Armand de Bourbon-Conti

Armand de Bourbon, prince de Conti, né le à Paris et mort le à Pézenas au château de la Grange-des-Prés, est le dernier des trois enfants d'Henri II de Bourbon, prince de Condé et de Charlotte Marguerite de Montmorency, frère du « Grand Condé » et d'Anne Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville.

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Armand de Bourbon-Conti
Portrait anonyme conservé au musée du Vieux-Nîmes.

Titre

Prince de Conti


(36 ans, 4 mois et 9 jours)

Prédécesseur François de Bourbon-Conti
Successeur Louis Armand de Bourbon-Conti
Biographie
Titulature Prince de Conti
Prince du sang
Dynastie Maison de Conti
Distinctions Grand maître de France
Naissance
Paris, Royaume de France
Décès
Pézenas, Château de la Grange-des-Prés, Royaume de France
Père Henri II de Bourbon-Condé
Mère Charlotte-Marguerite de Montmorency
Conjoint Anne Marie Martinozzi
Enfants Louis Armand de Bourbon-Conti
François Louis de Bourbon-Conti
Religion Catholicisme

Signature

Biographie

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Premières années

Portrait du jeune Conti, gravé par Claude Mellan

Le , l'enfant est tenu sur les fonts baptismaux de l'église Saint-Sulpice par sa tante Marie-Félicie des Ursins, duchesse de Montmorency, et Armand-Jean du Plessis, cardinal de Richelieu. Le titre de prince de Conti est établi en sa faveur en 1629.

De santé délicate, légèrement bossu, il est destiné par ses parents à l'état ecclésiastique et formé par les Jésuites au collège de Clermont. S'il fallait en croire Grimarest, le premier biographe de Molière[1], il y aurait eu pour condisciple le futur comédien, ce qui est peu probable, Jean-Baptiste Poquelin étant son aîné de presque huit ans. Dès le , il reçoit la commende de l'abbaye de Saint-Denis. L'année suivante, il est nommé abbé de Cluny, et recevra encore sept autres abbayes et cinq prieurés. Le , il obtient son diplôme de maître des arts et, en 1646, celui de bachelier en théologie de l'université de Bourges. À la mort de son père, au cours de cette même année, il est soumis à la décision d'un conseil de famille qui décide de le maintenir un an de plus chez les Jésuites, à son grand déplaisir.

L'épisode de la Fronde

Au mois de , avec son beau-frère, le duc de Longueville, désireux d'obtenir le chapeau de cardinal, il prend parti pour la Fronde parlementaire, dont il devient le commandant en chef. Il est battu à Charenton le par son frère, le prince de Condé, resté fidèle à la Cour. Mais après la paix de Rueil, Condé se rallie à la Fronde, dès lors codirigée par Conti, Condé et Longueville. Le trio est arrêté au Palais-Royal le et emprisonné au château de Vincennes, puis au château de Marcoussis et enfin au fort du Havre.

Sa captivité le rendait fou, fou d'être séparé de sa sœur. Il tentait même d'entrer en contact avec elle par la magie. Au début de l'emprisonnement, il fut fort malade d'une blessure qu'il s'était faite à la tête volontairement. On disait que cet incident était arrivé en jetant un flambeau d'argent en l’air. Cette blessure fut néanmoins de quelque utilité aux princes, à qui on ne put, dès lors, refuser le secours des médecins et des chirurgiens, dont certains leur portèrent secrètement des lettres de l'extérieur.

En 1651, devant la Fronde, Mazarin est obligé de s'exiler, Conti est libéré le . Son frère, devenu incontournable dans la direction de l'État, l'empêche d'épouser Charlotte de Lorraine (1627-1652), fille de la duchesse de Chevreuse, et confidente d'Anne d'Autriche. Réfugié à Bordeaux, dernière ville frondeuse, il capitule le et obtient l'autorisation de se retirer en Languedoc, à Pézenas dans son château de La Grange-des-Prés.

Vue du château de la Grange-des-Prés.

C'est le moment où, afin de distraire la petite cour qui l'avait suivi, il fait venir des comédiens et fait la connaissance de la troupe de Molière, qu'il autorise à porter son nom. Amnistié quelques semaines plus tard et désireux de rentrer complètement en grâce, il manifeste le souhait d'épouser l'une des nièces de Mazarin - une scandaleuse mésalliance - et d'obtenir le gouvernement de Guyenne dont son frère Condé vient d'être déchu, ainsi que le commandement d'une armée. Sitôt rentré à Paris, il épouse ainsi en Anne Marie Martinozzi.

Retour en grâce

Portrait Armand de Bourbon gravé par Desrochers.

Dès , il doit quitter Paris et sa femme pour prendre le commandement de l'armée qui envahit la Catalogne. Il ne retrouve son épouse dans le Languedoc que le , lorsqu'il vient ouvrir les États de Languedoc à Montpellier. Du printemps à l', il repart conduire les forces françaises en Espagne, et le il vient ouvrir la nouvelle session des États de Languedoc à Pézenas. Il passe une grande partie de l'année 1656 à Paris, souffrant d'une maladie vénérienne qu'il avait probablement contractée à Montpellier à l' en suivant dans ses frasques libertines le comte d'Aubijoux, qui était le gouverneur de la ville. C'est alors que, faisant suite à des entretiens avec Nicolas Pavillon, évêque janséniste d'Alet, entrepris dès 1655, il se « convertit », c'est-à-dire retourne vers une foi ardente et intransigeante[2]. Il se prête alors à la pénitence et aux mortifications, renonce à tous les plaisirs, fait savoir à la troupe de Molière qu'il ne veut plus qu'elle porte son nom, et se rapproche bientôt de la Compagnie du Saint-Sacrement, tout en tendant au jansénisme. Il a 27 ans.

Le , il est nommé Grand maître de France. Il reçoit le commandement de l'armée d'Italie et assiège sans succès la ville d'Alexandrie en . Le , Louis XIV lui accorde une pension annuelle de 60 000 livres et lui offre le gouvernement du Languedoc, laissé vacant par la mort de Gaston d'Orléans, oncle du roi.

Frontispice de L'Arbitre charitable d'Alexandre de la Roche, 1668.

Gouverneur du Languedoc en 1660, il participe à des actions dans le cadre de la Compagnie en multipliant les œuvres pies, en fondant des collèges, en œuvrant à la conversion des protestants. Il s'efforce également de moraliser la population tout en s'attelant à réduire son fardeau fiscal. L'administration de sa province, accomplie avec justice et sagesse, lui valut une grande popularité. Il est alors installé au château de la Grange-des-Prés, à Pézenas, et se consacre à l'étude et au mysticisme jusqu'à sa mort, qui survient le 21 février 1666. Il est inhumé à la chartreuse du-Val-de-Bénédiction à Villeneuve-lès-Avignon. Son tombeau est profané à la Révolution et ses ossements sont transférés dans la crypte de l'oratoire de Port-Royal des Champs en 1906[3].

De 1654 à 1656, il est le protecteur de la troupe de Molière, qui sillonnait alors le sud de la France et particulièrement le Languedoc et dont il fait la connaissance à Pézenas.

Après sa conversion, il compose un Traité de la comédie et des spectacles[4] (1666) dans lequel il condamne les tragédies de Corneille et les comédies de Molière. Il est également l'auteur d'un ouvrage intitulé Les Devoirs des Grands (1666).

Mariage et descendance

En 1653, Conti, qui s'était retiré à Pézenas, fait sa soumission au roi et, réconcilié avec Mazarin, il épouse le Anne Marie Martinozzi (1639-1672), nièce du cardinal. Ils ont pour enfants :

Bibliographie

Il est notamment l'auteur d'un Traité de la comédie et des spectacles, selon la tradition de l'Église, tirée des Conciles et des Saints Pères, Paris, 1667, lire en ligne sur Gallica.

Ascendance

Notes et références

  1. Préface de l'édition des Œuvres de 1682.
  2. Simon Reboulet, Histoire de la congrégation des filles de l'enfance de N. S. Jesus Christ, établie à Toulouse en 1662 et supprimée par l’ordre de la cour en 1686, t. 3, Paris, Girardi, , 322 p. (lire en ligne), p. 53.
  3. Adrienne Charmet-Alix, « L’Enterrement mystérieux du prince de Conti à Port-Royal des Champs en 1906 », Chroniques de Port-Royal, , p. 253-270.
  4. Conti, « Traité de la comédie et des spectacles, selon la tradition de l’Église », sur cesar.org (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

Liens externes

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