Sympathy for the Devil

Sympathy for the Devil est une chanson des Rolling Stones, écrite par Mick Jagger[1] et parue sur l'album Beggars Banquet le . Ce titre a été enregistré quelques jours après mai 68, en présence des caméras de Jean-Luc Godard.

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Sympathy for the Devil
Chanson de The Rolling Stones
extrait de l'album Beggars Banquet
Sortie (album)
Enregistré du 4 au
Olympic Studios, Londres
Durée 6:27
Genre Rock
Auteur Jagger, Richards
Producteur Jimmy Miller
Label Decca / ABKCO

Pistes de Beggars Banquet

Sympathy for the Devil (remix)
Single de The Rolling Stones
extrait de l'album Beggars Banquet
Sortie
Durée (variable selon les remix)
Genre Rock, Electro
Auteur Jagger/Richards
Producteur Jimmy Miller, Jellybean Benitez, The Neptunes, Fatboy Slim et Full Phatt
Label ABKCO

Singles de The Rolling Stones

Écriture, inspiration et références

Au départ appelée The Devil Is My Name[2], cette chanson chantée par Mick Jagger est une allusion au diable dont le chanteur revêt directement le costume en mentionnant notamment le Christ, Ponce Pilate, le tsar Nicolas II de Russie, sa fille Anastasia Nikolaïevna de Russie ainsi que la famille Kennedy entre autres.

Dans une interview parue dans le magazine Rolling Stone en 1995, Jagger déclare « Je crois que ça vient d'une vieille idée de Baudelaire, je crois mais peut-être que je me trompe. Parfois, quand je relis les œuvres de Baudelaire, je n'arrive pas à la retrouver. Mais c'est une idée que j'ai trouvée dans un livre français. J'ai juste pris quelques phrases et rajouté mes idées. Je l'ai écrite un peu à la manière de Dylan[3]. » C'est Richards qui propose de modifier le tempo et de rajouter les percussions, transformant le style de la chanson, passant ainsi du folk à la samba[4],[5].

En fait, la plupart des paroles de la chanson semblent faire fortement référence au roman de Mikhaïl Boulgakov, Le Maître et Marguerite[6],[4]. Les premières paroles du titre, « Permettez-moi s'il vous plait de me présenter, je suis un homme de biens et de goût » montrent assez clairement les origines de l'inspiration de Jagger, le roman commençant sur ces mots : « Excusez-moi, dit-il en parlant correctement, mais avec un accent étranger, pour avoir présumé vous parler sans une introduction ». D'autres allusions sont faites à ce livre dans les paroles « Je me trouvais dans les parages quand Jésus-Christ eut son moment de doute et de douleur / Je me suis bien assuré que Pilate avait lavé ses mains et scellé son destin » : un passage de la Bible mentionné dans les premiers chapitres du roman de Mikhaïl Boulgakov[7],[8].

Jagger déclare au cours de l'interview pour le magazine Rolling Stone « c'est un personnage historique qui remonte très loin dans le passé — les deux entités que sont le bien et le mal — donc c'est un très long parcours qu'il a réalisé avant de prendre sa forme finale dans cette œuvre[3]. »

Cependant le sujet principal des paroles concerne surtout les atrocités réalisées par les hommes au cours de l'Histoire, incluant notamment les guerres de Religion en Europe, la violence de la révolution russe de 1917 et le massacre en 1918 de la famille Romanov et la Seconde Guerre mondiale[9],[10]. Les paroles font également référence à l'assassinat de John F. Kennedy et de son frère Robert Kennedy. Les Stones enregistraient le titre lorsque ce dernier fut tué, et les paroles de la chanson furent alors modifiées, passant de « Who killed Kennedy ? » à « Who killed the Kennedys ? »[11]. La réponse apportée est « vous et moi » : ce qui est une façon de dire que « le diable c'est pas l'autre, c'est vous et moi »[12]. D'ailleurs Keith Richards déclare dans une interview « Nous sommes tous Lucifer »[13].

À l'époque de la sortie de Beggars Banquet, les Rolling Stones avaient déjà hérissé les milieux conservateurs pour les paroles à caractère sexuel du titre Let's Spend the Night Together[14], après leur reprise du blues de Willie Dixon I Just Want to Make Love to You[15].

La chanson a sans doute échappé à de plus féroces critiques lorsque le premier titre de l'album, Street Fighting Man sortit, devenant une source de controverses encore plus amères dans le contexte chaotique d'alors avec les divers soulèvements populaires dans le monde, les émeutes raciales aux États-Unis, et les Mouvements pour les droits civiques, ainsi que les révoltes étudiantes de 1968 dans de nombreuses villes d'Europe et des États-Unis dira Bill Wyman dans son ouvrage Rolling with the Stones[16].

Enregistrement

L'enregistrement de Sympathy for the Devil débuta au London's Olympic Studios le et se prolongea le lendemain ; les prises supplémentaires furent effectuées les , et [17]. Étaient présents, en plus des Stones, Nicky Hopkins au piano, aux congas, Bill Wyman aux maracas, la basse étant jouée par Keith Richards.

Il est souvent dit que Marianne Faithfull, Anita Pallenberg, Brian Jones, Charlie Watts, le producteur Jimmy Miller, Wyman et Richards chantèrent les chœurs de la chanson, comme on peut le voir dans le film Sympathy for the Devil de Jean-Luc Godard. En réalité des fameux « whoo whoo », furent rajoutés en post-production à Los Angeles[réf. nécessaire] par Richards, Jagger et Jimmy Miller leur nouveau manager, qui en a eu l'idée au départ[18]. Richards joue de la basse sur l'enregistrement original. On peut voir Jones jouer de la guitare acoustique dans le film, mais on ne l'entend guère sur la version finale.

Dans le livre sorti en 2003, According to the Rolling Stones[5], Charlie Watts dit ceci[19] : « Sympathy fut l'une de ces chansons où nous avons vraiment tout essayé. La première fois que je l'ai entendue fut quand Mick est venu la chanter juste devant ma porte, quand je vivais dans le Sussex… Il l'a interprétée à sa façon… et c'était génial. Nous l'avons jouée de plein de manières différentes ; à la fin je jouais juste un rythme de jazz latin, dans le même style que Kenny Clarke dans la chanson A Night in Tunisia pas exactement le même rythme mais le même style. »

Concernant la puissance d'ensemble de cette chanson, Jagger raconte, toujours dans le magazine Rolling Stone « Ce titre possède un groove hypnotique, c'est une samba avec un pouvoir hypnotique très fort, un peu comme un bon titre de dance. Il ne ralentit pas ou n'accélère pas. Il garde toujours le même groove. De plus, le rythme de la samba est vraiment génial pour chanter, mais il possède également d'autres sous-entendus, un courant sous-jacent primitif — parce que c'est un rythme d'Afrique primitive, d'Amérique latine, d'afro — peu importe comment vous appelez ce rythme. Pour les Blancs, tout cela évoque un sujet sinistre. Mais si on oublie les différences culturelles, c'est une matière qui permet de produire une œuvre très puissante. Ça devient beaucoup moins prétentieux et pompeux, parce que cela possède un groove très simple. Si on l'avait fait comme une ballade, cela n'aurait pas été aussi bon[3]. »

Réception

En plus du thème, la chanson est considérée pour beaucoup comme un modèle de composition, que ce soit pour les congas, les chœurs, et évidemment le solo de guitare (composé par Keith Richards). Ledit solo deviendra en concert un incontournable avec toutes les variantes improvisées que les Stones ont su en tirer, notamment sur Get Yer Ya-Ya's Out!.

Jean-Luc Godard a filmé les répétitions et l'enregistrement du titre. Il en résulte un film intitulé One + One mêlant des séquences documentaires. Le film a été diffusé aux États-Unis sous le titre Sympathy for the Devil avec un montage différent.

En fait, Jean-Luc Godard et son équipe de tournage se sont trouvés dans l'incapacité de rentrer en France à la suite des évènements sociaux de 1968. Godard, ayant à sa disposition un métrage significatif de film vierge, a proposé aux Rolling Stones de les filmer pendant la création d'une chanson. Alors que leur album Beggars Banquet était déjà bouclé, les Stones sont retournés en studio pour terminer une chanson qu'ils avaient du mal à finaliser dans le cadre du projet de Jean-Luc Godard : Sympathy for the Devil est née.

La chanson occupe la 32e place dans la liste des 500 plus grandes chansons du magazine Rolling Stone[20].

La chanson a été classée 25e meilleure chanson britannique de tous les temps par XFM en 2010[21].

Personnel

Personnel additionnel

Reprises

Dans la culture populaire

Notes et références

  1. Jann S. Wenner, « Cover Story: Jagger Remembers », Rolling Stone, (consulté le ).
  2. « Sympathy for the Devil », sur Songfacts (consulté le ).
  3. (en) Jann S. Wenner, « Mick Jagger Remembers », sur Rolling Stone, (consulté le ).
  4. (en) Douglas Cruickshank, « Sympathy for the Devil », Salon.com (consulté le ).
  5. (en) Mick Jagger, Richards, Keith; Watts, Charlie; Wood, Ronnie, According to the Rolling Stones, San Francisco, Chronicle Books, , 359 p. (ISBN 978-0-8118-4060-6, LCCN 2005283482), p. 119.
  6. « Sympathy for the Devil », Rolling Stone, (consulté le ).
  7. (en)Master and Margarita
  8. (en) Sam Jordison, « Satan and satire: sympathy for the devil in The Master and Margarita », sur The Guardian, .
  9. (en) Jagger/Richards, « Sympathy for the Devil », RollingStones.com, (consulté le ).
  10. (en)« The song focuses on atrocities in the history of mankind from Satan's point ».
  11. (en) « JFK Assassination Song: “Sympathy for the Devil” », sur Turme on Dead man.
  12. Rebecca Manzoni dans son émission Tubes & Co
  13. (en) Robert Greenfield, « Keith Richards: The Rolling Stone Interview », Rolling Stone, (consulté le ).
  14. Unterberger, Richie. "Let's Spend the Night Together". allmusic. 2007 (accessed 26 June 2007).
  15. (en) Richie Unterberger, « The Rolling Stones , I Just Want to Make Love to You , Composed by Willie Dixon », AllMusic.
  16. (en) Bill Wyman et Richard Havers, Rolling With the Stones, New York, DK Publishing, , 1re éd., 512 p. (ISBN 978-0-7894-9998-1, OCLC 49894695, LCCN 2002073311), p. 309.
  17. (en) Nico Zentgraf, « The Complete Works of the Rolling Stones 1962-2008 » (consulté le ).
  18. The Rolling Stones. Les albums d'une vie, Les Inrockuptibles2, Septembre 2017, p. 30-32.
  19. « Sympathy was one of those sort of songs where we tried everything. The first time I ever heard the song was when Mick was playing it at the front door of a house I lived in in Sussex… He played it entirely on his own… and it was fantastic. We had a go at loads of different ways of playing it; in the end I just played a jazz Latin feel in the style of Kenny Clarke would have played on A Night in Tunisia - not the actual rhythm he played, but the same styling. »
  20. « The RS 500 Greatest Songs of All Time », Rolling Stone, (consulté le )
  21. http://bestbritishsongs.xfm.co.uk/50-1?page=3
  22. xboxgen les secrets de Call of Duty. Consulté le 11/05/2011
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