Ruggero Deodato

Ruggero Deodato, né le à Potenza, est un réalisateur et scénariste italien.

Pour les articles homonymes, voir Deodato.

Ruggero Deodato
Ruggero Deodato au festival de Cannes 2008
Naissance
Potenza, Lucanie
( Italie)
Nationalité Italienne
Profession Réalisateur, scénariste
Films notables Le Dernier Monde cannibale
Cannibal Holocaust

D'abord réalisateur de comédies et de poliziotteschi, il s'impose en réalisant des films d'horreur, notamment des films de cannibale. Il se fait connaître pour la violence extrême mise en scène dans ces films, ce qui lui vaut de nombreux problèmes avec la censure et le surnom de « Monsieur Cannibale ».

Cannibal Holocaust, son film le plus célèbre, est considéré comme l'un des plus effrayants et controversés de l'histoire du cinéma, pour lequel Deodato s'est même retrouvé devant les tribunaux. Parallèlement à sa carrière cinématographique, il a également travaillé pour la télévision, réalisant quelques séries télévisées ainsi que de nombreuses publicités.

Biographie

Les débuts

Deodato est né à Potenza, chef-lieu de la province de Lucanie (actuelle Basilicate), et émigre à l'âge de quatorze ans avec sa famille à Rome. Ils habitent le quartier de Parioli, l'un des plus réputés de la capitale où vivent de nombreuses personnalités du cinéma. Il commence rapidement à établir des premiers contacts avec certaines d'entre elles.

Il entre dans le monde du cinéma comme figurant dans les films Destinazione Piovarolo (it) (1955) et Il coraggio (1955) de Domenico Paolella ou I ragazzi dei Parioli (1959) de Sergio Corbucci, mais il choisit rapidement la voie de la réalisation. « J'ai fait plusieurs petits films pendant un an ou deux, puis on m'a appelé pour auditionner pour Federico Fellini, mais de seize à dix-huit ans. J'avais changé, j'avais des lunettes, j'étais moche. Fellini ne m'a pas pris. Je ne pensais plus à être un acteur »[1].

C'est Roberto Rossellini qui lui donne l'occasion de devenir son assistant réalisateur sur plusieurs films tels que Le Général Della Rovere (1959) et Vive l'Italie (1961).

Deodato a aussi continuer à travailler avec Sergio Corbucci. Après son rôle dans I ragazzi dei Parioli (1959), il devient assistant réalisateur pour Gli onorevoli (1963) et Django (1966), dans lequel tous les extérieurs en Espagne ont été tournés par lui. Il travaille aussi avec Riccardo Freda, mais surtout avec Antonio Margheriti. Avec lui, Deodato participe, en tant qu'assistant réalisateur, à des films tels que Danse macabre (1964) et Marchands d'esclaves (1964), ainsi qu'à la série de films intitulée quartetto Gamma Uno[2] (du nom de la station spatiale utilisée comme décor), une série de quatre films de science-fiction à petit budget tournés simultanément entre 1966 et 1967 par Margheriti pour le marché américain[3], comprenant Les Criminels de la galaxie (1965), La Guerre des planètes (1966), La Planète errante (1966) et La mort vient de la planète Aytin (1967).

Grâce à Antonio Margheriti, Deodato fait ses débuts de réalisateur en 1964. Le film intitulé La Terreur des Kirghiz (1964) est une coréalisation entre eux deux.

En 1968, Deodato fait ses véritables débuts avec Gungala, la panthère nue (1968), réalisé sous le pseudonyme de Roger Rockefeller. Cette année-là, il réalise trois autres films, explorant différents genres et affinant son propre style.

Sur le tournage d'un de ces films, il rencontre Silvia Dionisio, qui deviendra sa femme jusqu'à leur divorce en 1979. De leur union est né un fils, Saverio Deodato Dionisio (it), également acteur.

En 2001, sa deuxième fille Beatrice est née de sa deuxième épouse Valentina Lainati.

Détour par la télévision et la publicité

De 1969 à 1975, Deodato travaille principalement pour la télévision et réalise des publicités. Le réalisateur a déclaré que son choix était dû au succès de sa femme Silvia Dionisio. « C'était la seule chose que je pouvais faire. Ma femme était devenue une vedette, les producteurs ne m'appelaient que si elle était là..... Je devais tout changer pour prouver que je valais quelque chose »[1].

Pour la télévision, Deodato a réalisé la deuxième saison du feuilleton Il triangolo rosso (it) en 1969 et les trois saisons de All'ultimo minuto (it) entre 1971 et 1973. Les publicités qu'il met en scène sont innombrables, les plus célèbres étant celles de Piaggio, Fiat, Philips, Kraft et De'Longhi.

Retour au cinéma

Deodato revient à la réalisation en 1975 avec le giallo érotique Ondata di piacere, tourné à Cefalù et se déroulant sur un yacht, dans le sillage du succès du Couteau dans l'eau (1962) de Roman Polański. Le film a rencontré un bon succès et a contribué à remettre le nom de Deodato au goût du jour.

En 1976, il réalise son seul poliziottesco, Uomini si nasce poliziotti si muore écrit par Fernando Di Leo. Le film est l'un des plus violents du genre, mais il est aussi très ironique. Il a été frappé par la censure, qui a supprimé certaines scènes polémiques comme un œil crevé et certaines scènes érotiques. Uomini si nasce poliziotti si muore est un succès considérable, à tel point que Deodato prévoit une suite, qui ne sera jamais réalisée.

« Monsieur Cannibale »

En 1977, Deodato réalise Le Dernier Monde cannibale, qui devait à l'origine être la suite d'Au pays de l'exorcisme (1972) d'Umberto Lenzi, et devait être réalisé par Lenzi lui-même.

Le film de Deodato dispose des mêmes acteurs principaux que le film précédent, à savoir Ivan Rassimov et Me Me Lai. Il est aussi le premier film en Italie à montrer des actes de cannibalisme, donnant le coup d'envoi de la Trilogia dei cannibali (it) pour laquelle le réalisateur deviendra mondialement célèbre et gagnera le surnom de « Monsieur Cannibale »[4].

En 1978, il réalise et scénarise un melodramma strappalacrime, un genre inhabituel pour lui, Le Dernier Souffle, qui ne rencontre pas un grand succès en Italie mais connaît un grand succès à l'étranger dans des pays comme le Japon[5]. Mais c'est en 1980 qu'il signe ce qui est considéré comme son chef-d'œuvre, le controversé Cannibal Holocaust, un film contenant des scènes extrêmement réalistes de meurtres d'animaux réels, pour lesquels Deodato est condamné à quatre mois de prison avec sursis. Le film a été tourné de deux manières différentes : la première partie (intitulée The Last Road to Hell) a été tournée en 35 mm, tandis que la seconde (The Green Inferno) a été tournée en 16 mm, avec des pellicules rayées et une utilisation constante de la caméra à l'épaule, afin de donner l'impression de séquences réelles et non professionnelles[6],[7] dans le style d'un documenteur. Deodato a déclaré à propos de la réalisation du film : « J'ai apporté un soin maniaque à ce film pour que tout soit parfait, j'ai même abîmé la pellicule pour le rendre plus véridique »[8]. Malgré sa controverse, Cannibal Holocaust est considéré par beaucoup comme une analyse intéressante et crue de la société contemporaine, ainsi qu'un réquisitoire lucide contre les médias de masse, plusieurs années avant Tueurs nés (1994) d'Oliver Stone[9]. Dès les premières séquences, Deodato indique clairement quels sont les vrais sauvages dans sa vision (alors qu'un journaliste à la télévision parle de tribus cannibales, les images montrent des scènes de vie dans une ville moderne comme New York)[6].

En 1980, il signe La Maison au fond du parc, un giallo hyper-violent aux scènes de violence d'un réalisme glaçant, qui renforce sa réputation de réalisateur extrême. Le film a été réalisé pour arrondir les fins de mois, car Cannibal Holocaust, en Italie, n'avait pas fait beaucoup de recettes en raison de ses problèmes juridiques. L'idée du film est née pendant le tournage de Cannibal Holocaust lui-même, à tel point que les deux films partagent non seulement le même réalisateur, mais aussi le même producteur et la même équipe technique.

Après Les Prédateurs du futur, un film d'aventure sorti en 1983, Deodato réalise son dernier grand film en 1985. Le film, intitulé Amazonia : La Jungle blanche, conclut la trilogie cannibale, mais il s'agit avant tout d'un film d'action qui surenchéri dans la violence et le gore par rapport à Cannibal Holocaust.

Les dernières œuvres

Les années suivantes voient Deodato s'engager dans différents genres, avec quelques fulgurances, comme avec Body Count, également connu sous le titre Le Camping de la mort (1986), un slasher tourné en Italie dans le sillage et sur le modèle de la saga américaine Vendredi 13.

Les Barbarians, un film d'heroic fantasy qui lorgne vers Conan le Barbare (1982) de John Milius, date de l'année suivante. Le film a été tourné dans les Abruzzes[5] avec un bon budget[10] pour l'époque, ce qui lui a donné l'occasion de montrer son talent pour que les paysages de la région italienne ressemblent à ceux du Canada. Avec Le Tueur de la pleine lune (1988), il explore le genre du giallo psychologique.

Il réalise ensuite Les Petites Canailles (1991) et Vortice mortale (1993), qui ne sont jamais sortis au cinéma.

À partir du milieu des années 1990, après la disparition des films de genre en Italie, Deodato revient à la télévision et réalise de nombreux feuilletons mélodramatiques, dont I ragazzi del muretto (it) et Noi siamo angeli (it) avec Bud Spencer. Il met aussi en scène Padre speranza (it), bloqué par la Rai pendant plusieurs années, peut-être pour éviter la concurrence avec le feuilleton plus célèbre et moins controversé Un sacré détective.

En 2007, Ruggero Deodato figure en tant qu'acteur au générique de Hostel, chapitre II, réalisé par Eli Roth. La participation au film de Deodato doit beaucoup à Quentin Tarantino, le producteur du film, qui a insisté pour que ce soit le cas. Dans le film, Deodato joue le rôle d'un cannibale italien, qui mange un homme dans une scène[11].

En 2016, il a présenté la première mondiale du film Ballad in Blood au festival du film de Lucca (it)[12]. Il est librement inspiré[13] du meurtre de Meredith Kercher à Pérouse en 2007.

En 2018, il sort le scénario de la suite jamais réalisée de Cannibal Holocaust sous la forme d'un récit illustré avec des dessins de Miguel Ángel Martín (it). Le volume a été publié par Nicola Pesce Editore sous le titre Cannibal Holocaust 2.

Filmographie

Ruggero Deodato au festival Fantastic'Arts en 2008.

Réalisateur de cinéma

Réalisateur de télévision

  • 1969 : Il triangolo rosso (it) (feuilleton)
  • 1971 : All'ultimo minuto (it) (série)
  • 1988 : Il ricatto (it) (mini série)
  • 1989 : Oceano (mini série)
  • 1991 : I ragazzi del muretto (it) (série)
  • 1997 : Noi siamo angeli (it) (mini série)
  • 1998 : Pensando all'Africa (mini série)
  • 1999 : Terre d'espérance (Sotto il cielo dell'Africa) (série)
  • 2005 : Incantesimo 8 (it) (série)
  • 2005 : Padre speranza (it)

Acteur de cinéma

Festivals

  • Membre du jury courts-métrages, 5e Festival International du Film Fantastique d'Audincourt, Bloody week-end , en 2014

Bibliographie

  • Ruggero Deodato et Gilles Esposito, « Ruggero Deodato : réalisateur et scénariste, interview », Mad Movies : gore, le cinéma de tous les extrêmes, hors série n° 63, octobre 2021, p. 46-51.

Notes et références

  1. Données tirées d'un entretien avec le magazine Nocturno, été 1996.
  2. (it) « I criminali della galassia » (version du 14 mars 2012 sur l'Internet Archive), sur antoniomargheriti.com
  3. (it) Arturo Fabra, « Gennaio con Antonio Margheriti », sur fantascienza.com, (consulté le )
  4. Gianni Canova, Enciclopedia del cinema, Garzanti, 2005, p. 308
  5. (it) « Intervista a Ruggero Deodato », sur taxidrivers.it, (consulté le )
  6. (it) Gordiano Lupi, Cannibal! Il cinema selvaggio di Ruggero Deodato, Rome, MondMondo Ignoto,
  7. Commentaire audio du réalisateur, disponible sur le DVD italien chez Mondo Home Entertainment.
  8. (it) Auteurs multiples, « Il ragazzo dei Parioli », Nocturno, Milan, no 1,
  9. (it) Auteurs multiples, « Bon Appetit! Guida al cinema cannibalico », Nocturno, Milan,
  10. (it) « Ruggero Deodato », sur mymovies.it (consulté le )
  11. Données fournies par la revue Nocturno, juin 2007.
  12. (it) « Al Lucca Film Festival e Europa Cinema 2016 l’anteprima mondiale di “Ballad in Blood” » (version du 5 mai 2016 sur l'Internet Archive), sur luccafilmfestival.it,
  13. (it) « LFF16: Ballad in Blood – recensione del film di Ruggero Deodato », sur cinematographe.it,

Liens externes

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