Alberto Moravia

Alberto Moravia, nom de plume d'Alberto Pincherle[1], est un écrivain et journaliste italien du XXe siècle, né à Rome le et mort le dans la même ville.

Pour les articles homonymes, voir Moravia.

Alberto Moravia
Alberto Moravia par Paolo Monti en 1982 (Fondo Paolo Monti, BEIC).
Fonctions
Député européen
2e législature du Parlement européen (d)
Italie
Parti communiste italien
-
Président
PEN club
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 82 ans)
Rome
Sépulture
Nom de naissance
Alberto Moravia
Pseudonyme
Alberto Moravia
Nationalité
Domicile
Maison-musée d'Alberto Moravia (d) (-)
Activité
Période d'activité
À partir de
Fratrie
Conjoints
Elsa Morante (de à )
Carmen Llera (d) (de à )
Autres informations
Parti politique
Membre de
Genres artistiques
Distinctions
Prix Strega ()
Liste détaillée
Œuvres principales

Il est aujourd'hui reconnu comme un des principaux romanciers italiens contemporains[2].

Biographie

Alberto Moravia naît d'un père, architecte d'origine vénitienne et de confession juive, et d'une mère catholique d'origine dalmate dans une famille de quatre enfants[3].

A l'âge de neuf ans, il est atteint de tuberculose osseuse, ce qui l'immobilise pendant huit années et l'empêche de suivre ses études. Il séjourne dans des sanatoriums durant deux ans. Cela lui laissera de profondes séquelles[4]. Durant cette période, il lit Shakespeare, Molière, Goldoni, Marcel Proust, Arthur Rimbaud, Dostoïevski[3].

Il écrit à partir de ses 18 ans son premier roman, Les Indifférents, dans le sanatorium de Bressanone, au nord de l'Italie. L'ouvrage est publié à compte d'auteur. Il s'agit d'un roman existentialiste avant la lettre qui restera la référence idéologique et littéraire la plus marquante de l'œuvre de Moravia. Le livre obtient un succès de scandale en raison de l'âpre description désenchantée de la bourgeoisie romaine. À partir de ce succès, l'auteur écrit avec une « régularité bureaucratique » une œuvre abondante[3].

En 1927, Moravia rencontre Corrado Alvaro et Massimo Bontempelli. Il commence sa carrière de journaliste au magazine 900.

À partir de 1930, il séjourne à Londres, Paris, New York et visite la Chine, la Grèce, l'Allemagne et le Mexique. Il voyage pour échapper, dit-il, à l'atmosphère étouffante du fascisme. En Italie, il signe des articles de presse (journaux et revues). Son net antifascisme le rend suspect et les origines juives de son père contribuent à la précarité de sa situation[5].

Durant l'écriture de son deuxième roman, d'une durée de six années, il lit Karl Marx et Sigmund Freud[5].

Alberto Moravia et Elsa Morante à Capri dans les années 1940.

En 1941, Moravia épouse Elsa Morante, qu'il quittera en 1962. Peu après son divorce, il partage sa vie avec Dacia Maraini toutes deux sont des femmes de lettres.

Recherché par les fascistes à partir de 1943, Moravia s'enfuit de Rome et se réfugie dans les montagnes de la ville de Fondi, au nord de Naples où il séjournera neuf mois[5].

En mai 1944, Alberto Moravia retourne à Rome et commence à collaborer avec Corrado Alvaro, écrivant pour des journaux italiens de premier plan comme Il Mondo et Il Corriere della Sera, pour lequel il continuera à écrire jusqu'à sa mort.

C'est le succès de La Romana (1947) qui lui apporte une certaine aisance matérielle et la consécration par la critique. Ces œuvres sont mises à l'Index en 1952. Avec Alberto Carocci, il lance la revue Nuovi Argomenti en 1953, une des plus importantes revues littéraires de l'après-guerre. Pier Paolo Pasolini les rejoindra plus tard[5]. Entre 1959 et 1962 Moravia est président du PEN International. En 1984, Moravia est élu au Parlement européen, représentant le Parti communiste italien. Cette expérience, qui s'achève en 1988, est contée dans Il Diario Europeo (The European Diary). En 1986, peu après la mort d'Elsa Morante en novembre 1985, il épouse Carmen Llera à qui est dédicacé son recueil de nouvelles La Chose. Il fut membre du Comité d'honneur du Centre culturel international de Royaumont. Le 26 septembre 1990, il est retrouvé mort dans la baignoire de son appartement de Lungotevere, à Rome.

Courant littéraire

L'œuvre d'Alberto Moravia dissèque souvent les rapports amoureux, sexuels ou non, charnels ou spirituels, en fouillant de manière distanciée la psychologie de ses personnages.

Jouant avec les conventions sociales et leur influence sur les sentiments, ses livres questionnent volontiers la société et le couple dans leurs rapports (Le Mépris, L'Ennui, L'Amour conjugal, La Femme léopard).

La matière parfois scabreuse de ses romans et de ses nouvelles est moins superficielle que le succès à scandale qu'elle a souvent entraîné : les personnages velléitaires de cette œuvre sont les produits d'une crise de la société bourgeoise, puritaine et fasciste, que Moravia regarde d'un œil impitoyable, mais non dépourvu de complaisance littéraire.

Écrivain mais aussi journaliste et essayiste, il est l'auteur de plusieurs essais sur l'Union soviétique, la Chine, l'Afrique.

Il a été nommé 15 fois pour le Prix Nobel de littérature entre 1949 et 1965[6].

Plusieurs de ses romans ont été adaptés au cinéma.

Le Mépris est classé 48e dans le classement des Cent livres du siècle réalisé par le journal le Monde.

Œuvres

Romans et recueils de nouvelles

Nouvelles

  • Cortigiana stanca (1927), Milan, Bompiani, 1965
  • Delitto al circolo del tennis, in 900, nº 9, septembre 1928
  • Il ladro curioso, in 900, nº 1, janvier 1929
  • Apparizione, in 900, nº 5, mai 1929
  • La bella vita, Lanciano, Carabba, 1935
  • L'imbroglio. Cinque romanzi brevi, Milan, Bompiani, 1937
  • I sogni del pigro. Racconti, miti e allegorie, Milan, Bompiani, 1940
  • Cosma e i briganti (1940), Palerme, Sellerio, 1980
  • L'amante infelice. Novelle, Milan, Bompiani, 1943
  • La cetonia, Rome, Documento, 1944
  • L'epidemia, Rome, Documento, 1944
  • Due cortigiane e Serata di Don Giovanni, Rome, L'Acquario, 1945
  • I racconti, 2 vol., Milan, Bompiani, 1952, prix Strega 1952[7]
  • Racconti romani, Milan, Bompiani, 1954. Nouvelles romaines, Flammarion, 1957
  • Nuovi racconti romani, Milan, Bompiani, 1959. Autres nouvelles romaines, Flammarion, 1960
  • L'automate, Milan, Bompiani, 1962
  • Il mondo è quello che è, Milan, Bompiani, 1966
  • Una cosa è una cosa, Milan, Bompiani, 1967
  • Racconti surrealisti e satirici, Milan, Bompiani, 1975
  • La cosa e altri racconti, Milan, Bompiani, 1983. La Chose, Flammarion, 1985
  • Il vassoio davanti alla porta, Milan, Bompiani, 1989
  • La villa del venerdì e altri racconti, Milan, Bompiani, 1990
  • Romildo, Milan, Bompiani, 1993 (posthume)
  • Racconti dispersi 1928-1951, Milan, Bompiani, 2000 (posthume)

Essais

  • La speranza, ossia Cristianesimo e Comunismo, Roma, Documento, 1944
  • Un mois en URSS, Milano, Bompiani, 1958
  • Une certaine idée de l'Inde, Milano, Bompiani, 1962
  • L'Homme comme fin, Milano, Bompiani, 1964
  • La Révolution culturelle de Mao, Milano, Bompiani, 1967
  • Al cinema. Centoquarantotto film d'autore, Milano, Bompiani, 1975
  • Un miliardo di anni fa..., Torino, Stampatori, 1979
  • Impegno controvoglia. Saggi, articoli, interviste: trentacinque anni di scritti politici, Milano, Bompiani, 1980
  • L'inverno nucleare, Milano, Bompiani, 1986
  • L'Homme qui regarde, 1992

Pièces de théâtre

Journaux de voyage

  • Une certaine idée de l'Inde, 1961
  • À quelle tribu appartiens-tu ?, Milano, Bompiani, 1972
  • Mutazione (textes d'Alberto Moravia & Oddone Camerana), Iveco, 1978
  • Lettres du Sahara, Milano, Bompiani, 1981
  • Promenades africaines, Milano, Bompiani, 1987
  • Journal européen, Milano, Bompiani, 1993
  • Viaggi. Articoli 1930-1990, Milano, Bompiani, 1994
  • Allant ailleurs (avec Andrea Andermann), Grasset, coll. « Albums », 2015

Lettres

  • Lettres d'amour à Lélo Fiaux, Zoé éditions, 2014 (posthume)
  • (it) Se questa è la giovinezza vorrei che passasse presto. Lettere (1926-1940) con un racconto inedito, Bompiani, 2015

Poésie

  • L'homme nu et autres poèmes, textes inédits, préface et traduction de René de Ceccatty, édition d'Alessandra Grandelis, Flammarion, 320 p., 2021

Adaptations cinématographiques

Moravia et Gina Lollobrigida sur le tournage de La Belle Romaine (1954) adapté d'un de ses romans.

Son œuvre a donné lieu à des adaptations cinématographiques dont certaines ont marqué l'histoire du cinéma.

Notes et références

  1. (it) Acte de naissance no 6369 de la série A de Alberto Gastone Pincherle Moravia du registre des naissances de l'année 1907 de la commune de Rome. L'acte a été rédigé le 2 décembre 1907 et il est né le  ; en ligne sur le site des archives d'état civil de l'Italie.
  2. Encyclopædia Universalis, « Alberto Moravia », sur Encyclopædia Universalis (consulté le ).
  3. Moravia 1951, p. 345 Chronologie.
  4. « Alberto bMoravia », sur universalis.fr (consulté le ).
  5. Moravia 1951, p. 346 Chronologie.
  6. (en-US) « Nomination%20Archive », sur NobelPrize.org, (consulté le ).
  7. Voir sur premiostrega.it.

Annexes

Bibliographie

  • René de Ceccatty, Alberto Moravia, Paris, Flammarion, 696 p., 2010 (ISBN 9782081209664)
  • Brigitte Chardin, Sollers–Moravia, Paris, Ramsay/De Cortanze, , 177 p. (ISBN 9782859569099)
  • Jean Duflot, Entretiens avec Alberto Moravia, Paris, Éditions Pierre Belfond, 215 p., 1970
  • Marie-France Renard, « Alberto Moravia, l'homme qui regarde son siècle », in Le Langage et l'Homme, vol. XXVI, no 1 (), p. 77-83

Documentaires

  • Les Écrivains italiens et l'Italie des écrivains : ombres et questions, documentaire en trois parties, Italiques (deuxième chaîne de l'ORTF, , )
  • Alberto Moravia, l'homme qui regarde, documentaire de Nico Di Biase, France/Italie, 1997, 45 min

Liens externes

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