Arc de triomphe de Maximilien
L'Arc de triomphe de Maximilien, en allemand : Ehrenpforte Maximilians des Ersten, est une gravure de grande dimension commandée par l'empereur Maximilien Ier en 1512, réalisée par Albrecht Dürer, Johannes Stabius, Hans Springinklee, Wolf Traut, Albrecht Altdorfer et Hieronymus Andreae.
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Conception
L'architecture générale du monument est conçue par l'architecte et peintre de Cour Jörg Kölderer et élaborée par l'historien et mathématicien Johannes Stabius sur le modèle des arcs de triomphe de la Rome antique, bien que Maximilien n'eût pas dans l'idée de le faire bâtir. Il a peut-être été inspiré par Vue de Venise, une vue à vol d'oiseau d'une gravure de six blocs de Jacopo de' Barbari et publiée par Anton Kolb à Nuremberg, les deux étant au service de Maximilien aux alentours de 1500. Des dessins préparatoires détaillés sont créés entre 1512 et 1515, principalement par Dürer et ses élèves, Hans Springinklee et Wolf Traut : les tours rondes sur les côtés sont attribuées à Albrecht Altdorfer[1].
L'ensemble comprend trois arches : l'arche centrale est nommée Honneur et puissance (Pforte der Ehre und Macht), à gauche Éloge (Pforte des Lobes), et à droite Noblesse (Pforte des Adels). Chaque arche comporte une représentation de l'empereur Maxilimien, ainsi que, au-dessus de l'arche centrale, un arbre généalogique idéalisé qui remonte selon la convention pseudo-historique à Troie, aux Sicambres et aux Francs, puis à Clovis avec son écu fabuleux aux crapauds et fleurs-de-lis. Au sommet de l'arbre sont figurés Philippe le Beau encadré de ses grands-parents Frédéric III et Eléonore de Portugal, puis Maximilien assis sur un trône allégorique qui rassemble tous ses emblèmes. Cet arbre généalogique est flanqué des écus des pays dominés par Maximilien ou qui le furent par ses ancêtres.
Au-dessus de chaque arche latérale sont représentés douze scènes de batailles, de mariages et de couronnement puis, plus haut encore de celles de gauche sont figurés à l'horizontale les bustes de douze empereurs romains (César, Auguste, Tibère, Claude, Vespasien...) dont la liste se poursuit à la verticale dans l'espace compris entre la colonne et la tour de gauche.Sur le bandeau en entablement de l'arche de droite sont alignés les bustes des souverains contemporains de Maximilien, à commencer par Louis XII, Ferdinand et Isabelle le Catholique. Puis les bustes à la verticale de princes européens associés au règne de Maximilien, dont ses beaux-pères les ducs Charles le Téméraire de Bourgogne et François II de Bretagne.
Au sommet des arches latérales sont placés les emblèmes de l'ordre de la Toison d'or : collier de briquets, dépouille de bélier, flammes et dragon.
Les tours de chaque côté montrent des scènes de la vie privée de l'empereur.
En bas à droite s'alignent les trois petits écus des armoiries de Stabius, Kölderer et Dürer.
De nombreux blocs comportent un texte explicatif et une longue inscription à la base décrit l'ensemble. Y sont inclus des glyphes, inspirés de la traduction par Willibald Pirckheimer des Hieroglyphica d'Horapollon.
Composition
Elle est imprimée sur 36 grandes feuilles de papier à l'aide de 195 formes de bois gravé, l'ensemble mesure 295 cm sur 357[2] et est une des plus grandes gravures réalisées dans l'Europe de la Renaissance. Elle est tout d'abord destinée à être collée aux murs des résidences princières[1].
Elle fait partie d'une série de trois grandes gravures créées pour Maximilien, les deux autres étant La Procession triomphale (Der Triumphzug, 1516 - 1518, 137 blocs de bois, 54 mètres de long) et Le Grand Char Triomphal de l'Empereur Maximilien Ier (Der große Triumphwagen, 1522, 8 blocs, 244 x 46). Seul l'Arc de triomphe est achevé du vivant de Maximilien et diffusé pour étendre sa renommée et contribuer à sa grandeur. En effet, l'empereur n'accepte le projet final qu'en et, avec son décès en 1519, l'ensemble ne sera pas achevé[3].
Les gravures comportent deux biographies allégoriques en vers, Theuerdank et Weißkunig, illustrée de gravures.
Ces gravures composites conçues pour décorer les murs sont une caractéristique du début du XVIe siècle, même si un tel usage compromet leur conservation. Les impressions étaient destinées à être coloriées à la main, mais seuls deux exemplaires de la 1re édition avec les couleurs d'époque sont conservés à Berlin et Prague[4].
Achèvement et éditions
Sur deux blocs, la gravure est datée de 1515, indiquant l'achèvement de l'œuvre de gravure, excepté pour le 24e bloc resté vierge car destiné à représenter la tombe de Maximilien. La gravure des formes a été effectuée entre 1515 et 1517 par Hieronymus Andreae de Nuremberg et sans doute son atelier. Une première édition a lieu vers 1517-1518 en 700 exemplaires, offerts pour la plupart par Maximilien à des villes et des princes du Saint-Empire. Certains se trouvent dans les cabinets des estampes du British Museum, de l'Albertina, du Musée du Louvre (collection E. de Rothschild) et de divers musées dont Berlin et Prague.
Vers 1526-1528, une deuxième édition de 300 exemplaires est autorisée par Ferdinand Ier, petit-fils de Maximilien et futur empereur, puis une troisième en 1559 par son fils Charles II. Des impressions séparées des scènes de la vie de Maximilien sont effectuées en 1520 juste après sa mort[1]. Une autre impression de la Hofkirche d'Innsbruck, érigée en la mémoire de Maximilien, est réalisée pour figurer sur le 24e bloc. Une quatrième édition est publiée par Adam Bartsch à Vienne en 1799, beaucoup de panneaux montrant une usure importante ; certains manquants sont remplacés par des eaux-fortes de Bartsch lui-même, dont la Bataille d'Utrecht, le couronnement de Maximilien et le Premier Congrès de Vienne ; le 24e bloc présente une nouvelle Bataille de Pavie. L'édition suivante a lieu en 1886.
171 blocs de bois originaux sont conservés à l'Albertina.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Triumphal Arch (woodcut) » (voir la liste des auteurs).
- Bartrum, (1995), 51
- (en) « Albrecht Dürer and others, The Triumphal Arch, woodcut », sur British Museum (consulté le )
- Alain Borer, L'œuvre gravé de Albrecht Dürer, Bookking International, Paris, 1994, p. 360.
- Bartrum, (2002), 138
Annexes
Bibliographie
- (en) Bartrum, Giulia, German Renaissance Prints, 1490–1550, British Museum Press, 1995, (ISBN 0-7141-2604-7)
- (en) Bartrum, Giulia, Albrecht Dürer and his Legacy, British Museum Press, 2002, (ISBN 0-7141-2633-0)
- (en) Kurth, Willi & C. Dodgson, The complete woodcuts of Albrecht Dürer, Courier Dover Publications, 1963, (ISBN 0-486-21097-9)
- (en) Stiber, Linda S., Elmer Eusman & Sylvia Albro, "The Triumphal Arch and the Large Triumphal Carriage of Maximilian I: Two oversized, multi-panneauk, 16th-century Woodcuts from the Studio of Albrecht Durer", The American Institute for Conservation, The Book and Paper Group Annual, Vol. 14, 1995
Liens externes
- (fr) « Notice de l'épreuve conservée au cabinet des estampes et des dessins de Strasbourg », notice no 00130069457, base Joconde, ministère français de la Culture
- (en) Fiche de l'Arc de triomphe de Maximilien sur le site du British Museum.
- (ru) Альбрехт Дюрер. « Арка Славы Императора Максимилиана I » sur chronologia.org
- (en) Joanna Kosek (conservatrice), « One night at the Museum: moving Dürer's paper triumph », sur le blog du British Museum
- (en) « Restoring Albrecht Dürer's masterpiece The Arch of Honour of Maximilian I », sur le site du Statens Museum for Kunst
- (en) Fiche de l'Arc de triomphe de Maximilien sur le site du Metropolitan Museum of Art
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