8e armée de la Garde
La 8e armée de la Garde est une grande unité soviétique créée en 1943 en renommant la 62e armée, pour honorer cette dernière après sa participation à la bataille de Stalingrad. La 8e de la Garde participe ensuite à la reconquête du Donbass puis la bataille du Dniepr en 1943, aux offensives Dniepr-Carpates puis Lublin-Brest en 1944, enfin à l'offensive Vistule-Oder et à la prise de Berlin en 1945.
Pour les articles homonymes, voir 8e armée.
8e armée de la Garde | |
Actuel emblème de la 8e armée de la Garde (de l'Armée de terre russe). | |
Création | 1941 (7e armée de réserve) 1942 (62e armée) 1943 (8e armée de la Garde, recréée en 2017) |
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Dissolution | encore active |
Pays | Union soviétique, puis Russie |
Allégeance | Armée rouge (RKKA), Forces armées soviétiques, puis Forces armées russes |
Branche | Armée de terre russe |
Type | Armée mécanisée |
Rôle | combat interarmes |
Fait partie de | Groupement des forces armées soviétiques en Allemagne (1945–1990), puis district militaire sud |
Garnison | Novotcherkassk |
Ancienne dénomination | 62e armée |
Guerres | Seconde Guerre mondiale Invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 |
Batailles | Dniepr 1943, Bagration 1944, Posen 1945, Berlin 1945 et Est de l'Ukraine 2022 |
Décorations | Garde soviétique Ordre de Lénine |
Commandant | lieutenant-général Andreï Mordvitchev |
Commandant historique | Vassili Tchouïkov |
Devenue une des unités de l'Armée soviétique, elle passe toute la guerre froide dans le Sud-Ouest de la République démocratique allemande, au sein du groupement des forces armées soviétiques en Allemagne. Rapatriée en Russie en 1991, elle est dissoute en 1992.
L'unité est rétablie en 2017 avec le nom de 8e armée combinée de la Garde et de l'ordre de Lénine (en russe 8-я гвардейская общевойсковая ордена Ленина армия ; en abrégé 8 гв. ОА) est une armée des forces terrestres russes, dont le siège est à Novotcherkassk, près de Rostov, dans le district militaire sud de la Russie.
Seconde Guerre mondiale
La 8e armée de la Garde soviétique est formée à partir de la 62e armée le (ordre du ) : elle a reçu le statut d'unité de la Garde en reconnaissance de ses actions lors de la bataille de Stalingrad. Elle prend part à la défense de la rive droite du Donets, à l'offensive du Donbass en août et septembre, à l'offensive du Dnepr en août et décembre 1943, prenant également part à la capture de Zaporijjia. Au cours de l'hiver et du printemps 1944, l'armée participe à l'offensive Dniepr-Carpates et à la prise d'Odessa.
La 8e armée de la Garde est ensuite transférée dans la région de Kovel, au sein du premier front biélorusse, et combat dans l'offensive Lublin-Brest pendant l'été, capturant Lublin, traversant la Vistule et s'emparant de la tête de pont de Magnuszew. L'armée défend la tête de pont jusqu'en janvier 1945, date à laquelle elle participe au lancement de l'offensive Vistule-Oder. L'armée aide à capturer Litzmannstadt, Posen et Custrin, avant de percer à Seelow et de prendre part à l'assaut final sur Berlin. Pendant la guerre, de Stalingrad à la fin, l'unité est dirigée par Vassili Tchouïkov : c'est lui qui reçoit la capitulation du général Weidling et de ce qui reste de la garnison berlinoise.
Guerre froide
Après la guerre, l'armée est stationnée dans le Sud-Ouest de la République démocratique allemande, à Nohra, ses quatre divisions respectivement à Iéna, Halle, Ohrdruf et Naumbourg, couvrant le trouée de Fulda stratégique pendant la guerre froide. L'armée reçoit l'ordre de Lénine le . En 1968, elle participe à l'invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie.
En décembre 1991, la CEI remplace l'URSS (accord de Minsk le 8 ; accords d'Alma-Ata le 21 ; dissolution de l'Union le ). Les Forces armées soviétiques deviennent les « Forces armées conjointes de la CEI », avant d'être partagées à partir de 1992 entre les différents nouveaux États souverains en fonction de leur lieu de garnison. Les Forces armées de la fédération de Russie sont créées le , puis le commandement commun de la CEI est dissous en juin 1993. La 8e armée soviétique devient donc la 8e armée russe, avec des effectifs réduits.
Armée russe
En 1992, l'armée devenue russe retourne à Volgograd dans le district du Nord-Caucase ; elle est réduite le à un corps d'armée, devenant le 8e corps, lui même dissous en mai 1998[1].
Rétablie en 2017, la nouvelle 8e armée est destinée à être une pièce maîtresse du district militaire sud (en compagnie de la 49e armée à Stavropol, de la 58e armée à Vladikavkaz et du 22e corps d'armée à Sébastopol) : majoritairement installée autour de Rostov-sur-le-Don, elle est juste à côté de la frontière avec l'Ukraine, au niveau du Donbass. Selon les sources ukrainiennes, les forces séparatistes des républiques de Donetsk et de Lougansk sont sous le commandement de l'état-major de la 8e armée de la Garde[2].
Composition
La 8e armée comprend en 2018 les unités suivantes :
- 150e division de fusiliers motorisés Idritsko-Berlinskaya, à Novotcherkassk :
- 102e régiment de fusiliers motorisés, à Persianovka (ru) dans l'oblast de Rostov ;
- 103e régiment de fusiliers motorisés, à Kadamovskiy dans l'oblast de Rostov ;
- 68e régiment de tanks, à Persianovka ;
- 163e régiment de tanks, à Kuzminsky dans l'oblast de Rostov ;
- 933e régiment antiaérien, à Millerovo ;
- 381e régiment d'artillerie automoteur, à Rostov-sur-le-Don ;
- 20e brigade de fusiliers motorisés de la Garde, à Volgograd ;
- 102e base militaire, à Erevan en Arménie (avec détachement à Gyumri) ;
- 988e régiment antiaérien, à Gyumri ;
- 439e brigade de missiles de la Garde, à Znamensk dans l'oblast d'Astrakhan ;
- 77e brigade antiaérienne, à Korenovsk dans le kraï de Krasnodar ;
- 28e brigade de protection NBC (9 TOS-1 Buratino, 18 BMO-T avec RPO-A Shmel, véhicules de reconnaissance chimique, véhicules de décontamination et générateurs de fumée), à Kamychine dans l'oblast de Volgograd ;
- 11e brigade de sapeurs de la Garde, à Kamensk-Chakhtinski dans l'oblast de Rostov[3].
Invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022
À partir du , huit groupes tactiques de bataillon (BTG) de la 8e armée de la Garde participent à l'invasion russe de l'Ukraine[4], notamment les BTG de la 150e division qui ont comme premier objectif la prise de Marioupol.
Fin février, la 150e perce les défenses ukrainiennes et approche de la ville par l'est, tandis que la 19e division de la 58e armée arrive par l'ouest (via Berdiansk) ; l'encerclement est réalisée au [5]. À la mi-mars, les unités de la 150e prennent à leur charge la moitié orientale du siège de Marioupol[4], avec la 810e brigade d'infanterie de marine au nord-ouest ainsi qu'un bataillon de Tchétchènes (les Kadyrovtsy, faisant partie de la Garde nationale russe) en renfort[6].
Le major-général Oleg Mitiaïev, commandant de la 150e division, aurait été tué près de Marioupol le . Le lieutenant-général Andreï Mordvitchev, commandant de la 8e armée, aurait été tué au combat lors d'une frappe aérienne de l'aéroport de Kherson le .
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « 8th Guards Combined Arms Army » (voir la liste des auteurs).
- (en) « 8th Guards order of Lenin Combined Arms Army », sur http://www.ww2.dk.
- (en) lieutenant-général Leonid Holopatiuk, « Security Dialogue on the Vienna Document 2011 » [PDF], , p. 5.
- (en) Catherine Harris et Frederick W. Kagan, « Russia's Military Posture: Ground Forces Order of Battle » [PDF], sur www.criticalthreats.org, , p. 20-21.
- (en) Henry Schlottman, « Updated maps and assessment with insets for NW Kyiv, Mykolaiv/Kherson area, and SE Ukraine as of 20 March », sur Twitter, .
- (en) Tim Lister et Olya Voitovych, « Russian-backed separatist leader expects his forces to surround Mariupol on Tuesday », sur CNN, .
- (en) Jomini of the West, « 14/ Mariupol », sur Twitter, .
Voir aussi
Bibliographie
- Beevor, Antony; Cooper, Artemis (2002). The Fall of Berlin 1945 (1st ed.). New York: Viking.
- (ru) V.I. Feskov, V.I. Golikov, K.A. Kalashnikov et S.A. Slugin, Вооруженные силы СССР после Второй Мировой войны: от Красной Армии к Советской, Tomsk, Scientific and Technical Literature Publishing, (ISBN 9785895035306)
- Powell, Colin L.; Persico, Joseph (1996). My American Journey (1st ed.). New York: Ballantine Books.
Lectures complémentaires
- Media related to 8th Guards Army at Wikimedia Commons
- Vasily Chuikov, The Fall of Berlin, transl/pub 1969
- (ru) Vasily Chuikov, Начало пути, Moscow, Voenizdat,
- (ru) Vasily Chuikov, Гвардейцы Сталинграда идут на Запад, Moscow, Sovetskaya Rossiya,
- (ru) Vasily Chuikov, Конец третьего рейха, Moscow, Sovetskaya Rossiya, (lire en ligne)
- (ru) Vasily Chuikov, Сражение века, Moscow, Sovetskaya Rossiya, (lire en ligne)
- (ru) Vasily Chuikov, От Сталинграда до Берлина, Moscow, Sovetskaya Rossiya, (lire en ligne)
- (ru) S.N. Dmitriev, Советские войска в Германии 1945—1994, Moscow, Molodaya Gvardiya, (ISBN 9785235022218)
- (ru) A.G. Lenskii et M.M. Tsybin, Советские сухопутные войска в последний год Союза ССР. Справочник, St. Petersburg, B&K,
Articles connexes
- 8e armée (Empire de Russie)
- Histoire militaire de l'Union soviétique
- Armée de terre russe#Districts militaires et armées
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