Timothy Dexter

Timothy Dexter ( - ) est un homme d'affaires américain connu pour son écriture particulère et son excentricité.

Timothy Dexter
Timothy Dexter, gravure (1805).
Biographie
Naissance
Décès
(à 59 ans)
Newburyport
Nationalité
Activité

Biographie

Timothy Dexter naît le 22 janvier 1747 à Malden dans la province de la baie du Massachusetts. Il est peu scolarisé et abandonne l'école à huit ans pour travailler comme ouvrier agricole[1]. À 16 ans, il devient apprenti tanneur[2]. En 1769, il s'installe à Newburyport dans le Massachusetts[3].

Il a épousé Elizabeth Frothingham, 32 ans, une riche veuve[3].

À la fin de la guerre d'indépendance des États-Unis, il achète de grandes quantités d'effets colonial, dépréciés, qui ne valaient rien à l'époque[3]. À la fin de la guerre, le gouvernement américain rembourse les effets à raison d'un pour cent de leur valeur nominale, tandis que le Massachusetts paye ses propres billets à leur valeur nominale[3]. Cet arbitrage lui permet d'amasser un bénéfice considérable. Il construit deux navires et commence une entreprise d'exportation vers les Antilles et l'Europe[réf. nécessaire].

Parce qu'il était en grande partie sans instruction, son sens des affaires était considéré comme étrange. On lui conseille d'envoyer des chauffe-lits — utilisés pour chauffer les lits pendant les hivers froids de la Nouvelle-Angleterre — pour les revendre aux Antilles, une région tropicale. Ce conseil était un stratagème délibéré de ses rivaux pour le mettre en faillite. Le capitaine de son navire les vend comme louches à l'industrie locale de la mélasse et réalise un beau profit[4]. Plus tard, Timothy Dexter exporte des mitaines de laine au même endroit, où des marchands asiatiques les lui achètent pour les exporter en Sibérie[1].

Les gens lui disaient en plaisantant « d'expédier du charbon à Newcastle »[note 1]. Il exporte alors du charbon, par hasard lors d'une grève des mineurs, à Newcastle et sa cargaison est vendue au prix fort[5],[6]. À une autre occasion, des farceurs lui disent qu'il peut gagner de l'argent en expédiant des gants vers la Polynésie ; ses navires y arrivent à temps pour vendre les gants à des bateaux portugais en route vers la Chine[5].

Il exporte des Bibles vers les Indes orientales et des chats errants vers les îles des Caraïbes et de nouveau réalise un profit : les missionnaires en Asie ont alors besoin des Bibles et les Caraïbes accueillent favorablement une solution à l'infestation de rats[1].

Bien que sujet au ridicule, la vantardise de Timothy Dexter montre clairement qu'il comprenait la valeur d'accaparer sur le marché des biens que d'autres ne considéraient pas comme précieux et l'utilité de « faire l'imbécile »[7].

La haute société de la Nouvelle-Angleterre le snobe cependant. Timothy Dexter achète une grande maison à Newburyport à Nathaniel Tracy, un mondain local, et essaye de l'imiter[1],[3]. Il décore cette maison de minarets, d'un aigle royal au sommet de la coupole, d'un mausolée pour lui-même et place dans le jardin quarante statues en bois d'hommes célèbres, dont George Washington, William Pitt, Napoléon Bonaparte, Thomas Jefferson et lui-même. Sa statue portait l'inscription « I am the first in the East, the first in the West, and the greatest philosopher in the Western World »[note 2]. Dexter achète également un domaine à Chester dans le New Hampshire.

Malgré sa bonne fortune, sa relation avec sa famille était mauvaise. Il raconte fréquemment aux visiteurs que son épouse est morte et que la femme présente dans la maison n'est que son fantôme alors qu'elle est en réalité bien vivante[1]. Lors d'un épisode notable, Timothy Dexter simule sa propre mort pour voir comment les gens réagiront. Environ 3 000 personnes assistent à la fausse veillée funèbre de Dexter. Lorsque Timothy Dexter voit que sa femme ne pleure pas, il révèle le canular et la bastonne pour ne pas avoir suffisamment pleuré sa mort[3],[8].

Écrits

À 50 ans, Timothy Dexter écrit A Pickle for the Knowing Ones[note 3] dans lequel il se plaint des politiciens, du clergé et de sa femme. Le livre contient 8 847 mots et 33 864 lettres, mais sans aucune ponctuation et avec une orthographe et une utilisation des majuscules peu orthodoxes. Un paragraphe commence ainsi[7] : «  [sic]Ime the first Lord in the younited States of A mercary Now of Newburyport it is the voise of the peopel and I cant Help it and so Let it goue ».

La première édition est auto-publiée à Salem dans le Massachusetts en 1802. Timothy Dexter distribue d'abord son livre gratuitement mais il devient populaire et est réimprimé huit fois[2]. La deuxième édition est imprimée à Newburyport en 1805[9]. Dans la deuxième édition, Dexter répond aux plaintes concernant le manque de ponctuation du livre en ajoutant une page supplémentaire de 11 lignes de signes de ponctuation avec l'instruction que les imprimeurs et les lecteurs pouvaient les insérer là où c'était nécessaire ou, selon ses propres mots, «  [sic]thay may peper and solt it as they plese »[note 4],[10].

"Lord" Timothy Dexter House, domaine situé à Newburyport dans le Massachusetts.

Dexter tente de redorer son héritage en faisant appel aux efforts de Jonathan Plummer, marchand de poisson et poète amateur, qui vante son mécène en vers[7] :

Lord Dexter is a man of fame;
Most celebrated is his name;
More precious far than gold that's pure,
Lord Dexter shine forevermore.

Certains de ses contemporains le considéraient comme très bête. Sa nécrologie considérait que « ses dons intellectuels n'étant pas du plus haut niveau »[note 5],[3],[11].

Son patrimoine à sa mort est évalué à 35 027,39 $, ce qui équivaut à 825 452,03 $ en 2022[12],[13].

Sa maison de Newburyport de Dexter est devenue un hôtel[1]. Les tempêtes ont détruit la plupart de ses statues ; la seule statue conservée et identifiée est celle de William Pitt.

Notes et références

Notes

  1. Carry coal to Newcastle : « Apporter du charbon à Newcastle (en) », métaphore anglaise signifiant faire une chose inutile, voire insensée : en effet, à cette époque, Newcastle est la région d'Angleterre la plus importante en matière d'industrie et d'exportation du charbon.
  2. Je suis le premier en Orient, le premier en Occident et le plus grand philosophe du monde occidental
  3. Aussi connus sous le nom de Plain Truth in a Homespun Dress.
  4.  [sic] « Iles peuvent poivvrer et soler comme ils vollent » (Traduction libre)
  5. his intellectual endowments not being of the most exalted stamp

Références

  1. (en) Margaret Nicholas, The World's Greatest Cranks and Crackpots, (ISBN 978-0-7064-1713-5), p. 147–151
  2. (en) The Reader's Digest Book of Strange Stories, Amazing Facts, Reader's Digest Association, (lire en ligne), 501
  3. (en) History of Newburyport, Mass., 1764–1905, vol. Vol. II. (lire en ligne), chap. XXVII, p. 419–431
  4. (en) Jim Stillman, « Lord Timothy Dexter of Newburyport, Massachusetts: Wealthy by Mistake? » [archive du ],
  5. (en) Samuel L. Knapp, Life of Lord Timothy Dexter: Embracing sketches of the eccentric characters that composed his associates, including "Dexter's Pickle for the knowing ones", Boston, J. E. Tilton and Company, (lire en ligne)
  6. (en) Jay Robert Nash, Zanies: The World's Greatest Eccentrics, New Century Publishers, (ISBN 978-0-8329-0123-2, lire en ligne)
  7. (en) Stephen Gencarella, Wicked Weird & Wily Yankees: A Celebration of New England's Eccentrics and Misfits, Globe Pequot, , 1-14 p. (ISBN 978-1-4930-3267-9, lire en ligne)
  8. (en) William Cleaves Todd, Timothy Dexter, Boston, Massachusetts, David Clapp & Son, , p. 6
  9. (en) John J. Currier, History of Newburyport, Mass., 1764–1905, Newburyport, Dalcassian Publishing Company, , p. 495
  10. (en) Nelson, The Almanac of American Letters, Los Altos, California, William Kaufmann, Inc, (ISBN 978-0-86576-008-0), p. 207
  11. (en) « Timothy Dexter obituary notice », Newburyport Herald,
  12. (en) Todd William Cleaves, Timothy Dexter, Boston, Massachusetts, David Clapp & Son, , p. 11
  13. (en) « $35,027.39 in 1806 → 2022 | Inflation Calculator », www.officialdata.org (consulté le )

Bibliographie

  • (en) Samuel Lorenzo Knapp (en), The Life of Lord Timothy Dexter, with Sketches of the Eccentric Characters that Composed his Associates, including his own writings, "Dexter's Pickle for the knowing ones", &c., &c, Boston, J. E. Tilton and Co, (lire en ligne)
  • (en) Timothy Dexter et Peter Quince, A pickle for the knowing ones: or, Plain truths in a homespun dress, S. A. Tucker, , 36 pages (lire en ligne)
  •  « Timothy Dexter », dans J. G. Wilson, J. Fiske, Appletons' Cyclopædia of American Biography, New York, D. Appleton,

Voir aussi

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