Élections législatives suédoises de 2022

Les Élections législatives suédoises de 2022 se déroulent le afin de renouveler pour quatre ans les 349 membres du parlement monocaméral suèdois, le Riksdag. Des élections municipales et régionales ont lieu simultanément.

Élections législatives suédoises de 2022
349 sièges du Riksdag
(Majorité absolue : 175 sièges)
Parti social-démocrate  Magdalena Andersson
Sièges en 2018 100
Modérés  Ulf Kristersson
Sièges en 2018 70
Démocrates de Suède  Jimmie Åkesson
Sièges en 2018 62
Parti du centre  Annie Lööf
Sièges en 2018 31
Parti de gauche  Nooshi Dadgostar
Sièges en 2018 28
Chrétiens-démocrates  Ebba Busch
Sièges en 2018 22
Les Libéraux  Johan Pehrson
Sièges en 2018 20
Parti de l'environnement Les Verts  Märta Stenevi et Per Bolund
Sièges en 2018 16
Premier ministre
Sortante
Magdalena Andersson
S/SAP
Résultats officiels

Contexte

Législatives de 2018

Les législatives de septembre 2018 connaissent un taux de participation de 87,18 %, soit le plus élevé depuis 33 ans. Mené par le Premier ministre Stefan Löfven, le gouvernement de coalition minoritaire de centre gauche sortant, composé du Parti social-démocrate suédois des travailleurs et du Parti de l'environnement Les Verts, recule, obtenant un tiers des sièges. Avec l'appui du Parti de gauche, qui lui offrait un soutien sans participation dans la législature sortante, il demeure néanmoins le principal bloc au Parlement, avec 42 % des sièges. L'Alliance, le bloc des partis d'opposition de centre droit composé des Modérés, du Parti du centre, des Chrétiens-démocrates et des Libéraux, progresse légèrement et talonne le bloc de gauche, n'obtenant qu'un siège de moins. Le parti Démocrates de Suède progresse nettement, bien qu'en deçà de ce que ne le laissaient supposer les sondages, ce qui lui permet d'obtenir le plus important gain en sièges.

L'absence d'une majorité nette et le refus des trois blocs de coopérer entre eux conduisent à plusieurs mois d'une difficile formation d'un gouvernement, avant de finalement voir reconduit le gouvernement sortant à la faveur de l'éclatement de l'Alliance[1]. Le , après 131 jours de négociations, Stefan Löfven est reconduit au poste de Premier ministre grâce au soutien du parti du centre et des libéraux, qui refusent le rapprochement avec les Démocrates de Suède avancé par les Modérés et les Chrétiens-démocrates[2],[3].

Crise politique de 2021

Le Premier ministre est par la suite confronté à une crise politique courant juin 2021, le Parti de Gauche annonçant le retrait de son soutien en réaction à un projet de suppression du contrôle des loyers pour les logements neufs, un sujet sur lequel le parti s'était fortement engagé en 2019[4]. Le 21 juin 2021, Stefan Löfven est l'objet d'une motion de censure votée à la majorité absolue par 181 voix pour, 109 contre et 51 abstentions. L'évènement constitue une première historique, la Suède n'ayant auparavant jamais été confrontée à la chute d'un gouvernement par une motion de censure[5]. Après plusieurs jours de spéculations sur l'organisation d'élections anticipées, Löfven annonce le 28 sa démission, ouvrant la voie à une nouvelle période de formation d'un gouvernement. Considérablement plus courte que la précédente, cette dernière voit Löfven présenter un nouveau gouvernement qui se voit voter la confiance le 7 juillet par 116 voix pour, 173 voix contre et 60 abstentions. Le système parlementaire suédois ne requérant pas l'obtention d'une majorité en faveur de la confiance, mais simplement l'échec d'un vote contre à la majorité absolue de 175 voix sur 349, le gouvernement Löfven III entre en fonction[6].

Gouvernement Andersson

Le Premier ministre demeure néanmoins considérablement affaibli politiquement par la crise. Le mois suivant, il annonce ne pas se représenter à l'élection interne de novembre 2021 pour la présidence du Parti social-démocrate suédois des travailleurs, ainsi que son intention de quitter ses fonctions de Premier ministre après l'élection de son successeur à la tête du parti[7]. L'élection interne voit la victoire de Magdalena Andersson, et Löfven démissionne comme annoncé le [8].

Magdalena Andersson se soumet au vote des députés du Riksdag le suivant, et remporte l'investiture par 117 voix pour, 174 contre et 57 abstentions[9]. Ce vote de confiance est ainsi obtenu de justesse grâce à un accord de dernière heure avec le Parti de gauche sur une augmentation des petites retraites. Andersson perd néanmoins l'appui du Parti du centre, qui s'opposait à cette concession et dont le soutien était nécessaire pour faire adopter son projet de budget. C'est par conséquent le budget préparé par l’opposition de droite qui est adopté[10]. A peine désignée, Andersson décide cependant de renoncer quelques heures plus tard, avant même d'avoir été présentée au roi Charles XVI Gustave, à la suite du retrait du Parti de l'environnement de la coalition. Ce dernier s'oppose en effet à la disponibilité exprimée par la nouvelle cheffe du gouvernement à gouverner avec la loi de finances proposée par l'opposition et adoptée juste après son investiture[11].

Andersson est toutefois réélue Première ministre le par 101 voix pour, 173 contre et 75 abstentions[12]. Première femme à accéder à la fonction de Première ministre en Suède[13], elle forme un gouvernemental minoritaire composé des seuls membres de son parti, puis prononce le lendemain un discours de politique générale axée sur la lutte contre l'insécurité[14],[15].

Système électoral

Intérieur du Riskdag

Le Riksdag est composé de 349 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal[16]. La Suède possède la particularité d'avoir des élections à dates fixes combinées à un régime parlementaire dans lequel des élections anticipées peuvent être convoquées. Dans ce dernier cas, la législature nouvellement élue ne l'est que pour le restant du mandat de quatre ans entamé par la législature précédente. Des élections législatives sont par conséquent organisées quoi qu'il arrive le second dimanche du mois de septembre à intervalles de quatre ans, en même temps que les élections municipales et régionales[17].

Sur le total, 310 sièges sont à pourvoir dans 29 circonscriptions de 2 à 34 sièges selon leur population. Les listes présentées par les partis y sont ouvertes, les électeurs ayant la possibilité d'effectuer un vote préférentiel pour l'un des candidats de la liste choisie. Après décompte des suffrages, les sièges sont répartis selon une version modifiée de la méthode de Sainte-Laguë entre les partis ayant atteint le seuil électoral de 4 % des suffrages exprimés à l'échelon national. Les partis ayant atteint le seuil de 12 % des suffrages exprimés d'une circonscription peuvent cependant obtenir des sièges, mais uniquement dans la circonscription concernée[16],[17].

Bulletins de vote utilisés.

Les 39 sièges restants, dits compensatoires, sont attribués aux différents partis dont le cumul des voix obtenus dans les circonscriptions dépasse le seuil de 4 % des suffrages exprimés au niveau national, afin de rapprocher le plus possible la répartition finale des sièges de celle des suffrages exprimés[16],[17].

Autorisé depuis 1988, le vote préférentiel permet à un candidat d'être prioritaire dans la répartition des sièges obtenus par son parti si ses votes préférentiels atteignent au moins 8 % du total des suffrages obtenus par ce parti dans sa circonscription[16],[17]. Un seul vote préférentiel est autorisé. Les bulletins en comportant davantage sont toujours valides, mais leurs votes préférentiels ne sont pas pris en compte. Le taux d'électeurs ayant recours à un vote préférentiel varie grandement d'un scrutin à un autre. Il était ainsi de 26 % en 2002 aux législatives, contre 59 % en 2004 aux européennes[17].

Les électeurs ont a leur disposition trois types de bulletin de vote : soit un bulletin ne comportant que le nom d'un parti, soit un bulletin comportant également la liste de tout les candidats présentés par ce parti dans la circonscription, permettant d'effectuer un vote préférentiel en cochant une case près d'un nom, soit un bulletin vide où l'électeur peut écrire lui même le nom d'un parti. Les bulletins des différents scrutins organisés simultanément sont identifiables par leurs couleurs : jaunes pour les législatives, bleu pour les régionales et blanc pour les municipales[17].

Les élections sont précédées d'une période de dix huit jours au cours de laquelle peut être fait recours à un vote anticipé. Toutes les municipalités doivent obligatoirement ouvrir au moins un bureau de vote à cet effet, également ouvert le jour des élections proprement dites. La loi électorale autorise également le vote par procuration tandis que les suédois résidant à l'étranger peuvent avoir recours à un vote postal. Dans ce dernier cas comme dans celui d'un vote anticipé, l'électeur peut malgré tout voter en personne s'il change d'avis, auquel cas son précédent vote est invalidé[17].

Forces en présence

Parti Chef de file Idéologie[18] Résultats
en 2018
Parti social-démocrate (S) Magdalena Andersson Centre gauche à gauche
Social-démocratie
28,26 %
100 sièges
Modérés (M) Ulf Kristersson Droite
Libéral-conservatisme, libéralisme économique
19,84 %
70 sièges
Démocrates de Suède (SD) Jimmie Åkesson Droite à extrême droite
National-conservatisme, opposition à l'immigration, euroscepticisme
17,53 %
62 sièges
Parti du centre (C) Annie Lööf Centre
Social-libéralisme, humanisme, agrarisme
8,61 %
31 sièges
Parti de gauche (V) Nooshi Dadgostar Gauche
Socialisme démocratique, féminisme, euroscepticisme
8,00 %
28 sièges
Chrétiens-démocrates (KD) Ebba Busch Centre droit
Démocratie chrétienne, conservatisme social
6,32 %
22 sièges
Les Libéraux (L) Johan Pehrson Centre droit
Social-libéralisme, europhilie
5,49 %
20 sièges
Parti de l'environnement Les Verts (MP) Märta Stenevi et Per Bolund Centre gauche
Écologisme, euroscepticisme
4,41 %
16 sièges

Sondages

Moyenne lissées des sondages électoraux par parti de septembre 2018 aux élections

Campagne

L'Invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022 entraine l'irruption dans la campagne du sujet de l'adhésion de la Suède ainsi que de la Finlande voisine à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord. L'invasion provoque ainsi un large retournement d'opinion, les sondages donnant rapidement et pour la première fois des majorités favorables à ces adhésions. Les deux pays dits « non-alignés » ont alors pour accord tacite de rester en dehors ou de rejoindre l'OTAN de manière coordonnée[19],[20]. Historiquement opposé à une telle adhésion, le Parti social-démocrate, le Parti de gauche et le Parti de l'environnement Les Verts font face à la pression du reste de la classe politique et de l'opinion, tandis que les Modérés en font leur principale promesse de campagne[21].

Le 22 août, Les Libéraux font face à une crise interne selon le Dagens Nyheter, car les quatre partis de droite M, SD, KD et L organisent conjointement une rencontre électorale à Falun afin de convaincre les électeurs qu'ils sont capables de travailler ensemble sur le nucléaire. Certains membres des libéraux critiquent le rapprochement entre leur parti et les Démocrates de Suède, jugeant la rencontre « inutile » ou comme « un coup de poignard dans le dos », alors que le parti a jusqu'alors été très réticent à travailler avec SD[22]. Le président du parti Johan Pehrson a réagi en déclarant que visiter des centrales nucléaires n'était « pas une grande question idéologique ». Les autres forces politiques du bloc de droite soutiennent quant à elles cette rencontre.

La campagne s'est focalisée sur les questions sécuritaires, au point d'éclipser presque tous les autres sujets, alors que les affrontements entre bandes rivales ont fait 47 victimes entre janvier et septembre 2022[23].

Résultats

Résultats des élections législatives suédoises de 2022[24]
Parti Votes  % +/− Sièges +/−
Parti social-démocrate (S)
Modérés (M)
Démocrates de Suède (SD)
Parti du centre (C)
Parti de gauche (V)
Chrétiens-démocrates (KD)
Les Libéraux (L)
Parti de l'environnement Les Verts (MP)
Initiative féministe (F!)
Alternative pour la Suède (AfS)
Coalition citoyenne (MED)
Parti pirate (PP)
Autres partis
Votes valides
Votes blancs et invalides
Total 100 349
Abstentions
Inscrits / participation

Notes et références

  1. (sv) « Live: Statsministeromröstning och öppnandet av riksdagen », sur DN.SE, dn.se, (consulté le ).
  2. « Stefan Löfven vald till ny statsminister » (consulté le )
  3. (sv) « SD: Minskad invandring i budgeten är ett ultimatum », sur DN.SE, dn.se, (consulté le ).
  4. (sv) SVT Nyheter, « Förslaget: Fri hyressättning från juli nästa sommar », sur SVT Nyheter, (consulté le ).
  5. (da) SVT Nyheter, « Misstroendehot mot Löfven », sur SVT Nyheter, (consulté le ).
  6. (sv) SVT Nyheter, « Stefan Löfven blir statsminister igen », sur SVT Nyheter, (consulté le ).
  7. (sv) « Live: Statsminister Stefan Löfven avgår i höst », sur DN.SE, dn.se, (consulté le ).
  8. Anne-Françoise Hivert, « Magdalena Andersson, probable future première ministre suédoise », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le ).
  9. « Suède : Magdalena Andersson élue première ministre », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le )
  10. « Magdalena Andersson, première femme à devenir première ministre de Suède », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  11. « Suède : la nouvelle Première ministre contrainte de démissionner le jour même de son élection », Sud Ouest, (lire en ligne, consulté le ).
  12. Agence France-Presse, « En Suède, Magdalena Andersson réélue première ministre cinq jours après sa démission », Le Temps, (lire en ligne, consulté le ).
  13. Axel Gyldén, « Magdalena Andersson élue en Suède, la fin d'une anomalie en Scandinavie », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  14. (en) Becky Waterton, « KEY POINTS: Everything you need to know about Sweden’s new government », The Local, (lire en ligne, consulté le ).
  15. Virginie Robert, « La lutte contre la criminalité, priorité du nouveau gouvernement suédois », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
  16. « IPU PARLINE database: SUEDE (Riksdagen), Texte intégral », sur archive.ipu.org (consulté le ).
  17. « Elections in Sweden The way it's done! », sur krasinskiy.ru (consulté le ).
  18. (en) Josep M. Colomer, Comparative European Politics, Routledge, , 320 p. (ISBN 978-1-134-07354-2, lire en ligne).
  19. « L'invasion de l'Ukraine incite la Finlande et la Suède à se rapprocher de l'Otan », sur Les Echos, (consulté le ).
  20. « Pour la première fois, une majorité de Suédois pour l'adhésion à l'Otan, selon un sondage », sur LEFIGARO, lefigaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  21. « Sweden’s Moderates make joining Nato their number one election pledge ».
  22. (sv) « JUST NU: Internt uppror i Liberalerna », sur Marcus Oscarsson (consulté le )
  23. « En Suède, l’insécurité au cœur de la campagne », Le Monde.fr, (lire en ligne)
  24. (nl) « Valmyndigheten » (consulté le ).
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