Rue Montorgueil

La rue Montorgueil est une voie ancienne des actuels 1er et 2e arrondissements de Paris, France.

Pour le tableau que Claude Monet a peint de cette rue, voir La Rue Montorgueil.

1er, 2e arrts
Rue Montorgueil

La rue Montorgueil vue des Halles.
Situation
Arrondissements 1er
2e
Quartiers Halles
Mail
Bonne-Nouvelle
Début 2, rue Montmartre et 124, rue Rambuteau
Fin 1, rue Léopold-Bellan et 59, rue Saint-Sauveur
Morphologie
Longueur 360 m
Largeur 16 m
Historique
Création Antérieure au XIIIe siècle
Dénomination XIIIe siècle
Ancien nom Vicus Montis Superbi
Géocodification
Ville de Paris 6453
DGI 6520
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Situation et accès

Rue Montorgueil vue en direction des Halles.

La rue Montorgueil est orientée globalement nord-sud, sa partie sud dans le 1er arrondissement, sa partie nord dans le 2e. Elle débute au sud, derrière l'église Saint-Eustache, au niveau des 2 rue Montmartre et 124 rue Rambuteau, et se termine 360 m au nord au carrefour des 1 rue Léopold-Bellan et 59 rue Saint-Sauveur. La rue est l'axe principal d'une zone piétonne animée, possédant de nombreux commerces d'alimentation et des restaurants. Elle a donné son nom au quartier Montorgueil dont elle occupe le centre.[réf. nécessaire]

Outre ces voies, la rue Montorgueil est rejointe ou traversée par plusieurs rues ; du sud au nord :

Au nord, la rue Montorgueil est prolongée par la rue des Petits-Carreaux.

La rue Montorgueil est desservie par la ligne à la station Sentier et la ligne aux stations Les Halles et Étienne Marcel.

Origine du nom

La rue porte depuis le XIIIe siècle le nom du « mont Orgueilleux » (vicus Montis Superbi), car elle conduisait sur une hauteur, ou un petit mont (actuellement quartier de Bonne-Nouvelle), dont la rue Beauregard occupe le sommet[1]. D’après le roman de Victor Hugo (les Misérables) la rue de Montorgueil devrait son nom à l’instrument utilisé pour porter de lourdes charges sur une basse hauteur, le cric appelé jadis «l’orgueil ».

Historique

Une requête des habitants de la rue Montorgueil, en date du , demande la démolition d'une fausse porte située en cet endroit, car celle-ci crée un rétrécissement de la voie qui cause de grands embouteillages, agrémentant des dépôts d'immondices, de puanteurs et d'infections, comme si c'était une voirie, ainsi qu'une prolifération de voleurs. Cette démolition est accordée en 1503[2].

À partir de l'ouverture de la porte Poissonnière dans l'enceinte de Louis XIII en 1645, la rue était également le lieu d'arrivée des pêches venues des ports du nord de la France (chemin des Poissonniers), en particulier les huîtres, dont un marché se trouvait à l'emplacement de la rue Étienne-Marcel. Cette pratique perdure, notamment avec le restaurant Au Rocher de Cancale (au no 59 puis au no 78), alors que le bureau de vente de la Société des huitres d'Étretat et de Dieppe se trouvait aux no 61-63 et que celles de Fécamp étaient vendues près de la rue Tiquetonne. Dans la cour de l'auberge Le Compas d'Or se trouvait un hangar à diligences qui partaient vers Dreux[3].

Elle est citée sous le nom de « rue de Montorgueil » dans un manuscrit de 1636 dont le procès-verbal de visite, en date du , indique qu'elle est « orde, boueuse, avec plusieurs taz d'immundices ».

En 1660, un établissement de religieuses de la Visitation s'installe dans la rue ; elles le quittent en 1673 pour s'installer rue du Bac.

En 1665, le siège du Journal des Savants se trouvait dans cette rue dans une maison à l'enseigne du Cheval Blanc[4].

Marchandes au panier, rue Montorgueil, d’ Auguste Lepère, extrait de L’Artiste, mars 1894.

En 1817[1], la rue Montorgueil commençait cul-de-sac de la Bouteille et 44 rue Mauconseil et finissait au 1 rue du Cadran et au 63 rue Saint-Sauveur.
Les numéros impairs, de 55 à 69, étaient situés dans l'ancien 3e arrondissement, quartier Saint-Eustache[5], de 71 à 77, quartier Montmartre[6] et les numéros pairs de 40 à 112 étaient situés dans l'ancien 5e arrondissement, quartier Montorgueil[7].
Les numéros de la rue étaient noirs.[1]. Le dernier numéro impair était le no 77 et le dernier numéro pair était le no 112.

Cette rue résulte de la fusion, en 1830, de[8],[9] :

  • Entre la Pointe Saint-Eustache (bas de la rue Montmartre) et la rue Mauconseil et à l'impasse de la Bouteille, elle avait comme nom rue au Comte-d'Artois, rue Porte à la Comtesse ou au Comte-d'Artois, puis rue de la Comtesse-d'Artois, parce que Robert II, comte d'Artois, neveu de Louis IX qui possédait un hôtel particulier situé en dehors de l'enceinte de Philippe Auguste, y avait fait établir une porte à la hauteur du no 31.
  • La partie de la rue Montorgueil, qui finit à la rue Saint-Sauveur, elle se nommait au treizième siècle, « Vicus Montis superbi » (rue du Mont-Orgueilleux) car elle conduisait à un monticule ou butte dont la rue Beauregard occupe aujourd'hui le sommet. Cette voie publique s'étendait autrefois, sous le nom de rue Montorgueil, jusqu'au boulevard.

Le 30 janvier 1918, durant la première Guerre mondiale, les nos 2, 4 et 51 rue Montorgeuil sont touchés lors d'un raid effectué par des avions allemands[10].

Bâtiments remarquables et lieux de mémoire

Dans les arts

La rue Montorgueil par Claude Monet.

Victor Hugo évoque le rue Montorgueil dans « Les Misérables » (1862) : « À la fatigue, pour filer un câble, pour virer un cabestan, Jean Valjean valait quatre hommes. Il soulevait et soutenait parfois d’énormes poids sur son dos, et remplaçait dans l’occasion cet instrument qu’on appelle cric et qu’on appelait jadis orgueil, d’où a pris nom, soit dit en passant, la rue Montorgueil près des halles de Paris ».

Dans « Le Ventre de Paris » (1873), Émile Zola cite l'auberge « Le Compas d'Or » située au n° 64 : « Vous seriez bien gentil de garder ma marchandise, pendant que je vais remiser la voiture… C’est à deux pas, rue Montorgueil, au Compas d'Or »[28].

« La Rue Montorgueil » est un tableau peint en 1878 par Claude Monet. Il représente la rue emplie d'une multitude de drapeaux français le , jour de clôture de l'Exposition universelle et de célébration de la Fête nationale[29].

Notes, sources et références

  1. Jean de La Tynna, Dictionnaire topographique, étymologique et historique des rues de Paris, 1817.
  2. François Bonnardot : Registres des délibérations du Bureau de la ville de Paris Tome I, page 86-87 (1499-1526).
  3. Panneau Histoire de Paris, 73 rue Montorgueil.
  4. Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris.
  5. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 11e quartier « Saint-Eustache », îlot no 4, F/31/78/04, îlot no 5, F/31/78/05, îlot no 6, F/31/78/06.
  6. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 10e quartier « Montmartre », îlot no 1, F/31/78/12.
  7. Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan 20e quartier « Montorgueil », îlot no 12, F/31/82/20, îlot nos 13 et 14, F/31/82/21, îlot no 15, F/31/82/22.
  8. Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments.
  9. Gustave Pessard : Nouveau dictionnaire historique de Paris.
  10. Excelsior du 8 janvier 1919 : Carte et liste officielles des bombes d'avions et de zeppelins lancées sur Paris et la banlieue et numérotées suivant leur ordre et leur date de chute.
  11. « Immeuble », notice no PA00085901, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. « Immeuble », notice no PA00085902, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  13. « Immeuble », notice no PA00085903, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  14. « Restaurant L'Escargot Montorgueil », notice no PA75010006, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  15. Anthony Palou, « L'escargot de Bourgogne compte pour du beurre », Le Figaro, 9-10 janvier 2021, p. 32.
  16. « L'Escargot Montorgueil, ambiance des années 1930 à Paris », sur linternaute.com (consulté le ).
  17. « Immeuble », notice no PA00086069, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  18. Entrée de l'auberge Le Compas d'Or 64 rue Montorgueil.
  19. Plan parcellaire municipal de Paris (fin XIXe), plan des quartiers des Halles et de Bonne-Nouvelle PP/11914/A.
  20. L'ancienne auberge du Compas d'Or.
  21. Mémoires (Simonelli éd.), p. 26.
  22. Le Petit Parisien du samedi 22 juin 1912, article Les fusilleurs de Livry sont bien de la bande.
  23. Le Petit Parisien du vendredi 21 juin 1912, article Rue Montorgueil, on arrête un membre de ma bande à Bonnot.
  24. Xavier Héraud, « Une plaque en mémoire du dernier couple homosexuel exécuté à Paris va être inaugurée », yagg.com, 17 octobre 2014.
  25. Elogie-siemp, bailleur social à Paris.
  26. stayinparis - panneau rue Léopold-Bellan.
  27. « Ancien restaurant Le Rocher de Cancale », notice no PA00125451, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  28. Émile Zola - Les Rougon-Macquart : Le Ventre de Paris.djvu/7.
  29. 1878 fut la seule année où la fête nationale s'est tenue le 30 juin.

Bibliographie

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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