Traductions de la Bible

La Bible hébraïque (Tanakh) est écrite en hébreu à l'exception de certains passages des livres de Daniel, Esdras, et Jérémie qui sont en araméen. Au IIIe siècle av. J.-C., une version des livres qui formeront par la suite la Bible est traduite en grec à Alexandrie ; elle est appelée la Septante. C'est à partir de cette version en grec que sera formé l'Ancien Testament (AT) chrétien. À partir du Ier siècle, des traductions en araméen apparaissent.

Les différentes parties du Nouveau Testament (NT) ont été écrites en grec koinè.

Les versions en latin de la Bible chrétienne sont élaborées dans un processus qui s'étale du IIe au IVe siècle.

En 2020, selon l'Alliance biblique universelle, la Bible intégrale a été traduite en 704 langues parlées au total par 5,7 milliards de personnes[1].

Traductions en langues anciennes

  • Araméen : le texte hébreu du Pentateuque et des autres parties de la Bible hébraïque ont été traduites en araméen, probablement en réaction aux premiers écrits chrétiens[2]. On appelle « Targoum » ces traductions, souvent proches de commentaires.
  • Grec : la traduction en grec la plus connue, dite des Septante, a été entreprise à Alexandrie, sous les Ptolémées. Le canon du judaïsme (Massora) fut fixé autour du Ier siècle et d'importants écarts subsistaient entre les versions hébreu et le texte des Septante. Motivées par la volonté de réduire les écarts entre les versions des deux langues, on assiste vers cette même période à diverses entreprises de révision du texte des Septante (souvent qualifiées de recension), celles d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion[3]. Rappelons que le texte du Nouveau Testament est en grec.
  • Édition polyglotte : au IIIe siècle, Origène écrit les Hexaples, une Bible polyglotte en six colonnes, présentant le texte hébreu, sa translittération en grec, le texte des Septante et les trois révisions grecques d'Aquila, de Symmaque et de Théodotion. Par la suite, l'exemple d'Origène fut repris et plusieurs Bible polyglottes furent publiées, ajoutant le texte samaritain, les versions syriaques, arabes, persanes...
  • Latin : dès le IIe siècle, des livres de la Bible sont traduits en latin. Ces traductions relativement disparates furent réalisées - pour la Bible hébraïque - à partir des traductions grecques. Ces traductions sont désignées sous le nom collectif de Vetus Latina. Pour pallier le manque d’homogénéité de ces traductions, saint Jérôme entreprit de réaliser une traduction intégrale de la Bible (AT et NT) entre 382 et 420. En outre, il choisit de travailler, pour la Bible hébraïque, sur un texte hébreu et non sur la Septante. Cette version nouvelle finit par s'imposer et reçut, par la suite, le nom de Vulgate. Elle servit de base aux premières traductions en langues nationales dans les pays catholiques.
  • Géorgien : la traduction en géorgien débuta au Ve siècle, basée à l'origine sur la traduction arménienne. Elle fut à de nombreuses reprises révisée à partir du texte grec (NT et LXX).
  • Copte : le copte se déclinant en plusieurs dialectes (sahidique, achmimîque...) ce ne sont pas moins de six versions qui ont été réalisées à partir du Ve siècle. Pour la Bible hébraïque, elles sont basées sur la Septante.
  • Éthiopien : la traduction en guèze débuta au VIe siècle, puis fut révisée soit à partir de l'hébreu, soit à partir de l'arabe. Ce n'est qu'à une date récente que la Bible fut traduite en amharique. La version guèze est restée la version officielle de l’Église d'Éthiopie.

Premières traductions en langues modernes

Parmi les premières traductions complètes, on recense[5] celles en :

La Bible de Luther, 1534.

Les églises protestantes se sont généralement appuyées sur le retour aux sources manuscrites en grec ancien, concrétisé par le Textus Receptus, pour publier des bibles en langues vernaculaires :

  • Haut allemand : (1466-1477 : 5 éditions impr.); la traduction de la Bible par Martin Luther (impr. 1522 pour le Nouveau Testament seul, 1534 pour les deux Testaments) est célèbre, ainsi que, dans une moindre mesure, celle de Johann Friedrich von Meyer en 1819 ;
  • Bas allemand (1533-34) : la Bible de Lübeck de Johannes Bugenhagen, compagnon de Luther, est la première bible complète en dialecte bas-allemand. Bugenhagen a passé les dernières semaines de son séjour à Lübeck (1532) à superviser une traduction du Nouveau Testament en dialecte allemand du nord, dont il voulait faire une authentique langue de culture depuis ses premières tentatives en 1524 à Wittemberg.
  • Néerlandais : Aux Pays-Bas paraît dès 1526 la Bible de Jacob van Liesvelt, traduction en néerlandais du Nouveau Testament en allemand de Luther, complétée par une traduction de l'Ancien Testament à partir de la Vulgate ! En 1562 paraît une Bible néerlandaise entièrement traduite de l’allemand, et enfin, en 1637, la Bible des États (Statenbijbel), première traduction entièrement traduite à partir des langues originales et première version officielle approuvée des autorités.
  • Moyen anglais : la New Testament translation (1526, revue et corrigée en 1534, 1535 et 1536) de Tyndale, sa traduction du Pentateuque (1530, 1534) et du Livre de Jonas ont été d’emblée censurées au motif qu’elles altéraient les Écritures. Cette traduction inachevée fut poursuivie par Myles Coverdale et publiée sous le titre de Matthew Bible : il s’agit là de la 1e traduction imprimée en anglais. Malgré les persécutions, cette initiative poussa l’Église d'Angleterre à se doter d’une version canonique de la Bible en anglais : ce fut d'abord la Great Bible de 1538 (qui n'était qu'un démarquage de l'édition de Coverdale), puis la Bible des Évêques (1568) et enfin la Version Autorisée (1611), qui s’imposa comme la version de référence du monde anglophone pour plus de trois siècles.
Traduction de la Bible dans la langue lituanienne (Oxford, 1659)
  • Français : la Bible d'Olivétan, due au Français Pierre Robert Olivétan et publiée en 1535 à Neuchâtel. Elle donnera lieu à de multiples rééditions et révision, dont la Bible de Genève (1560) qui sera la 1re Bible imprimée à être entièrement divisée en chapitres et en versets[12].
  • Polonais : la Bible de Brest (1563) ;
  • Espagnol : Biblia del Oso, 1569. Elle fut rebaptisée plus tard Bible Reina-Valera à l'occasion de sa réédition augmentée, en 1602.
  • Tchèque : Premières traductions en proto-slave dès le neuvième siècle par Cyrille et Méthode[13]. Puis traductions manuscrites comme la Bible de Dresde de 1360 (en tchèque Bible leskovecko-drážďanská (cs), dont le manuscrit fut perdu en 1914 par l’incendie de la bibliothèque de Louvain) ou la Bible olomoucká (cs) en 1417. La première Bible traduite en tchèque et imprimée fut la Bible de Prague en 1488. On trouve ensuite la Bible de Melantrich (1549) puis la Bible de Kralice (1579-1593).

Traductions en langues modernes

  • Anglais : au XXe siècle, la Good News Bible (bible en anglais courant) s'impose comme la version la plus diffusée au monde avec, selon l'éditeur HarperCollins, 225 millions d'exemplaires vendus. La plus grande partie de ces éditions sont illustrées par les dessins d'Annie Vallotton[14]. Cette nouvelle traduction est basée sur les idées du linguiste de l'American Bible Society Eugene Nida : avec ce qu'il baptise l’équivalence dynamique, l’accent est mis seulement sur le contenu et la signification originelle du texte à traduire, et non sur une traduction littérale : le texte cible doit correspondre à la signification originelle du texte source, dont il faut donc maîtriser le contexte historique et culturel[15]. Cette version a été adoptée par de nombreuses dénominations allant de l'église catholique à Billy Graham[16]. A côté de cela, les traductions traditionnelles subsistent, particulièrement la Bible du roi Jacques ou l'English Standard Version (en). En 1978 paraît la New International Version, entièrement retraduite à partir des manuscrits les plus anciens par une équipe de biblistes issus des différentes branches du christianisme, et qui est la plus diffusée actuellement aux États-Unis[17].
Bible bilingue anglo-chinoise dans sa version dite version de l'Union chinoise (Chinese Union Version).
  • Français : de la même manière, une traduction de la Bible en français courant a paru en 1982 conformément au plan établi par l'Alliance biblique universelle (ABU) pour donner accès au texte biblique à tous ceux qui ne maîtrisent pas les subtilités archaïsantes des traductions traditionnelles[18]. On y retrouve la même philosophe d'équivalence dynamique et les illustrations d'Annie Vallotton.
  • Chinois : la première bible complète à être imprimée a été la traduction due au pasteur écossais Robert Morrison, en 1823. En 1919 paraît la version de l'Union chinoise, protestante, qui, sous sa forme révisée en 2010, est de loin la traduction chinoise de la Bible la plus diffusée[19]. L'Amity Printing Company de Nankin, qui dépend de la Amity Foundation, revendique avoir imprimé 200 millions de Bibles depuis 1987, dont 100 millions entre 2012 et 2019[20].

Traductions en langues fictives

La bible a par ailleurs été traduite dans plusieurs langues fictives (en), langages artificiels ou issus d'univers de fiction :

  • Klingon : Plusieurs projets de traduction en klingon ont donné lieu à des transcriptions partielles ou totales de l'ouvrage. Soutenu par le Klingon Language Institute et coordonné par Kevin Wilson, le Klingon Bible Translation Project doit permettre d'aboutir à la traduction de l'ancien et du nouveau testaments. La North Star Klingon Outpost Library a de son côté publié une version partielle de la bible traduite en klingon.
  • Lolspeak : le projet de traduction de la bible en lolcat, lancé en sur un modèle de traduction participative sur une plateforme MediaWiki a permis d'aboutir à une traduction complète et à la publication en 2010 de la bible traduite intégralement en lolspeak.
  • Quenya : plusieurs parties de la bible ont été traduites en quenya, Helge Fauskanger en a traduit deux chapitres de la Genèse et la moitié du Nouveau Testament mais les difficultés d'unification du langage rendent la traduction difficile.

Notes et références

  1. (en) « Latest Bible translation statistics », sur wycliffe.org (consulté le )
  2. Voir Francine Kaufmann : "S'il faut en croire le témoignage du Talmud, c'est sous l'autorité de deux rabbins de l'École de Yavné (Jamnia) que, au début du IIe siècle, s'effectuent deux traductions «autorisées» du Pentateuque: la traduction araméenne par Onkelos (cf. Talmud de Babylone, Meguila 3 a) et la nouvelle traduction grecque d'Aquila (Talmud de Jérusalem, Meguila I, 71 c), destinée à remplacer la Septante dans l'usage juif."
  3. Et Dieu parla grec : la Bible des Septante
  4. Michaël Oustinoff, « Roman Jakobson et la traduction des textes bibliques », Archives de sciences sociales des religions, no 147, , p. 61–80 (ISSN 0335-5985, DOI 10.4000/assr.21368, lire en ligne, consulté le )
  5. Catholic Encyclopedia
  6. Henri Bresc, « Aillet Cyrille, Les Mozarabes. Christianisme, islamisation et arabisation en péninsule Ibérique (ixe-xiie siècle), Madrid, Casa de Velázquez, 2010 (Bibliothèque de la Casa de Velázquez, 45), 418 p. », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée [En ligne], 135 | juillet 2014, mis en ligne le 15 juin 2014, consulté le 09 novembre 2014. URL : http://remmm.revues.org/8144
  7. Dictionary of the Middle Ages, t. 12, American Council of Learned Societies, 1982-1989, article "Wyclif, John"
  8. André Vauchez, Histoire du christianisme, t. 6 : Un temps d'épreuves (1274-1449), Desclée / Fayard, chap. VI (« Contestations et hérésies dans l’Église latine »)
  9. Sylvain Excoffon, « François Maresme : Un chartreux sur les routes au début du XVe siècle », dans Laurence Ciavialdini Rivière, Anne Lemonde et Ilaria TaddeiGrenoble (éds.), Entre France et Italie : Mélanges offerts à Pierrette Paravy, Presses universitaires de Grenoble, (ISBN 9782706115332), p. 128
  10. Une traduction éditée entre 1400 et 1500 environ est consultable en ligne [lire en ligne]
  11. (en) John W. O'Malley, The Jesuits, a History from Ignatius to the Present, London, Sheed and Ward, 2015, p.39. Également: S. Sawicki, Biblia Wujka w kulturze polskiej, dans Studia Gnesnensia, 1975, t.1, s.318-319
  12. « Qui a divisé la Bible en chapitres et en versets ? », sur fr.aleteia.org (consulté le ).
  13. Vladimír Donát, directeur du musée de la Bible de Pelhřimov (Malé muzeum Bible (cs) : https://english.radio.cz/museum-bible-open-pelhrimov-8236969
  14. « Remembering Annie Vallotton – Blog – News – American Bible Society », sur news.americanbible.org (consulté le )
  15. « Théories, approches et modèles de la traduction au XXe siècle (première partie) », sur https://traduction2016flitti.wordpress.com (consulté le )
  16. (en) « GNB Good News Bible », sur https://www.biblesociety.org.uk/ (consulté le )
  17. (en) « August 2009 CBA Best Sellers » (version du 12 juillet 2012 sur l'Internet Archive), sur Christian Booksellers Association
  18. « La Bible en français courant », sur https://lire.la-bible.net/ (consulté le )
  19. (en) Katie Wong, « Revised Chinese Union Version (RCUV) Century Bible Released », The Gospel Herald, (consulté le ).
  20. (en) John Sandeman, « 200 million Bibles printed in China », sur https://www.eternitynews.com.au/, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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