Sokodé
Sokodé (Sockden en allemand) est une ville togolaise, considérée comme la deuxième du pays, avec une population d’environ 118 852 habitants ; elle est située au centre du pays, à mi-chemin entre le climat tropical du bord de mer et le climat sec du Sahel. C'est la ville des Kotokoli, du nom de l’ethnie majoritaire, et le chef-lieu de la province du Centre et de la préfecture de Tchaoudjo.
Sokodé | |
Vue sur le centre de Sokodé | |
Administration | |
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Pays | Togo |
Région | région centrale |
Indicatif téléphonique international | +(228) |
Fuseau horaire | UTC +0 |
Démographie | |
Population | 118 852 hab. (Recensement Général de la Population du Togo - 2010; actualisation partielle 2014) |
Géographie | |
Coordonnées | 8° 59′ 00″ nord, 1° 08′ 00″ est |
Localisation | |
Histoire
Aux vieilles souches autochtones de la région se sont mélangés dans un premier temps des immigrés gourma, issus de la partie orientale de la Boucle du Niger, entre Ouagadougou et Niamey, qui apportèrent la structuration politique en chefferies[1]. À cette structure, commerçants et artisans soudanais (les Mandingues, originaires du Mali historique) et hausas ajoutèrent dès le XVIe siècle un élément dynamique décisif, qui fera la réussite de la ville : l’islam, et, avec lui, le sens des affaires liées aux relations commerciales. En choisissant, fin 1897, d’installer un poste à Sokodé, les Allemands entérineront le rôle commercial de ces chefferies kotokoli.
La ville s’est donc développée à l’époque précoloniale en tant que carrefour commercial sur la route de la cola entre le Ghana et le Bénin, puis, aujourd’hui, comme lieu de passage obligé sur le seul axe routier nord-sud du Togo, reliant la capitale Lomé au Burkina Faso. Son urbanisation s’est accélérée lors de la colonisation. La ville est constituée d'anciens villages devenus aujourd'hui de véritables quartiers urbains. Sa croissance a aussi été l’œuvre de villages entiers qui se sont rapprochés de la ville et des migrations interurbaines[1].
Sokodé est aujourd’hui encore gérée de manière complémentaire par la Mairie et les chefs coutumiers traditionnels. Historiquement, les chefferies des différents villages étaient englobées dans une chefferie suprême, celle de Tchaoudjo. À chaque changement de règne, le nouveau souverain devait être pris, à tour de rôle, dans une autre localité (toujours entre les villages constitutifs, au nombre de sept). Ce sont les Daro de Tchalo, village au sud de Sokodé, qui étaient chargés du choix des nouveaux chefs. Les musulmans de Didaouré restèrent à l’écart de cette construction politique, tout en bénéficiant d’une large autonomie, avec à leur tête un chef des musulmans (malwa-uro),aidé par deux femmes: Nana Gnô et Kpegna, respectivement la mère du Chef et la chargée des affaires feminines, toujours issu du groupe patronymique des Tourés- et sous la responsabilité directe du chef suprême[1]. Aujourd’hui, c’est le chef de Komah qui assume le rôle suprême (la regence).
Géographie
Sokodé est caractérisée par un réseau hydrographique très dense[2] et un relief collineux. Les deux rivières principales sont le Kpondjo et le Kpandi, qui se jettent dans la Na. Cette dernière aboutit dans le fleuve Mono. La frontière entre le bassin versant du Mono et le bassin du Volta se situe à quelques kilomètres au nord de la ville. On se trouve alors dans le bassin-versant de la rivière Mô.
Climat
Située à une altitude moyenne de 340 m, à mi-chemin entre l’océan et la bande sahélienne, Sokodé (8°59’N-1°09’E) jouit d’un climat de transition. C’est un climat tropical, à deux saisons bien marquées : la saison des pluies, qui va d’avril à octobre, avec un pic de juillet à septembre, et la saison sèche, de novembre à mars. Les précipitations se situent entre 1 200 et 1 500 mm par an et le nombre de jours de pluie varie entre 100 et 130[2]. La température moyenne est de 26 °C (1961-1990). L’évaporation est élevée, estimée à 1500 mm/an [2], et est particulièrement marquée en période d’harmattan, de novembre à janvier. Le taux d’humidité est très variable, et dépend de tous les facteurs précités.
Population
Sokodé est la ville ayant la plus forte proportion de population musulmane du Togo. 70 % de la population est musulmane, les 30 % restants étant chrétiens, en grande majorité catholiques [3].
La plupart des habitants de Sokodé parlent le kotokoli, (ou tem). L’ethnonyme kotokoli correspond à l’appellation qui était donnée à ces locuteurs du tem par les commerçants soudanais de la Boucle du Niger. De nombreuses autres langues togolaises y sont parlées, en particulier l’ewé, la langue dominante du sud du pays, et le kabyé, langue dominante de la région de Kara, plus au nord. Le kotokoli et le kabyé sont deux langues proches.
Santé
La ville de Sokodé compte un Centre Hospitalier Régional comme dans chacune des régions du Togo.
Il existe aussi des structures de soins au sein de la ville : Clinique du Parc (en face de l'hôtel central), Clinique Kossobio, Centre médical du Puits de Jacob " La Source" (quartier Kpangalam, à la sortie de Sokodé, vers Kara), Polyclinique (quartier Administratif), Centre de Santé de l'Espérance (quartier Kouloundè), Dispensaire du Kparatao ou encore le centre de santé situé à Kolowaré (nom de la même ville), situé sur la route de Tchamba.
Education
Historiquement, Sokodé a été pendant longtemps une ville de premier choix en termes d'études et d'éducation. De nombreux cadres togolais actuels et anciens ont été formés au Lycée d'Education Technique et Professionnelle (LETP-Sokodé, situé dans le quartier administratif) qui fut un des premiers établissements de renoms du pays.
Aujourd'hui, cette dynamique s'est estompée. Certains établissements d'enseignement secondaire proposent tout de même des formations de qualité : Lycée Moderne et LETP pour le public, Complexes scolaires Bakhita (quartier Kpangalam) et de l'Assomption (quartier Komah) pour le privé.
Sokodé n'a pas d'université publique, au nombre de deux dans le pays (Lomé et Kara). Cependant, plusieurs instituts privés ont vu le jour récemment. C'est le cas par exemple de l'IFNTI.
Architecture et urbanisme
Du point de vue de l’habitat, on peut scinder la ville en deux parties : le centre, avec une très forte densité d’habitat, de type traditionnel, et les périphéries, à l’habitat de moins en moins en dense à mesure que l’on s’éloigne du centre. Les matériaux modernes se substituent de façon croissante aux matériaux traditionnels (banco) lorsque l’on suit cette même progression.
Économie
L’économie de Sokodé est orientée par les secteurs des transports, du commerce, de l’artisanat et de l'agriculture. Il n’y a pas d’activité industrielle[2].
Agriculture
De nombreux agriculteurs, maraîchers et éleveurs vivent sur les pourtours de Sokodé[4].
Les maraîchers sont regroupés en particulier le long des rivières Kpondjo et Inusayo. La plupart des zones de maraîchage sont des zones inondables ; les maraîchers commencent donc à cultiver après la saison des pluies. Durant cette dernière, ils se convertissent en agriculteurs : ils cultivent alors du maïs sur leurs terres non inondées.
Les agriculteurs cultivent avant tout du maïs, du manioc, de l’igname, du piment et des haricots.
Les éleveurs font pour la plupart partie de l’ethnie peule. De nombreux Peuls se sont sédentarisés autour de Sokodé. Ils élèvent des troupeaux de vaches et cultivent les champs. Parallèlement, des Peuls nomades passent fréquemment près de Sokodé, avec leurs troupeaux de zébus en route entre le Burkina Faso et le Nigeria.
Fêtes
Gadao-Adossa-Kosso est la fête des Kotokoli. Trois jours de fête, de vendredi à dimanche. Célébrée la veille d’Adossa, Gadao a pour fonction de remercier les ancêtres pour l’abondance des récoltes. Adossa, ou fête des couteaux, est une fête initiatique dont l’origine remonte aux guerriers semassi qui exerçaient leur puissance et leur vaillance en se soumettant à des épreuves de forces. Le lendemain a lieu Kosso, la fête des femmes, où ces dernières viennent danser sur le terrain municipal de Sokodé. En 2008, cette fête a eu lieu fin mars.
Les autres fêtes sont plutôt évènementielles et sans date précise. Entre autres, de grandes fêtes sont organisées par les différents clans de Sokodé. Dans la plupart des fêtes sont invités des danseurs traditionnels de la région, ainsi que des cavaliers mimant les guerriers semassi, filant à toute allure au milieu de la foule.
- Danseuses à la fête de Kosso.
- Cavalier mimant un guerrier semassi.
- Cavalier Tem (2019).
Lieux de culte
Parmi les lieux de culte, il y a principalement des mosquées musulmanes [5]. Il y a aussi des églises et des temples chrétiens : Diocèse de Sokodé (Église catholique), Église évangélique presbytérienne du Togo (Communion mondiale d'Églises réformées), Convention baptiste du Togo (Alliance baptiste mondiale), Living Faith Church Worldwide, Redeemed Christian Church of God, Assemblées de Dieu [6].
Notes et références
- Barbier Jean-Claude, Klein Bernard, 1995, Sokodé, ville multicentrée du Nord-Togo – Petit atlas urbain, Orstom Editions.
- UAID (bureau d’étude Urbanisme, Architecture, Ingénierie, Design), novembre 2000, Etude de révision du schéma directeur de la ville de Sokodé - Analyse de l’état actuel, Lomé.
- (chiffres de 1998, Direction Régionale de la Statistique)
- Britannica, Sokodé, britannica.com, USA, consulté le 28 juillet 2019
- Britannica, Sokodé, britannica.com, USA, consulté le 28 juillet 2019
- J. Gordon Melton, Martin Baumann, ‘‘Religions of the World: A Comprehensive Encyclopedia of Beliefs and Practices’’, ABC-CLIO, USA, 2010, p. 2875-2877
Bibliographie
- Jean-Claude Barbier et Bernard Klein, Sokodé : ville multicentrée du Nord-Togo, Orstom, , 135 p. (ISBN 2-7099-1273-2, lire en ligne)
- Maurice Piraux (et Muriel Devey), « Sokodé », in Le Togo aujourd'hui, Éditions du Jaguar, Paris, 2010 (nouvelle éd.), p. 156-159 (ISBN 978-2-86950-451-6)
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