Simon le Magicien

Simon le Magicien ou Simon le Mage ou Simon de Samarie, né à Gitton en Samarie (Israël actuelle) et mort probablement à Rome au Ier siècle, est un mage et chrétien gnostique, considéré comme hérétique par l’Église.

Pour les articles homonymes, voir Simon.

Pour le film de 1999, voir Simon le magicien (film).

Simon le Magicien
La mort de Simon.
Biographie
Décès
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Ie siècle
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Condamné pour

Biographie

Simon le Magicien, les démons et la naissance de la vigne. Porte Miègeville de la basilique Saint-Sernin.
La mort de Simon sur un chapiteau de la cathédrale Saint-Lazare d'Autun (XIIe siècle).

Les Actes des apôtres (Ac 8. 4-25), présentent Simon comme un mage à succès en Samarie. Un texte apocryphe le présente comme une sorte d’émanation divine. Il aurait séduit la foule en s'envolant dans le ciel (Actes de Pierre, 32). L'Apôtre Pierre aurait alors invoqué le nom de Jésus et provoqué sa chute. Le thème du combat aérien entre les défenseurs de deux systèmes religieux antagonistes se retrouve dans la littérature rabbinique (Phinées contre Balaam) et dans les Toledot Yeshu (les engendrements de Jésus). Selon l'historien Thierry Murcia : « Quoique l’épisode du combat entre Pierre et Simon le Mage (cycle 2) soit le plus anciennement attesté, il semble logique de penser que le récit (les récits) des Toledot (cycle 3) dépende plutôt – initialement – des légendes juives se rapportant à Balaam (cycle 1) »[1].

Selon les Actes des Apôtres, après avoir été baptisé par Philippe, Simon le Magicien veut acheter à Pierre son pouvoir de faire des miracles (Ac 8. 9-21), ce qui lui vaut la condamnation de l'apôtre : « Que ton argent périsse avec toi, parce que tu as pensé acquérir avec de l'argent le don de Dieu. »

Selon Justin et Irénée de Lyon, Simon vient du village samaritain de Gitta et il est appelé Zeus par les simoniens, et sa compagne Hélène est appelée Athéna.

Ils déclarent également qu'une statue a été érigée en l'honneur de Simon par Claude sur une île du Tibre, là où deux ponts croisent, avec l'inscription « Simoni Deo Sancto » (« à Simon Dieu saint »). Au XVIe siècle, une statue a effectivement été mise au jour sur l'île décrite. En revanche, l'inscription est adressée à « Semo Sancus », une divinité sabine. Ceci conduit les historiens à penser que Justin le Martyr a confondu « Semo Sancus » et Simon.

Ses débats et polémiques avec Pierre sont abondamment cités dans le roman pseudo-clémentin.

Comme pour de nombreux penseurs antiques, deux versions de sa mort existent, toutes deux légendaires et destinées à en faire le prolongement de sa vie[2].

De son nom vient le mot « simonie ».

Le juron québécois « simonac » (prononciation populaire de « simoniaque ») provient de son nom, et n'est donc pas un blasphème pour l'Église catholique.

Idées gnostiques

Jacques Lacarrière situe Simon le Mage dans ces termes au sein du courant gnostique : « La gnose apparaît dans l’histoire dès les premiers siècles du christianisme, prêchée par un personnage que mentionnent les Actes des Apôtres du nom de Simon le Mage. On y trouve déjà les principes essentiels qui la caractérisent : la création du monde est l'œuvre d’un faux Dieu, le vrai Dieu est inconnu de l’homme, le monde n’est là que pour le séparer de Lui. Pour Simon le Mage, le seul moyen pour l’homme de briser l’illusion du monde et d’atteindre à la plénitude est de vivre librement ses désirs. Le désir, sous toutes ses formes, est la seule part divine qui réside en l’être humain »[3].

Selon Rémi Gounelle, à la tradition narrative (les actes de Pierre) opposant la figure de Simon et celle de Pierre, s'ajoute « une autre tradition, non narrative, [qui] se met en place dans le cadre de la lutte contre les hérétiques ; elle fait de Simon le père du gnosticisme et de toutes les hérésies.

Au IIe siècle, en effet, un écrit a été attribué à Simon : l’ « Apophasis mégalè », ou « Grande révélation ». Or, les maigres informations conservées sur ce texte révèlent une pensée ésotérique chrétienne qui prend appui sur des sentences bibliques, sur l’ « Odyssée » et sur des philosophes grecs. Bien que certains auteurs attribuent ce texte à un courant gnostique remontant au Simon historique, il paraît plus prudent de s’en tenir à une composition du milieu du IIe siècle, faisant de Simon le Magicien le révélateur privilégié d’une doctrine secrète[4] ».

Personnage de fiction

Jean-Claude Carrière a fait de lui le personnage central de son roman Simon le Mage, Plon, 1993 (dont l'action est située au Ier siècle).

Voir aussi

Articles connexes

  • L'article « simonisme », courant de pensée créé par Simon le Magicien, souvent cité comme l'un des fondateurs du courant gnostique.

Liens externes

Bibliographie

  • Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie, vol. 2 : Le Christianisme hédoniste, Grasset, [détail de l’édition]
  • Thierry Murcia, Jésus dans le Talmud et la littérature rabbinique ancienne, Brepols, Turnhout, 2014, p. 348-350 (Chapitre VIII, 5 : Simon le Mage).

Notes et références

  1. Thierry Murcia, Jésus dans le Talmud et la littérature rabbinique ancienne, Brepols, Turnhout, 2014, p. 643.
  2. Michel Onfray, Contre-histoire de la philosophie, vol. 2 : Le Christianisme hédoniste, Grasset, [détail de l’édition], p. 49-50.
  3. Jacques Lacarrière, "Les Gnostiques, libertaires de l'absolu", Revue Planète, en ligne, p.4 ; voir ici http://manicheism.free.fr/maniblog/gnostiques%20lacarriere.pdf (J. Lacarrière est par ailleurs l'auteur d'un ouvrage consacré à la gnose, La cendre et les étoiles, essai sur la pensée gnostique (A. Balland,1970)).
  4. R. Gounelle, SBEV / Éd. du Cerf, Supplément au Cahier Évangile n° 148 (juin 2009), "Lire dans le texte les apocryphes chrétiens", p. 109-110 http://www.bible-service.net/extranet/current/pages/881.html.
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