Efflamm

Efflamm est le nom d'un saint breton semi-légendaire du Ve siècle (qui a donné son nom au village de Saint-Efflam (en Plestin-les-Grèves dans le Trégor). La chapelle de ce village (où l'on retrouva ses restes en 994)[réf. nécessaire] ainsi que la plage portent aussi son nom. Patron de Plestin-les-Grèves, où lui est dédié un gisant, il est fêté le 6 novembre.

Efflamm
Bois polychrome, église de Carnoet.
Biographie
Naissance
Autres informations
Étape de canonisation
Fête

Selon la légende[réf. souhaitée], il était accompagné de plusieurs disciples dont les noms se retrouvent dans la toponymie des communes alentour : Kirio, Tuder, Kemo, Haran, Nerin, (ainsi que, selon les versions, Mellec, Kivir, Eversin...).

Une gwerz du Barzaz Breiz a pour sujet saint Efflamm.[réf. souhaitée]

Étymologie

Efflamm, en breton, s'écrit aujourd'hui Efflam, prononcé [eflãm]. Le nom contient soit le vieux celtique « E » (de Esus), « bon », soit un préfixe E, « extérieur à », et flam , « brillant, lumineux ». Son nom le décrit comme personnage rayonnant, couvrant.. Une version féminisée existe par le diminutif "Flammig"[1]. Une autre version féminine existe, le prénom « Flammenn ». Celui-ci est encore porté aujourd’hui.

Hagiographie

Selon une tradition tardive forgée par le scriptorium trécorrois au XIe siècle afin de légitimer les origines du monastère de Tréguier et les propriétés ecclésiastiques aux alentours[2], Efflam serait le fils d'un roi irlandais. Né en 448, marié très jeune à Enora, il fait vœu de chasteté. Un ange l'aide à résister à la tentation, et il s'enfuit en Bretagne (comme de nombreux migrants bretons en Armorique), débarquant à Plestin, dans le Trégor, où il aurait vécu un temps en compagnie de saint Gestin. D'après une autre tradition, il serait venu d'Irlande avec son épouse Enora et auraient débarqué d'un curragh fait de peaux de bêtes tendues sur des lattes de bois au port du Coz-Guéodet[3]. Ils n'auraient jamais consommé leur union et se seraient consacrés tous les deux à Dieu, dans un ermitage en forêt. Il serait mort en 512.

La légende

On[Qui ?] prête à saint Efflamm une vie merveilleuse. Il aurait aidé Arthur à se débarrasser du dragon contre lequel il luttait[4]. Lorsqu'il rencontra en effet le roi Arthur, il poursuivait un dragon. Efflamm fit jaillir une source à Saint-Efflam (en Plestin-les-Grèves) pour le désaltérer, puis pria devant l'antre du monstre, qui alla mourir en se précipitant dans la mer. Son épouse Enora le rejoignit dans un oratoire qu'il lui avait fait bâtir[5].

Albert Le Grand a raconté la vie de saint Efflam dans son livre Les Vies des saints de la Bretagne armorique, publié en 1636 :

«  … nôtre Saint, avec sa compagnie, passa la mer & vint heureusement surgir à la coste de la Bretagne Armorique, en la baye de sable, qui est entre Toul Efflam & Loc-Mikel, dite communement la lieue de grève, en la paroisse de Plestin, Diocese de Treguer, & leur vaisseau s’arresta vis-à-vis d’un grand roc[6], qui est au milieu de la gréve (en terre néanmoins), nommé Hyrglas. Il y avoit pour lors, le long de la gréve, une très-grande forest, de laquelle S. Efflam & sa troupe, descendans de leur vaisseau, virent sortir un horrible dragon, lequel se retiroit à travers la grève dans sa caverne, distante d’environ mil pas de ce roc. »

Albert Le Grand raconte ensuite comment le dragon réclamait tous les ans, la veille de Noël, une proie humaine de sang royal. On la lui apportait à la tombée du soir au pied du Roc'h-ar-laz (la roche du meurtre)[7]. On lui livrait aussi les enfants morts sans baptême. Saint Efflamm permit au roi Arthur de vaincre le dragon qui se noya dans la baie ou selon une autre version fut enchaîné au large, sous les pierres de l'écueil Roc'h Ruz (Roche Rouge) en face de Plestin-les-Grèves, d'où le monstre vomit son sang[8].

Cette légende qui marque la victoire du christianisme sur le paganisme provient probablement, selon Louis Le Guillou, d'une peur due aux noyades des voyageurs dans cette baie assimilée par ses dangers à celle du Mont-Saint-Michel. Balayée par le flot qui monte « monte à la vitesse d'un cheval au galop », elle abritait la grande route royale passant sur la plage de Saint-Efflam à Saint-Michel-en-Grève. La traversée à gué de l'estuaire du Yar alors que la marée s'y engouffrait déjà, avec un courant violent, parce qu'il était resserré par la pointe de la flèche littorale, occasionnait des noyades individuelles ou collectives. Ces accidents ne cessèrent que vers 1840, quand le Yar rompit la flèche près de sa racine pour aller directement à la mer[9].

Albert Le Grand poursuit : « Quant à nous, nous quitterons tranquillement la baie de Saint-Efflam par Saint-Michel-en-Grève et rejoindrons Trédrez par la pointe de Beg-ar-Forn. De là nous prendrons le chemin du site du Yaudet, petite forteresse gauloise puis romaine qui servit de débarcadère à Honora, la femme de saint Efflam. »

Ses compagnons

Nerin et Kemo ont tous deux donné leur nom à un bourg, respectivement Plounérin et Locquémeau, dont les églises portent toujours le nom du saint d'origine. Haran a une chapelle à Plestin, où l'on trouve aussi une plage nommée Pors Mellec, évocation possible d'un autre compagnon d'Efflamm.

Tuder

Moine irlandais, compagnon de route d'Efflamm, Tuder a donné son nom à la commune de Tréduder ou l'église qui lui était dédiée a été, au XVIIe siècle, rebaptisée "Saint-Théodore". Il y a toujours une fontaine à son nom[10].

Kirio

Kirio (ou Quirio, Carré, Karé[11]...) est très présent dans la toponymie du pays de Plestin. Outre la "plage carrée", en breton Traezhenn Kirio, à Locquémeau, et le bourg de Saint-Carré commune de Lanvellec, on trouve une chapelle Saint-Quirio à Plounérin, un lieu-dit Lancarré à Saint-Efflam...

La découverte des reliques de Saint-Efflam en 1819

Le sont découvertes dans l'église Saint-Efflam de Plestin les supposées reliques de saint Efflam. L'abbé Tresvaux raconte les avoir trouvées sous une pierre plate située à trois pieds de profondeur, le tombeau étant ouvert en présence de nombreuses personnes dont plusieurs ecclésiastiques dont F. Nayrod, alors curé de Plestin, et personnalités civiles comme François Moriou, alors maire de Plestin, et d'autres. Le procès-verbal de la découverte énumère les débris d'ossements trouvés : « Une clavicule droite, plusieurs vertèbres tant cervicales que dorsales, un os du métatarse, deux du métacarpe, une phalange de la main, plusieurs fragments de côte, une portion du calcaneum, une portion de l'os occipital, un fragment de tête de tibia (...) ». Ces ossements furent reconnus pour être les reliques de saint Efflam[12].

Le culte de saint Efflamm en Bretagne

Outre l'église paroissiale Saint-Efflam de Plestin-les-Grèves, saint Efflam est ou était aussi honoré dans la chapelle Saint-Efflam située également à Plestin-les-Grèves, ainsi que dans des chapelles situées à Carnoët (aujourd'hui disparue), Langoëlan (chapelle effondrée en 1920, un oratoire et une statue ont été inaugurés en 2016[13]), Lescouët, Pédernec (où il subsiste un lieu-dit), Kervignac, ainsi qu'à l'hôpital de Morlaix[14].

Notes et références

  1. Michel Priziac, Michel Mohrt, Bretagne des saints et des croyances, Kidour2002, , p. 421
  2. André-Yves Bourgès, « La production hagiographique du 'scriptorium' de Tréguier au XIe siècle : Des 'miracula' de saint Cunwal aux 'vitae' des saints Tugdual, Maudez et Efflam », Britannia monastica, no 9, , p. 55-80.
  3. Louis Pape, "Les Saints bretons", éditions Ouest-France, 1981.
  4. Guillaume Oudaer, avec la collaboration de Dominique Hollard, Bernard Sergent – Les Dragons. Mythes, rites et légendes (compte rendu), nouvellemythologiecomparee.hautetfort.com, 30 octobre 2019
  5. Théodore Hersart de La Villemarqué, "Saint-Efflam et le roi Arthur", 1839, voir https://www.argedour.bzh/saint-efflam-roi-arthur/
  6. Appelé dans la toponymie locale le Grand Rocher qui domine la « lieue de grève » d’une hauteur de 84 mètres. Il s'agit site naturel depuis 1936 et site départemental depuis 1982. Des plantes calcicoles (Marjolaine, Sauge des prés, Troène, Orchidée pyramidale, Iris mauve, Ancolie, Ail des ours) témoignent de l'apport de sable riche en débris coquilliers calcaires exploité par les agriculteurs jusqu'en 1996 comme amendement calcaire.
  7. Nom breton du Granc Rocher qui servit la gloire d'un barde instituteur et aubergiste, Claude Rannou (1808 - 1869) qui prit le nom de Barde de Roc'h Allaz.
  8. Jean Hardé, Féerie bretonne en Côtes-du-Nord: guide touristique, Impr. Bargain, , p. 169.
  9. Louis Le Guillou, Bretagne et romantisme, Université de Bretagne Occidentale, , p. 112.
  10. LA FONTAINE SAINT-TUDER
  11. Certains pensent qu'il s'agit en fait de deux personnages différents, mais l'utilisation de l'un ou de l'autre nom indifféremment, comme à Locquémeau, rend plus solide l'idée qu'il s'agit du même saint.
  12. Albert Le Grand, "Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle... et le catalogue de la pluspart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches", 5e édition revue et corrigée par Guy Autret, et complétée par plusieurs autres auteurs, 1901, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f627.image.r=Locquirec.langFR
  13. « L'oratoire de Saint-Efflam a été béni », Ouest France, (lire en ligne).
  14. Albert Le Grand, "Les vies des saints de la Bretagne Armorique : ensemble un ample catalogue chronologique et historique des evesques d'icelle... et le catalogue de la pluspart des abbés, blazons de leurs armes et autres curieuses recherches", 5e édition revue et corrigée par Guy Autret, et complétée par plusieurs autres auteurs, 1901, consultable https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5038760/f628.image.r=Locquirec.langFR

Annexes

Articles connexes

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