battre son plein
Français
Étymologie
- (1851) Le mot plein est associé à l’origine à la marée haute dans l’expression le plein de la mer ou au plein, qui désigne le moment où la marée est arrivée à sa plus grande hauteur. Les vagues battent alors la ligne de haute mer.
Locution verbale
battre son plein \batʁ sɔ̃ plɛ̃\ (se conjugue → voir la conjugaison de battre)
- (Sens propre) Se dit de la marée qui, arrivée à son plus haut point, reste stationnaire quelque temps avant de redescendre.
- Ce raidillon étroit était taillé à grandes marches dans la falaise, de la largeur de deux hommes, et luisant comme de l’albâtre poli. À cinquante pieds d’élévation, Pécuchet voulut descendre. La mer battant son plein, il se remit à grimper. — (Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, 1881, édition L. Conard de 1910, chapitre 3)
- (Figuré) Atteindre son point culminant (en parlant d’une fête, d’un spectacle, d’un évènement, etc.).
- Quand ils arrivèrent sur la place, la fête battait son plein. — (Jules Verne, L’Île à hélice, 1895, deuxième partie, chapitre V)
- La guerre bat son plein. — (Georges Darien, Bas les cœurs !, 1889, chapitre VII)
- Les échantillons analysés ont été cueillis le 5 octobre, c’est-à-dire au moment où les vendanges battaient leur plein dans la côte chalonnaise. — (« Viticulture-arboriculture », 1904, Revue de viticulture)
- Il n’y avait pas là de ces jeunesses vert tendre, de ces petites demoiselles qu’exécrait Byron, qui sentent la tartelette et qui, par la tournure, ne sont encore que des épluchettes, mais tous étés splendides et savoureux, plantureux automnes, épanouissements et plénitudes, seins éblouissants battant leur plein majestueux au bord découvert des corsages, […] — (Jules Barbey d’Aurevilly, Les Diaboliques, 1874, Le Plus Bel Amour de Don Juan)
- Les grèves russes battent leur plein. — (Henri Troyat, Tant que la terre durera, 1947-1950)
- Fatigué du vacarme des réjouissances qui battaient leur plein au château, Sir Trystan Delanyea déambulait sur le chemin de ronde du rempart en humant à pleins poumons l'air frais du dehors. — (Margaret Moore, Le baiser du guerrier, traduit de l'anglais, éd. Harlequin, collection "Les Historiques", 2007, chapitre 1)
Notes
- Le mot plein est ici un nom (un substantif) précédé d’un possessif (mon, son, leur, etc.) [1]. Contrairement à une étymologie populaire parfois rencontrée, son est bel et bien ici l’adjectif possessif son et non le substantif son (« bruit »). Par conséquent on dit bien au pluriel : « les fêtes battent leur plein » et non «
battent son plein». - Cette locution ne s’utilise généralement qu’à la troisième personne (du singulier ou du pluriel, selon l’accord). On le rencontre toutefois très rarement avec le possessif de la première personne :
- Si j’ai conscience de pouvoir ajouter à la joie, je bats mon plein. — (André Gide, La Nouvelle Revue française, pages écrites entre 1929 et 1932, cité dans La Revue de Paris, Le Mouvement littéraire, 1934, Anonyme)
- En état de transe, je bats mon plein. — (André Gide, Journal)
Apparentés étymologiques
Traductions à trier
- Anglais: to be at one’s height (en), to be going full swing (en), be in full swing (en), to reach one’s peak (en)
- Italien : impazzare (it)
- Suédois : vara i full gång (sv)
Références
- [1] Maurice Grevisse, Michèle Lenoble-Pinson, Le Français correct : Guide pratique des difficultés, 2009, page 226.
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