Zeus

Zeus (en grec ancien Ζεύς / Zeús) est le dieu suprême dans la mythologie grecque. Cronide, fils du titan Cronos et de la titanide Rhéa, marié à sa sœur Héra[1], il a engendré, avec cette déesse et avec d'autres, plusieurs dieux et déesses, et, avec des mortelles, de nombreux héros, comme le conte la théogonie d'Hésiode (VIIIe siècle av. J.-C.)[2].

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Zeus
Dieu de la mythologie grecque

Le buste de Zeus découvert à Otricoli, en Italie.
Caractéristiques
Nom grec ancien Ζεύς / Zeús
Fonction principale Roi des dieux
Fonction secondaire Dieu du ciel et de la foudre
Résidence Mont Olympe
Groupe divin Divinités olympiennes
Parèdre Héra
Équivalent(s) par syncrétisme Jupiter, Tinia
Culte
Région de culte Grèce antique
Temple(s) Temple de Zeus à Olympie
Lieu principal de célébration Jeux olympiques antiques à Olympie
Date de célébration Tous les quatre ans
Famille
Père Cronos
Mère Rhéa
Fratrie Hestia, Hadès, Déméter, Poséidon, Héra
Premier conjoint Héra (femme légitime)
• Enfant(s) Héphaïstos, Arès, Ilithyie, Hébé, Angélos
Deuxième conjoint Léto (maîtresse)
• Enfant(s) Artémis, Apollon
Troisième conjoint Maïa (maîtresse)
• Enfant(s) Hermès
Quatrième conjoint Métis (femme légitime)
• Enfant(s) Athéna
Cinquième conjoint Alcmène (une mortelle) (maîtresse)
• Enfant(s) Héraclès
Sixième conjoint Sémélé (maîtresse)
• Enfant(s) Dionysos
Septième conjoint Danaé (maîtresse)
• Enfant(s) Persée
Huitième conjoint Mnémosyne
• Enfant(s) Les neuf muses
Neuvième conjoint Déméter (maîtresse)
• Enfant(s) Perséphone
Dixième conjoint Carmé (maîtresse)
• Enfant(s) Britomartis
Onzième conjoint Perséphone (maîtresse)
• Enfant(s) Mélinoé
Douzième conjoint Séléné (maîtresse)
• Enfant(s) Pandia, Hersé
Treizième conjoint Callisto (maîtresse)
• Enfant(s) Arcas
Symboles
Attribut(s) Le foudre[alpha 1]
Animal L'aigle
Végétal Le chêne
L'une des premières représentations de Zeus trônant. Coupe laconienne du Peintre de Naucratis (vers ), musée du Louvre.

Zeus est fréquemment représenté par des artistes grecs dans l'une des deux poses suivantes : debout, s'avançant avec un foudre dans sa main droite levée ou assis en majesté.

Étymologie

Tétradrachme royaume Seleucide représentant Zeus.

Le nom Zeus (nominatif : Ζεύς / Zeús ; vocatif : Ζεῦ / Zeû ; accusatif : Δία / Día ; génitif : Διός / Diós ; datif : Διί / Dií) repose sur le thème *dy-ēu-, issu de la racine indo-européenne *dei- qui signifie « briller ». Elle est également à l'origine du sanskrit द्याउः / dyāuḥ, signifiant « ciel lumineux », et du latin diēs, signifiant « jour »[3]. En grec ancien, on la retrouve dans les mots ἔνδιος / éndios et εὐδία / eudía qui désignent respectivement le midi (l'apogée de la journée) et le beau temps. Ce nom entre dans la composition de nombreux mots : le nom des Dioscures (Διόσκουροι / Dióskouroi, les « jeunes de Zeus »), la cité de Dioscourias, Dioscore, etc. Les Grecs juraient souvent par le nom de Zeus, via les expressions Μὰ τὸν Δία / Mà tòn Día et Nὴ τὸν Δία / Nề tòn Día.

Mythologie

Enfance

Rhéa, Amalthée allaitant et la danse des Curètes (dessin d'un bas-relief d'autel romain).
Rhéa présentant une pierre emmaillotée à Cronos (dessin du bas-relief d'un autel romain).

Zeus est, selon Hésiode, le dernier-né des Cronides, les six enfants du Titan Cronos et de sa sœur Rhéa[4]. Cette descendance est considérée comme la branche olympienne par opposition à celle des Titans. Cronos, craignant la prédiction de ses parents, Ouranos et Gaïa, qu’il engendrerait un rival qui régnerait à sa place, a avalé ses cinq premiers enfants dès leur naissance. Pour qu'un de ses fils échappe à ce sort, Rhéa, sur le conseil de Gaïa, substitue au dernier-né une pierre emmaillotée. Emporté en Crète[5], il est élevé par les nymphes (Hagno, Neda, Anthracia, Anchirhoe et Myrtoessa) du mont Ida[alpha 2], allaité grâce à la chèvre Amalthée dans une grotte secrète de Lyctos. Ses cris qui auraient pu trahir sa présence furent couverts par le fracas des armes que les Curètes[alpha 3] entrechoquaient dans leurs danses guerrières.

Le culte d’un Zeus « Krêtagénês »[alpha 4] dans une grotte de cette montagne remonte à l’époque dite minoenne (-2000 - -2500).

Avènement

Zeus recevant l'hommage des dieux de l'Olympe (dessin d'un bas-relief).

Ses premiers gestes d’adulte sont d’évincer le titan cruel qui l’a engendré : Cronos, géant monstrueux et primitif comme Ouranos, avide de pouvoir sans partage, le père provoquant des avortements à coups de pied et le fils engloutissant à son repas ses nouveau-nés. Si Ouranos fut neutralisé par son propre fils qui l’émascula au moment d’une étreinte avec Gaïa, Zeus entrepris à son tour d’abattre la puissance de son père, Cronos. Courtisant la Titanide Métis, qui devait devenir sa première épouse, il la persuade de faire absorber à son père une boisson émétique. Cronos regurgite ainsi tous les enfants engloutis[alpha 5]. Zeus retrouve ses sœurs : Hestia, leur aînée, qui resta vierge, Déméter et Héra, qui seront ses épouses successives. Héra restera sa dernière épouse, bien que maintes fois bafouée ; ils s'aimèrent pour la première fois « à l'insu de leurs parents »[6].

La Titanomachie

Avec l’aide de ses frères et de divinités ralliées à sa cause, Zeus entreprend de renverser les Titans. Des enfants de la déesse Styx, son alliée des Enfers, le rejoignent, ainsi que certains fils de Gaïa délivrés pour l’occasion du Tartare : les trois Géants Cyclopes Argès, l'éclair, Brontès, le tonnerre, et Stéropès, la foudre, tous trois forgerons des armes de Zeus, et trois autres Géants, nés du « sang » de l’émasculation de leur père Ouranos : Briarée et ses deux frères Cottos et Gyès. Ces derniers, appelés les Hécatonchires, « géants aux-cent-bras »[alpha 6], retiennent les Titans éternellement derrière des portes de bronze dans les ténèbres insondables au-dessous de l’Hadès après la victoire de Zeus[alpha 7]. Toutes les Titanides et certains Titans, dont Japet et Océan, qui sera le géniteur de tous les dieux et déesses aquatiques, restent en retrait de cette guerre qui dure « dix grandes années divines ».

Une fois la guerre contre les Titans terminée, Zeus et ses deux frères aînés Poséidon et Hadès se partagent l'univers, le premier s'appropriant le Ciel, le second, la Mer, le troisième, le monde souterrain.

La Gigantomachie

Gaïa, après avoir ruminé sa haine, avait incité à la guerre ses enfants, les Géants (Gigantès ou Gegeneïs, nés de la Terre) pour détrôner Zeus et délivrer les Titans du Tartare. Ces monstres étaient à la fois immunisés contre les coups des divinités et immortels sur leur terre natale[alpha 8]. Zeus dut engendrer avec Alcmène, sa dernière maîtresse mortelle connue, un héros à la force sans égale : Héraclès dont les flèches, empoisonnées au sang funeste de l’Hydre de Lerne, firent merveille.

Les frères Otos et Éphialtès, Géants facétieux, entreprirent d’atteindre le ciel et d’y menacer les dieux. Ils empilèrent sur l’Olympe les montagnes Pélion et Ossa mais sont détournés de leur objectif par leur père Poséidon avant que ne les frappe la foudre de Zeus. Dans une autre version, ils sont rapidement vaincus et enfermés dans le Tartare par Apollon, sa sœur Artémis et leur père Zeus.

Le complot d'Héra

Aidée d'Apollon et d'Athéna, elle réussit à enchaîner Zeus, mais Briarée alerté par Thétis vient délivrer le dieu. Cet épisode est raconté par Homère dans l’Iliade[7], mais il rend compte d'un événement isolé et difficile à situer dans l’ensemble. Pourtant, il commence à éclairer la situation paradoxale d’un Zeus maître de l'harmonie du monde, mais aussi, en vertu des lois qu'il se doit d'imposer, d'un tyran implacable[8].

Le châtiment de Prométhée

Prométhée est originellement un « transmetteur du feu »[9], qui peut l'avoir volé. Son mythe reflète la notion universelle de l'ambiguïté du feu « dangereux ami », centrale chez Prométhée à la fois prévoyant et imprudent, utile et dangereux, ambigu et paradoxal, comme le dieu nordique Loki[10]. Sa figure véhicule les notions de feu civilisateur et de feu du culte[11], qui se retrouvent dans l'idée que Prométhée est à l'origine de tous les arts et de toutes les techniques. Par ailleurs, le feu divin est « ami des hommes » dont il peut se rapprocher en se détournant des dieux, car il est par nature transfuge[10]. Cette figure a été probablement influencée par un demi-dieu caucasien à une époque où les Grecs étaient en contacts étroits avec certaines populations caucasiennes. Ces contacts auraient abouti notamment à la légende grecque du châtiment de Prométhée[12], châtiment peu compréhensible pour un feu divin civilisateur, mais beaucoup plus pour un voleur de feu qui défie le dieu suprême[10].

Épiméthée, frère de Prométhée, accepte la belle Pandore que lui offre Hermès au nom de Zeus, qui l'a créée, et l'épouse. Pandore, dont le nom signifie ironiquement « tous les dons » (alors qu’elle va transmettre à sa race tous les maux) est d’abord[réf. nécessaire] une créature vengeresse de Zeus, mécontent et réticent depuis le début vis à vis de l'aide apportée par Prométhée aux humains. La privation préalable de la « nourriture facile » et la confiscation du feu précieux, obligent les hommes à travailler plus durement.

Le combat contre Typhon

Zeus combattant Typhon, hydrie chalcidienne à figures noires, v. 550 av. J.-C., Staatliche Antikensammlungen.

Ce fut le plus terrible combat que Zeus eut à engager. Ce monstre immortel aux cent têtes de dragon, menaça l'Olympe avant que les traits de foudre de Zeus ne le fissent reculer et rejoindre les Titans dans les profondeurs du Tartare, d’où il souffle, depuis, sa rage en ouragans dévastateurs. Cette version simple par Hésiode est, du point de vue de la continuité du récit, la plus satisfaisante.

Pourtant, la naissance de ce monstre a été l’occasion de faire de Zeus, dans un curieux épisode mouvementé et décrit avec des variantes selon les auteurs[13], un personnage faible et même désemparé, mettant en péril, par son état d’impuissance — laissé à terre, pantin désarticulé, sans les tendons de ses quatre membres, qu'il devait finalement recouvrer — la cohésion même de l'univers. C’est un exemple où chez les Grecs la théogonie rejoint précisément la cosmogonie. Par ailleurs, le mythe de Typhon, génie maléfique et indestructible, resurgira plus tard dans d’autres religions pour incarner Satan.

Épouses

Les trois filles et les trois fils de Cronos (Déméter, Hestia, Héra, Zeus, Poséidon et Hadès) forment la lignée directe des « grands Olympiens ». En seconde génération, seuls quatre enfants « légitimes » de Zeus sont majoritairement admis : les fils d'Héra, Héphaïstos et Arès, et les jumeaux de Léto : Apollon et Artémis. Les trois derniers, Aphrodite, Dionysos et Athéna, ont en commun des naissances difficiles à établir, étant donné les divergences chez les auteurs.

Héra

Zeus et Hera. 450 avant J.C. Provenant du temple E de Sélinonte: la sculpture, qui était à l'origine polychrome, est en calcaire, à l'exception des membres de la déesse, qui sont en marbre blanc. Musée archéologique régional de Palerme.
Mariage de Zeus et Héra sur une fresque antique de Pompéi.

Héra est la personnification féminine de la belle saison. Ce n'est que par la suite que son union avec Zeus est interprétée comme le prototype de l'union légitime. Son union avec Zeus Ciel-diurne symbolise le retour de la partie claire de l'année. Ainsi, l'Héra porteuse de vie d'Empédocle est « celle qui apporte une récolte abondante ».

Sœur de Zeus, elle est donnée comme l’épouse définitive et « officielle » du dieu. Mais il apparaît souvent au détour des récits que les deux époux se fréquentaient de longue date. Ils eurent Arès, Hébé et Ilithye[alpha 9] et la tradition n’oublie pas leur fils Héphaïstos qu’Hésiode veut faire naître d'Héra sans principe mâle.

Héra, intransigeante sur les liens du mariage, est le modèle de l'épouse fidèle et la protectrice des femmes . Son irascibilité, sa jalousie et sa rancune sont des sujets perpétuels d'ennuis pour le maître des dieux qui s'enflamme à la vue de toute nymphe quelque peu désirable ou de toute autre belle créature, céleste ou terrestre, dont la déesse devient invariablement la persécutrice. Les deux sommités olympiennes forment l'image du couple exemplaire sinon dans la fidélité, du moins dans la stabilité. Leur liaison amoureuse est largement exaltée par les auteurs grecs depuis leurs fiançailles jusqu'à leur lune de miel[alpha 10].

Héra qui a un culte distinct de celui de Zeus est montrée dans la mythologie comme étant d’un caractère très contrasté. Tantôt victime de la colère vengeresse de son époux (Zeus la pend aux nues par les pieds avec une enclume attachée à chaque poignet pour la châtier de ses vexations à l'égard de son fils Héraclès), elle peut aussi lui opposer une forte résistance et jusqu'à la traîtrise, puisque, selon un récit, elle n'aurait pas hésité, sans l'intervention de Thétis, à neutraliser son pouvoir. L'Iliade lui a attribué l'enfantement de Typhon, considéré généralement comme une créature du Tartare.

Autres amantes

  • Léto : d’après Hésiode, elle est la fille du Titan Céos et de sa sœur Phébé. Selon les premiers mythographes, elle est l'épouse de Zeus avant que celui-ci n'épouse Héra. Selon d'autres mythes, elle est l'une des nombreuses maîtresses de Zeus, encourrant pour cela la colère d'Héra : cette dernière interdit à la terre d'accueillir la parturiente et décrète que ses enfants ne devraient pas naître dans un lieu où brille le soleil. Elle fait poursuivre Léto par le serpent Python. Léto erre jusqu'à trouver l'île d'Ortygie (ou Astérie, ainsi nommée d'après sa sœur Astéria), qui, flottant entre la terre et la mer, n'encourt pas la malédiction d'Héra. Zeus accroche l'île au fond de la mer, et l'île prend le nom de Délos (en grec Δῆλος / Dễlos, « visible, manifeste »).
  • Métis, une Océanide : sa maternité fut assombrie par la prédiction de Gaïa qui avertit Zeus qu’une fille qui naîtrait aurait autant de sagesse que son père et qu’un fils qui la suivrait le détrônerait. Zeus avala son épouse enceinte, mais, selon une version plausible, sous la forme d’une mouche sous laquelle se cachait Métis, prompte au déguisement. Sa fille Athéna, une fois formée dans son ventre, ressortit adulte et toute armée de sa tête, ouverte par la hache d’Héphaïstos.
  • Thémis, une Titanide : elle enfanta de Zeus les trois Heures[alpha 11], et les Moires (ou Parques, chez les Latins). Selon une autre version, Thémis serait l’épouse régulière du Titan Japet avec qui elle aurait eu Prométhée. Elle serait donc bigame dans ce cas, mais une version usuelle indique que l’épouse et mère véritable est l’Océanide Clymène. Thémis avait un don de voyance qui servit plus tard à Zeus à éviter d’engendrer le fils qui l’aurait supplanté ; et à Atlas qui sut qu’un fils de Zeus, Héraclès, viendrait voler les pommes d’or des Hespérides. Elle présida un temps l’Oracle de Delphes.
  • Eurynomé, une Océanide : de qui Zeus engendra, les trois Charites (ou Grâces), pour les plus connues. Ces filles n’eurent aucun rôle majeur. Leur parenté, leur nombre et leurs noms diffèrent parfois.
  • Déméter, une Olympienne, sœur de Zeus : déesse d’une grande importance mais dont les relations avec cet époux épisodique sont limitées. On la connaît surtout par ses démêlés pour secourir leur fille Perséphone, victime de toutes sortes d’aventures fâcheuses, fille qu’on fait naître par ailleurs de Styx, une déesse infernale. Déméter, divinité de la « terre fertile », trouva facilement son équivalent dans les traditions étrangères : Cérès chez les Romains et Cybèle chez les Phrygiens, pour les plus connues.
  • Mnémosyne, une Titanide : elle engendra les neuf Muses.
  • Dioné, une déesse « primitive » : amante de Zeus, son rôle semble lié aux oracles. Homère en fait une Océanide, mère d’Amphitrite et d’Aphrodite. La paternité de Zeus concernant Aphrodite est reconnue par l’aède mais déniée par Hésiode qui la fait naître de la semence d’Ouranos répandue sur la mer (elle est alors connue comme la déesse « anadyomène », née de l’écume).
Mais plus sûrement, le nom de Dioné étant une forme féminine de Zeus[alpha 12], quelques auteurs penchent pour une « déesse–mère » de tradition évidemment méditerranéenne, un pendant du dieu patriarcal ; ou alors pour un avatar de la femme de Zeus, à laquelle Héra aurait été peu à peu assimilée.
  • Maïa, une Pléiade : elle est mentionnée puisque d’essence divine mais elle aurait été plutôt un amour passager de Zeus déjà marié à Héra. Cette dernière, toujours prompte à sanctionner durement les incartades de son époux, n’en eut cependant aucun ombrage et fut même bienveillante à son égard. De l’union naquit Hermès, fidèle factotum de son père et grand amoureux comme lui[alpha 13].
  • Thétis, une Néréide, sœur d’Eurynomé : la tentation tourna court puisque Zeus tomba sous le coup d’une des prédictions de Gaïa, qui restera une véritable malédiction familiale : le fils qui naîtrait de cette liaison supplanterait son père. Elle fut mariée par précaution au mortel Pélée.
  • Sémélé est la fille d'Harmonie, la fille d'Arès et d'Aphrodite, et de Cadmos, roi-fondateur légendaire de la cité de Thèbes. Héra, jalouse, emprunta les traits de sa nourrice Béroé, et conseilla à sa rivale de demander à Zeus de lui montrer son vrai visage. Épouvanté, mais n'osant refuser car il lui avait promis de lui accorder tout ce qu'elle désirerait, Zeus se présenta donc devant elle avec son foudre et ses éclairs : celle-ci, ne supportant pas la vue des éclairs, brûla. Le dieu eut cependant le temps de retirer, du ventre de Sémélé, Dionysos, le fils qu'elle avait conçu. Zeus l'aurait ensuite gardé dans sa cuisse jusqu'à ce qu'il grandisse, épisode qui donna naissance à l'expression « sortir de la cuisse de Jupiter » chez les Latins.

La naissance des trois Moires[alpha 14] reste une interrogation : Hésiode les donne comme les filles du couple royal elles aidèrent Zeus dans son combat contre les Titans — mais sont aussi désignées comme les filles de Nyx, créature divine née du Chaos qui les engendra sans principe mâle. Cette naissance spécifique résout l’ambiguïté de Zeus, dieu des destinées mais obéissant à la volonté du destin dont il ne doit, pas plus qu’aucun autre dieu, changer le terme. Les deux illustres chantres, Homère et Virgile, le peignent toujours comme le simple exécuteur du destin, une balance d’or dans ses mains, accréditant ainsi une force indépendante à laquelle se soumettent les dieux de l’Olympe.

Fonctions

Zeus, en reléguant les Titans dans les bas-fonds du Panthéon, des créatures frustes et malfaisantes, débute la grande mythologie olympienne et préfigure la maturité de la culture grecque, car Zeus et ses congénères vont vivre désormais intensément à travers des récits imaginatifs, une littérature de haute volée et un goût artistique prodigieux. Les Titans vaincus tomberont dans l’oubli et resteront à jamais sans culte pour les honorer. Il n’est guère de contrées préhelléniques qui ne fassent référence de près ou de loin à un maître-dieu, d’une stature similaire à celle de Zeus.

Dieu du Ciel

Zeus tenant le foudre et un aigle (?), amphore du Peintre de Berlin, -480/-470, musée du Louvre.

Originellement, dieu du Ciel diurne, sa mort a été envisagée dans le cadre du cycle cosmique. Ainsi, les Crétois montraient le tombeau de Zeus au mont Iouchtas et contaient sa mort au grand scandale des autres Grecs. Par sa nature cyclique, le Zeus originel tendait nécessairement à devenir un dieu déchu et menacé. À partir du moment où il est devenu le dieu suprême, cet aspect a été occulté et les Grecs ont rejeté l'idée d'une « mort » ou d'un renversement de Zeus. Néanmoins, il reste de nombreuses traces de cet état ancien tels le complot contre Zeus mentionné dans l'Iliade, le mythe de Prométhée[15]...

Zeus Upatos, Upsistos « très-haut, suprême » a reçu, au cours du partage du monde, la sphère céleste, la partie la plus considérable, la plus imposante et la plus mystérieuse aux yeux du genre humain. Le Ciel est un poste privilégié : Zeus observe les actions des hommes, peut intervenir et les corriger. Hésiode écrivait : « L’œil de Zeus voit tout, connaît tout »[16]. Ce domaine inaccessible aux hommes va paradoxalement le rapprocher d’eux. Maître d’en haut, ce dieu commande à toute la machinerie atmosphérique. Il est le maître du temps météorologique : orages, tonnerres, pluies, neige, grêles, foudre[alpha 15], bourrasques, trombes, nébulosités… mais aussi les canicules et les sécheresses. Le dieu peut se montrer dans « son mauvais jour » : Zeus Terpichéraunos « qui aime manier la foudre » ; Zeus Néphélégèrétès « qui accumule les nuages » ; Zeus Maïmaktès « qui souffle la tempête », etc. Le bien-être de l’humanité dépend de ses volontés, de ses caprices ou de ses colères.

Les montagnes dont le sommet tutoie les nuages et les éclairs vont être le truchement sacré et privilégié entre Zeus et les hommes : l’Olympe principalement (la plus haute : environ 2 900 m), mais aussi le Parnès (en Attique, Zeus Ombrios, le dieu des pluies) ; le Pélion (en Thessalie, Zeus Akraïos, le dieu du sommet) ; le Lykaion (en Arcadie l'actuelle Diaphorti : Zeus Lykaïos), etc. C’est de ces hauteurs terrestres qu’il descend parfois vers les Hommes et c’est tout naturellement qu’Iris dont l’arc coloré joignait la terre aux cieux fut sa messagère. La vallée de Tempée, creusée par les eaux du Pénée entre l’Olympe et l’Ossa[alpha 16],[17] est attribuée au bras puissant de Zeus qui sépara la montagne. Cet événement était fêté pendant les Pélôria (Zeus Pélôrios, tout-puissant) devenue une grande fête de la moisson. La richesse et la fertilité de la terre sont en son pouvoir.

Zeus, maître de la destinée, est parfois représenté ou décrit avec une balance où s'estime le sort octroyé à chacun. En dépit de ceux qu'il aimerait favoriser, même si les péripéties peuvent en être modifiées, il ne change pas le destin, mais le réalise, fatalisme entre autres illustré par le châtiment infligé à Asclépios, qui osa ressusciter un mort.

L'influence du dieu s'étend sur les richesses et les cultures : il est dit Zeus Plousios « qui apporte la richesse ». Pour les moissons : à Athènes, c’est Zeus qu'on célébrait pendant les Bouphonies (sacrifices de bœufs) et les Pandia (fête des plantations) pour s’attirer la faveur de Zeus Épikarpios « qui donne des fruits » et, en automne, on fêtait régulièrement le Zeus Géôrgos « cultivateur ».

Bien que l'étymologie indique que Zeus était à l'origine un dieu du ciel diurne, de nombreuses villes grecques ont honoré un Zeus local qui vivait sous terre. Les Athéniens et les Siciliens ont honoré Zeus Chthonios ou Katachthonios, c’est-à-dire le dieu souterrain, car du ventre de la terre sortent les cultures. On constate une fois de plus l’extrême prépondérance de Zeus : Hadès, son frère, qui en est le dieu légitime est souvent supplanté dans ce rôle[alpha 17]. Ce frère mal-aimé, essentiellement rattaché aux forces obscures des bas-fonds de la terre, autrement dit le monde des morts, sera craint et ne sera jamais populaire.

Un dieu justicier et protecteur

Zeus Pátêr (πατήρ άνδρῶν τε θεῶν τε[alpha 18] / patếr ándrỗn te theỗn te).

Dans Les Travaux et les Jours, Hésiode s’adresse à Zeus afin qu’il replace les lois dans l’équité. Le premier acte du dieu est de neutraliser ses encombrants ancêtres pré-olympiens, de libérer les innocents suppliciés et de rétablir sa fratrie légitime. Sûr de sa force et de son bon droit, il sera désormais « le père des dieux et des hommes ». Homère avait, à juste titre, fait de Zeus, dans l’Iliade, l’aîné de la famille. Car c’est bien en véritable grand frère qu’il va exercer son autorité. Plus tard, sa nombreuse progéniture, divine ou mortelle, renforcera ce caractère de patriarche de la famille. De par son aspect de dieu-père d’inspiration indo-européenne mais immergé dans une société méditerranéenne où prédominent les déesses-mères[réf. nécessaire], Zeus est, selon Louis Séchan, « pour l’essentiel, la grande divinité des immigrants hellènes ». Homère, en mêlant les dieux aux affaires des hommes, va contribuer puissamment à « humaniser » les divinités et ainsi renforcer les liens entre eux. Hérodote faisait déjà la différence entre la divinité « à forme humaine » des Asiatiques (ανθρωποειδείς / anthrôpoeideís) et la divinité « à nature humaine » des Grecs (ανθρωπουφυείς / anthrôpouphueís)[18][source insuffisante].

Il est le grand protecteur des liens du mariage (Zeus Téléïos, « dieu qui accomplit ») ; du foyer domestique (Zeus Ktêsios, « dieu domestique ») ; de la propriété familiale (Zeus Herkéios, « dieu de la clôture »)[alpha 19] ; de la famille ou droit du sang (Zeus Sunaïmos, « dieu de la race ») ; de la sécurité de la cité (Zeus Polioûkos, « dieu qui protège la ville »)[alpha 20]. Il est le dieu bienveillant des rois  ils sont souvent issus de héros  et le dieu de toutes les royautés car elles émanent du pouvoir divin : sur terre, les souverains sont l’équivalent des dieux et Homère ne craint pas de les qualifier de « dioguénès » et de « diotréphès » (né de Zeus et nourri par Zeus). Il est encore le garant des libertés civiques (Zeus Éleuthérios, « dieu libérateur »)[alpha 21] ; des pactes et des serments (Zeus Orkios, « dieu des serments »), etc.

Un dieu bienfaiteur et sauveur

Zeus Sôtêr « dieu sauveur » : il n’y a pas d'autres dieux qui soient autant invoqués par les Grecs pour le secours et la sauvegarde. À l'esprit des grands capitaines, pas de décisions importantes sans le consulter. On lui sacrifie après un voyage et on l'invoque avant d'entreprendre : Zeus Alexikakos, « qui écarte les maux ». De nombreux ports ont un temple dédié à Zeus Sôtêr (dieu salvateur). Les Athéniens célèbrent, le dernier jour de l’année, la fête des Disotéria. On l'invoque pour se faire pardonner en offrant des sacrifices à Zeus Meïlikios « doux comme le miel » et, par extension, de bonne disposition, prêt à pardonner ou à accueillir les sacrifices. Il est honoré sous cette épithète à Athènes et à Sycione qui organisait les Jeux pythiens.

Zeus est surtout un dieu purificateur et cela donne lieu à des fêtes importantes à Athènes : les Diasia (fêtes de Zeus, « dios »). En automne, une période de sacrifices d'ovins à Zeus Phratrios durait de 3 à 4 jours, à Athènes et dans les grandes cités : c’étaient les Apaturies (Apatouria) ou fêtes des phratries. Les sacrifices sont en effet un moyen d’atteindre le dieu et d’obtenir la purification et la réconciliation. Tout criminel ne doit pas être puni avant d'être purifié car il s'est souillé aux yeux de Zeus et porte atteinte aux lois divines et non plus aux lois des hommes qui ne réclament que vengeance[alpha 22].

Zeus est par nécessité un dieu qui délivre des présages et il se montre attentif aux suppliques (Zeus Hikésios, « dieu des suppliants ») et, selon Hésiode, le recours suprême des opprimés[alpha 23]. Zeus communique ses intentions par des moyens variés : ornithomancie (vol des oiseaux), oniromancie, bruits (les klèdonès), extase, tirage au sort (les Klèroï ; latin : sortes), et nombre de manifestations atmosphériques. Trois principaux sanctuaires lui furent consacrés pour entendre ses oracles.

Dieux similaires

Les dieux Indra chez les hindous, Jupiter dans la mythologie romaine, Odin et Thor chez les Scandinaves, Teutatès chez les Gaulois occupent une place similaire. Ils ont également des traits communs ; notamment, ils portent le foudre, faisceau de dards de feu en zigzags terminés par une flèche.[réf. nécessaire]

Zeus présente aussi de fortes similitudes avec les dieux de l'Orage de l'Anatolie et du Levant (Hadad, Baal, Teshub) qui ont probablement influencé certains de ses aspects, notamment celui de souverain. Il est identifié à ces divinités (par exemple à Baalshamin) aux époques récentes de l'Antiquité[19].

Les sanctuaires

Ruines du temple de Zeus Dodonaios à Dodone.
Jupiter-dodonéen.
  • Le site de Dodone : en Thesprôtie[alpha 24], au pied du mont Taumaros, le plus ancien puisqu’il remonterait aux Pélasges[20], et le plus mythique car il est mentionné par Sophocle et consulté chez Homère dans ses deux récits. Des prêtresses rendaient des oracles par dendromancie (écoute des rumeurs du feuillage d’un chêne sacré ou de plusieurs, amplifiées parfois par des chaudrons d’airain résonnants)[alpha 25]. Il est probable qu’il y eut plusieurs modes divinatoires comme l’extase ou le vol de colombes sacrées, et que d’autres bruits furent consultés. À la même époque ou sans doute plus ancienne, il y eut une sorte de prophètes, les Selles[alpha 26], qui vivaient à même le sol comme des mendiants. On a voulu y voir l’origine tellurique de la mantique dodonéenne[alpha 27]. Le sanctuaire était primitivement consacré à Dioné[alpha 28], déesse rattachée à Naïos, avatar certain de Zeus. Des fêtes, appelées Naïa, composées de concours gymniques et artistiques (musique et théâtre), étaient données dans la vallée.
  • Le site de Delphes, où officie « l’Apollon de Delphes », prophète de son père Zeus. Site sauvage de Phocide, au fond d’une gorge entre le mont Cirphis et le Parnasse d’où sourdent les eaux de la Fontaine de Castalie, et éclairé par les Phaedriades, roches claires qui reflètent le soleil. Les oracles étaient rendus[alpha 29] au tout début du printemps[alpha 30] par une prêtresse inspirée au cours de transes, la Pythie, qui se prononçait hissée sur un trépied. Il est toujours demeuré le plus prestigieux sanctuaire grec et l’amphictyonie rassemblait dans la meilleure entente Doriens, Ioniens, Athéniens, Spartiates, Corinthiens et Thébains.
  • Le site d’Olympie : les oracles émanaient à une époque de l’examen de la flamme qui brûlait « éternellement » sur l’autel consacré au dieu. Ils étaient rendus par une longue lignée de prophètes, les Iamides, issue d’Iamos, fils d’Apollon et d’une mortelle. Des Jeux y étaient organisés, lesquels devinrent, selon Hippias, des Jeux « pentétériques » (qui reviennent tous les quatre ans), les Jeux olympiques, dont il date la refondation en 776 av. J.-C. Le site abritera également le temple de la fameuse statue colossale chryséléphantine représentant Zeus en majesté, sculptée par Phidias.
Jupiter-Ammon, aux cornes de bélier.
Jupiter foudroyant.
  • L’Oracle de Libye
Hérodote a décrit le lieu où s’élevait un sanctuaire dédié au dieu Amon (pour les Égyptiens) ou Zeus Ammon (pour les Grecs) et coulaient des sources dont la Fontaine du Soleil qui servait aux lustrations. On y entretenait grâce à la fraîcheur des lieux « un printemps perpétuel ». Les oracles y étaient rendus par des prêtres qui devaient interpréter les signes envoyés par le dieu.
Pindare, le plus grand poète lyrique grec qui a beaucoup célébré Apollon, a toujours placé Zeus au-dessus de tous les autres. Le poète mystique thébain écartait tous les récits qui ne donnaient pas une idée assez digne de la puissance divine, et ses conceptions religieuses d’une haute valeur morale ont été bien plus élevées que celles d’Homère. Sa vénération pour le maître des dieux était si grande que son dieu tout-puissant semble « se rapprocher du dieu suprême d'une religion monothéiste »[21]. Pindare, respectueux des divinités les plus anciennes vouait un culte particulier au Zeus-Ammon libyen. Il lui avait, dit-on, non seulement consacré des hymnes mais aussi érigé une chapelle.
Les auteurs anciens (Plutarque, Diodore de Sicile, Strabon, Macrobe, etc.) se rejoignent sur le culte de Jupiter entretenu à Thèbes (dite aussi Diospolis-Magna) et coïncidant avec celui d’Amon qui est à l’origine le dieu roi en Égypte. Ce Jupiter (Zeus Kératophoros) est représenté avec le front armé des cornes d’un bélier (rarement avec la tête entière), autre animal mythique égyptien qui représente la force génératrice de la Nature[alpha 31]. Le bélier était le premier des douze signes célestes, système où Jupiter représentait pour l’Oracle de Claros, le Soleil du printemps.
L’Oracle de Libye eut une réputation qui s’étendit bien au-delà de la contrée. Il avait eu la faveur des Lacédémoniens qui lui avaient fait élever un temple « dans les sables » de Libye, aujourd’hui l’oasis de Siwa, à quelque 250 km de la côte libyenne qui fait face à la Crète. Le culte de Jupiter-Ammon, que les Éléens honoraient déjà dans la plus haute Antiquité, selon Pausanias (livre sur la Laconie), se rencontrait également en Éthiopie et s’était, à partir de là, établi jusqu’en Crète qui fut la terre d’introduction en Grèce de ce dieu libyen qui y renaîtra en un Jupiter foudroyant. Son culte gagnera la Laconie, l’Arcadie et l’Élide. Le culte de Jupiter-Ammon a ainsi été commun aux trois pays du nord-est africain. Selon Diodore de Sicile et Eusthate, une procession avec la statue d’Ammon enchâssée à la tête d’un cortège des images des autres dieux, partait chaque année de Diospolis, en Haute-Égypte, pénétrait en Éthiopie, puis en Libye, et revenait après un périple de douze jours[22]. L’Ammon crétois et le Zeus grec furent peu à peu confondus en une même déité.

Une mythologie unifiée

Tête colossale de Zeus d'époque hellénistique attribuée à Euclide, musée national archéologique d'Athènes (inv. 3377).

L'importance de Zeus dans tous les domaines deviendra si constante qu’elle s'érigera au-dessus de tous les autres cultes. Eschyle écrivait : « Zeus est l’éther, Zeus est la terre, Zeus est le ciel, oui, Zeus est tout ce qu’il y a au-dessus de tout. » Si certaines divinités furent adorées plus particulièrement dans certaines régions, Zeus est toujours demeuré le dieu universel honoré partout. Il fut véritablement le trait d’union panhellénique. Les épithètes (ou « épiclèses ») que reçut ce dieu paternel sont innombrables. Beaucoup de dieux de l’Olympe dans l’entourage de Zeus sont des personnifications de notions morales : justice, sagesse, beauté, destin, vengeance, etc. ou les instruments de lois divines comme les Trinités : Moires, Érinyes, Gorgones ; l’historien Michael Grant et John hazel rappellent que Xénophane et Platon se sont indignés de certains récits qui faisaient des dieux des personnages caricaturaux, sans morale et sans mœurs[23].

« Ce qui unit tous les Grecs, même sang et même langue, sanctuaires et sacrifices communs, semblables mœurs et coutumes, cela, les Athéniens ne sauraient le trahir… ». Telle fut la réponse des Athéniens à l’inquiétude de leurs alliés spartiates, la veille de la bataille de Platées, en -479[24].

Amours

Zeus est célèbre pour ses innombrables aventures avec des mortel(le)s, des déesses et des nymphes : Danaé, Alcmène, Sémélé, Léto, Europe, Ganymède, Euphorion, etc. Il est le père de nombreux dieux : Arès, Athéna, Dionysos, Hermès, Apollon, Aphrodite et Artémis ; de nombreux héros : Héraclès, Persée, Castor et Pollux, entre autres.

Zeus enlevant Ganymède (480-470 av. J.-C.)

Ces nombreuses infidélités de Zeus à sa troisième femme, Héra  après Métis et Thémis , sont la cause de fréquentes disputes entre les divins époux. De plus, la déesse se montrant d'un caractère très vindicatif, elle poursuivait souvent de sa vengeance les maîtresses (Io, Léto, etc.) ou même les enfants (Héraclès) de son mari.

Io et Zeus, par Le Corrège.
AvatarFemme/Maîtresse
Amant
Enfants(s)
Apparence d'Amphitryon Alcmène Héraclès
Ananké Les Moires
Satyre Antiope Amphion, Zéthos
Astéria
Calliope Les Corybantes
Apparence d'Artémis Callisto Arcas
Calycé Éthlios, Endymion
Carmé Britomartis
Pluie d'or Danaé Persée
Déméter ou Styx Coré, aussi appelée Perséphone
Cheval Dia Pirithoos
Dino Orséis, Cyllène (?), les naïades (?), Scamandre (?)
Dioné ou Thalassa (?) Aphrodite
Dorippé ou Pyrrha Hellen
Aigle Égine Éaque
Élara Tityos
Électre Dardanos, Émathion, Iasion, Harmonie
Thyia Magnès[25]
Éos Hersé
Éris (?) Até, Tyché et les Lites
Eunomie, Héra, Aphrodite ou Eurynomé Hégémone
Taureau blanc Europe Minos, Rhadamanthe, Sarpédon
Fourmi[26] Euryméduse Myrmidon
Eurynomé Les Charites
Gaïa Tityos, Manès
Aigle Ganymède
Héra Ilithyie, Hébé, Héphaistos, Arès, Ényo (?) et Éris (?)
Himalia Cronios, Spartaios, Cytos
Hybris, Thymbris ou Callisto Pan
Nuage Io Épaphos
Iodamé Thébé
Lamia
Laodamie Sarpédon
Cygne Léda ou Némésis Castor et Pollux, Clytemnestre (?), Hélène
Léto Apollon, Artémis
Maïa Hermès
Méra Locros
Métis Athéna
Mnémosyne Les Muses : Calliope, Clio, Erato, Euterpe, Melpomène, Polymnie, Terpsichore, Thalie, Uranie
Niobé Argos, Pélasgos
Olympias Alexandre le Grand
Pandore Latinus
Serpent Perséphone Zagrée
Ploutô Tantale
Podarge Xanthe et Balios
Protogénie Éthlios, Étolos
Séléné Hersé, Pandia, le lion de Némée (?)
Sémélé Dionysos
Taygète Lacédémon
Thalie ou Arémosyne (?) Les jumeaux Paliques
Thémis Les Heures, les Moires, Astrée, Némésis
Thémisto Ister

Épithètes, épiclèses et attributs

de dieu céleste tonnant
  • νεφεληγερέτα / nephelêgeréta « assembleur de nuées »,
  • κελαινεφής / kelainephếs « à la nuée noire »,
  • κεραυνός / keraunos « foudre » et adj. Κεραύνιος / keraunios « de l'éclair »[27].
de dieu souverain
  • Zeus Père (Ζεὺς πατήρ / Zeùs patếr),
  • (terrible) Cronide ((αἰνός) Κρονίδης / (ainόs) Kronídês),
  • à la voix puissante (εὐρύοπα / eurúopa),
  • père des dieux et des hommes (πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε / patềr andrỗn te theỗn te),
  • repousseur de mal (ἀλεξίκακος / alexíkakos),
  • maître de l'Ida (Ἴδηθεν μεδέων / Ídêthen medéôn),
  • sauveur (σωτήρ / sôtếr),
  • protecteur des assemblées (ἀγοραῖος / agoraîos),
  • protecteur des hôtes et garants des règles de l'hospitalité (ξένιος / xénios),
  • protecteur de la maison (herkios),
  • gardien des propriétés (kleisos),
  • protecteur du mariage (gamelios).

Ses attributs :

Dans la culture

Littérature

Cinéma

Télévision

Jeux vidéo

  • Dans le jeu d'arcade Altered Beast (1988), le héros incarné par le joueur est ressuscité par Zeus pour sauver Athéna.
  • Zeus est un personnage récurrent dans la série God of War, dont il est l'antagoniste principal. Il est incarné par Corey Burton à partir de God of War II.
  • Le jeu Warriors Orochi 4 (2018) propose plusieurs personnages jouables issus de différentes mythologies, dont Zeus.
  • Dans le jeu Immortals Fenyx Rising (2020), Zeus apparait comme l'un des principaux narrateurs et est doublé en français par Lionnel Astier[40].

Notes et références

Notes

  1. L'usage veut que l'attribut de Zeus soit du genre grammatical masculin, comme dans la langue poétique ou vieillie. (Trésor informatisé de la langue française).
  2. Aujourd'hui le mont Psiloriti, en Crète ; selon une autre version, le mont Dikté, aujourd’hui Lasthi.
  3. Jeunes dieux crétois mineurs. Du grec kouroï, « jeunes hommes ». Selon Hésiode, ils étaient les enfants des cinq filles d’Hécatéros et ils finiront foudroyés par Zeus lui-même. Voir l’enlèvement d’Épaphos.
  4. « Né en Crète ».
  5. Et même la fameuse pierre qui sauva Zeus, et qui est placée en souvenir au sanctuaire de Delphes. Parfois assimilée à l’« omphalos », une pierre sacrée qui marque en cet endroit le centre de la Terre.
  6. Du grec : hékaton- kheïres (mot à mot : « aux cent mains »). Ils auraient aussi cinquante têtes.
  7. Toute cette parenté de monstres est parfois nommée les Ouranides.
  8. identifiée à la région de Palléné, en Thrace.
  9. Seul Hésiode fait de cette dernière un enfant du couple car Ilithye apparaît chez Homère comme une divinité multiple.
  10. Homère et Hésiode, bien sûr, mais aussi Euripide, Pausanias, etc.
  11. Ou les Saisons : il s’agit des trois saisons : printemps, été, hiver.
  12. Voir Dodone, au paragraphe des sanctuaires.
  13. On retrouve Maia chez les Italiques qui donnèrent son nom au mois printanier : « maius », mai.
  14. Ou les « Destinées » : Clôtho qui dévide le fil de la vie ; Lachésis qui le mesure; Atropos qui le coupe.
  15. Son attribut le plus fréquent : le trait ou les carreaux de foudre, ou l’aigle porte-foudre. Zeus Kéraunios, qui lance la foudre.
  16. En Thessalie ; appelée « la vallée délicieuse » par la douceur et la fraîcheur de son climat.
  17. Zeus occultera également celui-là même de Dionysos, comme dans le temple de Mégalopolis (Zeus Philios).
  18. C'est-à-dire « père des dieux et des hommes ».
  19. L’autel du dieu se plaçait dans la cour de la maison ; l’équivalent des Pénates romains.
  20. Zeus va se substituer à l’ancien culte d’Athéna Poliade, protectrice de la ville d’Athènes.
  21. La fête des Éleuthéries fut instituée pour le remercier après la victoire de Platées. On célébrait alors des jeux commémoratifs (jeux pentétérides, tous les 5 ans).
  22. Ainsi le sanguinaire Thésée et les Danaïdes assassines furent d’abord purifiés.
  23. Voir ainsi sa pitié envers Ixion, Apollon, Prométhée, Sarpédon, Hermès, Ariane, etc.
  24. Région sud-ouest de l’Épire (aujourd’hui vallée proche de Ioannina).
  25. Ce culte du chêne, arbre sacré (et nourrissant) était présent un peu partout, tel celui, latin, de Jupiter Fagutalis.
  26. « Σελλοί » ou « Έλλοί ». Georg Friedrich Creuzer (Religions de l'Antiquité…, 1835) écrit que ce nom de « Helles » « selon toute apparence est la tige primitive des “Hellènes” ».
  27. On pense que leurs prédictions émanaient de l’oniromancie, par « incubition » (latin incumbere, se coucher).
  28. Par étymologie, on a rapproché ce féminin de l’adjectif « dios, diou, dion ; divin, de Zeus ».
  29. Mais ensuite nécessairement interprétés par la cohorte des prêtres.
  30. Au mois delphien de busion (environ mars), qui correspondait au mois attique élaphébolion.
  31. Alexandre, les rois de Syrie et de Cyrénaïque sont parfois représentés sur les monnaies, en tant que rois de Libye, avec des cornes.
  32. Le foudre est représenté le plus souvent par un faisceau de carreaux (traits d'arbalète) enflammés.

Références

  1. Bonnafé 1993, p. 87.
  2. Bonnafé 1993, p. 85.
  3. Pierre Chantraine, Dictionnaire étymologique de la langue grecque, Paris, Klincksieck, 1999 (édition mise à jour), 1447 p. (ISBN 978-2-25203-277-0) à l'article Ζεύς.
  4. Hésiode, Théogonie [détail des éditions] [lire en ligne], 468.
  5. Bonnafé 1993, p. 101.
  6. Homère, Iliade [détail des éditions] [lire en ligne], XIV, 294.
  7. Chant I (396).
  8. Revue de l'Instruction Publique en Belgique, (lire en ligne).
  9. (en) Felice Vinci et Arduino Maiuri, A Proposal upon the Figure of Hermes as an Ancient God of Fire (According to the Homeric Hymn to Hermes), Athens Journal of Mediterranean Studies, Volume 8, Numéro 2, Avril 2022, pages 107-116.
  10. Haudry 2016, p. 343-346.
  11. Louis Roussel, Le folklore dans « Prométhée », Revue des Études Anciennes, année 1934, volume 36, numéro 2, pp.  229-232.
  12. Georges Charachidzé, Prométhée ou le Caucase. Essai de mythologie contrastive, Paris, Flammarion, 1986.
  13. Hérodote (III, 5) ; Pseudo-Apollodore (I, 6, 3) ; Nonnos de Panopolis (poète des Dionysiaques), etc.
  14. Mina Gregori (trad. de l'italien), Le Musée des Offices et le Palais Pitti : La Peinture à Florence, Paris, Editions Place des Victoires, , 685 p. (ISBN 2-84459-006-3), p. 454-456.
  15. Jean Haudry, La Religion cosmique des Indo-européens, Milan et Paris, Archè / Les Belles lettres, « Études indo-européennes », 1987, p. 34-35.
  16. Hésiode, Les Travaux et les Jours (lire en ligne).
  17. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] (Livre VII 7 (173).
  18. Cité dans la Revue des deux mondes de 1898, p. 60.
  19. Graf 2012, p. 1589.
  20. Hérodote, II, 50.
  21. Jacqueline Duchemin, université Paris-X, in EU 2008.
  22. Dupuis, Les origines de tous les cultes, 1835.
  23. Grant et Hazel 1955, p. 384.
  24. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne] (VIII, 144), cité par Pierre Sineux, auteur de Qu’est-ce qu’un dieu grec ? (Klincksieck, 2006).
  25. Catalogue des femmes [détail des éditions], fr. 7 MW.
  26. Clément d'Alexandrie, Exhortation aux Grecs : Protreptique (lire en ligne), 39.
  27. (en) José Marcos Macedo, Zeus as (rider of)Thunderbolt: a brief remark on some of his epithets, Harvard Studies in Classical Philology, 2017.
  28. (en) « Zeus Powers, Enemies, History | Marvel », sur Marvel Entertainment (consulté le ).
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  35. AlloCine, « Percy Jackson : le voleur de foudre » (consulté le ).
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  37. AlloCine, « Justice League » (consulté le ).
  38. « Russell Crowe révèle avec humour qu'il joue Zeus dans Thor 4 », sur Premiere.fr, (consulté le ).
  39. AlloCine, « Troy: Fall of a City » (consulté le ).
  40. « Lionnel Astier est la voix de Zeus ! », sur www.ubisoft.com (consulté le ).

Annexes

Sources antiques

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

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  • Walter Burkert (trad. Pierre Bonnechere), La Religion grecque à l'époque archaïque et classique, Paris, Picard, (1re éd. 1977).

Articles connexes

Liens externes

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