Front de libération du Québec
Front de libération du Québec, mieux connu sous le nom de FLQ, est le nom collectif utilisé par plusieurs réseaux clandestins et cellules autonomes qui prônaient l'action directe, souvent violente, pour réaliser l'indépendance du Québec. Certaines de ces cellules ont été responsables d'actes terroristes[2],[3],[4]. Fondé au cours de l'année 1963, il a surtout organisé ses activités à partir de Montréal. Les felquistes prônaient une insurrection d'inspiration socialiste, le renversement du gouvernement du Québec, l'émancipation des Québécois face au Canada et l'établissement d'une société de travailleurs.
Pour les articles homonymes, voir Front de libération.
Front de libération du Québec FLQ | ||
Idéologie | Nationalisme québécois, Socialisme, Nationalisme de gauche | |
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Objectifs | Indépendance du Québec | |
Statut | Dissous | |
Fondation | ||
Date de formation | c. 1963 | |
Pays d'origine | Canada | |
Fondé par | Gabriel Hudon Raymond Villeneuve Georges Schoeters |
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Actions | ||
Mode opératoire | attentat à la bombe ou au Cocktail Molotov, incendie | |
Victimes (morts, blessés) | Morts : 10
Civils : 6 Liste
Wilfred Vincent O'Neil (21 avril 1963)
Leslie McWilliams (29 août 1964) Felquistes : 3 Liste
Jean Corbo (14 juillet 1966)
François Mario Bachand (29 mars 1971) Liste
Robert Dumas (7 octobre 1969)
Blessés : Environ 40 |
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Zone d'opération | Québec | |
Période d'activité | 1963-1972 | |
Organisation | ||
Chefs principaux | François Schirm Pierre Vallières Charles Gagnon Pierre-Paul Geoffroy Jacques Lanctôt |
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Membres | Quelques dizaines connus | |
Financement | Vols à main armée | |
Sanctuaire | Cuba Algérie |
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Groupe relié | Armée de libération du Québec Armée révolutionnaire du Québec La Cognée |
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Répression | ||
Nombre de prisonniers | 127[1] | |
Histoire
Le Front de libération du Québec a été fondé au cours de l'année 1963 par des individus issus du Rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN) et du Réseau de résistance. À cette époque, le contexte particulier du Québec donne plusieurs raisons à ce groupe de nature indépendantiste de faire son apparition dans le paysage politique de la province. Au niveau social, les mauvaises conditions de travail des ouvriers québécois, le déséquilibre économique entre les anglophones et les francophones et la hausse du taux de chômage, sont au nombre des raisons qui ont poussé certaines catégories sociales, tant ouvriers, chauffeurs de taxi qu'intellectuels à se révolter. Puis, au niveau politique, la montée de la pensée souverainiste et la Révolution tranquille ont contribué à cette montée du FLQ. De plus, les situations politiques de quelques pays d'Europe et d'Afrique ayant acquis leur indépendance ont inspiré et donné espoir aux nationalistes québécois.
Origine
Selon Gabriel Hudon, le FLQ est né d'un autre mouvement, le Réseau de résistance[5]. Il raconte qu'il est entré en contact avec un groupe radical lors de son implication au sein du Rassemblement pour l'indépendance nationale. Il a rencontré d'autres membres dans l'appartement d'un individu qu'il surnomme « X ». C'est là qu'il fait la connaissance de Raymond Villeneuve et de Georges Schoeters. À la suite de la réception d'une lettre destinée aux membres du Réseau qui affirme : « si vous ne cessez pas vos activités, la police s'en chargera[6]... », Hudon, Villeneuve et Schoeters se retirent du mouvement pour fonder le Front de libération du Québec[7]. C'est à ce moment que les cofondateurs s'allient aux membres révolutionnaires indépendantistes, formés par le socialiste Raoul Roy. Jean-Denis Lamoureux, Pierre Schneider et François Gagnon deviennent donc de facto les cofondateurs de ce mouvement qui allait ébranler le Québec.[réf. nécessaire]
Les membres du premier réseau FLQ s'organisent et sont entraînés sous l'égide du belge Georges Schoeters, qui a par la suite été condamné, le , à 10 ans de prison pour son implication au front.
Première vague (premier réseau)
Dans la nuit du 7 au , le FLQ frappe pour la première fois. Il attaque trois casernes militaires avec des bombes incendiaires[7]. Dans son premier communiqué, un manifeste d'avril 1963, le mouvement déclare : « L'indépendance du Québec n'est possible que par la révolution sociale»[8].
Le 1er avril, explosion de trois bombes, à l'édifice de l'Impôt fédéral, à la gare centrale de Montréal et sur une voie ferrée appartenant au CN. (L'attentat sur cette voie ferrée est découvert avant le passage du train transportant à son bord John Diefenbaker, Premier ministre du Canada. « Is this Ireland ? it's injust for the Quebec ! » s'exclamera le Premier ministre en apprenant la nouvelle.)[9]
Le 12 avril, dans une opération conjointe de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et de la police de Montréal, des dizaines de perquisitions sont effectuées contre des militants indépendantistes. Vingt personnes sont arrêtées et interrogées dont Raoul Roy, Édouard Cloutier, Jacques Lucques. (L'événement est surnommé la « razzia du Vendredi saint » par les indépendantistes.)[10] Le 19 avril, le RIN et l'Action socialiste pour l'indépendance du Québec (A.S.I.Q.) (dont plusieurs membres ont été arrêtés le 12) manifestent devant le quartier général de la GRC à Westmount en protestation contre la razzia. Durant la nuit suivante, une bombe explose contre un mur du même bâtiment.
Le 21 avril, Wilfred O'Neil, gardien de nuit au Centre de recrutement de l'Armée canadienne à Montréal est tué par l'explosion d'une bombe du FLQ[11],[12],[7].
En mai, des bombes explosent contre un mur de la caserne du régiment des BlackWatch à Montréal, à l'Unité des services techniques de l'Aviation militaire canadienne située à Mont-Royal, à proximité des réservoirs de la raffinerie Golden Eagle situés à Pointe-aux-Trembles et à l'édifice des anciens combattants de la Royal Canadian Legion à Saint-Jean-sur-Richelieu, Une bombe est trouvée et désamorcée au bureau central des postes et une autre, qui n'est pas amorcée, est déposée au siège social de l'entreprise d'exploitation minière Solbec Copper. Deux opérations majeures ont également lieu ; le 17, le FLQ place dix bombes dans dix boîtes aux lettres résidentielles du quartier huppé de Westmount. Chaque bombe est faite de quatre bâtons de dynamite. Cinq des dix bombes explosent vers 3 h. Walter Leja, sergent-major de l'Armée canadienne est blessé en essayant de désamorcer un des engins explosifs et le 20, jour de célébration du Victoria Day, 75 bâtons de dynamite explosent contre un mur de la salle d'armes du 1er bataillon des services techniques de l'Armée canadienne à Montréal (surnommé « opération Chénier » par le FLQ, en l'honneur de Jean-Olivier Chénier).
Le 7 mai, la ville de Montréal offre 10 000 $ à quiconque fournira des renseignements menant à la capture de membres du FLQ. Le 19 mai, le gouvernement du Québec offre 50 000 $ à quiconque sera en mesure de fournir des renseignements menant à la capture de membres du FLQ. La Ville de Montréal augmente sa prime de 10 000 $ à 60 000 $.
Le 16 juin 1963, 18 personnes membres du FLQ sont arrêtées[13]. Un comité d'aide aux détenus, le Comité Chénier, sera rapidement créé par Bernard Smith, Jean-Marc Léger, Pierre de Bellefeuille, André Morel, Marcel Rioux, Michel Chartrand, Jean-Victor Dufresne, Réginald Boisvert, Marcel Dubé et René Chaloult.
Le 8 octobre 1963, neuf accusés[N 1] sont condamnés à des peines de prison[14] et 5 autres sont en fuite[N 2].
Deuxième vague (Armée de libération du Québec)
Le 26 septembre 1963, cinq membres de l'Armée de libération du Québec effectuent un vol à main armée dans une succursale de la Banque royale du Canada et repartent de l'établissement avec 7 000 $ obtenus au cours du vol. Deux personnes sont arrêtées : Jules Duchastel et Claude Soulières. Le , l'ALQ opère un vol d'équipement de radiodiffusion à la station CHEF de Granby.
Le 30 janvier 1964, entre 7 h 30 et 9 h 0, l'organisation réussit un vol d'envergure d'armes et d'équipement à la caserne du régiment des Fusiliers Mont-Royal à Montréal[15]. Le butin vaut environ 20 000 $ : 59 mitrailleuses semi-automatiques belges FN 7,62, 4 mitrailleuses Bren, 34 mitraillettes Sten, 4 mortiers 60 millimètres, 3 lance-roquettes anti-chars bazooka, des grenades, 5 pistolets automatiques Browning, 13 000 balles calibre 22, 2000 calibre 7,62 et 2 300 de calibre 303, en plus de 15 émetteurs-récepteurs, deux téléphones portatifs, des lampes-têtes, du fil électrique, une polycopieuse du fabricant Gestetner, des couvertures, etc[16]. Le lendemain, des gardes militaires sont postés devant toutes les casernes de la région métropolitaine 24h sur 24.
Le , de 7 h 46 à 11 h 15, l'ALQ vole des armes et de l'équipement à la caserne du 62e Régiment d'artillerie de campagne à Shawinigan pour une valeur d'environ 25 000 $ : 33 fusils-mitrailleurs FN 7,62, des pistolets, des balles en quantité, 12 émetteurs-récepteurs, une polycopieuse, des uniformes de combat et des casques bleus de l'ONU. Le , des membres de l'ALQ cambriolent une caisse populaire Desjardins à Shawinigan et repartent avec 9 000 $.
Le , à la suite du vol à main armée dans une succursale de la Banque canadienne nationale située à Mont-Rolland, la police appréhende Jean Lasalle, Jean Gagnon et René Dion. Le , Robert Hudon, est le dernier militant de l'ALQ à être appréhendé, les autres l'ayant été entre le et le (André Wattier, Pierre Nadon, Claude Perron et Maurice Leduc. Le , les 8 membres de l'ALQ comparaissent devant les tribunaux. 50 chefs d'accusation pèsent sur eux.
Troisième vague (Armée révolutionnaire du Québec)
L'Armée révolutionnaire du Québec (ARQ) était une aile militaire du FLQ, qu'il devait fournir en armes et en argent. La plus grande partie de leur apport provenait de vols à main armée. La durée de vie de cette organisation fut courte, de juin à septembre 1964.
Le 29 août 1964, des membres de l'ARQ commettent un vol d'armes en plein jour et se font surprendre par des policiers. À la suite d'un échange de coups de feu, un policier tua accidentellement Alfred Pinish, le commis du magasin d'armes, et une balle perdue des membres de l'ARQ causa la mort du gérant Leslie McWilliams[17]. Quatre des auteurs du vol sont rapidement capturés, dont Cyriaque Delisle et François Schirm, blessé d'une balle à la cuisse lors de la fusillade. Le cinquième, Edmond Guénette, parvient à s'enfuir mais est arrêté trois jours plus tard. À l'issue du procès, Schirm et Guénette sont condamnés à mort, un cas unique dans les annales du FLQ. Ils passent trois ans dans les cellules des condamnés à mort et, après un nouveau procès, sont condamnés à la prison à vie.
Quatrième vague (groupe Vallières-Gagnon)
En janvier 1966, le groupe Vallières-Gagnon entre en activité. Le , un colis piégé est déposé à l'usine de chaussures Lagrenade de Montréal. Il blesse mortellement la secrétaire Thérèse Morin. Le , Jean Corbo décède lors de l'explosion de la bombe qu'il pose à l'usine de la Dominion Textile dans le quartier Saint-Henri de Montréal. Le groupe est démantelé en août et septembre. Quelque 20 militants sont arrêtés.
Le , Pierre Vallières et Charles Gagnon, qui étaient à New York pour créer des liens avec les groupes révolutionnaires locaux, font du piquetage devant le siège de l'Organisation des Nations unies New York. Ils sont arrêtés et emprisonnés. À la suite de leur emprisonnement, ils font une grève de la faim de 30 jours. Leur extradition n'a lieu qu'en . Depuis sa cellule, Pierre Vallières écrit Nègres blancs d'Amérique, dans lequel il compare Québécois en lutte pour l'indépendance et Afro-Américains en quête de droits civiques[18].
Cinquième vague (réseau Geoffroy)
De mai 1968 à mars 1969, un réseau felquiste dirigé par l'ex militant du RIN Pierre-Paul Geoffroy se signale par plusieurs attentats à la bombe, dont celui à la Tour de la Bourse de Montréal, le 13 février 1969, qui fait 27 blessés et un million de dollars de dégâts[19],[7].
Arrêté le 4 mars 1969, Geoffroy plaide coupable à 129 chefs d'accusation, dont 31 attentats à la bombe perpétrés au cours de 1968 et au début de 1969. Il est condamné à 124 peines d'emprisonnement à perpétuité. Il est l'un des 23 détenus dont le FLQ demande la libération en échange de celle du diplomate James Richard Cross[20]. Après 12 ans d'incarcération, Pierre-Paul Geoffroy est libéré sous conditions le 15 février 1981.
Deux membres du réseau Geoffroy, Pierre Charette et Alain Allard s'enfuiront aux États-Unis, où ils trouvent refuge chez des membres des Black Panthers puis des militants contre la guerre au Vietnam. Selon des sources policières américaines, Charette et Allard auraient par la suite détourné vers Cuba un Boeing 727 de la National Airlines effectuant le trajet New York-Miami, où les deux pirates de l'air auraient demandé asile. Après 10 ans d'exil, ils reviendront au Québec en 1979. et seront condamnés à 6 mois de prison pour leurs participations à des attentats attribués au réseau Geoffroy.
Deux autres membres du réseau Normand Roy et Michel Lambert participeront à la mise sur pied de la Délégation extérieure du FLQ à Alger avec Raymond Villeneuve. En tournant un film sur la Résistance palestinienne, le journaliste Pierre Nadeau a rencontré Roy et Lambert à l'entraînement dans les montagnes du nord de la Jordanie, à 27 km d'Amman. Les deux militants du FLQ terminaient un stage de formation dans un camp de l'Organisation de libération de la Palestine. Sous les noms de guerre, Selim et Salem[21],[22].
Sixième vague (réseau Lanctôt-Rose)
Le 26 février 1970, Jacques Lanctôt et Pierre Marcil sont arrêtés. La police affirme qu'ils montaient un complot pour l'enlèvement de Moshe Golan, consul d'Israël. Ils sont libérés sous caution.
Le , les membres de la cellule Libération enlèvent le commissaire commercial britannique James Richard Cross à sa maison de Westmount. Quelques jours plus tard, le 10 octobre, la cellule Chénier enlève le vice-premier ministre et ministre du Travail québécois, Pierre Laporte. Ce dernier fut tué le , selon la version officielle et l'issue du procès pour meurtre, ou de façon accidentelle après avoir tenté de s'enfuir en sautant par une fenêtre, selon la version des membres de la cellule Chénier.
Après l'enlèvement de James Cross par les membres de la cellule de Libération, le FLQ diffuse une liste de demandes pour la libération du diplomate britannique:
1. La fin des fouilles et des enquêtes policières afin de retrouver l’otage.
2. Le manifeste politique du Front de libération du Québec doit apparaître en pleine première page de tous les importants journaux du Québec. La diffusion doit aussi se faire dans toutes les régions. De plus, le manifeste doit être lu au complet, puis commenté par les prisonniers politiques avant leur départ, durant au programme télévisé durant au moins 30 minutes et diffusé entre 20 h et 23 h sur les ondes de Radio-Canada et ses stations affiliées en province.
3. La libération des prisonniers politiques Cyriaque Delisle, Edmond Guenette, François Schirm, Serge Demers, Marcel Faulkner, Gérard Laquerre, Robert Levesque, Réal Mathieu, Claude Simard, Pierre-Paul Geoffroy, Michel Loriot, Pierre Demers, Gabriel Hudon, Robert Hudon, Marc-André Gagné, François Lanctot, Claude Morency, André Roy, Pierre Boucher et André Ouellette. De plus, les femmes et enfants des prisonniers politiques peuvent les rejoindre s'ils le désirent. Finalement, les prisonniers politiques André Lessard, Pierre Marcil et Réjean Tremblay, présentement en probation, peuvent se joindre à leurs camarades et quitter le Québec s'ils le désirent.
4. Un avion doit être rendu disponible pour transporter les prisonniers politiques à Cuba ou en Algérie, dès qu'une entente aura eu lieu avec un de ceux-ci. De plus, ils doivent pouvoir être accompagnés par leurs avocats respectifs et par au moins deux journalistes politiques de deux quotidiens francophones du Québec.
5. Les « gars de Lapalme » doivent être réembauchés, dans les prochaines 48 heures.
6. Une taxe volontaire de 500 000 $ en lingots d'or devra être placée à bord de l'avion contenant les prisonniers politiques.
7. Le nom et la photo du délateur qui a mené à l'arrestation de la dernière cellule du FLQ, en 1969, doivent être rendus public et publiés[23].
À la suite des enlèvements, à la demande du Premier ministre du Québec (Robert Bourassa) et du maire de la ville de Montréal (Jean Drapeau), le Premier ministre du Canada (Pierre Elliott Trudeau) met à la disposition du gouvernement du Québec l'armée pour appuyer les forces policières et invoque la Loi sur les mesures de guerre. Cette loi n'a été invoquée auparavant qu'à trois reprises dans l'histoire du Canada et proclamée seulement en temps de guerre, en 1914 et en 1941 (elle a toutefois été invoquée en 1918, après l'Armistice, mais avant sa prorogation, pour réprimer une grève à Winnipeg). La Loi sur les mesures de guerre met en suspens l'application de la Déclaration canadienne des droits de l'homme et accorde aux autorités des pouvoirs étendus dont celui de procéder à des arrestations et à des détentions préventives. Le nombre des arrestations est estimé à 457 personnes. On compte, parmi les personnes arrêtées injustement, des artistes (comme Pauline Julien, par exemple), des militants politiques, des syndicalistes... Le gouvernement du Québec indemnisera par la suite les victimes des arrestations injustifiées.
La police finit par découvrir l'endroit où les ravisseurs retenaient le diplomate. Sa libération fut négociée et le , la requête de cinq des terroristes d'un sauf-conduit vers Cuba par le Gouvernement du Canada, après l'approbation de Fidel Castro, est acceptée.
Quatre semaines après que les ravisseurs de James Cross aient été retrouvés, les ravisseurs de Pierre Laporte sont retrouvés dans le sous-sol d'une maison de campagne. Ils sont jugés et condamnés pour enlèvement et meurtre.
Au début des années 1980, la police arrête et accuse six personnes en relation avec l'enlèvement de Cross. Nigel Hamer, socialiste britannique radical et sympathisant du FLQ, plaide coupable et est condamné à 12 mois de prison. Louise Lanctôt et Jacques Cossette-Trudel plaident coupables au jugement et sont condamnés à deux ans de prison pour leur part dans l'enlèvement. Ils sont libérés sur parole après huit mois de pénitencier. Marc Carbonneau est condamné à vingt mois de prison et trois ans de probation pour enlèvement, détention forcée, conspiration et extorsion. Yves Langlois est condamné à deux ans de prison moins un jour pour sa part dans l'enlèvement. Jacques Lanctôt a lui eu trois ans de prison.
La crise d'Octobre a été l'une des crises politiques que le Québec a connu dans son histoire (querelle des subsides, rébellion des Patriotes, pendaison de Louis Riel, crise de la conscription[Laquelle ?], etc.) Le meurtre de Pierre Laporte était seulement le deuxième assassinat politique dans l'histoire canadienne après l'assassinat en 1868 de Thomas D'Arcy McGee.
Les événements d'octobre 1970 ont entraîné une perte d'appui des moyens violents pour la promotion de l'indépendance du Québec. Le Parti québécois a été élu en 1976, prônant la réalisation de la souveraineté par des moyens démocratiques.
Des suites la Crise d'octobre, Michel Viger est assassiné à Saint-Nazaire d'Acton le 29 juillet 1975 alors qu'il est sur le point de parler et ce un mois après s'être exprimé à Radio-Canada dans le cadre d'une entrevue avec Louis-Martin Tard.
Fusillade de Mascouche
Le , dans le petit village de Saint-Henri-de-Mascouche à l'est de Montréal, un commando du FLQ composé de huit personnes (six hommes et deux femmes) effectue un vol à main armée planifié selon les techniques de guérilla urbaine des Tupamaros, telles que l'isolement du village par la rupture des câbles téléphoniques et la neutralisation des services policiers. Pendant que deux membres du commando sectionnent les câbles téléphoniques et que trois autres s'emparent littéralement du poste de police où ils maîtrisent les occupants et débranchent le système de communication radio, les trois derniers font main basse sur 7 500 $ à la caisse populaire locale. Les fuyards sont pris en chasse par deux citoyens de Mascouche dont l'un est un ancien militaire, armé d'une carabine, un dénommé Allard. À la sortie du village, trois des occupants de l'Oldsmobile en descendent pour monter dans une Renault qu'ils avaient stationnée à cet endroit. La petite voiture démarre pourchassée dans un bruit de fusillade nourrie. Finalement, à Laval, deux des occupants quittent la Renault et poursuivent leur fuite en taxi. Dans l'automobile gît un jeune homme de 20 ans blessé à la tête. Il s'agit de Pierre-Louis Bourret, étudiant à l'Université du Québec à Montréal. Transporté à l'Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal, il meurt le lendemain[24].
Après-FLQ
Les voies qu'empruntèrent deux des leaders du FLQ, Charles Gagnon et Pierre Vallières, à la « mort » du FLQ illustrent bien les tendances générales qui se profilaient. Les livres L'urgence de choisir et Pour un parti prolétarien qu'écrivirent respectivement Vallières et Gagnon résument bien leurs positions. Alors que Vallières embrassa la voie électoraliste, en joignant les rangs du PQ, Charles Gagnon s'engagea fermement dans la voie révolutionnaire en fondant le groupe marxiste-léniniste En lutte !. Dans les années 1970, peu d'anciens felquistes ou sympathisants felquistes suivirent Vallières qui d'ailleurs était assez isolé au PQ. Rejetant la « collaboration de classe », une bonne partie des ex-militants se joignirent au groupe de Gagnon, rejetant le « nationalisme bourgeois ». Cela les conduisit même à faire la promotion du boycott du premier référendum sur la souveraineté du Québec. Alors que Pierre Vallières et ses camarades favorisent l'organisation à long terme et n'envisagent pas de passer à l'action directe, d'autres cellules du FLQ sont impatientes d'intervenir, un an après la Crise d'octobre.
Après la prise du pouvoir par le Parti québécois en 1976, plusieurs militants felquistes exilés amorcèrent un retour au pays dans la perspective d’un référendum à venir sur l’indépendance du Québec. Raymond Villeneuve a été le dernier militant du FLQ à revenir d’exil en novembre 1984, après 16 ans passés à Cuba, en Algérie et en France. Après avoir purgé une peine de 8 mois de prison, il a repris la lutte pour l’indépendance, militant au PQ et au Bloc québécois durant la campagne référendaire de 1995. À la suite de l’échec des indépendantistes le 30 octobre 1995, Villeneuve a fondé le Mouvement de libération nationale du Québec (MLNQ), qui poursuit la lutte indépendantiste sur le terrain en organisant, entre autres, la manifestation du 1er juillet à Québec (boycottée par les partis indépendantistes) afin de dénoncer la présence canadienne au Québec.
En 2001, Rhéal Mathieu, un membre de la BAF (Brigade d'auto-défense du français) qui en 1967 avait été condamné à neuf ans de prison pour activités terroristes, a été condamné de nouveau pour avoir essayé d'incendier trois cafés-restaurants Second Cup à Montréal. Mathieu visait le plus grand revendeur de café spécialisé du Canada pour l'usage par la compagnie de sa marque anglaise Second Cup. Mathieu a été condamné à un mois de prison. Après la couverture des médias sur les bombes incendiaires, les Second Cup du Québec changèrent leur insigne pour Les cafés Second Cup pour ensuite revenir à leur nom d'origine en 2007.
Des annonces à l'effet que le FLQ renaîtrait de ses cendres sont lancées régulièrement depuis la dissolution du mouvement. La plupart des militants indépendantistes familiers des groupes radicaux et les ex-felquistes ne croient pas cette renaissance possible, ni souhaitable[25]
Médias et FLQ
Le mouvement radical pour l’indépendance du Québec lancé par le FLQ a fait couler beaucoup d’encre dans les journaux et médias québécois comme dans ceux du reste du Canada. Le FLQ a réussi à faire parler de lui grâce aux attentats qu’il a perpétrés ainsi que grâce à la diffusion de son manifeste sur Radio-Canada. Toutes les actions mises en œuvre par ce groupe ont eu pour conséquence de permettre au gouvernement de Pierre Elliott Trudeau d’instaurer la loi sur les mesures de guerre. Dans le cadre de ce travail, il sera question dans un premier temps de mettre en relation l’influence des médias d’information dans la crise d’octobre. Dans un deuxième temps, il sera question de la couverture médiatique par des médias francophones et anglophones sur l’intervention militaire et la loi sur les mesures de guerre.
Crise d'Octobre
La crise d'Octobre fut un événement marquant de l’histoire du Québec. L’élément déclencheur de cette crise fut l’enlèvement d’un chargé d’affaires anglais par le FLQ, James Richard Cross et puis l'enlèvement de Pierre Laporte, alors ministre du Travail dans le gouvernement Robert Bourassa, et qui est assassiné[26]. Cette crise a permis aux médias d’information d’être des acteurs importants, car ceux-ci ont joué le rôle de médiateur entre le gouvernement et le FLQ. C’est par eux que le FLQ a posé ses conditions aux gouvernements. C’est par eux que le gouvernement a répondu. Et c’est par eux que toute la population a suivi le déroulement des événements et a fait connaître ses propres réactions.[27] Pour la part du FLQ, celui-ci ne communique qu’à travers les médias d’information et la radio pour faire parvenir son message au gouvernement et à la population. Par exemple, le FLQ demande de faire diffuser et publier son manifeste lors des négociations sur la libération de James Cross. Ensuite, la CKAC (une radio de Montréal) ainsi que Radio-Canada diffusent le 8 octobre 1970 le manifeste sur leurs ondes[28]. La conséquence de cette diffusion fut positive pour le FLQ, car elle lui apporta une visibilité accrue dans les médias, mais d’un autre côté, elle n’a pas su toucher sa cible : la population québécoise. Au contraire, celle-ci ne fut pas attirée par ce que le FLQ proposait avec son manifeste[29]. Bien à l’inverse, les aspirations radicales et violentes que le FLQ prônait n’intéressent pas les Québécois, d’où le rejet en masse de ce manifeste. Pendant cette crise d’octobre, les médias d’information deviennent comme cités ci-haut, importants pour le FLQ puisque c’est sa plateforme privilégiée pour communiquer. Cet engouement fait aux médias d’information crée « une certaine concurrence entre les différents médias en communiquant avec eux à tour de rôle. Il s’ensuit que les médias commencent à se surveiller les uns les autres, la compétition se fait féroce pour avoir l’information le premier et les journalistes vont même jusqu’à prendre une certaine distance vis-à-vis de la police, c’est-à-dire qu’ils font de leur nouvelle la priorité avant de remettre les documents aux autorités. »[30] On assiste à une lutte entre les médias d’information au Québec pour l’obtention de messages émanant du FLQ pour être le premier à publier sans que la police puisse avoir accès à cette information en premier. Dans cette lutte nous pouvons distinguer plusieurs valeurs journalistiques qui ont pu indiquer les motivations pour la collecte d’information sur le FLQ. Les critères d’immédiateté et d’exclusivité qu’on retrouve dans la culture journalistique ont été des éléments qui ont pu influencer la lutte entre les médias d’information. Nous pouvons aussi ajouter l’argent, qui motive les directeurs de journaux à avoir de l’information en premier pour avoir l’exclusivité et ainsi vendre beaucoup plus de journaux. Le FLQ, a su être capables d’utiliser les points faibles des médias pour avoir ce qu’il voulait. L’appât du gain et la notoriété ont été des éléments qui ont permis cette lutte.
Couverture médiatique de l'intervention militaire et loi sur mesure de guerre
Les actions terroristes du FLQ ont forcé le gouvernement fédéral à intervenir pour mettre fin à la crise. Pierre Elliott Trudeau déclare la loi sur les mesures de guerre au Québec et envoie l’armée. 8 000 soldats de l’armée canadienne avaient été déployés à Montréal. Près de 500 personnes étaient arrêtées parce qu’elles étaient considérées comme suspectes par la police. Il s’agissait surtout de comédiens, chanteurs, poètes, écrivains, journalistes et syndicalistes qui étaient pour la plupart indépendantistes. Cette loi permettait au gouvernement de suspendre en partie la liberté d’expression et les libertés civiles tout en attribuant la permission aux policiers d’arrêter les personnes suspectées de faire partie ou d’avoir des liens avec le FLQ.[31] La couverture médiatique des médias francophones et anglophones sur la situation fut presque identique sur certains points, mais pas dans tous, et ce malgré la différence idéologique, de nationalité, de langue ou de leur idée politiques, mais il y a une différence sur quelques aspects. On peut donner comme exemple, la différence avec le côté émotif des publications dans les journaux francophones, qui amène les journalistes francophones à réagir de façon négative à l’intervention militaire et à l’application de la loi sur les mesures de guerre, tandis que les médias et journalistes anglophones tentent de comprendre les causes profondes de la crise qui frappe le Québec plutôt qu’à réagir à l’actualité et à l’instant présent[32]. Les journaux anglophones basent plus leurs écrits sur les conséquences de la loi sur les mesures de guerre, « il y a une plus grande homogénéité dans le discours des éditorialistes anglophones. On s’insurge contre la perte des libertés civiles et on réclame de connaitre les preuves véridiques ayant justifié le gouvernement à agir ainsi, mais sans pour autant rejeter les mesures gouvernementales. »[33] Les journalistes anglophones essaient de ne pas être contre les mesures appliquées par le gouvernement Trudeau, mais veulent savoir quelles sont les réelles intentions du gouvernement pour justifier la suppression des libertés civiles[34].
Financement
Il est mentionné, au début de la section suivante de cet article, que le Front de libération du Québec se finançait par le braquage de banques. On mentionne, dans l'analyse sur la Crise d'Octobre qui figure dans l'ouvrage «Une amitié bien particulière : lettres de Jacques Ferron à John Grube» (p. 214) que le front disposait, malgré tout, de fonds assez maigres (p. 200) du moins à l'été 1970. Il faut aussi rappeler la tournée de financement, dont un arrêt de 5 jours au Texas, des frères Rose et de Francis Simard, selon Francis Simard (membre du FLQ, voir ci-dessous). Cette tournée de financement aux États-Unis comprenant un passage par le Texas rappelle le soutien financier sous forme de publicité accordé au Rassemblement pour l'indépendance nationale par une petite entreprise de fraisage du Texas (p. 211-212). Des liens entre un bureau d'ingénieurs d'une entreprise texane, établi à Montréal, et l'enlèvement de Pierre Laporte, sont mis en évidence par la recherche de Georges Langlois, telle que publiée à la suite de la correspondance entre Jacques Ferron et John Grube (p. 213). Bref, le FLQ aurait bénéficié d'un soutien, notamment financier, en provenance du Texas, qui fait écho aux préoccupations du directeur du service de contre-espionnage à la G.R.C. pendant la Crise d'octobre, monsieur Leslie Jim Bennett, qui mentionne combien il y avait d'agents de la C.I.A. actifs au Canada pendant la crise, et les efforts qu'il a fallu mettre en œuvre pour comprendre quels étaient leurs objectifs. Différemment, la Gendarmerie royale du Canada a aussi contribué au financement du Front de libération du Québec en lui fournissant de la dynamite et une voiture, comme nous l'apprend le procès intenté par la Couronne contre le directeur de La Cognée, journal officieux du F.L.Q., à la suite de son arrestation en 1968 (p. 212).[réf. nécessaire]
Actions
De 1963 à 1970, le FLQ commet plusieurs actions armées à motivation politique dont le nombre n'a jamais été prouvé. Il y a eu des plasticages, des braquages de banque, causant au moins trois morts par bombes, deux morts par balle et plusieurs dizaines de blessés. En 1963, Gabriel Hudon et Raymond Villeneuve sont condamnés à douze ans d'emprisonnement pour des crimes contre l'État après que leur bombe a tué le sergent O'Neill, gardien d'un centre de recrutement des Forces armées canadiennes. Le , une puissante bombe du FLQ explose dans les locaux de la Bourse de Montréal, causant plusieurs dommages à l'édifice et 27 blessés. À partir de 1970, 33 membres du FLQ sont en prison, dont quatre meurtriers condamnés. Les cibles du FLQ comprenaient notamment des entreprises anglophones, des banques, le quartier général de la GRC à Westmount, l'Université McGill ainsi que plusieurs résidences privées dans le riche quartier de Westmount, enclave anglophone au sein de la ville de Montréal.
En tant que groupe socialiste, le FLQ était aussi grandement opposé à la « classe dominante » des États-Unis. Une cellule du mouvement espérait même faire exploser la Statue de la Liberté mais fut appréhendée avant que cela ne se produise. Le groupe a été infiltré à quelques reprises par des agents dits provocateurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Des crimes auraient été commis par des policiers de la GRC sous le couvert du FLQ. Carole Devault, Jean-Jacques Lanciault et François Fritz Séguin en sont des exemples selon Louis Fournier[35].
Notes et références
Notes
- Gabriel Hudon, fondateur et fabricant de bombes du F.L.Q. : douze ans de prison. Raymond Villeneuve, fondateur et recruteur-chef du mouvement : douze ans. Georges Schoeters, celui qui se représenta lui-même comme coordonnateur : dix ans. Jacques Giroux, le photographe en chômage qui déposa la bombe O’Neil : dix ans. Yves Labonté, recruté au restaurant du coin pour accompagner Giroux : six ans. Denis Lamoureux, celui qui mit sur pied l’opération de Westmount : quatre ans. François Gagnon, celui qui véhicula les autres d’une boîte aux lettres à l’autre : trois ans. Richard Bizier, celui qui fit le moins mais parla définitivement le plus : six mois. Jeanne Schoeters, qui suivit son mari, une nuit, dans son aventure : sentence suspendue.
- Gilles Pruneau, Mario Bachand. Roger Tétreault, André Garand, Pierre Schneider
Références
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- La Loi antiterroriste et ses effets : point de vue d'universitaires canadiens, Ministère de la Justice du Canada
- Gabriel Hudon, Ce n'était qu'un début. Ou la petite histoire des premiers pas du FLQ.
- Gabriel Hudon, op. cit., p. 56.
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- Campeau, Sébastien. 2009, L'intervention militaire en octobre 1970 et la loi sur les mesures de guerre : modalités et réactions, Montréal (Québec, Canada), mémoire de maitrise en histoire, Université du Québec à Montréal (UQAM). voir p. 142
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- Louis Fournier, FLQ. Histoire d'un mouvement clandestin.
Voir aussi
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Articles connexes
Lien externe
- « Fonds Front de libération du Québec (P347) », Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ), (consulté le ).
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