Certains écrivains structurent chaque chapitre de leur fiction avant même de commencer l'écriture, alors que d'autres cherchent une forme en même temps que l'écriture du fond. Chaque écrit (un poème, une rédaction, une dissertation, un roman, un courrier...) a besoin d'une structure. Le théâtre est divisé en plusieurs actes, les poèmes en plusieurs vers et les romans en chapitres. Chaque écrit débute, continue, puis se termine. Voyons ensemble les décisions structurelles de votre brouillon.

Partie 1
Partie 1 sur 4:
Diviser son travail en plusieurs chapitres

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    Un bon exercice pour cette première partie est de prendre un livre dans votre bibliothèque, n'importe quel livre. Observez-le. Vous remarquerez alors que même le dictionnaire est divisé en plusieurs chapitres. Un livre de recettes décrira d'abord les ingrédients et ensuite la préparation. La plupart du temps, les chapitres font à peu près la même longueur, mais il n'y a pas de règle spécifique à cela. Dans La troisième humanité, Bernard Werber crée des chapitres faisant seulement quelques mots alors que d'autres sont constitués de dizaines de pages. S'il y a bien une règle pour la longueur des chapitres, c'est qu'il faut leur trouver un sens.
    • Par exemple :
      • si Estelle va prendre sa douche à la fin du chapitre I, elle ne peut pas se mettre du savon sur le corps à la dernière ligne, puis se rincer au début du chapitre II. Il faut créer une coupure, un changement de scène, de point de vue, de personnage. Essayer de créer un suspense à la fin de vos chapitres est un excellent moyen pour que le lecteur continue votre roman sans jamais s'arrêter, c'est ce que l'on appelle un bouquin page-turner. Dans cet exemple en revanche, à moins que le savon soit empoisonné et qu'au contact du savon sur la peau la chair se transforme en eau et Estelle disparaîtrait dans sa propre baignoire sans laisser de trace, sauf dans ce cas précis, il n'y a aucun suspense lorsqu'une femme prend sa douche.
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    Essayez de suivre cette structure en trois actes :
    • Le début :
      • présentation des personnages impliqués dans l'histoire
      • établir les relations entre les protagonistes
      • présenter la situation, où et quand l'histoire prend place
      • début d'un conflit
      • poser les questions de l'histoire
    • Le milieu :
      • une progression d'évènements, avec ou sans effet papillon, qui montre une évolution du conflit initial
      • chaque évènement doit révéler la personnalité du protagoniste
      • plusieurs rebondissements et doutes
    • La fin :
      • l'évènement final qui résout ou non le conflit
      • est-ce que la vie revient au normal ou au contraire, est-ce le moment d'un nouveau départ pour les personnages ?
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Partie 2
Partie 2 sur 4:
Trouver un ton narratif qui accrochera le lecteur

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    Si le lecteur ne trouve aucun intérêt lors de la première page, il va abandonner la lecture ou ne pas acheter le livre qu'il feuillette à la librairie.
    • Par exemple commencer par :
      Quelle belle journée pensa Estelle. Le soleil brillait de mille feux sur la mer. Le vent laissait quelques grains de sable s'envoler sur la peau de la jeune trentenaire. Les enfants jouaient dans l'eau, avec un seau et des pelles qu'elle leur avait acheté l'année précédente. Martin se ramène avec un coquillage qu'il vient de récupérer, enfoui sous un château écrasé par son frère. Le coquillage est blanc, joli.
      Inintéressant.
    • Alors que commencer par :
      Tout le monde avait déserté la plage, sauf Estelle, qui regardait à quelques mètres d'elle son fils, sur un sable imbibé de rouge, les dents du requin encore plantées sur son torse
      est nettement plus percutant. De suite le lecteur ressent une émotion de sympathie, d'effroi, d'impuissance.
      • Même si le premier extrait peut se montrer intéressant au niveau de l'histoire, ce n'est pas celui-ci qui accrochera votre lecteur. Mais ne jetez pas vos brouillons pour autant, cela peut faire d'excellents flash-back.

Partie 3
Partie 3 sur 4:
Ajouter de la tension

Pour garder l'intrigue intéressante même au milieu du roman, essayez d'ajouter une tension dramatique.

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    Rajoutez une pression temporelle.
    • Une femme est en train de se noyer au large, un homme sur la plage la voit. Arrivera-t-il à temps ?
      ou
      Jacques n'a pas encore acheté le cadeau de Noël de sa femme, on est le 25 au matin et elle dort profondément.
  2. 2
    Augmentez les obstacles.
    • Une des premières choses que j'ai apprises en écrivant, c'est de ne pas être gentil avec ses personnages.
      • Estelle et Jacques doivent se marier.
        ► Obstacle 1, son ex-femme réapparaît de nulle part. (Intensité 3/10)
        ► Obstacle 2, on apprend que Jacques a un cancer incurable et qu'il n'ose pas en parler à sa fiancée. (intensité 9/10)
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    Rajoutez des éléments perturbateurs.
    • Pour trouver des éléments perturbateurs, rien de plus simple que de relire son roman. Inconsciemment on place toujours des objets autour de nos personnages. Si dans le premier chapitre, je décris Estelle qui arrive chez Jacques pour la première fois, qu'elle décrit le mobilier, la tapisserie, le parquet, les tableaux. Pourquoi dans le chapitre V ne trouverait-elle pas un coffre-fort caché derrière un tableau. Votre cerveau anticipe la page blanche.
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Partie 4
Partie 4 sur 4:
La fin de l'histoire

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    La fin du roman est très importante. C'est l'aboutissement d'un long moment d'écriture ou de lecture. L'intrigue principale doit trouver sa réponse dans les dernières pages de votre livre. Si Estelle cherche l'amour au début du roman, le dernier chapitre doit soit avoir une scène de mariage avec Jacques, soit c'est Estelle qui part vivre à la campagne élever des vaches :
    Et sur l'autoroute, par la fenêtre qu'elle vient de baisser, elle observe les lignes blanches qui défilent, puis de sa main droite elle saisit son téléphone et le jette. L'écran se brise en mille morceaux. L'autoroute s'imprègne de ses éléments. Les voitures lui roulent dessus. Il n'y a pas de retour en arrière. Jamais de demi-tour sur l'autoroute. Sa nouvelle vie est devant elle, au moins, elle aura essayé d'être heureuse.
    • Pas besoin de finir son roman avec un happy ending à l'américaine.

Conseils

  • Encore une fois, il n'y a pas de recette pour écrire un bon roman. Il faut juste savoir que généralement, ce qui est important pour l'auteur est important pour le lecteur.
  • Le moment le plus dur dans l'écriture est de 30 % à 70 % de son roman. Le début est toujours génial, on s'applique, on apprend de nos personnages. La fin, on est tellement content d'en arriver là, tous les points qui se connectent enfin, on prend tellement de plaisir et en même temps on a du mal à quitter nos personnages. Le milieu, cette partie-là, on ne la prévoit que rarement.
  • L'importance de la structure est primordiale. Il est crucial de savoir exactement où emmener ses personnages. Bien sûr, parfois il faut se laisser surprendre : une intonation de phrase, un piano au fond d'une salle, une roue de charrette cassée et l'histoire prend un nouveau départ.
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Références

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