Blason de Strasbourg

Le blason de Strasbourg, ou armoiries de Strasbourg, est une représentation figurée établie sous sa forme actuelle en bien que ses premières utilisations remontent au XIIIe siècle. Les éléments des armoiries sont hérités de la principauté épiscopale et de la ville impériale libre qui ont administré Strasbourg au Moyen Âge.

Armoiries de Strasbourg
Versions


Armes (écu armorié)
Détails
Adoption
Cimier ailes de cygne
Timbre couronne d'or
Heaume casque d’or
Écu D'argent à la bande de gueules.
Supports Deux lions d'or armés et lampassés de gueules
Devise Argentoratum
Ordres Croix de la Légion d'honneur
Précédentes versions XIIIe siècle, , ,
Usage Mairie de Strasbourg

Le blason se lit : « D'argent à la bande de gueules ». Il forme l’écu auquel s’ajoutent un ornement extérieur (notamment un heaume, une couronne, des lions et la Légion d’honneur) pour constituer les armoiries de la ville[1].

Histoire

Origines

Fondée par les Celtes durant l’Antiquité, Strasbourg devient un camp fortifié romain appelé Argentoratum. Au haut Moyen Âge, la ville passe sous la souveraineté d’un évêque et forme ainsi une principauté épiscopale en . Au cours du XIIIe siècle, les bourgeois de la ville contestent de plus en plus l’autorité politique des prince-évêques successifs qui les gouvernent. En , les deux camps s’affrontent lors de la bataille de Hausbergen remportée par les bourgeois. Strasbourg se trouve ainsi détachée des territoires de la principauté épiscopale et devient une cité-État considérée comme ville impériale libre au sein du Saint-Empire romain.

Première représentation des armes de Strasbourg sur la « charte de serment » (Schwörbrief) de .
(Archives municipales de Strasbourg)

La ville de Strasbourg se dote alors d’un blason à une date indéterminée. Celui-ci serait le résultat d’une inversion des couleurs héraldiques de l’ancien blason de l’évêché de Strasbourg à l'issue de la révolte de  : « De gueules à la bande d'argent »[2] devient « D’argent à la bande de gueules »[3]. Un changement similaire de couleurs se produit à Bâle entre les territoires des bourgeois et ceux du prince-évêque qui correspondent aux actuels cantons suisses de Bâle-Ville et de Bâle-Campagne. La dominante de l’argent dans le blason de Strasbourg pourrait également être une référence au nom antique d’Argentoratum[4].

Si l’origine exacte de sa création est inconnue, le blason est vraisemblablement utilisé pour la première fois pour décorer la « charte de serment » (en allemand : Schwörbrief) de , à savoir une des constitutions municipales de la cité-État[5]. La ville impériale libre de Strasbourg enrichie ses armoiries en y ajoutant de nouveaux ornements comme un heaume, une couronne et des lions. Ces armoiries sont déclinées sur différents supports, parfois représentées par le blason seul : ces éléments sont ainsi sculptés sur des façades d’édifices ou des bornes, et présents dans des armoriaux, des fresques ainsi que des vitraux à Strasbourg ou dans d’autres villes. À ces représentations s’ajoutent parfois des mentions en latin pour désigner de la ville libre : « Insignia Civitatis Argentinensis » (blason de la cité de Strasbourg) au XVIe siècle[6], ou « Insignia Reipublicæ Argentoratensis » (en français : « blason de la république de Strasbourg ») au XVIIe siècle[7].

Évolution récente

Lorsque la cité-État est annexée par la France de Louis XIV après la capitulation de la ville de , un nouvel écu semble lui être attribué. Dans l’Armorial général de France de Charles-René d'Hozier de apparaît un blason avec une Vierge à l’Enfant assise sur un trône d'or au-dessus un écusson aux couleurs de Strasbourg. L’ensemble se blasonne ainsi : « D'azur, à la Notre-Dame de carnation, assise sur un trône d'or et sous un pavillon de même ; tenant, de sa main dextre, un sceptre d'or, et, sur son bras senestre, l'Enfant Jésus aussi de carnation ; sous les pieds de la Vierge, un écusson d'argent, chargé d'une bande de gueules »[8]. Ce blason est établi par un édit de et par une ordonnance royale du [9]. Il fait probablement allusion au patronage de la Vierge sur la ville et symbolise également le culte catholique restauré à Strasbourg par Louis XIV dans sa lutte contre le protestantisme.

Blason de Strasbourg sous le Premier Empire.

Symboles de l’Ancien Régime, les blasons sont abandonnés au cours de la Révolution française de . Sous le Premier Empire, la ville de Strasbourg se voit concéder de nouvelles armoiries par lettres patentes du . Elles se blasonnent : « D'azur diapré d'or à la bande d'argent, au chef de gueules chargé de trois abeilles d'or », les abeilles symbolisant le pouvoir de l’Empereur des Français[1].

À la Restauration, les armoiries napoléoniennes sont abrogées par l'ordonnance royale de . Le choix du conseil municipal de Strasbourg se porte en sur le blason médiéval de l’ancienne cité-État avec des ornements extérieurs[9]. Les armoiries se blasonnent ainsi : « D’argent à la bande de gueules l’écu soutenu par deux lions et timbré d’un heaume ou casque taré de front ouvert et sans grilles orné de ses lambrequins comblé d’une couronne d’or d’où sortent deux ailes de cygne d’argent chargées chacune d’une bande de gueules le tout sommé d’une fleur de lys épanouie d’argent ». Si la fleur de lys est un symbole de la monarchie française, elle était également utilisait par la ville impériale libre de Strasbourg au Moyen Âge. Les autorités royales ont ainsi souhaité en ajouter d'autres, voire rétablir le blason de [9]. Toutefois la décision prise par le conseil municipal en l’emporte finalement dans les faits. Si la fleur de lys disparaît à la suite des révolutions de et , ces armoiries perdurent au XIXe siècle même après l’annexion de l’Alsace-Lorraine par l'Empire allemand en . Elles portent la devise « Argentoratum » qui fait allusion à l’héritage romain et aux anciennes désignations latines au XVIe et XVIIe siècles. Lorsqu’elle redevient une ville française après la Première Guerre mondiale, Strasbourg se voit décerner le la Légion d’honneur qu’elle fait désormais figurer sur ses armoiries. Demeurant les armoiries officielles de Strasbourg, elles sont toutefois remplacées par des logotypes sur les documents administratifs de la ville à partir des années 1990.

Galerie

Références

Annexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • L'Armorial des communes du Bas-Rhin, Strasbourg, Archives départementales du Bas-Rhin, , 246 p. 
  • Adam von Bartsch, Le peintre graveur : les vieux maitres allemands, Vienne, J.V. Degen, , 600 p. (lire en ligne)
  • André Borel d'Hauterive, Annuaire de la noblesse de France et des maisons souveraines de l'Europe, vol. 9, Paris, chez Dentu, , 394 p. (lire en ligne). 
  • Dagobert Fischer, Quelques mots sur les armoiries des évêques de Strasbourg, Strasbourg, Le Roux E. P, , 7 p.
  • François-Jacques Himly et Paul Martin, Les Armoiries des communes du Bas-Rhin : Tome I, Chefs-lieux de cantons, Strasbourg, Administration départementale du Bas-Rhin, . 
  • Daniel Keller, Le sceau, empreinte de l'Histoire : sigillographes et sigillographie en Alsace, Strasbourg, Fédération des sociétés d'histoire et d'archéologie d'Alsace, , 142 p. (ISBN 978-2-8575-9052-1). 
  • Victor Adolphe Malte-Brun, La France illustrée : géographie, histoire, administrations statistique, vol. 5, Paris, Jules Rouff & Cie, , 256 p. (lire en ligne). 
  • Paul Martin, « Contribution à l’histoire des drapeaux de la ville et de l’évêché de Strasbourg du XVe au XVIe siècle », Archives alsaciennes d’histoire de l’art, vol. 15, , p. 19-51 (ISSN 1160-4379)
  • Olivier Richard et Benoît-Michel Tock, « Des chartes ornées urbaines : les Schwörbriefe de Strasbourg (XIVe – XVe siècles) », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 169, , p. 109-128 (ISSN 0373-6237, lire en ligne, consulté le ). 
  • Léon Vaïsse et Hyacinthe Traversier, Armorial national de France : recueil complet des armes des villes et provinces du territoire français, réuni pour la première fois, Paris, Challamel, (lire en ligne). 

Articles connexes

  • Portail de Strasbourg
  • Portail de l’Alsace
  • Portail de l’héraldique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.