en anglais, Nothing But the Truth (1988).

Il retourne à ses racines avec Seis del Solar qui devient Son del Solar, (qui intègre à nouveau des cuivres), avec l'album Antecedente (1988) qui lui vaut un autre Grammy Award. Suivent Caminando avec Son del Solar (1991) et Amor y Control (1992)[8].

Il remporte trois Grammy Award de suite : Rosa de los Vientos (1996), avec des musiciens panamanéens, Tiempos (1999) avec l'ensemble Editus, dans lequel il a incorpore des éléments de musique classique contemporaine et de jazz, et Mundo (2002), également avec l'ensemble Editus et d'autres artistes, fusionnant instruments et rythmes irlandais, arabes et afro-cubains.

En 2018, le ministère de la culture espagnol lui décerne la médaille d'or du mérite des beaux-arts[9].

Carrière politique

Son engagement sur le terrain social conduit Rubén Blades à se présenter à l'élection présidentielle en 1994, comme fondateur et le chef du mouvement Papa Egoro[10], parti qui arrive 3e sur 24, avec 17,1 % des voix, derrière Mireya Moscoso (29,1 %) et Ernesto Pérez-Balladares (élu avec 33,3 % des suffrages).

En 2000 il est nommé ambassadeur aux Nations unies et rencontre des étudiants pour dénoncer le racisme[11].

En 2004, il soutient le candidat Martín Torrijos à la présidence de la République, qui sera élu, et chante avec le Spanish Harlem Orchestra. Sous la présidence de Torrijos, Blades devient ministre du Tourisme, responsabilité qu'il exerce de 2004 à 2009[12].

Carrière cinématographique

En 1982, Blades se découvre des talents d'acteur au cinéma. Jerry Massucci, propriétaire de la Fania[13], lui a offert le rôle d'un boxeur dans un film à petit budget qu'il produisait : Le Dernier combat dirigé par Fred Williamson. Bien que le film n'ait aucun impact, il a inauguré une carrière couronnée de succès en tant qu'acteur. En 1985, il tourne au cinéma Crossover Dreams, un film indépendant autobiographique[14].

En tant qu’acteur, il tient des rôles dans les films de cinéastes comme Robert Redford, Robert Rodriguez, Spike Lee, Alan Pakula et Jack Nicholson. Son travail a été récompensé avec des CableACE, Independent Spirit et Alma Awards et on lui a décerné un Raúl Juliá HOLA Founders Award[15] et le Hispanic Heritage Foundation’s Arts Award[16]. Il a été nominé pour 3 Emmys pour ses rôles dans les films L’histoire de Joséphine Baker[17], Crazy from the Heart et The Maldonado Miracle[18]. Blades passe aussi dans la série télévisée Fear the Walking Dead sur la chaîne AMC et a été le sujet d’un documentaire primé en 2018, Yo No me Llamo Rubén Blades[19].

Discographie

  • 1970 : De Panama a New York (Fania)
  • 1975 : The Good, the Bad, the Ugly (avec Willie Colón)
  • 1977 : Metiendo Mano (Codigo/Fania) (avec Willie Colón)
  • 1978 : Siembra (Codigo/Fania) (avec Willie Colón)
  • 1979 : Willie Colón Presents Rubén Blades
  • 1979 : Bohemio y Poeta
  • 1980 : Maestra Vida
  • 1980 : Siembra Live (Codigo/Fania)
  • 1981 : Canciones Del Solar De Los Aburridos (Emusica/Fania)
  • 1982 : The Last Fight (Emusica/Fania)
  • 1984 : Buscando América
  • 1985 : Escenas
  • 1986 : Agua de Luna
  • 1986 : Crossover Dreams
  • 1988 : Antecedente
  • 1988 : Nothing But the Truth
  • 1990 : Rubén Blades y Son del Solar...Live!
  • 1991 : Caminando
  • 1992 : Amor Y Control
  • 1992 : Doble Filo
  • 1992 : Rubén Blades with Strings
  • 1993 : El Que La Hace La Paga
  • 1993 : Joseph & His Brothers
  • 1993 : Poeta Latino
  • 1994 : Poetry
  • 1996 : Rosa de Los Vientos
  • 1999 : Tiempos
  • 2000 : From Panama
  • 2002 : Mundo
  • 2005 : Ganas (Musicom)
  • 2006 : Cali Concert (Immortal)
  • 2009 : Cantares del Subdesarrollo
  • 2011 : Todos Vuelven: Live, Vol. 1&2 (Ariel Rivas)
  • 2012 : Eba Say Aja (Ariel Rivas)
  • 2014 : Tangos (Sunnyside)
  • 2015 : Ruben Blades con Roberto Delgado & Orquesta : Expresión Latina
  • 2015 : Son de Panama
  • 2017 : Almost Like Praying
  • 2017 : Salsa Big Band
Participations
  • Calle 13 ft. Rubén Blades : La Perla (2009)
  • Diego Torres ft. Rubén Blades : Hoy es domingo (2015)
  • Herencia de Timbiquí ft. Rubén Blades : Qué Será (2018)

Filmographie

Cinéma

Télévision

Théâtre

Notes et références

  1. (es) « Salsa intelectual y derivados », sur El Comercio, (consulté le )
  2. (es) « Siembra y la «salsa intelectual» 40 años después », sur Poliantea, (consulté le )
  3. Larkin
  4. Ruben Blades Con Los Salvajes Del Ritmo - Ruben Blades Con Los Salvajes Del Ritmo (lire en ligne)
  5. https://www.fania.com/products/the-good-the-bad-and-the-ugly
  6. Last Night in Orient- LNO, « El Cazanguero · Rubén Blades · Willie Colón · Yomo Toro · Héctor Lavoe », sur Last Night in Orient (consulté le )
  7. https://www.fania.com/products/metiendo-mano?_pos=1&_sid=23b62be92&_ss=r
  8. Rubén Blades Con Son Del Solar - Amor Y Control (lire en ligne)
  9. (es) « Relación de premiados del año 2010 », sur Ministère de la Culture, (consulté le ) [PDF].
  10. (es) GESE-La Estrella de Panamá, « El Movimiento Papa Egoró, su primera experiencia », sur La Estrella de Panamá (consulté le )
  11. (es) admin, « (Arte y Cultura) MUSICA-PANAMA: Rubén Blades contra el racismo », sur IPS Agencia de Noticias, (consulté le )
  12. (es) « Ruben Blades, ministro de turismo de Panamà », sur Caribbean News digital, (consulté le )
  13. « Jerry Masucci L'« inventeur » de la salsa », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  14. Leon Ichaso, Crossover Dreams, CF Inc., Max Mambru Films, (lire en ligne)
  15. (en) Hispanic Organization of Latin Actors, « Ruben Blades, Luis Guzman, Natalie Morales and Danny Pino to be Honored at the Twelfth Annual 2011 HOLA Awards Presented by Delta Air Lines », sur GlobeNewswire News Room, (consulté le )
  16. (en-US) « Past Hispanic Heritage Awardees », sur Hispanic Heritage Foundation (consulté le )
  17. « The Josephine Baker Story (Film, 1991) — CinéSéries » (consulté le )
  18. « The Maldonado Miracle (2003) Peter Fonda, Mare Winningham, Rub�n Blades, Eddy Martin directed by Salma Hayek Movie Review », sur www.themoviescene.co.uk (consulté le )
  19. (es) « Cine.ar - Yo no me llamo Rubén Blades » (consulté le )

Annexes

Bibliographie

Liens externes

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