Benoît Jacquot
Benoît Jacquot est un réalisateur français, né le à Paris.
Pour les articles homonymes, voir Jacquot.
Naissance |
Paris 16e, France |
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Nationalité | Française |
Profession | Réalisateur |
Films notables |
La Fille seule Tosca Villa Amalia Les Adieux à la reine |
Biographie
Carrière
Benoît Jacquot commence sa carrière cinématographique en 1965 comme assistant de Bernard Borderie sur un film de la série Angélique et comme assistant de Marguerite Duras, Marcel Carné et Roger Vadim[1].
Il est membre de L'Exception, un groupe de réflexion sur le cinéma créé par Jean-Michel Frodon. Il a été président du jury du concours d'entrée de la Fémis en 2003.
En 2012, il reçoit le prix Louis-Delluc pour Les Adieux à la reine, adaptation du roman éponyme de Chantal Thomas. En 2013, le film obtient trois Césars lors de la 38e cérémonie des César.
Famille et vie privée
Benoît Jacquot a été le compagnon de Dominique Sanda et de Judith Godrèche lorsque celle-ci, vers seize ans, a quitté le domicile familial pour venir habiter avec lui[2]. À propos de cette liaison, Jacquot a déclaré :
« Je venais de finir Les Mendiants, que je considérais comme un ratage. Judith Godrèche, une tornade, a décidé de façon très téméraire et très amoureuse de me sauver. Elle m’a amené à réaliser un deuxième premier film. Elle a sauvé ma vie cinématographique en se proposant comme clé[3]. »
Avec l'actrice Anne Consigny, il a eu deux fils dont un fils devenu acteur, Vladimir Consigny, auquel il a offert son premier rôle dans un téléfilm Gaspard le bandit sur la vie du « Robin des Bois provençal » Gaspard de Besse, diffusé sur Arte en 2007.
Festivals
- 2005 : membre du jury au 58e Festival de Cannes, alors présidé par Emir Kusturica
- 2010 : membre du jury international du 10e Festival international du film de Marrakech, sous la présidence de l'acteur et réalisateur américain John Malkovich
- 2015 : président du jury du 41e festival du cinéma américain de Deauville[4]
- 2017 : président du jury du prix Luigi De Laurentiis lors du 74e festival de Venise
- 2019 : président du jury du 11e festival international du film policier de Beaune
Style et esthétique
Les mises en scène de Benoît Jacquot, discrètes et peu ostentatoires, restent difficilement cernables dans leur ensemble. Elles dénotent à la fois un certain classicisme, voire de l'académisme, associés à des aspects beaucoup plus modernes, parfois proches de l'expérimentation ou d'une recherche novatrice dans l'écriture cinématographique. Cette hétérogénéité peut être considérée comme le propre de son style. Jean-Michel Frodon, dans Les Cahiers du cinéma évoque l'œuvre « variée et inégale » d’un cinéaste fondamentalement insaisissable, « qui croit très fort au réel, très fort à la littérature, et très fort à l’inconscient[5]. »
L'influence de Robert Bresson reste manifeste dans ses premiers films. L'Assassin musicien, d'après Dostoïevski, est caractérisé par l'ascèse de son découpage (peu de plans) et par la quasi-fixité de sa caméra. Le réalisateur dément toutefois cette filiation :
« Dès mon premier film, on m'a rapproché de lui, alors que pour moi Bresson est plutôt un épouvantail. Je n'aime pas beaucoup ses derniers films. À mes yeux, les meilleurs sont Pickpocket et Journal d'un curé de campagne. Ne serait-ce qu'à cause de l'importance décisive qu'ont pour moi les comédiens, je suis l'inverse de Bresson, avec qui je n'ai qu'une similitude : la rigueur. Mais Dreyer est au moins aussi rigoureux que Bresson et, d'après moi, beaucoup plus grand cinéaste[6]. »
Benoit Jacquot abandonne ce minimalisme « bressonien » au fur et à mesure de sa carrière. Cela ne l'empêche pas d'expérimenter des formes de narration très particulières, comme dans La Fille seule (1995), filmé selon un principe de « temps réel » (temps de l'action calqué sur la durée du film) durant lequel on suit Valérie, l'héroïne, de couloirs en escaliers, d'un café à la chambre d'hôtel dans de longs plans séquences.
Il alterne également gros budgets avec des stars (Pas de scandale, Adolphe) avec des productions beaucoup moins coûteuses et, en un sens, plus libres dans leur narration et leur méthode de tournage (L'Intouchable, tourné en Inde en 16 mm, et quelques plans en caméra vidéo). Ses personnages principaux sont souvent des femmes (Isabelle Huppert dans Villa Amalia, L'École de la chair, Les Ailes de la colombe et Pas de scandale, Virginie Ledoyen dans La Fille seule, Judith Godrèche dans La Désenchantée, Isabelle Adjani dans Adolphe, Sandrine Kiberlain dans Le Septième Ciel, Isild Le Besco dans L'Intouchable, À tout de suite ou Sade). Ces héroïnes se caractérisent par un mouvement de fuite, qui leur fait tourner le dos à leur passé, à leur famille ou à leur métier.
Critiques
Dans un article du New York Times, la journaliste Valentine Faure, s'interroge sur l'obsession de certains réalisateurs français pour leurs jeunes comédiennes, mentionnant la relation entretenue entre Benoit Jacquot et Isild Le Besco[7], qui estime que le réalisateur est « très fort pour imposer une relation entre les acteurs, les techniciens »[8], « Sade étant l'esquisse d'un autoportrait, Daniel Auteuil, ne cachant pas épier le cinéaste pour le camper »[9].
Filmographie
Courts et moyens métrages
- 1970 : Lecture du chapitre X de “Thomas l'Obscur” de Maurice Blanchot
- 1988 : Louis-René des Forêts interrogé par Jean-Benoît Puech[10]
- 1988 : Voyage au bout de la nuit
- 1993 : La Mort du jeune aviateur anglais (texte de Marguerite Duras)
- 1993 : Écrire (texte de Marguerite Duras)
- 1994 : 3000 scénarios contre un virus - segment Mère séropositive
Longs métrages
- 1975 : L'Assassin musicien d'après Dostoïevski
- 1977 : Les Enfants du placard
- 1981 : Les Ailes de la colombe d'après Henry James
- 1985 : Corps et Biens, d'après James Gunn
- 1988 : Les Mendiants
- 1990 : La Désenchantée
- 1995 : La Fille seule
- 1997 : Le Septième Ciel
- 1998 : L'École de la chair, d'après Yukio Mishima
- 1998 : Par cœur
- 1999 : Pas de scandale
- 2000 : La Fausse Suivante d'après Marivaux
- 2000 : Sade
- 2001 : Tosca d'après Puccini
- 2002 : Adolphe d'après Constant
- 2004 : À tout de suite d'après Élisabeth Fanger
- 2006 : L'Intouchable
- 2009 : Villa Amalia d'après Pascal Quignard
- 2010 : Au fond des bois d'après Marcela Iacub
- 2012 : Les Adieux à la reine d'après Chantal Thomas
- 2014 : Trois Cœurs
- 2015 : Journal d'une femme de chambre d'après Mirbeau
- 2016 : À jamais d'après Don DeLillo
- 2018 : Eva, d'après James Hadley Chase
- 2019 : Dernier Amour, d'après Histoire de ma vie de Casanova
- 2020 : Suzanna Andler, d'après Marguerite Duras.
Récompenses
- 2012 : Prix Louis-Delluc pour Les Adieux à la reine
- 2013 : Prix Cinéma de la SACD
Nominations
Apparitions
Il fait une apparition (père de Xavier) dans le film de Cédric Klapisch, Casse-tête chinois, ainsi que dans Cherchez Hortense de Pascal Bonitzer, dans le rôle de Kevadian.
En 2017, il apparaît dans Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson dans le rôle d'un capitaine qui accueille les extra-terrestres Arysum à bord de la station Alpha.
Télévision
- 1974 : Jacques Lacan : la psychanalyse
- 1976 : Deller : Portrait d'une voix
- 1983 : Une villa aux environs de New York
- 1987 : Elvire Jouvet 40
- 1987 : La Scène Jouvet (documentaire)
- 1988 : La Bête dans la jungle
- 1990 : Dans la solitude des champs de coton
- 1992 : Emma Zunz[11]
- 1994 : Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée (adaptation théâtrale filmée)
- 1994 : La Vie de Marianne
- 1995 : La Place Royale ou l'Amoureux extravagant de Pierre Corneille
- 1996 : Un siècle d'écrivains : J. D. Salinger
- 2003 : Princesse Marie
- 2006 : Gaspard le bandit
- 2010 : Werther de Jules Massenet à l'Opéra national de Paris
- 2011 : Les Faux-monnayeurs
Mises en scène d'opéra
- Werther de Jules Massenet
- 2003 : Royal Opera House : Jonas Kaufmann et Sophie Koch, dir. Antonio Pappano
- 2010 : Opéra national de Paris : avec Jonas Kaufmann, Koch, dir. Michel Plasson
- 2011 : Royal Opera House : avec Rolando Villazón, Koch, dir. Pappano
Notes et références
- Fiches personnalités, Benoît Jacquot, Bifi.fr.
- « La tiraillée » par Sabrina Champenois dans Libération de mars 2010.
- Sophie Grassin, « Benoît Jacquot, le cinéaste amoureux », Le Figaro, 3 avril 2009.
- Voir sur allocine.fr.
- « Le grand arbre de la réduction », Jean-Michel Frodon, Les Cahiers du cinéma, avril 2009, p. 16.
- « Les 400 coups de Benoit Jacquot » sur telerama.fr du 6 octobre 2010.
- France Gets Its Weinstein Moment, New York Times
- Benoît Jacquot par Isild Le Besco, Les Inrocks
- Benoît Jacquot,le cinéaste amoureux, Le Figaro
- Louis-René des Forêts interrogé par Jean-Benoît Puech, coll. « Les Hommes-livres » (dir. Jérôme Prieur), La Sept, l'INA, Feeling Productions, 16 mm, couleur, 52 min, 1988
- D'après l'une des dix-sept nouvelles du recueil L'Aleph de Jorge Luis Borges.
Voir aussi
Liens externes
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- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (de + en) Filmportal
- (en) Internet Movie Database
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Fiche du ciné-club de Caen
- Une interview de Benoît Jacquot à l'occasion de sa première mise en scène d'opéra
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