Sarah (Bible)
Sarah (en hébreu : שָׂרָה : « princesse » ; en arabe : Śāra, سارة), initialement nommée Saraï (שָׂרַי / שָׂרָי, « ma princesse »), est un personnage de la Genèse, le premier livre de la Bible et du Pentateuque. Matriarche et prophétesse, elle est une figure majeure dans les religions abrahamiques.
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Elle est la sœur consanguine (issue du même père mais non de la même mère) et l'épouse d’Abraham, et la mère d’Isaac.
Le judaïsme, le christianisme et l'islam décrivent tous son caractère comme celui d'une femme pieuse, réputée pour son hospitalité et sa beauté.
Récit biblique
Sarah, qui est d'abord nommée Saraï, grandit à Ur-Kasdim en Mésopotamie[1]. Elle épouse l'Hébreu Abraham, qui est d'abord nommé Abram. Sarah et Abraham sont nés du même père et d'une mère différente[2]. Sarah a pour père Terah et pour mère Yona, Abraham a pour père Terah et pour mère Salmuth[3]. La pratique du mariage incestueux entre un frère et sa demi-sœur est plus tard réprouvée par le Lévitique[4],[5]. Des midrashim donnent Sarah comme nièce d'Abraham et fille d'Haran le frère d'Abraham[6],[7]. La pratique du mariage oncle-nièce est également condamnée par l'écrit de Damas (du Ier ou IIe siècle av. J.-C.)[8].
Dans Genèse, Abram poussé par la famine quitte le pays de Canaan avec sa maisonnée pour se rendre en Egypte. Sachant que Saraï est d'une grande beauté et craignant que le Pharaon ne le tue pour être avec elle, Abram demande à Saraï de dire au pharaon qu'elle est sa sœur[9]. Le pharaon emmène Saraï dans son palais pour la prendre pour femme et offre de nombreux cadeaux et marques de distinction à Abram mais quand il se rend compte que la malédiction est tombée sur sa maison[10] parce que Saraï est l'épouse d'Abram, il exige qu'ils quittent l'Égypte sur le champ[11].
Le Conseil d'Abraham à Sara Les Égyptiens admirent la beauté de Sara Sara est emmenée au palais de Pharaon
De retour à Canaan, le couple vit encore dix ans sans enfant. Alors qu'elle a 75 ans, Saraï, qui se croit stérile, propose son esclave égyptienne Agar comme femme à Abram, pour avoir par elle des enfants et « se construire », dit-elle, en vue de pouvoir adopter le fils qui naîtra de cette union[12],[13]. « Et Abram écouta la voix de Saraï »[14]. Lorsqu'Agar tombe enceinte (d'Ismaël), elle méprise et manque de respect à Saraï qui s'en plaint à Abram[15]. Il cède à son épouse en laissant Agar entre ses mains. À un moment donné, Agar fuit sa maîtresse qui la maltraite mais revient après que les anges l'ont rassurée et consolée[16]. La servante donne naissance au premier fils d'Abram, Ismaël, quand Abram est âgé de quatre-vingt-six ans[17].
Dans le récit de l'Alliance par la circoncision dans Genèse 17, au cours de laquelle YHWH promet à Abram âgé de 99 ans que lui et Saraï âgée de 90 ans auront un fils, Abram est renommé Abraham et Saraï est renommée Sarah[18] : « ...je maintiendrai mon alliance avec toi, et je te multiplierai à l'infini »[19].
« Ton nom ne s'énoncera plus, désormais, Abram : ton nom sera Abraham, car je te fais le père d'une multitude de nations »[20]
«...je ferai de toi des peuples, et des rois seront tes descendants. Cette alliance, établie entre moi et entre toi et ta postérité dernière, je l'érigerai en alliance perpétuelle, étant pour toi un Dieu comme pour ta postérité après toi. Et je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession indéfinie »[21]
«... "Pour toi, sois fidèle à mon alliance, toi et ta postérité après toi dans tous les âges. Voici le pacte que vous observerez, qui est entre moi et vous, jusqu'à ta dernière postérité... et ce sera un symbole d'alliance entre moi et vous. A l'âge de huit jours, que tout mâle, dans vos générations, soit circoncis par vous ; même l'enfant né dans ta maison »[22]
«... "Saraï, ton épouse, tu ne l'appelleras plus Saraï, mais bien Sarah[23]. Je la bénirai, en te donnant, par elle aussi, un fils ; je la bénirai, en ce qu'elle produira des nations et que des chefs de peuples naîtront d'elle." Abraham tomba sur sa face et sourit ; et il dit en son cœur "Quoi! un centenaire engendrerait encore ! et à quatre-vingt-dix ans, Sara deviendrait mère !" »[24]
«..."Certes, Sara, ton épouse, te donnera un fils, et tu le nommeras Isaac. Je maintiendrai mon pacte avec lui, comme pacte perpétuel à l'égard de sa descendance[25]... Pour mon alliance, je la confirmerai sur Isaac, que Sara t'enfantera à pareille époque, l’année prochaine"[26]. » Dieu apparaît ensuite à travers la visite de trois hommes[27] passant près des chênes de Mambré, à qui Abraham offre l'hospitalité. Abraham demande à Sarah de préparer des gâteaux avec « trois mesures de farine de pur froment »[28] et fait accommoder un plat de veau pour les recevoir dignement. L'un des étrangers réitère l'annonciation de la grossesse de Sarah pour l'année suivante, laquelle entend ce qui se dit à l'entrée de la tente se met à rire intérieurement à la perspective d'avoir un enfant à son âge avancé. Le visiteur demande à Abraham pourquoi Sarah se moque de l'idée de porter un enfant car son âge n'est rien pour Dieu. Sarah, prise de peur, ment à Dieu en niant avoir ri. Dieu réaffirme simplement le contraire[29].
Abraham et les Trois Anges Sarah écoute et rit
Entre-temps, Abraham et Sarah se déplacent à nouveau vers le sud, au pays philistin de Guérar. Là, Abraham dit de nouveau que Sarah est sa sœur, de nouveau Sarah est emmenée à la maison du roi Abimélech et de nouveau Dieu punit le roi et sa maison. Cette fois, Dieu envoie un avertissement sous forme de rêve à Avimelech, qui l'empêche de toucher à Sarah. Abimélech rend Sarah à Abraham et leur donne des cadeaux[30].
Treize ans après la naissance d'Ismaël, Sarah est exaucée par Dieu, et Isaac (qui signifie « il rira » en hébreu), son premier et unique enfant, vient au monde dans la joie et l'émerveillement, un an après la prédiction du visiteur. Suivant le commandement de Dieu, l'enfant est circoncis à l'âge de huit jours[31], son père Abraham étant âgé de 100 ans et sa mère Sarah de 90 ans[32].
Quand Isaac a probablement trois ans, Abraham organise un grand festin pour fêter la fin de son sevrage[33]. Ce jour-là, Sarah surprend Ismaël âgé de 16 ans en train de rire en regardant Isaac - action répréhensible aux yeux de Sarah[34]. Elle demande à Abraham de le chasser pour qu'Isaac n'ait pas à partager l'héritage avec son frère aîné[35]. Elle craint également les ambitions d'Agar. Abraham en est contrarié[36] mais Dieu lui dit de toujours écouter la voix de Sarah car l'Alliance avec sa postérité passe par Isaac[37]. Alors Abraham chasse Ismaël et sa mère Agar dans le désert de Beer-Sheva[38].
Sarah n'apparaît pas dans le récit de la ligature d'Isaac (dit « sacrifice d'Isaac » dans le christianisme)[39].
Sarah meurt à Kiryat Arba près d'Hébron, âgée de 127 ans[40]. « Abraham s'y rend pour dire sur Sarah les paroles funèbres et pour la pleurer »[41]. Il l'enterre à la grotte de Machpéla, en face de Mamré à Hébron, située dans un champ qu'Abraham achète devant témoins quatre cents sicles d’argent à cet effet à Efron le Hittite (Heth)[42].
Interprétation
Des parallèles à l'histoire de Sarah proposant Agar à son époux peuvent être établis avec l'histoire également biblique de Rachel, de Leah et leurs esclaves qui sont offertes à Jacob.
Selon une interprétation contestée par Thomas Römer[43] qui n'y voit qu'une variante orthographique, le renommage de Saraï en Sarah correspondrait à un glissement sémantique depuis « ma princesse » vers « princesse ».
Selon certains commentateurs dont Rachi, Sarah est morte sur le coup après avoir été informée de l’intention d’Abraham de sacrifier leur fils sur ordre de Dieu[44].
Rachi dit de Sarah qu'elle est « aussi belle à 100 ans qu’à 20 ans et qu’à 7 ans ».
Selon la tradition juive, la grotte de Makpéla où Sarah est enterrée (avec d'autres personnages importants de la Bible), est située au tombeau des Patriarches à Hébron, qui est un lieu saint du judaïsme.
Récit islamique
Dans l'islam, Sarah (arabe : سارة, Sarah) est la première femme du prophète Ibrahim (Abraham) et la mère d'Ishaq (Isaac). C'est une femme honorée par sa foi ; mais comme pour Agar, son nom n'est pas mentionné directement dans le Coran qui y fait référence via l'histoire d'Abraham. Elle vécut avec Abraham pendant toute sa vie et, bien qu'elle fût stérile, Dieu lui promit la naissance prophétique d'un fils Ishaq et d'un petit-fils du nom de Ya`qoûb (Jacob).
Sarah et Abraham n'avaient eu encore aucun enfant. Abraham pria constamment Dieu pour avoir un fils. Sarah lui donna sa servante égyptienne[45], Agar (en arabe : Hagar) afin qu'Abraham la prenne comme seconde épouse. Agar porta Ismaël (en arabe : Isma`îl) alors qu'Abraham avait 86 ans, enfant destiné à devenir également prophète.
Treize ans plus tard, Dieu annonça à Abraham, maintenant centenaire, que Sarah, malgré sa stérilité, allait donner naissance au second fils d'Abraham, du nom d'Isaac, qui deviendrait également un prophète de Dieu. De même, le Coran cite le moment où Sara rit lorsque des anges lui annoncent la naissance d'Isaac dont le nom arabe (Ishaq) peut être tiré de la racine « rire » et signifierait « elle a ri ».
« 69. Et Nos émissaires sont, certes, venus à Abraham avec la bonne nouvelle, en disant : « Salam ! » Il dit : « Salam ! », et il ne tarda pas à apporter un veau rôti. 70. Puis, lorsqu’il vit que leurs mains ne l’approchaient pas, il fut pris de suspicion à leur égard et ressentit de la peur vis-à-vis d’eux. Ils dirent : « N’aie pas peur, nous sommes envoyés au peuple de Lot ». 71. Sa femme était debout, et elle rit alors ; Nous lui annonçâmes donc (la naissance d’) Isaac, et après Isaac, Jacob. 72. Elle dit : « Malheur à moi ! Vais-je enfanter alors que je suis vieille et que mon mari, que voici, est un vieillard ? C’est là vraiment une chose étrange ! » »
Arbre généalogique
Sarah et Abraham sont nés du même père et d'une mère différente[2].
Postérité
Peinture
- Maarten van Heemskerck, Sarah écoutant les Anges, Spaightwood Galleries, fin du XVIe siècle, Upton (Massachusetts).
- Adriaen van der Werff, Sarah présentant Hagar à Abraham, 1699.
- Adriaen van der Werff, Sarah figure à gauche dans le tableau L'expulsion d'Hagar.
- Pierre Paul Rubens, Sarah figure dans le tableau Hagar quitte la maison d'Abraham, 1615-1617.
- Jan Victors, Sarah observe la scène dans L'expulsion d'Hagar, vers 1635.
- Giovanni Battista Tiepolo, Sarah figure dans l'œuvre L'expulsion d'Hagar, 1719.
- Le Guerchin (Giovanni Francesco Barbieri), Sara est représentée de dos dans l'œuvre Abraham chassant Hagar et Ismael, 1657.
- Le Lorrain, tableau paysager Abraham chassant Hagar et Ishmael, 1668. Sarah observe la scène du haut du balcon en haut à gauche.
- Charles André van Loo, Sarah présentant Hagar à Abraham, tableau interprété en gravure par Louis Desplaces.
Littérature
- Marek Halter, Sarah (La Bible au féminin, Tome 1), 2004.
Notes et références
- Simha G, « Sarah Iménou, notre modèle à toutes », sur Torah-Box, (consulté le )
- Gn 20,12.
- La "sainte Généalogie" d'après le Livre de la Caverne des trésors.
- Lv 18,9.
- Lv 20,17.
- Pirque Rabbi Eliezer.
- Baba Bathra 91a.
- Ecrit de Damas, A4:7-11.
- Genèse 12:11-13
- Gen. 12:14-17
- Gen 12:18-20
- André Wénin, « Abraham, Sarah et Agar dans le récit de la Genèse. Approche narrative et interprétation », Transversalités, vol. 141, no 2, , p. 157 (ISSN 1286-9449 et 2259-3799, DOI 10.3917/trans.141.0157, lire en ligne, consulté le )
- (en)Victor P. Hamilton, The Book of Genesis. Chapters 1-17, Grand Rapids, MI, Eerdmans, coll. The New International Commentary on the Old Testament, 1990, p. 444-445
- Gen. 16,2b
- Gn 16:1-6
- Gen. 16:2-6
- Gén. 16:16
- (en) Brown, Raymond E. (Raymond Edward), 1928-1998. Fitzmyer, Joseph A. Murphy, Roland E. (Roland Edmund), 1917-2002. Martini, Carlo Maria Cardinal., The new Jerome biblical commentary, Prentice-Hall, (OCLC 1150834115, lire en ligne), p. 22
- Gen. 17:4
- Gen. 17:4-5
- Gen. 17:6-8
- Gen. 17:10-12
- Gen 17:15
- Gen. 17:16-17
- Gen. 17:19
- Gen. 17:21
- Gn 18,1-15.
- Gen. 18:6
- Gen. 18:11-15
- Gen. 20
- Gn 21,4.
- Gn 21,5.
- Gn 21,8.
- Gen. 21:9
- Gn 21,9-10.
- Gn 21,11.
- Gn 21,12.
- Gn 21,1-21.
- Gen. chapitre 22
- Gn 23,1.
- Gen. 23:2
- Gen. 23
- Thomas Römer, « Le cycle d'Abraham (suite) : alliances, sacrifices et guerres scandaleuses », sur Collège de France, .
- La Bible avec le commentaire de la Torah par Rachi, traduit par Jacques Koh. Commentaire de Rachi sur le verset 2 du chapitre 23 du Livre de la Genèse.
- Martin Lings, Muhammad, Chapter 1. The House of God, Suhail Academy Publishing.
Voir aussi
Bibliographie
- Pauline Bebe, Isha : Dictionnaire des femmes et du judaïsme, Calmann-Lévy, , 450 p. (ISBN 978-2-7021-4895-2, lire en ligne).
- Catherine Chalier, Les Matriarches : Sarah, Rébecca, Rachel et Léa, préf. d'Emmanuel Levinas, Cerf, 1985.
Articles connexes
Liens externes
- Vers le récit biblique
- Pharaon enlève Saraï à Abram Ge 12. 10-20.
- Naissance d’Ismaël, fils d’Abram et d’Agar Ge 16.
- Renouvellement de l’alliance, Abram devient Abraham, Saraï devient Sarah, circoncision des mâles Ge 17.
- Chênes de Mamré, annonce de la naissance d’Isaac, annonce de la destruction de Sodome et Gomorrhe Ge 18.
- Sodome, sauvetage de Loth, statue de sel, Inceste de Loth et de ses filles Ge 19.
- Abimélec, roi de Guérar, Abraham fait à nouveau passer Sarah pour sa sœur Ge 20.
- Naissance d’Isaac, conflit de Sarah avec Agar et Ismaël, promesses de Dieu envers Ismaël Ge 21.
- Sacrifice d’Isaac, renouvellement de l’alliance Ge 22.
- Mort et sépulture de Sarah Ge 23.
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