Zenata (tribu de la Chaouïa)
La tribu Zenata est une tribu arabophone d'origine principalement berbère zénète, faisant traditionnellement partie de la confédération des Chaouïa et dont le territoire se situe au nord-est de Casablanca, incluant les villes de Mohammedia, El Mansouria, Charrate et Bouznika.
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Elle se compose historiquement de 8 fractions : Les Oulâd Sidi' Ali, les Khalta, les Oulâd Hedjala, les Oulâd Sidi' Ali (différents des précédents), Oulâd Màza, les Berada, les Beni Meghith et les Ghezouân[1].
La superficie de son territoire historique couvrait, au début du XXe siècle, une surface d'environ 350 km². Au niveau démographique, en 1915, la tribu comptait environ 6 000 habitants répartis en 8 cheikhats de 200 à 250 tentes chacun.
Origines et histoire
La tribu des Zenata est une fraction de la grande tribu berbère des zenètes dont un grand nombre pénétrèrent sans doute au Maroc avec les conquérants Almoravides. Ainsi, la présence des Zenata dans le Chaouïa est attestée dès le XIIe siècle, puisque le géographe arabe Al Idrissi les mentionne lors de son itinéraire de Marrakech à Salé[1].
Ils furent refoulés, à une époque ancienne, par les Oulâd Ziyân, qui les poussèrent jusqu'au bord de la mer en les séparant ainsi des Oulàd Saïd dont ils paraissent avoir été anciennement les voisins.
En 1907, lors du débarquement des troupes françaises à Casablanca, les Zenata prirent les armes contre elles sur l'appel au jihad du caïd des Oulâd Hriz, Hajj Hammou.
Territoire
Le territoire des Zenata s'étendait en bordure de l'Océan Atlantique sur une longueur d'environ 30 kilomètres. Il était borné à l'est par le territoire des Ziaïda, au sud par celui des Oulâd Ziyan et à l'ouest par celui des Mediouna. Au total ils occupaient donc un territoire d'environ 350 km2.
Au niveau de l'approvisionnement en eau, le territoire des Zenata est arrosé par deux grandes rivières : l'Oued Neffifikh et l'Oued Malleh. En outre, leurs terres comptaient également de nombreuses sources, dont l'Aïn Harraouda, Aïn Tekki, 'Aïn Oumm El-Ghenoudj etc. Toutefois, malgré ce bon approvisionnement en eau, la majorité des terres étaient comprises dans la région dite « Sahel ». Ses terrains, qualifiés par les locaux de "hamri" et "remliya", entrent dans la catégorie des terres légères et sablonneuses qui conviennent surtout à la culture de l'orge, du maïs, du lin et, en certains endroits, du blé. Très inférieures aux terrains de « tirs » comme rendement, certaines parties des terres des Zenata ne pouvaient même être utilisées que comme terrains de parcours pour le bétail. En revanche, on y trouvait des gisements d'argiles et surtout, de pierres à chaux.
Au niveau architectural, sur le territoire des Zenata se trouvaient deux kasbah historiques : Mansoûriya et Fédala.
La kasbah Mansouriya, décrite par Léon l'Africain et Marmol, était déjà en ruines au XIVe siècle. Ibn Khaldoûn nous apprend qu'elle fut fondée au XIIe siècle par le calife Yaqub al-Mansur, pour servir d'asile aux pèlerins et aux voyageurs. Les habitants s'enfuirent à Rabat, lors de l'arrivée des Portugais à Casablanca. Seules les murailles en sont restées debout. Battista Agnese est le seul ancien cartographe européen qui signale cette kasbah, mais il la place à tort après Anfa (Casablanca).
La Kasbah de Fédala, actuelle Mohammedia, était située dans une baie offrant une sorte d'abri naturel qui de tout temps attira de nombreux pêcheurs, notamment portugais et espagnols. Ainsi l'existence de cette agglomération est mentionnée dès le XIIe siècle par Al Idrissi, et elle est visitée par les marchands chrétiens de la Méditerranée pour acheter du blé, de l'orge et des fruits secs dès les XIVe et XVe siècles.
Vie religieuse
Dans le passé, un important moussem se tenait chaque année sur les terres des Zenata, le septième jour après le Mouloûd. Il avait un caractère spécial, ayant pour objet la circoncision en commun de tous les enfants mâles des Zenata et d'une partie de ceux des Ziaïda, nés depuis le moussem précédent. Ainsi, en 1914, quatre cents enfants ont été circoncis lors de ce moussem annuel[1]. Il est intéressant de noter que cette coutume existait surtout dans les tribus berbères, comme les rifains et chez les jbala. Les festivités duraient 3 jours et attiraient des miliers de personnes.[1]
Les terres Zenata comptaient un certain nombre de tombeaux saints, appelés Koubbas. Ainsi, il faut citer celle de Sidi 'Ali Bou Anouar et celle de Sidi Mohammed El-Mleh, de Sidi Mousa El-Medjdhoûb, de Sidi Bou Chaïb, de Sidi Ahmed ben Ichchou et de Sidi Ben Izgaren. Avant le protectorat français sur le Maroc, Fédala était un lieu de réunion des Mïâd qui s'assemblaient aussi quelquefois dans le lit de l'oued.
Annexes
- Mission Scientifique du Maroc, Villes et Tribus du Maroc : Cablanca et les Chaouïa, E. Leroux,
Bibliographie
- Mission Scientifique du Maroc (coll.), Villes et Tribus du Maroc: Casablanca et les Chaouïa, Ed. E. Leroux (Paris), 1915 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Frédéric Weisgerber, Casablanca et les Châouïa en 1900, préface du général Albert-Gérard-Léon d'Amade (1856-1941)
- E. Marchand, Casablanca, la Chaouia, Ed. Larose (Paris), 1918
- H. G. Conjeaud, Histoire militaire de la Chaouia depuis 1894, Casablanca, Les Ed. du Moghreb [ 1938 ] ; in-12 (219 pp.)
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