five o’clocker

Français

Étymologie

(1892) Dénominal de five o’clock avec le suffixe verbal -er. Ce verbe et la « thémania » mondaine de la Belle Époque française amusèrent fort les anglo-saxons :
  • Bien que rien ne soit plus étranger au goût français que le thé, désormais une lady parisienne va vous inviter gravement à « five o’clocker[sic] » avec elle, alors que je peux me souvenir du temps où ce breuvage, considéré comme un médicament, était honni par les Français ; si vous aviez eu alors l’idée de proposer une tasse de thé à un Français, il vous aurait répondu : « Pourquoi ? Je ne suis pas malade ! »  (Eliot Gregory, Worldly ways & byways, Charle’s Scribner’s Sons, New York, 1898, page 149 - traduction Patatruc)

Locution verbale

five o’clocker \fajv o.klɔ.ke\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)

Highlifeurs en train de five o’clocker - étape 3 du cérémonial : le flirt (1911)
  1. (Faux anglicisme) (Désuet) (Très rare) Participer à un five o’clock, goûter mondain où l’on déguste le thé.
    • Là-dessus, il me cita ce dialogue entendu, prétend-on, sur le boulevard des Italiens, mais qui n’est probablement qu’une charge de Max O’Rell :
      — Voulez-vous venir five o’clocker avec nous cette après-midi ?
      — Très volontiers. À quelle heure ?
       (Ernest Gagnon, Notre langage (1892), in Pages choisies, J.-P. Garneau, 1917, page 160)
    • Et surtout tout le monde est unanime à déclarer qu’il y a quelque chose à faire. Le Pape est socialiste, Guillaume II est socialiste, M. de Bloechreder est socialiste, M. Maurice Barrès est socialiste, Nini-patte-en-l’air est socialiste !! Et plus on a de rentes, plus on ne fait rien, plus on joue au poker, plus on five o'clocke, plus on s’habille chez Redfern, plus on se coiffe chez Lenthéric, plus on est socialiste !  (Jules Huret, Enquête sur la question sociale, Perrin, 1897, Avant-propos (août 1892), page 10)
    • Partout où elle va dîner, five o’clocker, elle dévore les petits-fours qu’on lui présente et garde les petits papiers signés Poisseux, Rabatton, pour y fourrer les horreurs qu’elle achètera chez l’épicier et qui figureront à ses grands dîners. Ce qui fait dire souvent aux convives qui ne connaissent pas son truc :
      — Ne trouvez-vous pas, ma chère, que Poisseux se néglige ?
      — C’est comme Rabatton, il ne fait plus rien de bon.
       (Kitt, Nos receveuses, La Vie parisienne, 05/01/1895, page 108)
    • D. — Et quand le five-o'clocker a five-o'clocké dans un five-o’clockodrome, que fait-il ?
      R. — Il saute dans une auto et se rend dans un five-o’clockodrome concurrent. Car, bien entendu, il ne suffit pas d’accomplir les quatre temps du five-o’clocking [le salut, la petite histoire, le flirt et l’ingurgitation] pour être un five-o’clocker; il faut, en outre, pouvoir les répéter, dans la même journée, dans le plus grand nombre possible de five-o’clockodromes. C’est là, à vrai dire, tout l’intérêt du jeu.
      D. — Quel est le record ?
      R. — Le record appartient à M. André de F... qui, l’an dernier, au mois d’avril, fit du soixante-quatre fîve-o'clocks à l’heure.
       (Maurice Prax, Petit catéchisme du Parisien : le five’o-clocking, La Vie parisienne, 15/04/1911, page 277)
    • Goûter est une chose, five-o’clocker en est une autre, et je n’ai pu ôter de ma mémoire qu’autrefois dans ma province le thé, chinois bien entendu, venait sur les neuf heures du soir à la rescousse d’un épais repas.  (Colette, Le fanal bleu, Ferenczi, 1949)

Notes

  • Ce verbe-locution s’écrit généralement five o’clocker mais il peut également inclure un trait d’union : five-o’clocker.

Quasi-synonymes

Apparentés étymologiques

  • five-o’clocking (Hapax)

Traductions

Voir aussi

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