Samis
Les Samis sont un peuple autochtone d'une zone qui couvre le nord de la Suède, de la Norvège et de la Finlande ainsi que la péninsule de Kola en Russie connue sous le nom de Laponie. Leur endonyme, Saami dans leur propre langue, est également parfois écrit « Sámi », « Sames », « Samés » ou encore « Sâmes ». Les Samis parlent des langues sames.
Sámi
Norvège | 55 544 (2018)[1] |
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Suède | 15 000 à 25 000 |
Finlande | 1 995 (2018)[2] |
Russie | 1 991 (2002)[3] |
Ukraine | 136 (2001)[4] |
Population totale | 74 666 à 84 666 |
Langues | Langues sames |
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Religions |
Luthéranisme, læstadianisme, orthodoxie Religion samie (traditionnelle) |
Ethnies liées | Finnois, Caréliens et Estoniens |
Ce peuple est souvent nommé « Lapons » mais ce terme est non seulement un terme étranger mais aussi originellement péjoratif, issu de la racine lapp qui signifie porteur de haillons en suédois[5]. De même, ils appellent leurs terres ancestrales Sápmi et non Laponie.
Les activités traditionnelles des Samis étaient autrefois la pêche et l'élevage de rennes, mais aujourd'hui seule une minorité des 85 000 Sames en vit encore.
Évolution de la zone de peuplement
Répartition géographique
La répartition géographique des Sames a évolué au cours du temps. Les populations sames habitaient très probablement dans la zone de l'Oural[6],[7], l'origine des langues finno-ougriennes dont le sames fait partie ; la présence d'ADN Nganasan à hauteur de plus ou moins 25 %[6] et de l'haplogroupe du chromosome Y N1[8], clairement sibérien, confirme cette théorie. À partir de l'âge du bronze[6], les Sames occupaient la région qui va des côtes du Finnmark à la péninsule de Kola. C'est de la même époque qu'est datée l'arrivée de génome sibérien en Estonie et en Finlande, ce qui correspond probablement à l'introduction des langues finno-ougriennes dans la région[6],[9].
Au début de l'ère commune, les Samis descendent vers le sud de la péninsule scandinave, jusqu'à la région de Vilhemina en Suède et le nord du Trøndelag en Norvège. Dans le golfe de Finlande des lieux-dits tels que Lapinlahti et Lappviker portent la marque de peuplement sami. La progression vers le sud se poursuit, et le poète et auteur islandais médiéval Snorre Sturlasson parle de Samis installés dans le Hadeland et dans le Dovre.
Aux XVIe et XVIIe siècles, des Sames vivent à Alen, Tonset et Finnliene, ainsi que dans les régions proches du lac Saimaa et du lac Ladoga, dans la province de Savo et à Suomussalmi[10].
Études génétiques
Des études récentes plus précises utilisant 109 635 polymorphes nucléotidiques confirment une contribution génétique significative d'une moyenne de 6 % provenant de l'Asie de l'Est chez les Samis[11]. Bien que la part réduite des haplotypes asiatiques indique que cet événement a eu lieu il y a très longtemps, il a été possible d'établir que cette signature génétique est très similaire à celle de l'ethnie turcophone des Iakoutes, vivant en Sibérie orientale[12],[11].
Les chercheurs avancent une date de 4 000 ans pour l'arrivée de l'ascendance sibérienne dans la région. Les résultats suggèrent néanmoins plusieurs vagues de migrations successives issues de Sibérie. D'après les individus étudiés, il semblerait qu'à l'Âge du fer, les populations du centre de la Finlande étaient plus proches des Sames actuels que des Finnois. Ces résultats suggèrent que la population same s'étendait dans le passé sur une plus grande région vers le sud[13].
Histoire
Préhistoire
Les premières traces humaines des régions septentrionales de la Scandinavie remontent à 11 000 av. J.-C. environ. Personne ne peut affirmer que ces premiers habitants étaient identiques aux Samis d'aujourd'hui mais, dans le sillage de la thèse dont l'écrivain et philosophe suédois Erik Gustaf Geijer, au début du XIXe siècle, était l'un des partisans, certains historiens conviennent que la culture same descend de celle de ces premiers habitants et qu'elle s'est enrichie, au fil du temps, de contacts avec plusieurs autres cultures. Cependant, de récentes études génétiques montrent que l'arrivée des Samis en Scandinavie date de l'âge du Bronze[6],[7]. D'autres études laissent penser que les habitants de la Finlande d'avant cette migration étaient liés à la culture de la céramique cordée[14], qui couvrait un vaste espace allant de l'Allemagne à la moyenne Volga, culture dans laquelle on s'accorde à reconnaître des Indo-Européens déjà dialectalisés (les deux autres foyers étant, aux âges des Métaux, le "complexe balkano-danubien" et l'horizon culturel Yamna). Les populations locales étaient génétiquement très proches des Indo-Européens de Yamna (qui ne représentent que des Indo-Européens déjà dialectaux). Les rapports des premiers Indo-Européens et des proto-Ouraliens sont beaucoup plus anciens. Les migrations indo-européennes résultent de mouvements débutés au Mésolithique, mettant en jeu des populations de chasseurs-cueilleurs et pêcheurs européens du Nord et, plus récemment, d'agriculteurs du néolithique[15],[16],[17] (l'agriculture apparaîtra en Finlande avec les Indo-Européens protohistoriques)[9]. Les proto-Sames peuvent résulter de l'acculturation linguistique d'un peuple est-sibérien au profit de l'ouralien.
Les Sames de Kjelmøya, île proche de Kirkenes fouillée au début du XXe siècle, vivaient, autour de 300-400, de manière semi-nomade : chasse dans les terres l'hiver, pêche dans les fjords l'été[18], c'est-à-dire une inversion par rapport au rythme de l'âge de la pierre local, tandis que les méthodes d'ensevelissement et les outils retrouvés leur correspondent.
Moyen Âge
Au IXe siècle les Vikings ont commencé à se déplacer vers la Laponie et à lever des impôts en nature (peaux de bêtes) chez les Sâmis.
En 1542, le roi suédois Gustave Ier Vasa décida que toutes les terres au nord de son royaume, selon lui inhabitées, appartenaient à la couronne suédoise.
XVIIe siècle et XVIIIe siècle
En 1636 l'exploitation minière de la Laponie, par la Suède, commence. Des Samis étaient forcés de transporter le minerai extrait sur leur traîneaux, dans des conditions cauchemardesques. Cela a provoqué l'exode d'une partie de la population vers la Norvège[19].
Puis en 1673, le roi de Suède encourage ses sujets à coloniser les régions du nord.
L'évangélisation des Samis
Les premières églises furent construites sur les terres samies vers 1100. Mais l’œuvre de conversion ne s'intensifia qu'à partir du XVIIe siècle. On imprima à Stockholm, pour la première fois en 1619, sous le règne du roi Gustave Adolphe, des livres en same : le catéchisme, les principales prières de l'église luthérienne, les Psaumes de David, les Évangiles, les Proverbes de Salomon. Ces livres furent traduits de suédois en same, et la comparaison des éditions, dans chaque langue, fournit de précieuses informations sur chacune d'entre elles[20].
En Norvège, qui était alors unie au Danemark, l'évangélisation fut dynamisée par Thomas von Westen, qui devint en 1714 le principal responsable du Collège des Missions, à Copenhague.
XIXe siècle et XXe siècle
Au XIXe siècle, la révolution industrielle a provoqué une augmentation de la demande en minéraux divers et en charbon.
- En 1886, la Suède vote une « loi sur l'élevage des Rennes » qui interdit aux Samis de posséder des terres ou des droits d'utilisation de l'eau. Cette même loi définit légalement un sami comme quelqu'un dont le revenu principal est lié à l'élevage de rennes et sur des bases généalogiques[21].
En 1903, un chemin de fer est construit par la Suède pour relier Kiruna et ses mines, au port de Luleå sur la mer Baltique, et à celui de Narvik en Norvège sur la côte de la mer de Norvège.
- En 1920, un accord entre la Suède et la Norvège interdit aux éleveurs de faire traverser la frontière entre leurs pays à leurs troupeaux.
Le développement de l'énergie hydroélectrique en Suède et dans les autres pays scandinaves dans les années 1950-1960, a été surtout synonyme de davantage de concurrence pour la maîtrise foncière pour les Samis.
- La Norvège, en ratifiant la convention no 169 de l'OIT de 1989, a officiellement reconnu aux Samis, en tant que plus anciens habitants des régions nord de la Scandinavie, le caractère de « peuple autochtone de Norvège »[22].
En Norvège, en Suède et en Finlande (mais pas en Russie) des parlements samis ont été mis en place respectivement en 1989, 1993 et 1996. Ils visent à faire remonter les revendications des communautés samies auprès des gouvernements nationaux. Les membres de ces parlements sont démocratiquement élus par les Samis.
Sources relative à l'histoire des Samis
Lapponia, un ouvrage écrit par Johannes Schefferus (1621-1679) en latin, décrit la culture samie dans les temps anciens. Lapponia, traduit par la suite en français sous le titre Histoire de la Laponie, offre une description très détaillée de l'histoire du nord de la Scandinavie, du peuple same en particulier. Il fut publié en latin en 1673 à Francfort-sur-le-Main et fut rapidement suivi par une traduction en anglais, français, allemand et néerlandais. Le but était de faire taire certaines rumeurs selon lesquelles les Suédois utilisaient la magie same dans les batailles en Europe[23].
Un chercheur scientifique et enseignant danois, Sophus Tromholt, décide en 1882 de voyager en pays Same pour photographier les aurores boréales, et commence à collecter des informations dans l'actuel Finnmark. A Kautokeino, il entreprend de mémoriser sur plaque les membres des différentes familles des environs, plaques qu'il colorie. Il agrémente ses clichés de commentaires quasi ethnologiques. En 1885, il fait paraître le récit de son voyage, à Copenhague et à Boston[24]. Ses 231 plaques et 189 photos photos sont classées au patrimoine de la mémoire en 2013 par l'UNESCO. Cet héritage était resté dans l'oubli, lorsque paraît en 2019 une somme de ses travaux et de ses écrits, Le peuple sous les aurores boréales[25].
Élevage nomade des rennes
De tradition nomade, les Samis étaient à l'origine un peuple qui vivait de la pêche et surtout de la chasse des rennes, alors sauvages. Ils se sont tournés vers l'élevage transhumant de rennes semi-domestique entre les IXe siècle et XVIIe siècle sous la pression exercée par les premières incursions des européens sur leur territoire[19].
Lors de la transhumance, les éleveurs ne se contentent pas de suivre la migration naturelle des rennes : pendant la saison favorable, les rennes sont laissés en liberté dans les grands espaces sauvages de la Laponie. Entre mars et avril, les femelles gestantes quittent la plaine pour rejoindre leurs alpages dans les montagnes scandinaves. La période l'avril-mai est celle des naissances, les mères choisissent alors des prairies printanières, où la neige a fondu tôt, pour enrichir leur alimentation en feuilles et herbacées variés. En juin et juillet, les rennes grimpent plus haut dans les montagnes quand les moustiques deviennent trop abondants et les températures trop chaudes. Vers le milieu de l'été les animaux commencent à emmagasiner des réserves de graisse. La migration retour vers la plaine commence[19].
L'automne est l'occasion du rut pour les mâles. C'est également à ce moment que les éleveurs rassemblent leurs troupeaux. Ils parquent les bêtes dans des enclos et sélectionnent celles qui seront abattues et consommées.
Les autres rennes descendent plus au sud pour passer l'hiver dans des forêts de conifères où ils pourront se nourrir de lichens.
En 2017, les rennes d'élevage seraient environ, 280 000 en Suède, 240 000 en Norvège, 200 000 en Finlande et 60 000 dans la péninsule de Kola (Russie)[26]. Au cours d'une saison de migration les animaux peuvent traverser plusieurs fois les frontières dans un sens et dans l'autre. Les pâtures d'été se trouvent plus en Norvège et celle d'hiver correspondent aux plaines de basse altitude en Suède ou en Finlande.
Vers la fin de la transhumance
L'élevage nomade des rennes se fait de plus en plus difficile et les éleveurs toujours moins nombreux au fil des années. Les territoires disponibles se réduisent face à l’expansion du secteur minier, des barrages hydroélectriques, de la sylviculture, des villes et des routes et des aires protégées. Le réchauffement climatique rend l'accès à la nourriture plus difficile en fin d'hiver pour les troupeaux, la neige qui fond prématurément peut regeler quand la nuit tombe et la glace empêche les rennes de brouter les lichens, il multiplie les risques de maladies[26].
Au XXIe siècle, les éleveurs professionnels suivent majoritairement leurs troupeaux en motoneige. Certains utilisent le GPS pour pister les déplacements des animaux.
Organisation sociale
Mariage
Le mariage joue un rôle important dans la société samie, en particulier parce que les personnes mariées bénéficient de privilèges sociaux, tels que le droit d'exploitation de certains pâturages ou le bénéfice de la solidarité entre éleveurs[27].
La phase de cour, appelée irgástallan, se fait à l'initiative des garçons, qui offrent des bijoux (anneaux d'or, broches d'argent ou d'or) aux jeunes filles qu'ils convoitent. Chaque garçon peut courtiser plusieurs filles, et chaque fille peut être courtisée par plusieurs garçons, mais elle doit rendre les cadeaux aux courtisans refusés une fois son choix effectué. Une autre manière de courtiser consiste pour les garçons à voler les moufles de la jeune fille qu'ils convoitent, celle-ci ayant la possibilité de rendre la tâche plus ou moins ardue. Si les contacts étaient limités (paiement des tributs, foires et marchés), ils sont maintenant plus nombreux (scolarité obligatoire, écoles mixtes, cafés, bals, travail collectif du renne). Malgré cela, le mariage reste particulièrement endogamique sur le plan social. Cela est nuancé car, pour des familles déjà riches de rennes et de pâturages, il peut être plus intéressant d'avoir un gendre habile à l'élevage, mais pauvre, que riche mais moins adroit[28].
Lors des fiançailles, des rennes de trait sont régulièrement échangés ; il s'agit d'une préparation à la mise en commun des troupeaux, mais aussi une forme de publicité du mariage, puisque les communautés samis savent reconnaître à qui appartient tel ou tel renne[29].
Les mariages entre cousins au premier et second degré sont communs, mais leur fréquence dépend de nombreuses autres considérations, telles que la richesse relative des partis, l'isolement de la communauté ou son taux d'endogamie : une famille déjà particulièrement endogame aura tendance à favoriser l'exogamie[30]. Les mariages avec les sociétés non Samis de la Scandinavie et de la Russie sont rares, si ce n'est avec les Finnois, car certains d'entre eux élèvent aussi le renne[31].
La cérémonie proprement dite a lieu généralement en hiver, quand les troupeaux demandent le moins de soin et que les communications sont les plus aisées. Le fiancé et ses accompagnateurs, habillés de leurs plus belles tenues et accompagnés de leurs plus beaux rennes, se rendent à la maison de la jeune fille chargés d'alcool. Il arrête son traîneau le plus proche possible de l'habitation de la jeune fille, après en avoir fait trois fois le tour, dans le sens du soleil[32]. Les familles négocient les aspects pratiques du mariage, puis le jeune homme va rejoindre la jeune fille; les époux se saluent par un baiser et une friction des nez[33].
Le mariage se fait généralement après la naissance d'un ou plusieurs enfants, ceux-ci étant la preuve de la fertilité de la future épouse. En 1950, un quart des enfants naissent hors-mariage[34].
Enfants
Le nombre d'enfants idéal dans l'esprit sami est d'environ quatre ou cinq enfants par couple. Davantage serait épuisant pour la mère et trop désavantageux pour le partage de l'héritage. Moins serait néfaste pour les enfants eux-mêmes, qui, en cas de mort des parents, se retrouveraient sans soutien : « Un enfant unique, c'est comme l'arbre isolé, seul contre le vent, il n'a pas l'appui de la forêt »[35].
Les garçons aident aux tâches d'élevage et les filles aux tâches domestiques. Si les filles sont estimées capables d'élever les rennes, elles sont perçues comme trop sensibles pour le faire suffisamment bien[36]. De plus, les garçons restent généralement dans la sii'dâ de leur naissance, et les filles partent dans leur belle-famille avec leurs rennes, avec préférence des Samis pour ceux-ci.
Culture
Religion
La religion same partage des éléments avec les autres religions des régions polaires, comme le culte des ours, les sacrifices, le chamanisme, etc. Les hommes et les femmes ont leurs dieux propres. Cette religion traditionnelle a été majoritaire jusqu'à l'époque médiévale (à partir du XIe siècle), où le christianisme s'est imposé pour devenir la religion majoritairement pratiquée vers la fin du XVIIIe siècle. Les animaux « blancs » y jouaient un rôle particulièrement important. Le noaide (chamane) possède une forte influence sur le sijdda (la communauté qui forme alors un village en hiver), en tant que conseiller, médecin et personnage religieux. Comme chez les autres populations circumpolaires, le chaman est un intermédiaire entre le monde des humains et le monde surnaturel. C'est au cours de la transe extatique que le ou la chaman entre en communication avec le monde spirituel peuplé de dieux et de créatures qu'il interroge en vue d'obtenir une information ou la satisfaction d'une requête.
L’ancienne religion des Samis n’est plus pratiquée depuis longtemps. Les premiers missionnaires chrétiens entrèrent en contact avec les Samis dès le XIIIe siècle. Ils s’attachèrent à éradiquer les croyances traditionnelles, ce qui fut pratiquement achevé au début du XVIIIe siècle. Le luthéranisme puritain prôné par Lars Levi Læstadius (1800–1861) à partir de 1840 en extirpa les derniers éléments.
Langues
Le same fait partie des langues finno-ougriennes, dans une branche différente des langues fenniques dont fait partie le finnois. Cependant, en raison du contact prolongé avec les Scandinaves, il y a désormais un nombre important de mots germaniques en same.
Le same est divisée en neuf dialectes, dont certains ont leur propre norme écrite, mais si différents les uns des autres que les Sames du sud ne peuvent comprendre les Sames du Nord. La plupart des dialectes sont parlés dans plusieurs pays : les frontières linguistiques ne correspondant pas nécessairement aux frontières politiques[réf. souhaitée].
En 2016, 40 à 45 % seulement des Samis auto-identifiés parlaient le same[26].
Littérature
Pendant des siècles, les récits samis se sont transmis exclusivement par voie orale. Jusqu'à la fin du XIXe siècle, on ne peut vraiment trouver que des ouvrages religieux, des dictionnaires et des grammaires. Le petit catéchisme luthérien traduit par le missionnaire Morten Lund est publié en 1728. Le premier romancier à écrire un roman en same est Anders Larsen. Son livre Bæivve-Algo (L'Aube) raconte l'histoire d'un jeune garçon pris entre deux cultures : son peuple sami et la société norvégienne. L'histoire de la littérature écrite ne commence vraiment qu'en 1910 lorsque le Same Johan Turi publie Muittalus sámiid birra, un récit dans lequel il fait la description de la vie de son peuple. Il évoque en particulier le quotidien des éleveurs de rennes et les légendes populaires sames.
Ce même thème est repris par le conteur et romancier suédois d'origine same Andreas Labba qui dans son premier roman Anta, (écrit en sâme de Luleå) décrit avec beaucoup de poésie la vie d'une communauté same encore peu soumise à l'acculturation occidentale. Son deuxième roman Anta et Marie (rédigé en suédois), révèle, non sans amertume, la transformation de la société same par l'arrivée du « progrès » : la nouvelle voie ferrée et ses trains tueurs de rennes, les grands barrages hydroélectriques qui noient les pâturages, et l'arrivée des premières motoneiges qui transforme le nomadisme ancestral.
À partir des années 1970, la production littéraire se diversifie et prend son essor. Parmi les auteurs contemporains, on peut citer : Nils Viktor Aslaksen, Rauni Magga Lukkari, John Gustavsen, Ailo Gaup, Paulus Utsi (sv), Erik-Nilsson-Mankok, Per Idivuoma et Annok Sarri-Nordrå.
Musique
Une des traditions sames particulièrement intéressantes est le chant joik (prononcé yoïk). Les joiks se chantent traditionnellement a cappella, généralement lentement et du fond de la gorge, en faisant transparaître de la colère ou de la douleur.
Les missionnaires les ont qualifiés de « chansons du diable ». De nos jours, les joiks sont fréquemment accompagnés par des instruments.
Cuisine
La viande principalement consommée est le renne. Tradition nomade oblige, aucune partie de la bête n'est laissée de côté. Il est consommé en viande bouillie ou grillée, en viande salée et séchée ou fumée et en saucisson. Le produit de la chasse comme l'élan, le lagopède alpin et surtout le lagopède des saules, fait également partie de la base de l'alimentation. Les viandes sont accompagnées de sauces — aux airelles, par exemple — car celle-ci sont facilement conservables.
La pêche apporte saumon, hareng, sandre, perche ou lavaret, qui sont souvent séchés, ainsi que des moules.
L'origine d'un pain same sans céréale est attestée par la tradition orale. Ce pain, très sain et connu au-delà de la Laponie, est désigné sous le nom de « steinalderbrød », littéralement pain de l'âge de pierre. Il est composé de graines de toutes sortes qui peuvent aisément changer, selon l’approvisionnement relativement peu varié, mais presque toujours du lin, du tournesol, des noix, amandes, noisettes, graines de citrouille, et autres ingrédients réputés antioxydants. Enfin, son goût est principalement du à sa composition, donc très variable[37].
On fabrique aussi des tartes, et les traditionnelles tisanes, jus de fruits concurrencés également par le café[38]. L'utilisation de farine d'écorce de bouleau et de pin pour la fabrication du pain d'écorce.
En résumé, c'est une cuisine de pays froid, riche en variétés comme en goûts, avec quelques spécialités dont le lapkkok (à base de foie et de moelle) et un pain levé au cumin, nommé renklämma, enroulé en cône autour d'une fine tranche de renne[39].
À New-York, jusqu'au début de la seconde guerre mondiale, une partie de la 8e avenue, connue sous le nom de Little Norway, était surnommée Lapskaus boulevard : on y consommait la soupe traditionnelle same, un pot-au-feu simple, peu onéreux et fortement reconstituant, lapskaus[40], « lapsk » signifiant lapon en vieux norrois, un adjectif repris en suédois et en norvégien[41].
Plantes médicinales
Les plantes locales sont utilisées dans la pharmacopée traditionnelle :
- la Jacinthe des bois (gelée),
- la renoncule des glaciers (fleur séchée pour une tisane),
- le Lichen d'Islande (dans le pain, en soupe, en tisane, après l'avoir séchée et bouillie après une nourriture grasse, fièvre et pour se gargariser contre le mal de gorge),
- les feuilles de Bouleau nain dans de l'huile et de l'alcool contre le mal d'estomac, particulièrement bon pour les enfants en bas âge, favorise la flore intestinale et tisane).
Dans le passé, la graisse de rennes était utilisée contre le mal d'estomac. On y trouve une certaine logique si ce mal était lié à la sous-nutrition.
Dans la fiction
- Les romans policiers d'Olivier Truc (journaliste français installé en Suède), publiés en France et qui ont pour contexte des enquêtes menées par la 'police des rennes'[42],[43] dans le nord de la Scandinavie permettent d'approcher la culture Same qui est sous-jacente aux enquêtes (ainsi que d'autres problématique de la région : propriété des terres, exploitation pétrolière et gazière, mines).
- Si le peuple autochtone dans le film d'animation La Reine des neiges 1 (2013) et 2 (2019) s'appelle Northuldra, des éléments de la culture same sont clairement reconnaissables dans le film inspiré du conte danois de Hans Christian Andersen, comme le joik, le chant traditionnel sami. Cette inspiration est clairement assumée dans le deuxième opus, pour lequel un verddet – « groupe » – composé de six spécialistes de la culture sami – trois Norvégiennes, deux Finlandais, une Suédoise –, a été constitué pour conseiller les équipes de Disney[44].
- Harry Hole, personnage de polar créé par le norvégien Jo Nesbo, a une mère d'origine samie.
- La série Jour polaire de Canal+ et SVT1 se déroule à Kiruna, commune suédoise avec une forte population samie.
- Roger Frison-Roche, dans son roman "Le rapt", narre la vie d'un clan sami, une histoire de vendetta et de vol de rennes. Les tensions entre la civilisation norvégienne et la vieille culture samie.
- Sami, une jeunesse en Laponie, film d'Amanda Kernell (2016).
- Klaus (2019) est le premier long métrage d'animation original à être diffusé sur Netflix. Il conte l'histoire de la légende du père Noël avec l'intervention de personnages samis.
Notes et références
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- (fi) « Väestö kielen mukaan 31.12. », sur stat.fi (consulté le ).
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- « Cuisine lapone », sur www.bouts-du-monde.com (consulté le )
- « Suède Laponie Saamis Gastronomie, recettes de cuisine et traditions en Europe. Information et Tourisme Européen. », sur www.2travelandeat.com (consulté le )
- (no) « Lapskaus », sur www.matprat.no (consulté le )
- « lapsk », dans Wiktionnaire, (lire en ligne)
- AFP, « En Laponie, la "police des rennes" fait régner l'ordre sur la toundra », La Dépèche, (lire en ligne)
- « Police des rennes », Le Figaro, (lire en ligne)
- Anne-Françoise Hivert, « Derrière « La Reine des neiges II », les Samis, peuple autochtone du grand nord », Le Monde, (lire en ligne)
Bibliographie
- (en) R. Paine, Lapp betrothal,
- Jean-Marie Montier, Les Lapons : Étude d'une minorité scandinave, Presses Universitaires de Caen, , 71 p. (ISBN 978-2-84133-475-9, lire en ligne).
- Christian Mériot, Les Lapons et leur société : étude d'ethnologie historique, Toulouse, Privat, , 370 p. (ISBN 2-7089-7407-6)
- Just Knud Qvigstad (trad. du norvégien par Jacques Privat), Contes de Laponie [« Lappiske Eventyr og Sagn »], Esprit Ouvert, , 211 p. (ISBN 978-2-88329-049-5)
- Mariusz Wilk (trad. du polonais par Robert Bourgeois), Dans les pas du renne : le journal du Nord, Lausanne, Éditions noir sur blanc, (1re éd. 2007), 215 p. (ISBN 978-2-88250-220-9).
Voir aussi
Articles connexes
- Culture de Hambourg
- Haplogroupe N (Y-ADN)
- Tornédaliens
- Scritobini
- Mariusz Wilk
- Langues sames, Drapeau des Samis, Parlements samis
- Politique assimilationiste de Norvégianisation
- Ethnocide, Génocide culturel, Assimilation culturelle
- Génocide des peuples autochtones
- Soulèvement de Kautokeino (La Rébellion de Kautokeino, film du réalisateur Nils Gaup)
Droit international
Études théoriques
Liens externes
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