Sarah Chiche
Sarah Chiche, née à Boulogne-Billancourt le , est une écrivaine française.
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Biographie
La mélancolie est « le cœur littéraire » de son écriture et « un enjeu intellectuel et professionnel pour Sarah Chiche[1] ». Elle l’a explorée dans Personne(s), publié aux éditions Cécile Defaut en 2013, « méditation sur la mélancolie, le deuil, l’écriture et l’existence[2] » à partir du Livre de l'intranquillité de Bernardo Soares, le semi-hétéronyme de Fernando Pessoa[3]. Elle la questionne dans Le Diable dans la peau, sa préface à un diptyque composé pour les éditions Payot, et rassemblant La Peau de chagrin d’Honoré de Balzac et Un cas de névrose démoniaque au XVIIe siècle de Sigmund Freud[4]. On lui doit également Éloge de l’égarement, une préface à une traduction inédite des Trois essais sur la théorie sexuelle de Sigmund Freud[5], où elle propose une relecture de Freud, à la lumière de La Pianiste d’Elfriede Jelinek et du Clèves de Marie Darrieussecq, et Éloge de la dévoration, une préface à une nouvelle traduction de La Confusion des sentiments de Stefan Zweig[6].
En 2015, Éthique du Mikado, son essai sur la question du mal dans le cinéma de Michael Haneke, paru aux PUF dans la collection « Perspectives critiques », bénéficie d’un accueil enthousiaste de la presse[7],[8]. Elle s’emploie à y « démonter les mécanismes de la machinerie du cinéma de Michael Haneke, les rouages de son univers fantasmatique, la logique interne de ses films, leurs références revendiquées ou inconscientes, leurs soubassements. » Découpé en soixante et onze fragments, comme un écho à l’un des films du cinéaste, 71 Fragments d'une chronologie du hasard, Éthique du Mikado se propose de réfléchir à la manière dont les images du cinéma peuvent servir d’école morale, et comment la confrontation à la mise en scène d’un mal radical pour lequel nous sommes potentiellement tous disponible, non pas en tant que victimes, mais bien en tant qu’agents, peut paradoxalement inciter à agir mieux que bien.
Elle fait une apparition dans le film de Michael Haneke, Happy End[9].
Sarah Chiche a également publié, plus jeune, deux romans aux éditions Grasset. L'Inachevée[10], en 2008, pour lequel Le Monde des livres a parlé « d’écriture sous électrochocs ».
En , Sarah Chiche signe, au sein d'un collectif d'une centaine de femmes, une tribune publiée dans le Monde, intitulée « Des femmes libèrent une autre parole »[11],[12]. Mais, rapidement, elle en déplore les récupérations réactionnaires. Son combat porte davantage sur sa crainte liée à la censure des représentations littéraires et artistiques[13]. En , dans un entretien donné au journal Le Monde avec Michelle Perrot et Belinda Cannone, elle revient sur les aspects positifs du mouvement #metoo[14].
En , dans son essai Une histoire érotique de la psychanalyse. De la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui, elle propose une méditation sur l'amour et le désir et souligne que dès le départ, les femmes n’ont pas seulement été des objets privilégiés de la psychanalyse, mais ont fait l’histoire de la psychanalyse comme théoriciennes, créatrices et penseuses[15]. Tout en déplorant « l'horrible dédain avec lequel certains psychanalystes stigmatisent les personnes homosexuelles ou transgenre »[16]», elle insiste sur le fait que, « contrairement aux livres qui font du bien et aux feel good books qui n'ont rien à voir avec la littérature et méconnaissent totalement le tragique de l'existence », la psychanalyse aide à penser la haine dans l'amour, l'amour comme fiction romanesque, la douleur de perdre qui nous aimons, et les différentes formes d'arrangements, de compromis, ou de conflits, que nous vivons entre sexe et amour.
Son roman Les Enténébrés (Seuil, 2019) est finaliste du prix Anaïs-Nin[17], et obtient le prix de la Closerie des Lilas 2019[18] décerné le par un jury exclusivement féminin présidé cette année-là par Leïla Slimani.
Paru à la rentrée littéraire de l’automne 2020, son roman « Saturne » est dans la sélection du prix littéraire du journal Le Monde, et dans les premières sélections du Prix Goncourt, du Goncourt des lycéens, du Prix Femina, du prix Médicis et du Grand prix du roman de l’Académie française ; il remporte le Prix du Roman News[19] et le Prix Rive Gauche[20].
Sarah Chiche a travaillé en tant que consultante sur le scénario du film du réalisateur belge Joachim Lafosse, « Les intranquilles », en compétition officielle au Festival de Cannes 2021. Elle travaille actuellement sur deux longs métrages distincts en tant que co-scénariste.
Œuvres
Essais
- Personne(s), éditions Cécile Defaut, 2013[21].
- Éthique du Mikado, essai sur le cinéma de Michael Haneke, PUF, collection « Perspectives critiques », 2015.
- Une histoire érotique de la psychanalyse. De la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui, Payot, 2018[22].
Romans
Préfaces
- « Éloge de la dévoration », préface à La Confusion des sentiments, traduction d'Olivier Mannoni, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », avril 2013.
- « Éloge de l’égarement », préface aux Trois essais sur la théorie sexuelle de Sigmund Freud, traduction d’Olivier Mannoni, Cédric Cohen-Skalli, Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2014.
- « Le Diable dans la peau », préface à un diptyque La peau de Chagrin d’Honoré de Balzac/Un cas de névrose démoniaque au XVIIe siècle de Sigmund Freud (traduction Olivier Mannoni), Payot, coll. « Petite Bibliothèque Payot », 2014.
Notes et références
- « Sébastien Rongier, lecture de Personne(s) », sur sebastienrongier.net (consulté le )
- Eric Bonnargent, « Pessoa et moi », Le Matricule des Anges, novembre-décembre 2013.
- « Alain Nicolas, « Sarah Chiche dans le berceau des mots », L’Humanité, jeudi 24 octobre 2013. », L'Humanité, (lire en ligne, consulté le )
- Honoré de Balzac, La peau de chagrin, suivi de Sigmund Freud, Une névrose diabolique au XVIIe siècle, Payot, Petite Bibliothèque Payot, 2014.
- Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle, traduit par Olivier Mannoni, Cédric Cohen-Skalli, Payot, Petite Bibliothèque de Psychanalyse, 2014.
- Stefan Zweig, La confusion des sentiments, traduit par Olivier Mannoni, Payot, Petite Bibliothèque, numéro 920, 2013.
- « Pierre Assouline, « Ce que Michael Haneke a fait de l’éthique du mal », La République des livres. », La République Des Livres par Pierre Assouline, (lire en ligne, consulté le )
- « Géraldine Mosna-Savoye, Philosophie Magazine, le 27 mai 2025 », sur www.philomag.com (consulté le )
- « Michael Haneke : 71 Fragmentations d’un consensus critique avec Sarah Chiche, par Maël Mubalegh, Rayon vert », Le Rayon Vert, (lire en ligne, consulté le )
- Vincent Roy, « Vincent Roy, « L’inachevée » », Le Monde.fr, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « Nous défendons une liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle », sur lemonde.fr, .
- Dounia Hadni, « Sarah Chiche, à torts et à raisons », Libération.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Une instigatrice de la tribune des 100 femmes dénonce une « censure morale insidieuse » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Féminisme : « Nous voulons toutes l’égalité, mais ne sommes pas d’accord sur la manière d’y parvenir » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Eros, dieu ou déesse ? », sur franceculture.fr,
- « Emission La Grande Librairie », sur youtube.com,
- « La sélection du prix Anaïs Nin 2019 », article du site Livres Hebdo du 30 janvier 2019.
- « Le prix de la Closerie des Lilas à Sarah Chiche pour "Les Enténébrés" », sur ladepeche.fr (consulté le )
- « Sarah Chiche reçoit le prix du Roman News 2020 », sur Livres Hebdo (consulté le )
- « Les Prix Rive Gauche à Paris couronnent Sarah Chiche et Kiran Millwood Hargrave », sur ActuaLitté.com (consulté le )
- Alain Nicolas, « Sarah Chiche dans le berceau des mots », sur L'Humanité, (consulté le ).
- Anastasia Colosimo, « Éros, dieu ou déesse ? », sur France Culture, (consulté le ).
- Eléonore Sulser, « «Saturne» de Sarah Chiche, ou comment le deuil peut devenir un lieu de splendeur et d’écriture », sur Le Temps, (consulté le ).
Liens externes
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